Dépendance sexuelle

Version complète : désemparée et en colère
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Bonjour,

je me lance, je suis mariée depuis une dizaine d'années avec un homme de style "gendre idéale", quelqu'un de profondément gentil qui porte de nombreuses valeurs.
Nous avons vécu beaucoup de période difficile, maladie d'un enfant, déces de proches,etc... ce qui nous a beaucoup affecté et nous ont fait perdre notre intimité depuis plusieurs années. Ce sujet restait tabou.
Il y a 6 mois, après lui avoir demandé s'il avait quelqu'un d'autre, il m'a avoué voir des escorts pour des massages depuis 1anérotiques, puis le lendemain a fait une tentative de suicide médicamenteuse.
j'ai décide de lui pardonner mais j'ai compris qu'il ne m'avait pas tout dit. 2 mois après, après questionnement, il m'avoue une liaison de cul avec la copine de sons seul pote, le lendemain, je le retrouve avec un couteau en position foetus ou il voulait se mutiler le sexe. 1 mois après, la totale, il voit des escorts depuis 3 ans et me dit avoir une obsession sexuelle.
Quand je lui ai dit que ce n'était pas possible de continuer, il a demandé a se faire hospitalisé.
Après 2 mois d'hospitalisation, il en ressort qu'il était en dépression sevère et le psychaitre parle d'obsession très forte pour le sexe qui a pu arriver à une addiction mais qu'il ne veut pas donner un verdict d'addict. Que pensez de ça???
Je suis très en colère, je n'arrive pas à lui pardonner même si j'ai conscience qu'il était très mal.
J'aimerais avoir des témoignages de dépendant et co dependante pour connaitre vos réactions.

Merci
Bonjour Elisa26.

Tout d'abord bienvenue sur le forum, j'espère que comme moi, tu y trouveras source de réconfort et de soutien face à ce qu'il t'arrive.

Également femme de dépendant, je pense être en bonne posture pour comprendre ce que tu endure, bien que chaque histoire soit différente.
Je suis un peu interloquée par le fait que le psychiatre de ton mari ne pose pas de verdict clair, peut-être est-ce encore trop tôt.. continu t-il de le voir? si oui, cette personne est-elle la personne adéquate? t'es-tu renseignée sur les différents moyens de prise en charge de cette maladie? Me concernant, mon conjoint est suivi par un infirmier et une psychologue spécialiste des addictions dans un CSAPA (il y en a un dans chaque grande ville je pense, regarde dans les hôpitaux, c'est gratuit et anonyme).
En as-tu parlé à quelqu'un mis à part via ce forum? Je pense que la confidence auprès de quelqu'un de confiance, notamment un professionnel te fera le plus grand bien. Pour ma part, ça a été vital pendant un temps, surtout pour comprendre cette chose horrible qui nous atteint nous les conjoint(e)s dont nous sommes victimes et dont nous nous sentons souvent responsable. Dans tous les cas, sache que tu ne dois te culpabiliser, l'addiction dépasse de loin tous ce que tu peux imaginer. Si ton homme en est arrivé là, il ne le doit qu'à lui et à son vécu.
Concernant le mot "addiction" qui ne semble pas avoir été posé clairement par le psychiatre de ton mari, il va falloir prendre sur toi le temps d'en être sûre.. Je sais que c'est dur, tu te demandes certainement: "Est-il véritablement malade, et dans ce cas est-ce que je me sens de taille pour attaquer le problème à ses côtés; ou alors est-ce juste un vice de sa part qu'il essaie de faire passer pour autre chose pour que je ne le quitte pas?"..
Comment ressens-tu les choses? T'a t-il demandé de l'aide? Qu'est-il prêt à faire?
Et toi, qu'est-tu prête à faire?
Sache que quelque soit le choix que tu feras, le chemin sera TRES long et parsemé d'embuches, et que dans tous les cas il faudra penser à toi en priorité et te protéger coûte que coûte. Pour en avoir fait les frais, je ne peux que te le conseiller.

Dans l'attente de te relire, je te souhaite beaucoup de force et de courage.

PS: n'hésites pas lire d'autres témoignages de co-dépendantes, ainsi, tu verras que tu n'es pas un cas isolé. Et puis, tu peux aussi lire les témoignages de dépendants, peut-être pourras-tu comprendre certaines facette de la personne addict.

A très bientôt.
Bonjour Delphine 38

Il a été hospitalisé car il ne se sentait plus en sécurité et ne supportait pas que je le quitte. Il vient de sortir de 2 mois d'hospitalisation et doit être suivi par un médecin de cet hôpital. Pour le diagnostique médical, le médecin dit que c'est l'avenir qui le dira mais il est sous anti-dépresseur et à priori il en aura pour 1 an. Il m'a parlé de clivage, ce qui explique que mon mari me parlait de sensation d'irréel, voir de double personnage. 
Mon mari est sorti avec l'envie de s'en sortir et d'assumer. A priori, suite à des problèmes de boulot, sentiment d'abandon de ma part et peur que je le quitte, il a perdu pied. obsessions, masturbation régulières même au boulot, escorts et pour finir la copine de son copain. Il me dit qu'il ne pouvait s'en sortir tout seul, il avait besoin de moi pour le sortir de la.
Ce qui est troublant c'est que c'est un homme qui a beaucoup de valeur et il a fait exactement le contraire de ses valeurs.
Il veut se remonter pour se battre pour notre couple, me dit qu'il m'a toujours aimé.
Mais oui aujourd'hui, d'un coté je sais que ce n'est pas "lui" dans le sens ou c'est normalement quelqu'un d’honnête mais en même temps je peux tout remettre en question et avoir un énorme sentiment de colère et de me dire que c'est un vrai connard.
En ce qui concerne la maladie, après le choc d'avoir eu peur de me perdre et sa famille, d'avoir réussi à en parler aux médecins, il dit ne plus avoir d'obsessions, en même temps il est sous traitement.
Pour ma part je vais voir un psychologue depuis le début des révélations mais j'ai beaucoup de mal à penser à moi. Nous sommes séparés le temps de réfléchir et se remonter.
Bonjour à tous,

j'aimerais avoir des témoignages de dépendant et savoir si des couples ont réussi a traverser ces épreuves.

Merci
Bonjour Elisa,

je vais essayer de résumer ma vision de mon couple et des effets de la dépendance. Comme tu le dis, je pourrais être aussi le gendre idéal. Je suis en couple depuis maintenant 17 ans avec deux adorables enfants. J'étais dépendant avant de rencontrer ma compagne. Il y eu une période sans dépendance au début de notre relation, puis il y eut une période de chômage et je suis rapidement retombé dans la dépendance. Il n'y a pas deux personnes en moi, je suis la personne aimante pour ma compagne et mes enfants et je suis aussi la personne qui va sur des sites pornos, sur des sites de rencontre, dans des saunas gay ou des lieux de drague. 
Ma dépendance a pris des dimensions encore plus importante il y a 9 ans avec la naissances de mes enfants et les responsabilité au travail. Il y a 4 ans, j'ai commencé une thérapie avec un psychiatre, puis il y a 18 mois je me suis inscrit ici en me lançant dans des sevrages. J'ai été contraint de parler à ma compagne car j'ai eu des MST et ne me suis pas protégé lors des rapports avec elle (j'ai vraiment fait des conneries !). Elle a accepté sans rien dire. Nous en parlions peu. Puis j'ai avancé dans ma thérapie, dans mes sevrages. Tout cela m'a amené à prendre conscience que la dépendance est simplement là pour masquer des choses plus profondes enfouies en moi, des angoisses. Aujourd'hui, je ne suis pas guéri, mais j'ai décidé (erreur ?) d'en parler avec ma compagne. C'est très difficile pour elle d'en parler, elle me supporte quand je vais mal (par exemple face aux angoisses). Je prends conscience aujourd'hui que mon couple repose sur des fondations où prenait racine ma dépendance. C'est compliqué à expliquer, mais la relation que j'ai avec ma compagne est presque une relation enfant / mère (sur certains points). Or cela je n'en veux plus aujourd'hui. Les changements qui s'opèrent en moi font que je remets actuellement totalement mon couple en question. Je pousse ma compagne dans ses retranchements en lui parlant de nous, de notre avenir, de ce que nous voulons bâtir ensemble. 
C'est très difficile pour elle car je l'ai trompé (bien trop souvent) et avec des hommes… Elle a cru que tout était fini avec la dépendance (sevrage de 260 jours) et j'ai rechuté cet été. Donc non, je n'avais pas tout résolu. Je lui pose des questions sur notre avenir alors que je n'ai moi-même pas les réponses (si je les avais, je ne les poserais pas). Elle en parle très difficilement. Aujourd'hui, nous avons décidé de continuer ensemble encore quelques temps, de se donner du temps. De mon coté, je suis fidèle (et sans porno), je me suis engagé à faire le maximum. J'ai proposé une thérapie de couple qu'elle a refusé. Aujourd'hui, je sais que si je continue comme avant à un moment ou à un autre, les mêmes causes produiront les mêmes effets (ou du moins des effets similaire, rechute dans une addiction).
Parfois, j'ai l'impression d'être très égoïste dans le sens où je suis passé par des moments difficiles et ma compagne était là pour me soutenir, pour m'accueillir dans ces bras, pour me pousser à avancer quand j'étais mal, et moi je la trompais et aujourd'hui où je commence à aller un peu mieux, je ne sais pas si nous allons continuer ensemble. De façon simpliste et réductrice, j'ai avancé (thérapie, discussion ici, sevrage, ouverture à des amis), j'avance et en avançant je m'éloigne d'elle, et je ne sais pas si elle veut (ou peut) avancer avec moi. 
Là je nous donne du temps, mais aussi je suis décidé à continuer à avancer, à faire tout ce qui me donne de la joie, joie / bonheur que j'ai trop longtemps fui. Je suis confiant et serein. Il faut du temps pour reconstruire après 17 ans de mensonge, mais aussi de moments de joie et d'intimité. Ce n'est jamais blanc et noir.
Je ne sais pas si mon histoire t'aidera, elle est assez différente de la tienne. Toute nos histoires sont uniques. Ce que je sais c'est qu'il faut être deux pour faire un couple. Que sommes nous prêts à accepter (compromis) pour vivre ensemble ? Accepter, au sens du lâcher prise, c'est à dire que nous acceptons les conséquences et ne les ressassons pas.
Voilà, j'espère que cela t'aidera. Je profite de ce message pour te souhaiter également la bienvenue sur le forum. Je voulais te répondre plus tôt, mais j'ai un peu pris de la distance avec le forum, cela fait partie aussi des éléments discutés avec ma compagne.
Courage, sérénité et lucidité.
Fabrice
Bonjour,

merci Fabrice pour ta réponse, ça fait vraiment du bien d'avoir des témoignages de dépendants. De ce que je comprends de ton histoire, c'est que le risque dans la guérison de mon mari, qu'il se rende compte que finalement notre relation ne soit pas saine pour lui. C'est une question que je me suis déjà posé plusieurs fois et elle m'effraie.
Je fais un parallèle entre ton histoire et la mienne dans le sens ou mon mari a joué certainement un rôle de papa pour moi, je n'ai pas vu mon père pendant 15 ans, mais il y a 3 ans j'ai revu mon père , malade et il est décédé il y a plus d'1 an. Et dans notre relation c'est moi qui est changé, je ne voulais plus d'une relation ou il jouait le rôle de père.
Ce qui m'interpelle aussi dans ton témoignage, c'est comment as tu pu en arriver à prendre des risques de MST, qu'est ce qui fait que tu n'y as pas pensé sur le moment? cette dépendance vous fait elle perdre toute raison?
Voila encore beaucoup de questionnements?
Merci de vos réponses,

Elisa
Bonjour Elisa,

prends mon témoignage pour ce qu'il est, c'est à dire un témoignage et pas plus. Toutes nos histoires sont différentes, même si parfois certains éléments peuvent résonner entre nos histoire.

Dans mon cas, ma mère, même si elle fut très présente, n'a jamais vraiment su m'offrir de l'amour. (du moins tel que je l'attendais). Elle était là, mais je n'ai pas de souvenir d'elle me prenant dans ses bras par exemple. Mon père était assez absent. Aujourd'hui, je prends conscience de cela et je commence à accepter ce manque d'amour. A 44 ans, je ne pourrais revivre mon enfance et je ne changerais pas mes parents. A leur façon, ils m'aiment. Ils ont fait ce qu'ils pensaient être le mieux. Cette prise de conscience fut essentielle pour moi et aujourd'hui, je n'attends plus rien de ce coté... et les relations avec mes parents sont plus détendues, même si il reste encore du chemin. J'ai pu leur dire que je les aimais, mais eux ne m'ont rien dit... C'est ainsi.

Concernant les MST, je crois que je minimisais le risque. Sans rentrer dans les détails, je prenais des risques minimes (même mon docteur le pensait, il s'agissait de fellation), mais en multipliant les partenaires et en allant dans certains lieux (il y a aujourd'hui un relâchement en terme de protection dans certains milieux gay), j'ai finalement été contaminé. Mais il faut aussi noter qu'il y a un moment sous l'effet de la dépendance et de certains produits (pas nécessairement illicites dans mon cas), j'ai pu me laisser entrainer dans des pratiques à risque, même si je pensais à tout moment gardé le contrôle... Dans ma dépendance, il y avait aussi une forme de destruction de ma personnalité.
Où je suis impardonnable, c'est d'avoir mis en danger ma compagne, j'aurais dû utiliser des préservatifs avec elle. C'est clair. 
Finalement, je m'en suis bien sorti, les MSTs (2 fois syphilis) se traitent bien. Mais j'ai conscience que cela aurait pu être le SIDA par exemple. 
Donc le message est que même si le risque est faible, il ne faut pas le minimiser. Donc il faut se protéger ! 
Bon courage à toi.
Bonjour Elisa !
 
Je voulais juste te féliciter pour ta démarche de venir témoigner ici et de chercher du réconfort et des conseils ! Et en ce moment je dirais que ça tombe plutôt bien, car depuis peu vous êtes plusieurs co-dépendantes. Le soutien et le partage est donc d’autant plus évident pour vous !
 
Je réagis ici surtout au message de Fabrice. Il est comme à son habitude toujours plein de générosité, de respect et de sincérité et c’est surtout ça qui doit constituer la base, si on veut avancer avec un (sex-) dépendant. Le plus compliqué est donc d’amener le partenaire dépendant vers cette sincérité et ce respect. Pas évident, car il faut avant tout les développer envers nous-même. Car le déni et le mensonge sont souvent nos fidèles compagnons.
 
Je reviens sur ta question à Fabrice sur la prise de risque, qui est donc extrêmement complexe, car une des singularités de n’importe quelle dépendance est justement qu’elle pousse le dépendant d’aller de plus en plus loin. Ainsi (et forcément) la vigilance baisse. C’est d’ailleurs pour cela qu’on retrouve finalement beaucoup d’hétéros dans le milieu gay, sans que ce soient des « gays refoulés » c’est une expression de la dépendance qui cherche à aller là où l’on n’a pas encore été… ! Dans le cas de ton mari les choses sont plus « classiques » et s’expriment par cette recherche des escorts et comme tu le dis et comme Fabrice le confirme, visiblement il y a d’autres pathologies à la base du comportement de ton mari. Chose pas facile, mais il faut regarder la totalité de ces soucis en face !
 
J’ai personnellement dépassé une limite dans mes pratiques, j’ai eu (en quelque sorte) cette « chance » de me retrouver chez moi après une nuit de folie et de me demander ce que je venais de vivre et quelle serait ma vie si je continuais de cette façon-là. J’ai été dans la déception et le dégoût total de moi-même, car j’ai vu (enfin !) que je m’éloignais finalement de toutes les valeurs fondamentales de ma vie. Mais il fallait que j’aille « trop loin »… Dans mon cas c’est ce « trop » qui m’a finalement permis de réaliser un vrai sevrage qui m’a beaucoup éloigné de mes anciennes habitudes. J’ai suis allé « trop loin », je m’en suis sorti indemne comme par miracle. Mais parfois cela doit passer par là.
 
Finalement tout est une question de limites, à tous niveaux. Pour toi comme co-dépendante aussi ! Où sont les limites que tu te poses dans la relation avec ton homme ? Jusqu’où es-tu prête à l’accompagner ? Mais surtout à partir d’où n’es-tu plus prête à t’oublier toi-même ? ! Même si on a de l’amour pour quelqu’un la limite absolue doit être l’intégrité physique, donc la parfaite assurance que ce que ton compagnon dépendant fait avec d’autres, puis avec toi, ne doit jamais te mettre en danger ! Ceci doit constituer la règle principale qu’il ne faut jamais contourner ! Et cela compte pour les risques physiques que psychologiques ! Tu dois toi-même savoir dire « stop », ne serait-ce que pour y voir plus clair aussi !
 
Tout ça est très compliqué dans un couple, car, qu’on le veuille ou non, ici les enjeux affectifs rendent la chose encore plus complexe ! Mais ton compagnon te doit au moins respect et sincérité pour que tu sois efficace pour vous deux !
 
Bon courage à toi !
 
Jan
Bonjour à tous et merci pour vos réponses très précieuses. Vous avez raison , je ne suis pour rien dans sa dépendance à lui de chercher à comprendre . A la question qu est ce que je suis prête à accepter,  la réponse est que je ne suis même pas sûre d accepter ce qui c est deja passé.  J ai une autre question, arrivez vous à vraiment aimer votre conjoint en ayant des rapports ailleur et avez vous de l estime pour eux?
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