Dépendance sexuelle

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Bonjour à tous
J'ai 35 ans, mariée, maman de 3 enfants.
Mon petit monde s'est écroulé l'été dernier.
J'ai découvert que mon mari avait eu deux "aventures", sur les 18 mois précédents.
Nous sommes un couple très fusionnel, amoureux depuis nos 17 ans. Le choc a été terrible, j'ai vécu un véritable syndrome de choc post traumatique (perte de 8 kilos en 10 jours, insomnie, crises d'angoisse, pleurs incontrôlés, somatisations diverses).
Bien sûr, j'ai pensé que c'était la fin de notre histoire. Mais je ne pouvais pas en rester là, il fallait que je comprenne l'inexplicable, qui n'était pourtant que la partie visible de l'iceberg ! 
Petit à petit, à force de discussions et de recherches, nous avons regardé ensemble au fond du gouffre et compris que mon conjoint est malade. Il souffre d'une addiction sexuelle, développée virtuellement depuis son adolescence, gardée sous contrôle relatif pendant des années, avec des pics en période de stress. Le dernier pic a suivi la naissance de notre troisième enfant. Et le virtuel est devenu réel.

Un an. C'est court à l'échelle de nos 18 ans d'histoire. Mais cela me semble si long tant le chemin parcouru depuis l'été dernier est important ! Je rejoins votre communauté aujourd'hui car j'aimerais pouvoir progresser dans la compréhension de tous ces mécanismes, trouver du soutien dans mes (nombreux) moments de doute, savoir comment aider mon homme tout en allant mieux moi-même. Je lui ai également parlé de ce forum, je crois qu'il aurait besoin d'échanger avec des personnes qui traversent les mêmes épreuves. 

Merci à ceux qui ont pris le temps de lire, encore plus à ceux qui répondront!

Lounette
Bonjour lounette.

Bienvenue sur ce forum.

Ta présentation est claire, cependant il y un aspect que je ne comprends pas. Tu dis que ton mari est addict depuis très longtemps et qu'il t'a trompé deux fois il y a un an. Est-ce qu'il mentait bien et que tu n'as rien vue ? Est-ce que tu t'en doutais ? Est-ce qu'il n'est pas addict et qu'il a juste eu une grave crise personnelle à un moment précis ?

En ce qui concerne le fait que ton mari vienne sur le forum, pourquoi pas, mais perso, je pense qu'il ne s'y sentira pas libre s'il sait que tu y viens aussi. Peut être que la messagerie privée pour parler avec tel ou tel membre pourra fonctionner, mais ce ne peut être que très occasionnel, et cela demande une grosse dose de confiance donné à des gens qu'à priori il ne connait pas, et qui eux connaissent l'un et l'autre du couple.

Tu parles de traumatisme avec des effets somatiques importants. Est-ce que tu as été aidé par un professionnel de santé ?
Bonjour Burrhus

Je sais bien que c'est incroyable. 
Oui il mentait bien. Non je n'ai rien vu. 

Enfin... je l'ai surpris quelques fois en pleine séance devant un écran. Mais elles se comptent sur les doigts de la main, je n'ai pas pensé qu'il pouvait s'agir de pratiques anormales Nous étions très jeunes quand nous nous sommes rencontrés, je n'avais pas d'autre référence, d'autres exemples pour comprendre que quelque chose clochait.
Et je crois qu'on peut parler de polyaddiction: il a besoin d'un substitut pour calmer ses angoisses. Lorsqu'il m'a rencontrée, je suis devenue ce substitut, il a remplacé une addiction à la masturbation, au porno et tchats par une dépendance affective envers moi. L'addiction sexuelle a repris le dessus à chaque période de stress lorsque j'étais absente. Nous avons retracé cela peu à peu.

Il mentait très bien. Il était aussi dependant au tabac. Mon mari fumait 5 cigarettes par jour et je le pensais juste fumeur occasionnel...
Je me suis sans doute très bien menti aussi, pour ne pas voir tout cela. 
Mais c'est surtout envers lui-même qu'il était menteur professionnel. C'est un travail immense qu'il réalise depuis un an...

J'ai pensé comme toi au départ pour son inscription sur ce forum. Puis j'ai vu une case "pseudo du conjoint" en remplissant mon profil. Alors j'ai pensé que c'était possible. Nous allons en reparler. Merci.

En ce qui me concerne, les aspects physiques sont soignés. Pour le reste entre le coût de son suivi psychologique et celui mis en place pour notre fils cadet, très sensible notamment à la situation, dur de financer un autre suivi pour moi. Mais j'avance par mes propres moyens et, pour l'instant, ça va !
Pour être sur le forum depuis plus de cinq ans, je n'ai jamais vu de couple, mais après tout pourquoi pas ?
Bonjour Lounette,

je vais contredire Burrhus (et oui...), il y a eut un exemple d'un couple de jeunes (un homme et une femme) qui avaient l'un et l'autre créé un pseudo. Par contre ma mémoire me fait défaut pour retrouver leur pseudo.

Quelques éléments: pour le suivi, il y a (en France) la possibilité de demander un suivi psychiatrique (et non psychologique). C'est mon cas. Je suis suivi par un psychiatre, et comme il est sans dépassement d'honoraire, je suis remboursé à 100%. Pour cela, il faut passer par son docteur traitant qui vous fait une ordonnance pour un psychiatre (et idéalement vous en conseil un ou 2 spécialisés dans les addictions). Par contre, ce fut mon cas, j'ai dû attendre 6 mois pour avoir un premier rendez-vous, puis ensuite tous les 15 jours. Ce n'est pas vraiment comme un psychologue, on est plus dans un long travail sur soi.

Pour revenir sur votre présence à tous les deux sur le forum, je ne sais pas si c'est une bonne idée car parfois il peut être nécessaire de dire certaines choses que l'on n'a pas envie que son conjoint (ou sa conjointe) lisent. C'est à vous d'être clair sur cela. Une des forces du forum est l'anonymat qui permet de dire certaines choses. Ici l'anonymat ne sera plus de rigueur... A vous de voir, c'est votre choix...

Tous les dépendants sont d'excellents menteurs, et comme tu le dis c'est surtout à eux en premier qu'ils mentent.

Ton mari a de la chance de pouvoir compter sur ta compréhension, ta bienveillance, ton aide et ton amour pour lui. J'espère qu'il en a confiance. Vivre avec un dépendant n'est pas anodin. Il te faut aussi te préserver toi aussi. Tu ne peux pas être celle qui se dévoue pour son mari, pour son enfant. Prends soin de toi aussi.

Au plaisir de te lire.
Fabrice
Bonjour Fabrice
Merci pour ta réponse. 

Pour le suivi, mon mari a commencé par voir un médecin addictologue, qui lui a permis de rompre avec le cycle de ses pratiques. C'était dans un centre spécialisé, 100 % gratuit. Mais pour traiter la source, il a vu une psychologue, pas gratuit du tout ! En parallèle j'ai obtenu une place en cmpp pour notre fils, après des séances très chères chez une psychologue privée aussi. Le cmpp est totalement pris en charge par la Secu. Ils ont vu mon mari et lui ont conseillé un psychiatre, il aura plus d'info sur le suivi et le coût lors de son premier rdv.
Donc effectivement il y aura plus de budget pour moi. 
Mais j'ai du mal avec la logique psy en général (histoire personnelle) et, dans ce cas précis, j'ai l'impression que l'idée va être de trouver un moyen pour faire passer la pilule ou de chercher mes responsabilités dans l'affaire ... 
Nous avons fait une séance de couple, la psy m'a dit que j'avais beaucoup avancé. Puis elle s'est mise à chercher du côté de mes relations à mon père, à ma mère, sans s'intéresser vraiment à mon conjoint. L'idée était clairement que mon rapport au couple devait être à la source du problème, mon mari étant comme toujours depuis des mois  en larmes donc la "victime".
Je ne dis pas que je n'ai pas besoin de voir quelqu'un ni que je suis parfaitement équilibrée et que je ne veux pas me pencher sur moi mais je suis déjà dans un tel état, je vais encore me requinquer un peu avec mes méthodes maison avant Big Grin

Pour le forum, nous traversons une période difficile en ce moment, mon conjoint a besoin de parler, nous avons tous les deux besoin de rompre le huis clos. Après longue discussion, il a décidé de s'inscrire. Il m'a déjà confié énormément de choses (vraiment beaucoup) et je m'engage à ne pas aller voir ses messages s'il me le demande. On va faire l'essai ! 

Merci à tous de nous accueillir
Bonjour,

oui tout cela est compliqué, mais je vois que les choses avancent dans la prise en charge pour ton fils et ton mari.

Quand je parlais de prendre soin de toi, je ne pensais pas à un psy (psychiatre ou psychologue), je voulais dire que tu es des activités qui te sortent de tes soucis. Que tu fasses des choses pour toi, et uniquement pour toi, pas pour ton couple ou pour ta famille. Juste pour toi. Te permettre d'avoir une bulle d'air pour te ressourcer. Peut-être prends tu déjà ce temps là...

Pour le reste, tu n'es en rien responsable du comportement de ton mari. C'est lui qui a choisi la dépendance. La position de victime n'est jamais bonne. J'ai mis beaucoup de temps à accepter que c'était moi qui avait choisi d'être addict, d'aller voir du porno, d'avoir des relations avec de nombreuses personnes. C'est moi qui est décidé pour répondre à des souffrances, pour fuir la réalité de me plonger dans le porno. Personne n'a allumé l'ordi pour moi, ou pris les rendez-vous pour moi. Je suis le seul responsable. C'est peut-être bon de le rappeler à ton mari. Il est responsable à 100%. C'est lui (et personne d'autre) qui a choisi.

Peut-être qu'il va lire, c'est ligne. Je ne veux pas être dur. C'est juste la réalité. En tant que dépendant, et surtout en tant qu'être humain, nous avons le choix.

Courage à toi, et au plaisir de te lire et bienvenu à ton mari et qu'il n'hésite pas à venir ici parler. La parole libère !

Fabrice
Merci Fabrice. 

Ah oui, faire des choses pour moi... 
J'essaie d'apprendre, surtout à profiter de moments sans lui. J'ai fait un voyage dans un pays très lointain, seule. C'était l'un de mes rêves, il en avait fait le sien mais j'ai ressenti le besoin de le réaliser sans lui. Ça m'a fait beaucoup avancer.

Pour le côté "victime", je parlais de ce que semblait penser la psychothérapeute de couple. Mais c'est vrai que ce n'est pas si clair non plus pour mon conjoint.
C'est une sacrée question.
Je crois qu'il y a peut-être une nuance culpabilité / responsabilité. 
J'ai longuement discuté avec une collègue, ancienne alcoolique. Pour elle, toutes les dépendances se ressemblent et rendre un alcoolique responsable de son addiction c'est comme rendre une personne responsable de son cancer.
Je ne crois pas que vous soyez responsables de votre / vos addiction(s). En revanche vous restez responsables des actes et comportements adoptés, même si votre jugement peut être altéré par l'addiction, justement. Une sorte de circonstance atténuante ?
Je te rejoins tout à fait sur l'idée que se percevoir comme victime ne guide pas vers la sortie, d'autant plus que l'addiction résulte bien souvent d'une mauvaise gestion des émotions suite à un traumatisme d'enfance ou une mauvaise construction etc.
La clé me semble bien plus vers l'idée d'une reprise en main de sa vie qui n'est, finalement, que ce qu'on en fait ! 
Pour les dépendants comme pour les co-dependants d'ailleurs, on ne peut pas choisir à votre place mais on peut choisir notre rôle, au côté de notre conjoint ou non.
Oui tout est dans la nuance.
Peut-être le mot responsable est fort, mais ce que je voulais dire est qu'un moment j'ai fait le choix (conscient ou pas) de mon comportement. Il ne m'a pas été imposé, c'est ce que je veux dire. Dans la psychanalyse freudienne, il y a toujours cette volonté de chercher des responsabilités dans notre environnement (souvent notre enfance). Si aujourd'hui, je suis comme je suis, c'est que je n'ai pas reçu l'affection que je voulais de mes parents. Dans une telle logique, il est facile (et parfois réconfortant pour soi) de renvoyer la responsabilité à ses parents (dans ce cas). Mais non, ce n'est pas eux, qui m'ont poussé à regarder du porno, à avoir des relations multiples... J'ai choisi cette voie car à ce moment là de ma vie, elle me paraissait la voie la plus acceptable, la plus supportable. J'en suis donc responsable, dans le sens où ce sont mes actes, guidés uniquement par moi. Donc nous sommes responsable de nos actes, donc de notre addiction, qui n'est que l'expression de nos actes. Sans acte il n'y a pas d'addiction.
Tout est dans le choix, in fine dans la liberté. La clé est là. Se reprendre et sortir de cette aliénation.
Je suis sûr que vous êtes sur la bonne voie. Le temps est votre allié. Avancer sur ce chemin de liberté.

C'est cool que tu puisses prendre du temps pour toi. C'est essentiel !

Belle journée

Fabrice
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