Dépendance sexuelle

Version complète : Un pas vers le dialogue avec sa famille et ses proches
Vous consultez actuellement la version basse qualité d'un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Bonjour à tous,

Cela fait maintenant une dizaine de jours que les choses avancent pour moi. Je m'en réjouis et je m'alimente chaque jour de vos expériences et de vos conseils.
Dans le passé, les tentatives ont été nombreuses mais à l’issu de chacune d’elles, après chaque rechute, une occasion de ruiner mon orgueil, mon égoïsme et ma oisiveté. De sorte que j'apprends à reconnaître qui je suis vraiment, comment et pourquoi je veux m'en sortir. Et se sortir de la pornographie et de la masturbation a un prix : la Liberté!
J'ai 24 ans. J'ai décidé qu’aujourd'hui, un pas de plus devait être franchi et nécessaire pour mon rétablissement. J'ai écrit une lettre à l'intention de mes parents afin de leur parler de mon addiction. Je ne pense pas les avoir blessé personnellement jusqu’à maintenant, puisque les répercussions n'ont eu d’effet majeur que sur la confiance en moi et sur le manque de ‘gratuité’ envers les autres. Toutefois, cette lettre me semble importante afin de leur signifier mon amour et ma reconnaissance. Je tenais également à vous la faire partager car, d'une manière ou d'une autre, j'ai le sentiment que notre rétablissement passe par la Vérité faite à soi-même (se reconnaître dépendant), mais aussi la Vérité faite aux autres (comme une sorte de confession). Je sais que je ne trouverai chez vous aucun jugement ni condamnation en lisant les mots qui suivent.


« Tu viens de me laisser monter dans le train en direction d’Angoulême…

L’idée m’a effleuré l’esprit à cet instant précis mais je me suis dit « non, écris le et fais en part à la fois à papa et à maman ». Ce que je vais vous dire sera peut être tout sauf ce à quoi vous auriez pensé. La chose ne vous paraîtra d’ailleurs peut être ni problématique, ni inquiétante. Je suis pour ainsi dire « dépendant sexuel », ou plus exactement « porno-dépendant ». Depuis mes douze ans où j’ai appris à me servir tout naturellement de mon petit robinet pour y découvrir de grandes inventions, j’ai aussi fait coïncider cette expérience avec celle de la pornographie comme outil de découverte et d’exploration. Des magasines feuilletés avec les copains aux séries roses visionnées clandestinement les dimanche soir sur M6 (pas si clandestinement que ça !), j’ai découvert un beau jour le trésor caché de papa (pas si caché que ça car toute la famille doit savoir où il se trouve !), dans son bureau. Et oui, quand on est jeune – et moins jeune – on est peut être couillon mais tenace et les choses que l’on cherche, on finit par les trouver !

Dans un contexte familial où le sexe n’a jamais été tabou (et pour notre plus grand bien d’une certaine manière), j’ai pu m’exercer sans inquiétude et en toute impunité aux joies de la masturbation et de la pornographie. Je vous rassure tout de suite qu’à l’heure où je vous écris, mon comportement n’est jamais allé au-delà de cette soi-disant « simple et naturelle pratique ». Mais je vous informe tout de même que de cette attitude, somme toute banale, est née sur du plus long terme une dépendance et une souffrance indubitablement vécue dans les bas-fonds de ma chair. Quelques simples questions pour me confirmer cette dépendances réelles : « Ne t’es tu jamais interrogé sur l’éventualité d’avoir un problème dans tes pratiques sexuelles ? », « Serais tu seulement capable d’expérimenter une rupture avec ces pratiques, seulement pour voir si tu en es bien ‘maître’, à moins que tu n’en sois esclave ? »…En définitive, ce ne sont ni les livres, ni les « on dit », ni même la religion qui m’ont infirmé le malaise et le fardeau pesant que je traînais. J’ai simplement interrogé mon cœur, ou ma bonne raison comme on préfère. Mon expérience et celle de beaucoup d’autres qui vivent cette situation de manière proche, me l’ont confirmé.

Le problème est complexe, je vous l’accorde, peut être même plus complexe que l’alcoolisme. Car si avec un peu de bonne foi, on accepte et observe les conséquences directes de l’alcool sur un individu, il n’est pas aussi aisé de reconnaître celles qui sont liées au sexe ! Mais l’évidence est pourtant simple à voir : le sexe est bel et bien bon et très structurant dans la vie d’un individu et d’une société ! L’excès et la libéralisation incontrôlée de sexe (via le manque de prévention des risques dès le plus jeune âge et surtout, avant tout, le libre accès à des contenus crus et bien réels mettant en scène des réalités pour le moins déformées de ce qui relie le sexe à l’amour) sont en revanche très déstructurant pour un jeune adolescent en construction, tout comme pour un adulte. Déstructurant au point qu’ils en deviennent une drogue dans certain cas. Déstructurant au point qu’ils peuvent conduire à des formes croissantes (et non l’inverse) de pratiques ‘bizarres’ pouvant aller jusqu’à l’adultère, l’inceste ou la pédophilie.

Je me permets de vous en parler aujourd’hui avec suffisamment de recul qui m’a fait acquérir et passer par: 1) une déculpabilisation de moi-même; 2) aucun procès d’intention ou de frustration envers quiconque et quoique ce soit ; 3) aucune influence dogmatique de ce que l’Eglise ou autre institution religieuse peut bien nous dire sur le sujet ; 4) un ferme désir et une soif de vivre ! Je ne me base que sur les faits de mon expérience personnelle nourrie de celles des autres. Je suis aujourd’hui en sevrage en vue de mon abstinence à ces pratiques compulsives et inhibitrices. J’ai la chance d’en avoir déjà parlé avec Rhéa, ce qui est important pour l’épanouissement de notre sexualité de couple, et elle connaît mon cheminement et mes engagements. La solution est simple (elle te fera rire maman) : Ne plus toucher à une seule goûte de pornographie avant tout ; cesser la masturbation qui ne me mène inéluctablement qu’à la pornographie ; me concentrer sur autre chose que mon propre désir orgasmique. La moindre illusion et laxisme me faisant oublier ces quelques principes, et je sais que je replongerai. Ce discours ne t’est pas inconnu maman, non ? Si la pornographie a su m’apprendre à exercer quelques positions avantageuses pour le plus grand bien de celle que j’aime et que je désire rendre heureuse, elle n’a strictement plus aucune perspective d’épanouissement : ni pour moi, ni pour Rhéa, ni pour notre couple, ni pour mes relations avec les autres !

Je souhaiterais de tout cœur que vous me compreniez. Du moins, je garde confiance que votre respect et votre amour vous fera comprendre les enjeux de la Vie que je désire construire, de mon bonheur en passant par celui d’un plus grand nombre. Je vous aime car, en plus de m’avoir toujours épaulé au travers de toutes les expériences que j’ai pu vous exprimer, vous m’avez toujours fait grandir, mûrir et devenir responsable de moi-même, de mes faits et gestes, de ma vie toute entière et du sens que je veux lui donner. Je remercie sans oublier les AA qui, en tant qu’Alateen que je suis, ont su contribuer et pointer là où ça faisait mal en moi. Ce qui me fait remercier avec ironie ton d’abstinence d'alcoolique, maman !

Voilà, cette lettre est importante et je sais qu’elle scelle de manière particulière une empreinte et un pas de plus vers la conformité et l’exigence que je donne et reçois de la Vie. Je vous en ai parlé et vous en êtes les premiers au courant après Rhéa et quelques amis intimes. Ce serait avec grand plaisir que ce sujet ne demeure pas tabou entre nous. De même qu’il vous appartient, et je vous autorise, à en parler à de tierces personnes si vous en éprouvez le besoin ou le soutien.

Votre fils qui vous aime »
URLs de référence