Dépendance sexuelle

Version complète : Témoignage d'un ex-dépendant
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Salut tout le monde, voici mon premier post sur ce site qui comme je l'espère vous aidera. Je me prénomme Cléanthe (c'est un pseudo), j'ai 43 ans et j'ai une excellente situation professionnelle ainsi que familiale. J'ai souffert pendant de très longues années d'addiction et j'aurai l'occasion de vous dire toute mon histoire ici afin qu'elle vous permette d'y voir plus clair sur la vôtre et de vous en sortir aussi.

Mais d'abord, êtes-vous vraiment addictifs ? C'est une question à laquelle il n'est pas toujours simple de répondre... surtout quand on l'est. Si vous êtes ici, remarquez, c'est que vous vous dites que vous avez un problème avec le sexe, ou, du moins, certaines pratiques sexuelles qui vous prennent beaucoup (trop) de temps et d'énergie. Souvent, le problème n'est pas de reconnaître de temps en temps qu'on a un problème mais de maintenir cette conviction y compris dans les moments de crise.
De mon côté, alors que j'étais en train de sortir de l'addiction au bout de trois ans de soin intenses (j'y reviendrai très souvent dans ces posts : impossible de s'en sortir tout seul, un thérapeute est indispensable, et ceux qui vous disent le contraire vous mentent ; dites-le aussi à votre compagnon ou votre compagne : s'il ne peut pas comprendre, trouvez en un autre car ce n'est pas viable sinon), j'ai connu une période de rechute (relative) au cours de laquelle je me disais que non je n'étais finalement pas malade. C'est pourquoi il faut se répéter souvent que vous êtes addictifs si vous voulez vous en sortir et ne jamais laisser s'installer en vous l'idée du contraire. Deux tests peuvent vous y aider.
Premier test : celui du génie. Imaginez que vous trouviez une lampe, que vous la frottiez et qu'en sorte un génie (j'avoue que je copie un peu Wink) Il vous donne la possibilité de supprimer un seul de vos défauts personnels. Quelle idée vous vient en premier ? Personnellement, c'est l'addiction sexuelle, qui prend chez moi trois formes : les prostituées, les bars échangistes et surtout les sites de rencontre. Je parle au présent alors que je suis sorti de l'addiction parce que cette tendance demeure en moi et qu'elle le demeurera toute ma vie. Comme un alcoolique, comme un héroïnomane, je sais qu'il y a chez moi une fragilité sur ces questions et qu'il me faudra toute ma vie être vigilant à ce propos. Qu'en est-il chez vous ? Que demandez-vous au génie ? Si c'est la suppression de l'addiction alors vous êtes addictif.
Deuxième test : celui de la soirée/journée alternative. Vous êtes plongés dans votre addiction. La crise se termine. Elle aura duré deux, quatre, six heures (il m'est arrivé de rester 8 heures sans m'arrêter sur des chats de rencontre). Demandez-vous si vous n'auriez pas fait autre chose de votre soirée/journée, et si oui quoi. Si systématiquement, c'est autre chose que ce que vous avez fait qui apparait, alors vous êtes addictif.
Et vous ? Quels sont les tests que vous convoquez au moment des crises ou pour ne pas retomber ? Bonne journée !
La méthode du concombre.

Beaucoup tâchent d'arrêter totalement leurs pratiques addictives sexuelles. J'avoue être très sceptique sur leur capacité à le faire. Les échanges sur ce site le prouvent d'ailleurs : on arrête une semaine, un mois, et puis ça repart avec en prime du désespoir. Mais peut-être que je me trompe.

Pour ma part, j'ai très tôt essayé d'arrêter, et même j'ai très tôt consulté des psychologues pour qu'ils m'y aident. J'ai donc essayé bien des choses avant d'utiliser la méthode du concombre (je l'appelle comme ça). Elle a marché pour moi : je suis totalement abstinent sans avoir visé l'abstinence, simplement en ayant asséché la pratique à force de la couper en petits morceaux.
Il faut en effet découper comme un concombre sa pratique addictive en tranches de gravité. Et si possible en tranches aussi fines que possible. De mon côté, cela a donné : escort-girls/clubs échangistes/sites de rencontre. Je n'ai jamais été addictif au porno, mais si je l'avais été, il aurait constitué la dernière tranche. Les deux pratiques impliquent de l'argent, du temps, et, dans la première, souvent la souffrance d'une femme qui n'a pas toujours franchement choisi de faire un métier bien difficile...
J'ai commencé par éliminer les escort-girls. Je me suis d'abord fixé une semaine d'abstinence tout en continuant le reste. Au bout d'un an seulement, je me suis attaqué au club. Puis aux sites, isolés de la force de tout le reste, sans viser l'abstinence dans ce dernier cas. Mais cette pratique s'est desséchée d'elle-même, privée de la force des autres. Je vous dirai dans un autre post comment j'ai fait pour assécher chacune de ces tranches.
Et vous, quelle méthode est la vôtre ? Arrivez-vous à vous abstenir ?
Bonjour Cléanthe. Merci pour ton témoignage. 

J'ai utilisé beaucoup de techniques différentes, avec, forcement, parfois de tres bons résultats,  parfois moins... 

J'ai été abstinente pendant un moment. Malheureusement je ne le suis pas ces derniers temps. J'ai des problèmes de santé graves, les medecins ont eu très peur, et moi aussi. J'ai cru que je mourais, et mon abstinence était la dernière de mes priorités. 

Pourtant avant ça j'ai ete abstinente un certain temps, une éternité au vu de mon parcours. Comme tu dis, il y a une fragilité en nous, qui peut s'ouvrir à nouveau à tout moment.

Bravo pour ton parcours, puisses-tu ne jamais rouvrir la boite de Pandore.
Chère Transcender,

Merci pour ton message et surtout bon rétablissement ! Je t'envoie toute la force possible pour pouvoir traverser cette terrible épreuve.

Encore une fois, je suis sceptique sur la capacité de l'abstinence à faire sortir de l'addiction. Cet objectif peut être obtenu mais selon moi indirectement, en employant d'autres méthodes pour y parvenir. Sans quoi on arrête un moment et on retombe avec en plus le sentiment d'être une merde.

Vois-tu un psy ? C'est indispensable de se faire aider ! Tout seul on n'y arrive pas. Je pense que c'est impossible, en tout cas je n'ai jamais entendu quiconque s'en sortir tout seul. Il faut un psy qui t'inspire confiance et s'y connaisse. Les psy se spécialisent, au départ ce n'était pas évident. En ce qui me concerne, avant de tomber sur la bonne (qui est extraordinaire et m'a permis de m'en sortir) j'en ai consulté 5 ! L'un d'eux était très bien mais j'ai fait un long voyage et j'ai perdu son contact. Les autres, ça n'allait pas.

Bref, il y a vraiment des solutions, mais il faut y aller avec méthode et se faire  aider. Bon courage à toi ainsi qu'à toutes et tous !
Bonjour, 

Je sais bien tout ce que tu me dis, et effectivement l'abstinence n'est pas synonyme de sortie de l'addiction. Pour le moment ça n'est vraiment pas mon problème. 

Et oui, ayant moi meme été psy, je sais à quel point c'est important d'etre suivi et je le suis. Et j'ai essayé,  et parfois réussi,  avec bien d'autres methodes et solutions en plus.
Salut,

Je me permets d'approfondir sur les interlocuteurs dont nous avons besoin pour nous en sortir.

J'en vois au moins 3 :

1. Le psy
2. Une ou plusieurs personnes de confiance. Sa compagne ou son compagnon cela me semble indispensable. Et puis d'autres sans doute.
3. D'autres dépendantes et dépendants.

A titre personnel j'en ai d'abord parlé à ma mère. Je venais de subir un échec retentissant à un examen parce que je m'adonnais énormément aux chats au lieu de travailler intensément. Elle m'a écouté et m'a compris. Elle m'a beaucoup soutenu et j'ai parfaitement bien fait de lui en parler.

Plus tard, quand j'ai eu une copine, je ne lui en ai pas parlé mais elle est tombée sur des recherches dans mon téléphone. Je me suis énervé, j'étais totalement paniqué. Et puis là encore j'ai trouvé la force de tout lui expliquer : la souffrance, les soins, le besoin de soutien. Elle a parfaitement compris là encore et nous sommes encore ensemble. Elle est même allée voir la psy qui lui a fait un point sur mes progrès et elle était super fière de moi.

Et puis il y a la communauté des dépendantes et dépendants et l'entraide. Personnellement j'éprouve le réel besoin d'aider les autres. Je ne veux pas que les autres continuent de souffrir comme ça et se fourvoient dans des méthodes qui ne servent qu'à les enfoncer. J'ai aussi le besoin de me maintenir ainsi aussi dans l'abstinence. Je n'éprouve plus du tout le besoin ni des prostituées ni des clubs ni des chats qui avant me pourrissaient l'existence. Mais afin de ne jamais retomber, je crois qu'aider les autres est aussi un moyen, outre l'altruisme qui peut animer cette démarche.

Et toi, comment ton entourage prend la chose ? Est-ce qu'il t'aide ? Courage !
Je n'ai pas de proches de confiance. A peine des proches d'ailleurs.
Les gens de ce réseau sont là alors !
Mais j'ai le sentiment que tu as plus ou moins baissé les bras. Est-ce le cas ? Il ne faut vraiment pas je t'assure. Ma vie n'est plus la même depuis 4 ans et j'avais pourtant renoncé.
Où en es-tu ? Quelles sont tes pratiques ? Il est essentiel d'objectiver les choses (temps passé, nature de la pratique, etc.) Disposes-tu d'un carnet où tu notes les durées passées à faire ceci ou cela sans jugement, juste pour voir à quoi ressemblent objectivement tes journées ?
Courage chère Transcender, tu n'es pas seule.
Je notais par un moment, mais en ce moment effectivement j'ai baissé les bras. Ma santé est très mauvaise, et s'empire. Chaque jour je dois évaluer par tout un tas de critères si je dois informer mes médecins de mon état du jour, et donc me faire hospitaliser dans la foulée. J'ai de grave problèmes financiers et administratifs. Et je ne suis pas assez forte pour me battre sur tous les fronts en même temps. Donc oui,  pour le moment, je ne m'occupe pas de ma dépendance.
Déjà si tu es là c'est que tu n'as pas baissé les bras sur l'addiction et c'est une excellente chose : il ne faut pas.

Je suis sorti d'affaire depuis 4 ans. C'est dingue tout ce que j'ai pu faire depuis. C'est vraiment possible et c'est une autre vie qui commence alors. A presque 40 ans, j'ai entamé ma deuxième existence et porté un jugement moins dur sur la première parce que je n'étais plus addictif. Donc motive-toi, vraiment.

Par ailleurs je ne pense pas qu'il faille séparer tes problèmes de santé de l'addiction. Je sais, c'est un peu dur à faire, mais si ton moral va mieux ton physique ira mieux aussi je pense. J'avais quelques problèmes de santé avant de sortir de l'addiction, et ils ont tous disparu (même si bien sûr je caricature, si tu as quelque chose de grave, hélas, seule la médecine en viendra à bout, mais ton moral va aider).

Crois-tu pouvoir lister ce que tu ranges dans l'addiction actuellement ? Ne t'intéresse pas au passé. Juste aujourd'hui. Quels sont tes penchants actuels ?

De mon côté, je n'ai plus du tout aucun penchant pour les escorts, plus aucun pour les clubs, mais je me sens une fragilité sur les chats. J'adorais faire des rencontres avec des inconnues et coucher avec elles. Cela m'apportait bien plus de mal (perte de temps inouïe, vie parallèle pour l'essentiel, sentiment de honte parce que les filles, qu'elles me pardonnent, n'étaient pas toujours terribles, prise de risque pour ma vie familiale : voilà, j'ai tout listé Smile) que de plaisir (excitation de la discussion, excitation de la rencontre, plaisir sexuelle : là encore j'ai tout listé Wink).

Et toi  ? Peux-tu objectiver tes pratiques en les écrivant ? Ne nous envoie pas forcément la liste, mais au moins fais-la maintenant !

Je t'embrasse sincèrement et suis à tes côtés.
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