Dépendance sexuelle

Version complète : 22h52 ( petit texte )
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un petit texte écrit il y a longtemps déjà, après la découverte de mon cancer.
j avais 2 ans auparavant ressenti le " besoin " d'enfin parler des abus sexuels subis enfant.
j avais fais un boulot monstre / dingue avec une association spécialisée. Pendant une année.
120 km allé retour, plusieurs fois par mois.
déposé dans le service des mineurs du commissariat.
Affronté les " parents ", affronté la famille...Ces choses là ne se disent pas.
Une fois tout cela sorti, vomi...des petites choses bizarres sont apparues sur mon corps.
le cancer était là.
Ai je ressenti le besoin " vital" de faire du ménage dans ma tête et dans mon corps pour affronter ce qui allait venir, 

ou est ce d avoir remué cette merde immonde qui m a rendu malade ??
j opte pour la première : j avais senti que je ne pourrais pas sauver ma peau avec ces 2 cochonneries qui me rongeaient sournoisement.


voici ce modeste petit texte :


22 h 52

Elle alluma les petites lampes en terre cuite au-dessus du lavabo, éteignit le plafonnier. La pièce pris une douce couleur orangée.


C’est lorsqu’elle se plongea dans la mousse fraîche qu’elle remarqua les petits bleus, 
3 petits ronds, alignés sur sa hanche, là où l’hématologue avait appuyé avec ses doigts pendant qu’il enfonçait le trocart pour prélever un peu de moelle.
Ça la fit sourire, ces 3 petites marques des doigts de l’hématologue, comme des empreintes sur sa peau, comme les pattes d’un chat trop curieux qui passe sur le pavé mouillé et fait l’innocent ensuite.


La ponction s’était bien passée, ils l’avaient shooté, elle s’était même endormi en écoutant l’hémato.
Elle ne pensa à rien le temps de son bain.


Elle sécha ses cheveux, brossa ses boucles nouvellement revenues. 
Ils repoussaient vite depuis l’arrêt de la chimiothérapie et avaient la souplesse et la finesse de ses cheveux d’enfant, ça la replongeait dans ses photos d’enfance, lorsqu’elle avait 8 ans, au bord du lac en vacances.


Elle se maquilla. Elle était devenue une femme maintenant.


Il allait avoir du mal à la reconnaître, après tout ce temps. Elle n’était plus la petite fille boulotte qu’il avait quittée.
23 années.
23 années sans se revoir.
Il était parti en voyage à l’étranger avait dit sa mère.


Lorsqu’il était sorti de prison, elle était déjà malade. Elle n’avait pas souhaité reprendre contact.
Pas comme ça, pas sans cheveux, pas sans ses boucles.
Maintenant, sa leucémie était stabilisée avait dit l’hématologue aux 3 doigts.


Alors elle lui avait fixé un rendez vous. La voix de l’homme était mal à l’aise au téléphone. Il arriverait par le train de 22 h 52 avait il dit.


Elle s’habilla, mit son manteau noir, celui avec des poches profondes.
Elle prit un thé au bar dans le hall de la gare en l’attendant.
Le thé était brûlant et le hall glacé.
Elle tournait son index dans ses boules, celles que son père aimait tant caresser la nuit quand elle était petite. Ça commençait toujours ainsi, par ses doigts qui effleuraient ses cheveux.


Elle le vit apparaître en haut de l’escalier de béton. 
Il semblait si vieux, si quelconque, à regarder à droite et à gauche. Presque paumé.


L’espace d’un instant, elle réalisa qu’il ne pouvait pas la reconnaître, pas après ces 23 années, et l’idée l’amusa de passer à côté de lui , simplement, sans un regard, et partir à jamais, le planter là comme un con.
Elle paya calmement, enfila son manteau, prit son sac, enfonça ses mains dans ses poches si profondes.


Elle s’approcha de l’homme.
_ «  PAPA ? « 
Il eu juste un éclat de surprise lorsqu’elle sorti le 47 magnum, juste une lueur bleuté dans ses yeux, un peu comme le néon d’une enseigne.
Même pas de peur.
Elle s’est même dit : dommage, vert, ça aurait fait plus médical, un peu comme l’enseigne de la pharmacie quand elle va chercher son traitement chaque mois.


Mais non, la lueur fut bleue.
Suivi par un éclair blanc. 
La balle l’atteignit au bas ventre. Il ouvrit grand sa bouche, chercha l’air. Elle se dit : «  qu’il a l’air con « .
Curieux, dans les souvenirs qu’elle en avait, il était pourtant tout puissant, un géant, il envahissait le ciel, sa vie, son corps, leur vie à tous.


Et là, il chercha un mince filet d’air, pendant 2 ou 3 secondes, avec l’air con d’un poisson qu’un enfant innocent a sorti du bocal.
Puis elle appuya à nouveau.
Cette fois ci , elle visa le crâne.
La lueur du coup de feu fut orangée, comme dans la salle de bain, quand elle se plonge dans son bain après avoir allumé les petites lampes en terre cuite au-dessus du lavabo.
nouvelle intéressante, j'aime beaucoup le style !
tu devrais en écrire d'autres, à plus forte raison si cela te permet d'exorciser un tant soit peu tes maux...

P.S: petite coquille: le calibre 47 n'existe pas, c'est le .45, ou, à défaut le .357 magnum...
ah la vache, la Coquille !!
c'est donc le 44, celui de Clint Cool,  dans son rôle d inspecteur Harry Callahan


merci à toi.
Ah, le Smith modèle 29: tout un symbole (rire)

Encore bravo pour cette nouvelle, et je réitère mes propos, si tu en as d'autres dans ce style, n'hésite pas, je serait ravis de les lires 

Eric
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