Dépendance sexuelle

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Bonjour à toutes et tous,



je me présente tout d'abord. Je m'appelle Olivier et j'ai 47 ans, divorcé depuis 6 mois. J'étais venu sur ce forum en 2015 et 2016 et cela m'avait aidé à "réguler" ma dépendance. Courant 2016, j'ai replongé fortement du fait de ma séparation d'avec mon épouse. Je suis resté seul une année et j'ai rencontré une femme de mon age avec qui je viens de m'installer il y a quelques mois. Le début de cette relation avait eu pour effet une moindre dépendance au porno. Mais progressivement, cette dernière est revenue et pas un jour ne passe sans que je consulte des sites. je pense que j'ai repris conscience que je retournais progressivement vers une dépendance à la pornographie. Peut-être même que je suis en réalité dans un rapport addictif au sexe et pas qu'à la pornographie.Je compense peut être le fait que ma relation avec ma compagne soit peut-être plus "calme" sexuellement qu'au début par un usage plus intense de la pornographie. Je ne sais pas si je saurais me passer totalement de l'excitation que me procure les images pornographiques mais j'éprouve le besoin de diminuer cet usage.
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Bonjour Olive,

Bien sûr, chaque histoire, chaque parcours est unique mais moi aussi j'étais là en 2016 avec la ferme volonté de m'en sortir. Ça a duré 3 mois, c'est énorme pour moi et bien peu à la fois pour qui n'est pas passé par là .. et puis il y a cet insensible glissement, ce "juste une fois" qui devient un "encore une autre fois", un "jamais 2 sans 3" qui se transforme en "encore une dernière fois" et 4 ans plus tard, on ouvre les yeux un peu plus grand que d'habitude et on se rend compte, honteux et malheureux que ça fait 4 ans. 4 ans de tchat, de vidéo, de mb compulsives quasiment tous les jours. 

Il y a 20 jours j'ai décidé que ça suffisait comme ça. Cela ne fait que 20 jours mais en même temps c'est probablement la plus longue durée "sans" depuis 4 ans et pour le moment ma volonté est d'airain. Je veux croire que cette fois est la bonne.

Ce que tu écris me parle totalement : "Je ne sais pas si je saurais me passer totalement de l'excitation que me procure les images pornographiques" C'est exactement une de mes angoisses, j'en ai parlé il y a peu [ici mon post]

En revanche, il y a une chose dont je suis absolument persuadé (bon mais en même temps, vu mes résultats pitoyables jusque là, j'ai peut être tort), c'est qu'on ne peut pas juste "diminuer", il faut vouloir "stopper". Quelqu'un qui ne boit qu'un petit verre par semaine a certes fait baisser les risques inhérents à l'alcool mais il n'a pas rompu la laisse qui fait que l'alcool est là, tapis dans l'ombre de nos souffrances, qui attend une contrariété plus forte qu'une autre, une déception plus grande, une douleur plus vive. Là, il tire un grand coup sur la laisse et boum..

Il me semble qu'il faut stopper, complètement, totalement, entièrement. Stopper. Alors peut-être chute-t-on et on se relève et on se bat pour stopper encore une fois, jusqu'à ce que ce soit la bonne. Je ne crois pas qu'on puisse "réguler" une dépendance, il faut la vaincre.

Ce n'est que mon avis et je te (nous) souhaite beaucoup de force, d'obstination et de courage.

Merci.
bonjour,

merci beaucoup pour cette réponse qui m'encourage. Je ne sais pas si c'est l'effet d'avoir écrit hier mais depuis je ne suis pas retourné sur des sites porno. C'est sans doute l'effet que j'ai déjà ressenti au début , quand tu t'interroges sur tes pratiques et que tu te dis que cela suffit maintenant. Ce que tu dis est très vrai, la régulation de ce type de pulsion n'est pas envisageable. Mais difficile de se dire que je vais abandonner à vie cette pratique. Elle est en fait présente dans ma vie de jeun homme puis d'homme depuis au moins 35 ans. C'est idiot mais cette dépendance me semble faire partie de moi.Et comme toutes les dépendances, elle représente une forme de plaisir.
je sais aussi que cette dépendance est liée à des problèmes de dépendance affective et l'impression de ne pas vraiment être un adulte mais un adolescent attardé.  
De plus, le télétravail lié au COVID 19 n'aide pas. Toujours derriere cet écran et parfois en attente de mail, la tentation est forcément grande.

olivier
je m'aperçois que mon compteur de sevrage a continué de tourner pendant plusieurs années. Je n'en suis pas là bien malheureusement.
je reprends mon clavier. Même si je ne pensais pas que je commencerais de suite un sevrage, ce dernier s'est imposé de lui-même. Le fait d'être revenu sur ce forum m' a inconsciemment amené à ne pas aller voir de site depuis hier 15 heures. En fait, dès qu'une période de calme arrive pendant les heures de travail, j’allais quasi systématiquement voir du porno. Là, j'éprouve un vide et je vais lire la presse en ligne. Bon, en ces temps de pandémie, c'est vite répétitif et un peu déprimant. Donc, je finis par me rappeler qu'il me restait des choses à faire, des vieux projets à relancer. L'addiction m’entraînait systématiquement à reporter du travail en me disant que j'avais le temps. Une longue procrastination.
Salut Olive,

Pas beaucoup de temps ce soir mais je voulais quand même répondre. Je détaillerai un peu plus demain mais sache que je me suis, moi aussi, souvent dit « 35 ans que ça dure, ça fait partie de moi, c’est une part de moi ».

Sans vouloir faire mon Boudhiste à 2 balles, mais de quel moi parle-t-on ?
Le moi d’aujourd’hui n’est évidemment pas le même que le moi d’il y a 35 ans. Le moi d’il y a 35 ans, cette addiction ne faisait pas partie de lui. Le moi d’il y a 30 ans, un peu, peut-être, probablement ce n’était pas encore une addiction mais ça allait le devenir. Le moi d’aujourd’hui : clairement.

Et encore de quelle addiction parle-t-on ? Tes fantasmes, tes « besoins » du jour ne sont pas ceux d’il y a 10 ou 20 ans, c’est sûr.

Alors pourquoi le « moi » de dans 2 ans ou 5 ans ou 10 ans ne pourrait-il pas être un moi plus sain, plus fier de lui, plus en harmonie avec lui même ? Paraissant tel qu’il est, vraiment. Parce qu’il faut se libérer de ses chaînes et que c’est difficile ? Bien sûr c’est difficile, très difficile et j’ai souvent échoué (en fait, à ce jour, tout le temps) mais, comme je le lisais je ne sais plus où, quand on fait un massage cardiaque pour faire repartir un cœur et que 200 fois on appuie sur ce maudit thorax, c’est la 200e qui fait repartir le cœur ? Non, ce sont les 200 : pour qu’il reparte à la 200e, les 199 premières ont été nécessaires.

C’est vrai, pour moi aussi, l’ennui est un poison mortel qui laisse l’esprit glisser sur cette pente si agréable, il ne faut pas le nier et c’est la tout le problème... mais la regravir après est, année après année, de plus en plus dur et sur l’autre versant, il existe d’autres plaisirs « durables ».

Durable, c’est la clé.

Courage, on est avec toi, appuie encore une fois sur le thorax Wink

Merci
Bonjour Olive,

Bon retour sur le forum ! Comme tu le soulignes, revenir par ici et souvent un premier pas important pour lutter contre sa dépendance. Tu as fait un premier pas souvent difficile à faire, désormais tu es parti pour une bataille de longue haleine, mais il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas.
Il faut capitaliser sur chaque victoire. Trouver des échappatoires (comme aller lire les infos ou travailler) et comprendre les mécanismes pour les combattre efficacement sans forcément avoir besoin de « palliatifs » (et potentiellement s'enfoncer dans une autre dépendance).

Impulsion et toi parlez du « moi » ; le combat contre l'addiction est d'une part un excellent moyen de mieux se connaître (poser un regard sur soi sans fard et mieux comprendre le fonctionnement de sa psyché et de son corps) et de se réinventer ou se retrouver (avec la liberté qu'offre la fin de la dépendance).

Bon courage !
bonjour,

merci à tous les deux pour vos réponses. Oui, c'est clair qu'il faut que je cesse de penser que cette addiction est constitutive de ma personnalité. Après tout depuis 2015, j'ai fait énormément de choses et de progrès. J'ai mis fin à un mariage toxique  de 20 ans , qui à mon sens participait également à mon enfoncement dans l'addiction.J'ai réussi à conserver mes grands enfants et à ce qu'ils vivent  1 semaine sur 2 avec moi, j'ai construit une nouvelle relation de couple avec une femme que j'aime et qui m'aime. Alors après tout, oui  j'ai gardé une addiction, oui mais quand même moins forte que celle qui m'a accompagné jusqu'en 2016. Donc, j'ai peut-être fait une partie de chemin vers un mieux-être. Alors, que me manque t'il pour y arriver ? Pourquoi reste t'il ce vide et ce sentiment d'être imposteur?

Oui, il y a bien quelque chose à chercher dans le moi profond de chacun de nous pour progresser.

Olivier
Bonjour Olive,

C'est effectivement bien de reconnaître le chemin parcouru, et c'est une bonne chose que tu ne sois pas retombé « aussi bas » dans ton addiction que lors de tes premiers passages par ici. Après malheureusement pour toi, quand il s'agit d'une addiction, la meilleure chose à faire et de s'en débarasser complètement. Mais si tu as déjà fait une partie du chemin, c'est une bonne nouvelle !

Que te manque-t-il pour y arriver ? Pourquoi ce vide et ce sentiment d'imposteur ?
Ce sont de bonnes questions, et toi seul peux y répondre. Y répondre te permettra sûrement d'apercevoir le bout du chemin pour te libérer définitivement de l'addiction.
Concernant le vide, personnellement ça m'inspire plusieurs choses. La première, c'est que le reflux de l'addiction laisse forcément un vide, de la place. Parce qu'elle est chronophage, parce qu'elle occupe nos pensées, parce qu'elle est souvent une forme de divertissement (au sens philosophique du terme : elle nous occupe l'esprit et le détourne de questionnements plus existentiels). C'est peut-être parfois ce vide déjà présent qui nous a poussé⋅e vers l'addiction, pour que nous le comblions. Alors il faut apprendre à faire avec ce vide, à le contempler. Ce qui peut-être un exercice ou périlleux, ou malaisant (voire pire), et, comme le disait Nietzsche, « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi ». Contempler ce vide, c'est affronter très frontalement nos démons, quels qu'ils soient.
Le sentiment d'imposteur est peut-être en partie lié à l'image peu reluisante de nous-même que nous renvoie l'addiction. On ressent en général un dégoût de nous-même, cela fait diminuer notre estime de soi, et peut entraîner mécaniquement ce sentiment d'imposteur. Se libérer de l'addiction et se « réapproprier sa vie » en quelque sorte permet de se libérer (au moins en partie) de ce sentiment, en regagnant en estime de soi.

Bon courage à toi !
bonjour merci pour ton message,

je m'aperçois en relisant mon post d'hier que j'avais tendance à minimiser mon addiction en m'autosatisfaisant du chemin déjà parcouru. je me trouve un peu vaniteux après relecture. Tu as raison, une addiction même moins forte ne peut-être l’aboutissement de cette lutte. J'étais tombé plus bas car je vivais une crise de couple depuis des années sans aucune vie sexuelle. 

Donc heureusement, qu'une fois cette relation terminée, je vais mieux. Mais je n'ai pas réussi à m’affranchir de cette passion pour le sexe et le porno. Car si j'analyse bien, dès que nous faisons l'amour avec ma campagne, les heures et les jours qui suivent, je ne pense plus qu'à ça. En fait, cela tourne en partie à l’obsession. Et bien souvent, c'est là que je repasse au visionnage du porno.
Donc, l’addiction n'est pas qu'au porno.

Et ce qui m'attriste est de penser que je me pense et me dis avoir des valeurs humanistes, et à coté de cela, je avis voir des sites où les actrices  sont parfois dans des conditions à la limite de l’esclavage sexuel.

olivier
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