20 ans de dépendance
mulot @ 02-09-2012 13:09:36

bonjour à tous (et toutes). Et oui, j'imagine qu'il y a aussi des femmes sexuellement dépendantes, et je pense tout spécialement à elles, parcequ'elles sont encore plus seules et incomprises qu'on peut l'être un dépendant. çà fait 20 ans que je suis dépendant en effet, depuis ma première éjaculation devant un strip-tease dans une émission érotique d'M6. Un peu plus tard, j'ai vu mon premier porno sur canal. Je me souviens que le premier m'a d'abord dégouté. Et pourtant j'ai voulu y retourner...Pendant des années, les films de canal ( et aussi les films érotiques d'M6 quand il y avait pas mieux) ont constitué ma came. Puis internet est arrivé. à partir de là, les pornostars sont devenues mes nouvelles idoles... En 2003, j'ai rencontré la future mère de mon enfant. à cette époque, les images que je regardais commençait véritablement à me poser un problème: ces filles sont-elles vraiment consentantes, sont-elles vraiment toutes majeures, pourquoi est-ce que je continue à les regarder puisque ces questions me taraudent?...En 2005, alors qu'entre-temps l'évidence de la réponse aux questions posées plus haut s'imposait, j'ai eu envie de mourir. J'ai parlé de mon problème à ma compagne, puis à mon père. Pour eux, il n'y avait rien de grave. Regardait de la pornographie n'était pas anormal. Je n'étais pas responsable du reste. Il faut dire que je ne parlais pas encore en terme de dépendance. Je me sentais seulement coupable. J'ai tout arrêté 4 mois, j'ai vu un psy, çà allait mieux. Mais pour guérir, il fallait aussi relativiser, et à force de relativiser... J'ai fini par retomber tout doucement, progressivement...Internet, c'était particulier. vous cherchez simplement du plaisir entre adultes, et vous tombez sur des sites avec des adolescentes. J'ai souvent fait des signalements sur le site du ministère de l'intérieur, sans doute trop souvent. tout çà, l'économie du porno, l'incroyable permissivité de cette industrie me rendait totalement paranoiaque. Mais les paranoiaques ont toujours une bonne raison... Mais les images porno continuaient à me fasciner, et je voulais toujours croire qu'il y avait un "bon" porno. depuis 3 ans, je suis papa. j'ai pris un congé parental. pendant les siestes, je me connectais souvent sur des sites x. à deux reprises, et durant quelques très courtes secondes, mon bébé a du se retrouver dans la même pièce que ces images, à cause de ma négligence. images fixes, et floues, et qui ne lui auront absolument pas parlé (je le dis en toute objectivité), mais on se sent quand même comme une merde. pourtant, çà n'a pas suffi. j'étais en phase de défaite et je me suis seulement dit: tu es une merde. Tu as intérêt à ne pas pourrir ton gamin plus tard, tu devras faire très attention. J'ai fait très attention depuis.le 12 aout, j'ai posté sur ce forum pour la première fois, après être tombé une fois de trop sur des images qui me rappelaient l'ignominie de la pornographie, et du commerce des corps.J'ai commencé mon sevrage depuis ce jour. en écrivant, ce post, je me sens sale, mais j'imagine que beaucoup se sentiront moins seuls quand ils me liront. depuis le début du sevrage, je dois avouer que je n'ai pas été très souvent tenté par la rechute. Alors, je me méfie. Mais je suis plus motivé que les autres fois, Plus conscient de mon état aussi. Et puis il y a ce forum, que j'utiliserai comme soutien, en cas de coup dur. voilà. pour finir, j'aimerais qu'on se rappelle tous qu'on n'est pas que des dépendants sexuels. Il faut que la vie reprenne le dessus.
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Re: 20 ans de dépendance
John Warsen @ 02-09-2012 16:09:21

Disse:
mulot a écrit: pour finir, j'aimerais qu'on se rappelle tous qu'on n'est pas que des dépendants sexuels. Il faut que la vie reprenne le dessus.

Merci de ton partage. Bien sûr que la vie se révolte en nous à l'idée de se coltiner ces tartines de merde ad vitam aeternam, justement. L'autre jour j'ai écrit sur mon blurg (sans doute en pensant à toi) "C'est cela qui nous empêche de commettre l'irréparable, ce désir qui est la Vie même en nous, et qui s'insurge contre notre capacité à nous nuire, cette appétence à la liberté qui contrecarre nos plans méthodiques ou désordonnés d'autodestruction, cette aspiration à la fluidité, à la légèreté, même prostré alors qu'on vient de tenter de se trancher les veines psychiques avec un tesson de bouteille d'amertume et de dépit, ou de se chier dans les bottes ou de foutre en l'air 5 mois ou 5 ans d'abstinence de désespoir, pour lequel on se sent des affinités honteuses et programmées à une époque où l'on n'avait pas notre mot à dire."Y'a donc pas d'âge pour se libérer (même si parfois il est tard)A la naissance de mon premier enfant, en 92, j'ai arrêté de boire de l'alcool, Internet n'existait même pas ! Au début du sevrage on s'identifie à cette "identité de dépendant", qu'on peut non pas exhiber mais revendiquer en son for(t) intérieur pour se dire qu'on va enfin passer a autre chose, et après il faut s'en détacher. Même s'il n'y a plus trop de grosses pointures qui postent ici, (pardon pour ceux qui s'y croient et que je n'adoube pas, du fait que je n'y viens que très peu) tu as ici des centaines de témoignages, tant que le forum reste en ligne, dont certains peuvent t'écoeurer durablement (si ta motivation venait à faiblir) et d'autres te montrer qu'une vie saine sans faire usage de porno, c'est possible. Bon courage !
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