Finalement j'ai besoin d'en parler
marion @ 14-12-2006 20:12:42

Allo à tous et à toutes,
Je ne sais pas où commencer. J'ai pratiquement tout lu le forum Orroz, il y a 5 semaines, je pensais avoir fait le tour de la question, je me suis di: "Tu n'as pas besoin d'écrire toi aussi, tu es forte, ton chum s'en sort, l'amour est là, il n'Est pas dans le déni, il a vraiment ma confiance, tu peux écrire pour toi...". J'avais tort: j'ai besoin d'écrire et d'être entendue. Même si je n'ai pas la pire situation, même si mon chum est vraiment génial, même si je suis forte... J'ai besoin d'être entendu.

J'ai 22 ans, mon chum et moi on est ensemble depuis 7 ans, on a un enfant. C'est l'amour de mon adolescence, mon premier et seul partenaire, et le contraire est aussi vrai... Je suis son amoureuse d'adolescence, sa première et seule partenaire sexuelle... Enfin je croyais: les femmes nues sur le net ça compte pas comme une relation sexuelle, je refuse de le croire. Nous avons eu des hauts des bas, mais je me suis toujours considérée très chanceuse d'avoir un homme aussi incroyable (et vice versa: quelle chance qu'il m'ait!) Nous avons souvent vécu séparé par une longue distance mais j'ai toujours affirmé que la confiance c'est tout ce qui nous a toujours tenue: je ne le trompe pas, lui confie tout et vice versa. Notre vie sexuelle est pleine de douceur, de folies, avec de moins bonnes périodes parfois mais en général très bien. Une belle histoire somme toute!

Voilà! Je suis féministe et il y a environ un an, lorsqu'il m'a dit avoir été "forcé" d'aller aux danseuses nues (la première fois de sa vie) par les gars de bureau, j'en ai profité pour lui dire ce que je pensais de tout ça la pornographie, la prostitution , les danseuses... Je pense que c'est le déclic pour lui: il a réalisé que ce qu'il faisait pouvait me faire mal. Je pense que je savais qu'il avait consulté des sites xxx avant d'être avec moi, peut-être même lors de mes absences de 3-4 mois, mais à part une inquiétude lorsqu'un site apparu en pop-up il y a deux ans, je n'ai pas soupçonnée. Maintenant que je sais, je me rappelle qu'il m'ait dit, à quelque reprise, qu'il avait une envie sexuelle anormale (ce à quoi je n'ai pas fait attention), qu'il évitait le sujet en privé avec moi sur la pornographie, quelques indices peut-être visible maintenant que je sais mais sérieusement, ce qui m'ait tombée sur la tête au début novembre je m'en doutait pas.

Ça n'avait pas été une journée géniale pour nous deux: stréssés tous les deux, on se dispute, on se réconcilie un peu, on finit par se coucher vers minuit, pis je lui dit: "Merde c'est quoi qui marche pas entre nous deux? Des fois c'est génial pis d'autres bouts ça marche pas fort, on est durs l'un envers l'Autre." Je rajoute: "J'ai l'impression que tu pourrais me le dire mais je ne sais pas si j'ai le goût de l'entendre." À vrai dire je m'attendais à ce qu'il me reproche pleins de choses... Non. Il me dit plutôt, avec la voix plein d'émotions: "Tu veux vraiment savoir ce qui va pas? (silence moi je capote je sais qu'il va dire quelque chose de super important pis je me rappelle pu ce qu'il dit exactement mais ça va comme ça) ben ça remonte à longtemps, je visite des sites de cul, souvent." Moi ma réaction? Les nerfs m'ont tellement virés en l'envers que j'ai pêté. Un beau gros gaz. PIs là j'ai senti mes os se dissoudre comme si tout mon corps virait inside out, tout viré à l'envers....... On a parlé toute la nuit... pis toutes les autrs nuits de cette semiane là. Tout de suite, même si je connaissait rien du sexolisme, j'ai reconnu la dépendance. J'ai tapé dépendance pornographie sur google, je suis tombée sur Wikipédia qui m'a redirigé sur Orroz. Oufffff je n'étais pas seule, lui non plus.

Je sais pas trop pourquoi je vous écris ça. J'ai posé toutes les questions, la première étant: "es-tu pédophile?" (NOOOOOOOONNN tu me prends pour qui!) La pire réponse, au sujet de la fréquence: il m'a dit que pas souvent ça voulait dire environ une fois par semaine... Ma mort: on est ensemble depuis 7 ans pis je suis très forte en maths...

Depuis, il n'a pas consommé de porno, je lui fait confiance même si inconsciemment lorsque je suis seule sur son ordi il m'ait arrivé de fouiller, pour arrêter tout de suite: J'avais lu sur la co-dépendence sur Orroz. Je lui fais totalement confiance: il va me le dire s'il fait une rechute, mais j'ai tellement peur que ça arrie. 6 semaines déjà. Je vous dis pas tout ce qui s'est passé, mais on est plus amoureux que jamais, je sens qu'on s'en sort, qu'il s'en sort.

Moi? J'ai des gros coups de cafard. Je vous explique. Par exemple, on se dispute sur un sujet vraiment autre pas rapport... s'il me laisse seule deux minutes je me mets à me répéter une litanie: "personne t'aime, je souffre, pourquioi il m'a trompé, pourquoi le monde si cruel.... etc" J'ai mal, je sais que quelque chose a cassé en moi lorsqu'il m'a avoué.

Ce qui est difficile? Il est "la piqûre et le docteur à la fois" comme le chante Jean Leloup. LA plus belle preuve d'amour qu'ilm'ait fait est de m'avoir fait confiance en me confiant ce qui le d.truisait tranquillement, ce qu'il avait caché à tous depuis toujours. Mais en même temps: wow ça fait mal une annonce comme ça! Je L'aime, on s'aime tellement, croyez-moi, on fait l'amour comme on l'a jamais fait avant parce que depuis que je sais qu'il n'est pas parfait lui non plus, j'accepte mieux mes imperfections, je me fais plus confiance. Avant je me demandais comment ça il en savait plus que moi sur le sexe. Maintenant, je me dit que c'est qui doit lui apprendre. Comment se masturber sans images, positivement, je me laisse plus aller. Étrange non: apprendre son sexolisme m'a donné confiance en moi!

Mes crises de panique doivent cependat se régler. Je sais que ça remonte plus loin dans mon enfance l'impression d'abandon... Je vais consulter, mon chum dit qu'il fera peut-être de même un peu plus tard. Mon inquiétude: ne rencontrer que des psychologue qui considère la pornographie comme normale, quelqu'un qui me donne l'impression que je ne suis pas ouverte d'esprit, de "bouchée". Enfin si vous avez des suggestions n'importe où entre Québec et Montréal...

J'imagine que j'ai des tonnes de choses à rajouter. Je reviendrai.

Marion
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Re: Finalement j'ai besoin d'en parler
luciolechrysalide @ 15-12-2006 08:12:45

courage marion.

ne te prive pas d'écrire ça soulage ,ça calme.
ça fait du bien de partager.
c'est très beau de lire votre amour comme c'est très beau de vouloir combattre à deux.
même si ce n'est pas facile ,il faudra du temps pour que l'angoisse s'appaise et les doutes aussi.
mais tout ce que tu écris présage de meilleurs lendemain.

courage à toi
luciole :Hello:
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Re: Finalement j'ai besoin d'en parler
sofi @ 16-12-2006 22:12:24

salut Marion,
j'habite aussi Montreal et histoire de te dire que tu n'es pas seule, je te fais un petit copié/collé d'une lettre envoyée à ma meilleure amie cette nuit. Ton mot m'a touché car nos histoires se ressemblent en ce sens qu'elles ont commencées d'une maniere un peu identique : il avait plus ou moins essayé d'en parler au début et j'avais eu exactement la meme reaction que toi: sans devenir furieuse j'avais franchement manifesté ma desaprobation abordant egalement l'exploitation des femmes... il me semble qu'ensuite le facteur culpabilité a participé à sa dépendance....

Qu'est-ce que c’est ? Une volonté d’atteindre les femmes en général ? La sienne en particulier ?…. Une trouille bleue ?


J’avais pris le parti d’en rire, et j’y étais parvenue deux ou trois semaines durant….

Il est 4 heures du matin et maintenant ce sont soudainement les larmes étouffées, le dégout, la déception, la colère ravalée pour ce que je ne peux percevoir autrement que comme une profonde félonie. Demain matin, les idées plus claires, ce sera peut être de nouveau de la patience, de la compassion, de la pitié pour le petit garçon refoulé, du chagrin pour ce qu’il m’a avoué être devenu aujourd’hui un sérieux trouble compulsif. Un peu de tout ça, puis d’une minute à l’autre l’agacement… le mépris. Difficile de tenir le cap. Et de temps à autre, le bon vieux réflexe féminin de la culpabilité, car au fond tout ceci doit être un peu de ma faute ! J’ai dû m’y prendre comme un manche depuis le début…


Il y a quelques semaines, j’ai cru détenir la clef, une quasi-illumination, en me souvenant du vieil adage « aide-toi le ciel t’aidera ». Fort de cet aphorisme plein de bon sens, je me suis prise en mains : avec la plus grande légèreté j’ai fait le plein de matériel pornographique et avec philosophie j’ai arboré un sourire en lui disant: « Georges, tachons de jouer cartes sur table, je n’ai plus d’objections. Très logiquement, la transgression tombée, l’intérêt pour la chose prendra une dimension plus relative….

Alors Quelques magasines par-ci par-là, un abonnement « offert » à quelques sites histoire de ne plus se fatiguer à trouver des stratagèmes pour planquer les relevés de carte bleue…je n’ai par ailleurs jamais ouvert son courrier, précaution bien inutile. Mais je devine. Je sentais la récente « rechute ». J’ai bluffé, prétendant qu’il était inutile de mentir et que je savais tout et il m’a alors tout déballé, je te passe les détails des annonces explicites, les web cam ect….


C’est à la suite de cet aveu que ma colère est tombée, et sincèrement il me semblait avoir soudainement compris que la première victime dans cette histoire n’était pas moi.


Étonnement, le reste de notre relation est sans nuages. Alors quoi… Sophie calme toi me disais –je et accorde à cette histoire la place qu’elle mérite.


J’y étais parvenue, sincèrement. Hier soir encore, nous en parlions sans ambages, j’avais pris le partit ne plus le questionner, mais il se livre…. sur les réflexes systématiques dès que j’ai les talons tonnés, les 3 ou 4 heures quasi quotidiennes devant les sites, les idées obsessives…

Nos rapports intimes ne semblent pas en souffrir, bien sur de mon coté il y a la frustration de vivre une sexualité que je ressens très « formatée », probablement en raison toutes ces images, celles qui semblent maintenant être devenues sa seule référence …. Mais bon qu’importe.


Voilà donc où j’en suis, je croyais voir le bout de toute cette histoire (ça fait tout de même dix ans que cela traine plus ou moins) et me voila au point zéro car contrairement à mes attentes, son intérêt ne semble pas décroitre. Je m’étais semble-t-il simplement donnée l’illusion d’être un brin psychologue et philosophe. Une chose a cependant évolué, car de la jalousie je suis passée à une profonde tristesse et la certitude que nous ne nous rejoindrons jamais totalement sur une dimension de la sexualité qui va au-delà de la simple mécanique du corps. Celle qui fait que l’on ne se sent pas rassasiée après l’amour, mais extatique.


À part ça, il me dit tous les jours qu’il a peur que je le quitte, qu’il m’aime, beaucoup de ses gestes semblent le prouver.

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Re: Finalement j'ai besoin d'en parler
marion @ 18-12-2006 14:12:17

Merci vous deux,
6 semaines, on tient le coup ici. LA flamme est vraiment renouvelée: c'est officiel on se marie cet été. J'ai encore mais coups de cafards ou de panique. HIer, j'arrive à la maison après une fin de semiane à l'extérieur sans lui, je le rejoins avant d'arriver, il me dit: "j'ai hâte que tu arrives, j'ai quelque chose à te dire..." Je panique, encore, je m'inquiète qu'il m'annonce qu'il a fait une rechute AAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH! J'essaie de me raqisonner...
J'arrive à la maison, il est tout gentil, je lui dit inquiète: "C'est quoi que tu a s à me dire..." Lui: "Je me suis ennuyé de toi... On fait l'amour?" Ah quelle conne de m'avoir inquiétée... Je lui avoue mon inquiétude, il m'écoute me prend dans ses bras... Je dis: "Je suis là maintenant, je te protège." (il n'a jamais visité de site lorsque j'étais là). Je le pense réellement: je le protège. Mais hier, J'ai aussi senti qu'il me protègeait lui aussi: blottie dans ses bras um.....
Je sais que nous sommes ensemble maintenant: la peur de la rechute est encore présente, mais on y fait front ensemble.
Lâchez pas tout le monde: Je vous protège aussi ;-) !
Marion
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