Dépendance sexuelle

Version complète : AU NOM DE LA LOI, ...JE VOUS FAIS AVANCER !
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Je remonte en sujet une réflexion de derrière les fagots ds laquelle peut être l'un(e) ou l'autre pourrait puiser :

AU NOM DE LA LOI, ...JE VOUS FAIS AVANCER !



1. LOI, COMMANDEMENT, CONSENTEMENT ET PAROLE

L’idée d’une loi , en matière de mœurs - sous forme de programme de rétablissement, charte de vie commune, ou de « simples » recommandations - , implique la double dimension du commandement , comme modalité particulière de la demande, et de l’obéissance, comme modalité particulière de la réponse . Le concept de loi est fondé sur la parole , en tant qu’elle s’adresse à qui l’écoute et désire la mettre en pratique [ elle doit rencontrer son public]. La loi est l’instance qui tranche toute relation-duel ou plutôt qui barre un tel biais de la relation, dont les deux extrêmes, basculant constamment l’un dans l’autre, sont la fusion et l’opposition, et qui ,à la fusion, impose la différenciation, à l’opposition, substitue l’apposition.

Commandement et obéissance supposent un troisième terme, la parole donc, qui n’est la propriété exclusive d'aucun. Cette parole [en circulant] constitue les deux parties en sujets égaux en droits quant à la prise de parole [ laquelle gagne à être régulée], à la fois semblables et différents, mêmes et autres.
Entre commandement et obéissance, il n’y a pas relation de cause à effet, comme ce peut être le cas pour la contrainte, la répression ou la lâcheté, mais consentement, assentiment volontaire constituant l’efficacité symbolique du contrat .

2.LE COMMANDEMENT S’ÉCRIT AVEC LE TU , LE VERBE AU FUTUR, FORME NÉGATIVE

Par le commandement, Celui qui parle la loi (qui la connaît, la dit , la fait et la sanctionne) interpelle personnellement l’écoutant, sujet de la loi; sur un point de conduite précis et concret, exprimé par un verbe univoque.
Explicitement ou implicitement le commandement s’édicte au futur, qui marque l’écart de l’énonciation à l’énoncé. La forme négative renseigne sur la faiblesse de l’homme, toujours prêt à faire loi de ses convoitises. De l’action à venir [par ex, Tu n’adultèreras pas, ni ne te masturberas ], dépend la vérité ou la dérision du pacte librement contracté qui lie maintenant les sujets les uns aux autres .

Sa fonction est de trancher, dans l’humain et entre les humains, pour atteindre au vif du sujet, à ce qui parle en lui . Sans les actes incités, les paroles de la loi sont rendues vaines. Car la loi ne juge pas du désir du sujet de tenir parole selon ce qu’il en dit [ ou fait mine d’en dire] mais selon ce qu’il en fait. Elle confie à la lettre l’esprit du désir . Car la ligne de démarcation entre obéissance et désobéissance ne passe pas entre les humains mais au milieu de chaque humain. Elle en appelle à l’initiative du lecteur, quand il interprète la lettre à partir de ce qui parle en lui .

Le commandement, de l’énonciation à l’énoncé, s’adresse toujours à quelqu’un : Lecteur ou locuteur, mis par lui en position de sujet de l’énoncé à propos d’une action à venir ; Toi, Untel, tu (feras ou) ne feras pas ceci .
Le commandement de la loi ne s’entend que comme parole universellement adressée à chacun. Dit et redit au nom de tous, il a été ou risque d’être contredit par chacun. Ce n’est que dans la situation particulière où je sens monter en moi l’envie de ..., que j’entends monter en moi le commandement de ne pas... La protestation qui veut que tel ou tel commandement de la loi ne me concerne pas, s’adresserait à tous sauf à moi, émane toujours de la perversité de la fausse « bonne conscience » .

Il nous faut demander à la loi, et à son essentielle interpellation, ce qu’elle opère et comment elle opère.


3. LA LOI DÉTERMINE LES PULSIONS, LES AVOUE POUR LES ORDONNER; DEFEND L’HOMME CONTRE LUI-MÊME.

La loi révèle une pulsion , en même temps qu’elle lui impose une limite qui l’articule. Mais, cette articulation du désir aux pulsions ne fait exister le sujet que pour autant qu’il est sujet de la loi. Ce qui équivaut à dire que l’on ne peut jamais parler de pulsion que par rapport à une loi première qui la détermine. Et telle est la fonction de la loi : elle détermine les pulsions ; elle ne les nie pas(ce qui serait répression); elle les avoue, et les reprend afin de les ordonner .

La parole dénonce l’invasion totalitaire et dévastatrice de la pulsion : celle-ci a pouvoir, en se retournant sur elle même, de supprimer son objet pour effacer le sens qu’il peut avoir : En niant quelqu’un, je tente de supprimer le sens qu’il peut avoir pour moi.
La limitation de l’ordre de la pulsion ne peut se faire que par un ordre qui vient d’ailleurs, par une médiation qui est la loi. Elle fait surgir le sujet dans l’articulation de deux ordres, le possible et le permis et souhaitable.
La mise en pratique de la loi trouve son seul terrain d’exercice dans la révélation que l’homme est un sujet divisé (contre lui-même), conflictuel. Obéir positivement à la loi, c’est toujours pour l’homme respecter la limite mise à sa pulsion à ... par la parole qui lui est adressée . Hors la loi, faire ce qu’on a envie de faire devient le principe de l’action : principe imaginaire et faux puisqu’il n’est pas premier mais second par rapport à la pulsion, il ne repose sur aucun contrat.
Le passage à l’acte s’oppose point par point à l’acte du désir : il engendre la confusion et fait obstacle à la révélation du sens. Le désir n’y est plus étayé par la pulsion, il est confondu avec elle par l’artifice du comme si de la perversion, qui fait de l’exigence pulsionnelle, l’exigence même de la loi. comme s’ il fallait d’abord satisfaire les pulsions, à la place de les ordonner.

4. LA LOI AU CENTRE DE L’EXPERIENCE HUMAINE

La loi morale, se trouve donc ordonnée à l’union et à la différenciation entre les humains. Parce qu’elle est l’instrument que l’homme se donne, en même temps qu ‘ il la reçoit de l’organisation dans laquelle il vit, parce qu’elle est fabriquée par l’homme alors qu’elle le structure, elle se situe au centre de l’expérience humaine. Qu’on l’admette ou non, qu’on le veuille ou non, elle rejoint et renvoie à la question qui interroge l’homme et sur laquelle il ne cesse de s’interroger, celle de son origine et de sa fin : « Qui suis-je, moi qui, vivant, meurs ? » .


Tant méthodologiquement que pédagogiquement, nous ne pouvons manquer de proposer une illustration:

Tu ne « convoiteras » pas la femme d’un autre.


Cela signifie que toi, untel, en tant que sujet auquel je [ Celui qui parle dans la loi. ] m’ adresse, tu ne réduiras pas à rien la relation formée entre celle qui te plait et son régulier, ton prochain. Car, si tu réduis à rien la dimension d’altérité que constitue leur parole par rapport à la tienne, alors le sujet que tu es maintenant, quand je te parle et que tu m’ entends, sera lui aussi réduit à néant .
Si la consigne , Tu ne « convoiteras » pas la femme d’un autre, a un quelconque impact sur moi, c’est qu’elle se heurte en moi, à un moment ou un autre, à une envie aveugle de m’asseoir dessus; sans cette butée, la consigne n’aurait aucun sens . Une envie aveugle est une envie qui aveugle et qui s’aveugle, et que seul le discernement d’une parole adressée peut conjurer et convertir.

La fonction de la loi est donc de situer toute personne comme sujet dans le corps, dans le sexe, dans le monde, dans le langage, comme en autant de lieux symboliques où l’Autre, de venir à sa rencontre et de s’en séparer, lui donne ex-istence. Le porche qui autorise l’accès à ses lieux est l’inter-dit de la loi. Il fait jouer au plus intime de la poussée pulsionnelle une négation qui renvoie au surgissement du sujet dans la mise en pratique du désir.

Marie-Jean S. ( largement inspiré de « Un parmi d’autres », éd Seuil, 1978, de Denis VASSE, psychanalyste et jésuite)
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