Dépendance sexuelle

Version complète : Envie de s'en sortir ensembles...
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Je suis en couple depuis 31 ans, nous nous sommes connus jeunes : lui 21 ans et moi 16 ans. Aujourd'hui nous sommes mariés parents de deux grands enfants de 15 et 20 ans. Nous avons réalisé de nombreux projets ensembles et nous aimons sincèrement.

ll y a fort longtemps, il m'a avoué qu'il se masturbait et allait souvent sur les sites pornographiques. Personnellement ça ne me posait pas plus de problème que ça, après tout me disais-je c'est son corps et puis c'est tellement courant !

Puis son désir sexuel pour moi baissait à cause de ses pratiques, il le vivait mal surtout que visiblement la satisfaction n'était plus au rendez-vous pour lui dans ses pratiques "solitaires" donc on a eu des discussions et nous avons convenu "d'arrangements" pour équilibrer les choses. En fait il regardait des trucs de plus en plus hard et perdait tous ses repères, et bientôt tout ça ne lui a plus suffit.

Il a donc commencé à aller voir des prostituées pour des fellations, culpabilisant énormément il a fini par se retrouver dans un état dépressif profond, faire des angoisses et des attaques de panique, perdre le sommeil. Et au bout du rouleau a fini par m'expliquer.

Il a donc décidé d'aller voir un psychiatre, pour lui c'était une évidence d'y aller avec moi… il a tenu à ce que je l'accompagne au moins pour le premier RV. L'effet fut dévastateur puisque ce charmant monsieur en a conclu que le problème venait de moi et qu'il devait me quitter au plus vite afin de trouver une femme correspondant à ses désirs et qu'ainsi tout irait mieux : 15 minutes et 100 euros plus tard nous étions médusés tous les deux devant un café : il ne nous avait même pas écoutés

Réaction de mon mari : c'est pas lui qui va pouvoir m'aider !

Certe on en cherche un autre, je lui explique donc que cette fois il serait judicieux d'y aller seul : il revient du rv en me disant que celui-ci lui avait fait la morale sur la situation des prostituées mineures de l'est et de l'esclavage sexuel mais qu'il n'avait rien dit d'autre sinon que quand il prendrait conscience de ses actes odieux il arrêterait... mon cher et tendre m'a donc dit textuellement : je ne vais pas voir ce genre de filles, je pratique avec des femmes indépendantes d'un âge plus avancé 

OK, ça ne vas pas passer non plus donc on cherche à nouveau… qui lui, explique à mon cher et tendre que c'est normal qu'il ai des besoins, qu'il est un homme, un chasseur, un prédateur et qu'une seule partenaire ne peut en aucun cas lui convenir et que donc il devrait s'éclater et accomplir l'acte sexuel complet pour ne plus être frustré, que ce sera libératoire

Fanstasme, envie puis passage à l'acte exaltant et donc devenu un besoin. Comme il me l'a expliqué, il a ouvert une boite de pandore à ce moment là et s'est lancé dans une fuite en avant éperdue. Au début très satisfaisante, puis rapidement destructrice : honte, culpabilité, angoisses et déprime puis finalement insatisfaction.

Puis tout à coup, plus aucune relations sexuelles entre nous : j'ai su plus tard qu'il avait eu un incident avec un préservatif lors d'un rapport avec une prostituée et qu'il avait eu super peur… euhhh moi aussi donc tests et tout le toutim

Grosse discussion à nouveau, il faut arreter les conneries… 

Nous reprenons difficilement une vie sexuelle, il tente de tout stopper car il n'en peut plus et c'est dur pour lui je le vois bien mais il se bat

Il y a quelques jours en plein feu de l'action avec moi, des images lui reviennent et il fait une attaque de panique. Il me dit que son cerveau est "foutu" qu'il a des images dans la tête qui ne le quitteront plus jamais à cause des pratiques qu'il a eu et qu'il ne veut pas me contaminer avec toute cette merde… qu'il m'aime et ne veut en aucun cas me perdre, qu'il ne sait plus quoi faire.

Moi non plus, je suis perdue. 

Comment l'aider dans sa tentative de sevrage ? Qui aller consulter sans encore aggraver les choses, comment trouver un psy qui comprenne le sujet ? Je  ne sais plus quoi lui répondre et je ne sais plus comment vivre cela moi même. Voir l'homme de ma vie se détruire tout seul.

Notre seule certitude est que nous nous aimons très fort et que son addiction au sexe fout tout en l'air, comme il le dit il a pourtant tout pour être heureux et il flingue tout, combien de temps allons nous tenir sans que ça termine très mal si il ne trouve pas de solutions ?

Donnez moi des conseils, faites moi part de votre expérience.

J'essaie de comprendre comment l'aider.

Luciole
Bonjour Luciole,

je suis très surpris par le comportement des psys... S'agissait-il de psychologues ou de psychiatres ?
J'ai peut-être eu de la chance mais je suis tombé sur deux psychiatres que j'estime compétents dans le sens où ils ne m'ont jamais jugé et ont été dans l'écoute, et me guidaient dans mon cheminement personnel par rapport à l'addiction.

Dans mon cas, j'en ai parlé à mon médecin traitant. C'est lui qui m'a proposé d'aller voir un psychiatre. L'avantage de cette démarche en France (je ne sais si tu es en France) c'est que tout cela est pris en charge par la sécu, ce qui n'est pas le cas des psychologues.

Il y a aussi les DASA, peut-être pouvez-vous regarder si il y a un groupe proche de chez vous.
https://www.dasafrance.fr/
De mon coté, je n'ai fait qu'une réunion, j'ai pas accroché et en plus c'était loin de chez moi...

Il y a un très bon livre que je ne peux que recommander
J'avais un article dessus : http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...trole-2017
Il est très pratico-pratique, actuellement un peu en difficulté, je l'ai ressorti et sa lecture me donne des pistes.

Tu peux aussi lui conseiller de s'inscrire sur un forum comme celui-ci, je ne sais par contre pas si c'est une bonne idée qu'il partage trop avec toi. C'est à lui de voir, mais c'est peut-être plus sain pour toi aussi de rester éloigné de tout cela.

Ce sera mon dernier conseil; c'est surement très difficile pour lui. Mais c'est aussi surement très difficile pour toi. Il faut que tu penses à toi, que tu te protèges.

Voilà quelques éléments.

Bon courage à tous les deux, je sens cet amour fort entre vous qui vous aidera à surmonter cela. Je crois qu'il a de la chance d'avoir une femme comme toi.

Amicalement,

Fabrice
Salut Luciole,
pour ma part je conseillerai comme Fabrice les groupes de parole de DASA, c'est appréciable d'écouter des personnes qui ont les mêmes problèmes et de les voir s'en sortir.
Je conseillerai aussi la pratique de la méditation de pleine conscience, avec le CD de Christophe André, ça calme beaucoup les angoisses surtout si elles sont irrationnelles.
Je conseillerai aussi de pratiquer une activité artistique comme la peinture, pour "remplacer" les images qu'on veut oublier par d'autres plus sympa.
Il y a aussi la.pratique du footing qui régule le les émotions.
Et enfin essuyer d'avoir une bonne alimentation : fibres végétales, noix, légumineuses, fruits, du bio, du fait maison.... pas d'alcool, peu de sucres.... histoire de bichonner l'intestin et notre flore intestinale qui nous met de bonne humeur....
il peut aussi essayer l'abstinence pendant quelques jours pour faire une sorte de reboot...
Bon courage !
Merci pour vos réponses et vos conseils qui me guident.

Fabrice : j'ai lu le livre sur la dépendance sexuelle et en effet il m'a apporté des explications contrairement à ce que j'avais pu lire jusqu'ici !

J'ai trouvé les coordonnées du DASA le plus proches de chez nous et je les ai données à mon homme, à lui de faire la démarche si il le veut mais il me dit qu'il voudrait trouver un professionnel, une personne de référence pour l'aider mais ne se sent pas à l'aise du tout avec la notion de groupe : il est plutôt réservé, voir sauvage de nature. Il a réussi à passer les deux premières semaines de sevrage, il me dit que c'est très dur mais qu'il veut y arriver, je sais qu'il y aura sûrement des rechutes, je les redoute et lui aussi. J'ai surtout peur des mensonges et des non-dits.

Les psy qu'il est allé voir jusqu'ici étaient des psychiatres, aujourd'hui il est plus que méfiant pour aller consulter mais je pense que cela va devenir nécessaire, un sevrage seul me parait trop compliqué sur la durée sans un accompagnement, il ne sait pas qui aller voir : addictologue ? sexologue ? psychologue ? Si vous pouviez me donner vos expériences ça nous aiderait.

Pour le moment il se réfugie à fond dans le sport, dans des projets dans la maison et se "raccroche" à moi.

Personnellement le secret et la situation étaient trop lourds à porter, j'en ai parlé à un ami très proche en qui j'ai confiance. Certes ça ne règle pas le problème mais je me sens moins seule face à tout cela, je pense à aller consulter moi même pour faire le ménage dans ma tête…

On essaye d'avancer...

Resilience : félicitations pour la force de ta volonté 


Luciole
Salut Luciole,

pour répondre à ta question: je ne suis allé voir que des psychiatres, et je suis ce que l'on appelle une psychanalyse. Je suis très étonné de ton retour. Les deux psychiatres que j'ai vus (l'un est parti à la retraite, donc j'ai continué avec un nouveau) ne sont jamais dans l'affirmative, ils me laissent parler (parfois il y a de longs silences, pas de hum comme dans les films), ils me reprennent sur des termes, me demandent de préciser. Parfois c'est moi qui pose des questions, mais leurs réponses sont plus sous forme de questions. Toujours de la bienveillance, jamais de jugement. Lorsque le 1er est parti en retraite, j'ai eu l'impression de me retrouver orphelin (belle projection). Je ne comprends pas comment des psychiatres en un seul RdV peuvent tirer des conclusions...
Le 1er psy m'a été conseillé par mon médecin traitant qui est au courant de mon addiction (j'ai eu des MST), et le 2ème par mon 1er psy.

Resilience avait parlé de la méditation, je te mets un lien vers un post où je parlais d'une méthode utilisé pour les alcooliques pour éviter la rechute. Méthode SOBER, elle peut permettre de faire face. Et Pikmin avait relancé un post sur le sujet
http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...ight=SOBER

Pour le reste, c'est vraiment, je pense, une bonne chose que tu es pu parler à un ami. Les amis sont là pour cela. Je sais que ce fut un moment important pour moi d'en parler à une amie. On se sent moins seul, et le poids est un peu moins lourd. N'hésite pas à consulter, tu dois aussi et surtout penser à toi.

Fabrice
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