Dépendance sexuelle

Version complète : Je m'y recolle !
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Bonjour,

Je migre d'Orroz sur ce nouveau site, que je n'ai pas encore pris le temps d'approfondir, mais dont je remercie d'ores et déjà son concepteur de l'avoir créé.

J'étais sur Orroz, et pour résumer mon parcours de dépendant cherchant l'abstinence aux sites pornos, ceci :

- dépendant à la pornographie depuis fort longtemps, mais de manière que j'ai considéré comme "gérable et raisonnable" jusqu'à l'intrusion d'Internet dans ma vie, en 2001

- très dépendant donc depuis 2001 à la pornographie sur le Net, attitude à laquelle j'attribue principalement (mais pas seulement !) mes échecs amoureux, alors que j'ai pourtant fait de très belles rencontres et connu de belles histoires, et mon errance affective

- quelques périodes, courtes, d'éloignement de mon ordicul, notamment pendant les congés, mais jusqu'alors mes souhaits de me débarrasser de cette addiction, dont je suis conscient des maux qu'elle crée en moi (sexualité stéréotypée porno, mauvaises images de moi, à cause de cette pratique, et des femmes, à cause de l'image qu'elle renvoie d'elles, confrontation entre la pornodépendance et, au fond, une personnalité plutôt romantique, masturbations fréquentes et (paradoxalement ?) des érections moins glorieuses, etc.), bref, mes souhaits sont restés des souhaits

- inscription sur le forum d'Orroz le 11 aout 2005 et, de cette date au 24 octobre 2005, abstinence à la pornographie sur le net, je trouvais même ça relativement facile, et, leçon d'humilité :

-rechute le 25 octobre 2005, rechute de taille puisque je suis retourné vers mes conneries de cette date jusqu'au 9 décembre. Incapable de redécrocher, il me les fallait toooooouuuuuuuutes

- re-abstinant depuis le 10 décembre.

Je réalise à l'instant, devant ces dates, que le démarrage de ma 1er tentative d'abstinence, le 11 août et de ma seconde et actuelle le 10 décembre, correspondent tous deux à des chocs amoureux, bref des ruptures, ce qui semblent bien indiquer à quel point j'associe mes échecs amoureux à la pornodépendance (pas seulement, j'ai entrepris une psy pour travailler ces différents points, mais la pornodépendance est un vrai facteur d'échec).

Je tiens à préciser ceci : je ne rejette pas le sexe, ni le fait que j'aime le sexe, cela je l'assume mais je veux revoir sérieusement ma façon de l'aimer. Je cherche l'équilibre, pas le rejet, je cherche à être capable de marier des sentiments nobles avec une sexualité assumée et complice, et surtout réelle et non virtuelle, et avec une personne aimée.

Et je suis ici parce que j'ai besoin de me sentir moins seul dans cette lutte, d'en parler, d'échanger, d'être aidé et d'aider si je peux le faire.

Si vous m'avez lu jusqu'au bout, chapeau et merci, j'ai été bavard.

A bientôt à tous et encore merci à l'administrateur pour ce nouveau site.
Salut Eggon,

je pense que tu le dis dans ton message, ce qui nous fait replonger dans cette dépendance, c'est tout simplement que c'est immédiat et facile. Et allez vers l'immédiat et le facile, je crois que c'est bien ce qu'on nous a inculqué dans la société de consommation qui est la nôtre. Avoir une attitude contraire n'est donc pas naturel et semble difficile.

Je crois que une des pistes pour nous en sortir, c'est d'arriver à prendre du recul, savoir être patient et accepter que la vie n'est pas forcement facile.

Pas facile, non ?

D'autre part, je suis contre le fait de stigmatiser trop cette dépendance (je ne peux bien sûr parler que pour ma situation personnelle), car je pense que le problème est plus profond. Attention, ce qui ne veut pas dire que je ne pense pas que je doive combattre cette forme de dépendance...mais j'ai du mal avec ce mot de "dépendance". J'emploierais plus pour mon cas personnel le mot "paliatif" puisque chez moi le recours à l'érotisme voire au porno se substitue à toute relation réelle mais je ne suis pas atteint de masturbation compulsive pour autant par exemple. D'où la difficulté de me situer par rapport à cette "dépendance".
Pardon de m'écarté un peu de ton message, mais c'est en fait là une réflexion que je voulais faire depuis assez longtemps qui est ressortie.

En tout cas, depuis le 10 décembre, je trouve que c'est bien, continue ton combat et continue d'en parler.

A bientôt.
Citation :Morison19 a écrit :
En ce debut d'année 2006, j'ai vraiment décidé d'arreter de consulter cette sites destructeurs... et j'ai aussi compris qu'arreter le porno ne rimait pas avec arreter toute forme de sexualité.
Salut Morison19,
bravo pour cette reflexion pertinente. Je dirais même plus, arrêter le porno peut peut-être même nous permettre de démarrer vraiment une sexualité !
Personnellement, j'emploie le terme de dépendance, car il correspond bien à ce que je ressens, chaque fois que j'use de ces artifices qui me permettent de fuir une réalité angoissante. Si je demeure dans la dépendance, je ne suis plus libre, et je pense que les efforts que nous produisons, grâce à ces forums d'entraide, sont de vraies libération.

Par ailleurs, je partage ta réflexion, Coeur Voilé, sur cette socièté de consommation qui nous incite à jouir de tout et tout de suite. Accepter de vivre sa vie, dans sa complexité, ses joies et ses souffrances, voilà la clef à mon avis. Plutot que de nous perdre dans des illusions, des images séduisantes, osons la simplicité de la vie. :-)
Salut Bruno,

excellente la citation dans ta signature. Qui est ce Gustave THIBON ?

A bientôt.
Citation :Cœur Voilé a écrit:
Salut Eggon,

je pense que tu le dis dans ton message, ce qui nous fait replonger dans cette dépendance, c'est tout simplement que c'est immédiat et facile. Et allez vers l'immédiat et le facile, je crois que c'est bien ce qu'on nous a inculqué dans la société de consommation qui est la nôtre. Avoir une attitude contraire n'est donc pas naturel et semble difficile.

Je crois que une des pistes pour nous en sortir, c'est d'arriver à prendre du recul, savoir être patient et accepter que la vie n'est pas forcement facile.

Pas facile, non ?
Apprendre la patience, un autre combat chez moi, effectivement. Et ta remarque sur l'immédiateté est tout à fait pertinente.

Tu parles plus loin de palliatif, tu as raison, à cette nuance près que dans mon cas ce palliatif a dérivé jusqu'à devenir une dépendance.

Palliatif à quoi alors ? Dans mon cas je pense à l'ennui, à l'absence actuelle de réalisation, peut-être.

Je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite et la pornographie me permettait d'épicer mes soirées solitaires. "L'oisiveté est la mère de tous les vices", on ne peut mieux dire dans mon cas.

En outre, après avoir pendant des années fait beaucoup pour évoluer professionnellement, via des concours puisque je suis fonctionnaire, je suis arrivé aujourd'hui au niveau ambitionné, et maintenant quoi ? J'ai 40 balais dans un mois, je suis cadre administratif, j'ai un poste plutôt valorisant mais au final : je m'emmerde. Et quand je m'emmerde, il y a toujours un moment où quelque chose me dit que je pourrais meubler cet ennui en allant voir des trucs de culs sur le Net.

La pornographie, c'est, en quelque sorte, un refuge. Un nid douillet. Un bulle. Pendant que j'y suis, je ne pense plus à mon ennui actuel, et au fait que je suis arrivé à un cap, et que je dois me botter le cul pour le franchir puisque je ne m'y réalise plus. Je cache des frustrations derrière la pornographie.

Et puis parfois, connement certainement, j'ai l'impression que ma vie affective, après avoir gaché pas mal d'histoires pourtant agréables, est fini, j'ai bientôt 40 balais, je vieillis gentiment, je n'aime pas le sexe sous plastique, ma fille part faire sa vie avec son copain, j'ai l'impression de rester sur le bord de la route, et là encore les illusions de la pornographie agissent, elles diluent, elles meublent, elles occupent, elles font diversion.

Alors voilà, quand comme actuellement je n'ai plus recours à ce paravent, mon quotidien paraît plus long, plus ennuyeux, mon temps est distordu, la vacuité est plus grande, "vanité des vanités, tout est vanité".

Il faut donc que je réapprivoise le temps et ce que j'en fait, que je regarde lucidement ma vie en face, où elle est et ce que je veux en faire, que je me pardonne, que je sois plus patient, plus indulgent avec moi, que je retrouve foi en moi, et confiance dans la vie et ses potentiels, toutes choses que le pornographie m'évitait.

J'ai tort d'ailleurs de tout mettre sur le dos de la pornographie, il y a d'autres choses que je recherche avec un psy, mais cette pratique est en quelque sorte le parangon de la façon dont jusqu'alors je me suis confronté à mes difficultés de vivre.

Bon, tout ça est encore confus, mais j'espère que vous aurez saisi l'idée générale.

Allons de l'avant !
Je me reconnais parfaitement dans ton témoignage Eggon, je suis sans emploi, célibataire, et l'ennui me menace chaque jour de ma vie, c'est comme la peur du vide, du rien, de la mort. Je suis convaincu d'avoir déjà fait le choix de la souffrance plutôt que d'avoir à me confronter à cette sorte d'ennui que je qualifierais d'"existentiel" pour ne pas le confondre avec l'ennui de circonstance qui peut survenir lorsqu'on ne trouve rien à faire. J'ai toujours quelque chose à faire mais parfois tout manque d'intéret, de sens profond, c'est là qu'intervient le "à quoi bon" qui peut m'entrainer dans les pires dérives.
Je te conseille la lectutre d'un livre qui m'a vraiment passionné, ça s'appelle "Petite philosophie de l'enui" de Lars Fr. H Svenden aux éditions Fayard.Aucune recettes miracle proposées, si ce n'est d'accepter que la vie n'est pas toujours aussi "passionnante" qu'on le souhaiterait, mais un ouvrage très référencé sur la question, et puis c'est toujours une façon de passer le temps...

Je te souhaite beaucoup de courage.

Ah oui un dernier truc pour combler l'ennui et le manque de sens: l'altruisme. Personnellement je pense aller voir les restos du coeur ces jours-ci pour proposer mes services, on verra bien.

Baz
Intéressant, en effet, ce que vous dites. On en revient souvent à la question du sens que l'on donne à sa vie, et il n'est pas simple d'en trouver à tous nos actes. Aider les autres, trouver dans la rencontre une vraie joie de vivre peut-être l'occasion de donner justement du sens à ce qu'on fait.
Mayday mayday, j'appelle la base, je crains de partir en vrille, je répète je crains de partir en vrille, j'ai des ratés dans la résolution, je sens des vibrations inquiétantes qui m'attirent vers le vide, ça craint sérieux.

Bon, voilà, j'en suis à 57 jours d'abstinence (je dois avouer trois petites transgressions, puisque je suis allé brièvement lire des récits hot mais sans images, et je ne les retiens pas comme des rechûtes car ce serait 1/ trop sévère, je me flagelle déjà bien assez et 2/ c'est les images mon problème, même si je sais avec quelle facilité les mots peuvent mener aux images). Et là, des images, j'en veux.

A vrai dire, je fais une petite crise existentielle avec légère déprime à la clé, est-ce que la pespective de mes 40 ans dans quelques jours pourrait y être pour quelques choses ? Bin tiens, à ton avis ! (ce qui fait bien marrer ma fille qui trouve que je suis un beau et jeune et branché papa qui se prend bien trop la tête avec ça).

Or donc, légère déprime, ennui, plafond bas, et j'entends mon ordi me jouer le chant des sirènes, qu'il peut lui, si je sais bien en user et aller au bon endroit, me réconforter, me démontrer que tout est encore possible, et qu'elles sont toutes pour moi, si je veux. Douce musique. Délicieuse léthargie. Exquise illusion.

Je sens bien mieux maintenant que j'essaie de m'en tenir loin combien la pornographie sur le net était, et pourrait redevenir si je n'y prends pas garde, un refuge, un abri, un nid douillet où me cacher de mes frustrations, angoisses, ressentiments. Evidemment, sans ce paratonnerre, ces derniers s'en donnent à coeur joie. Bon, allez, c'est un passage nécessaire, ça ne durera pas, je me dis que j'arriverai un jour à gérer mes sentiments négatifs sans cet exutoire pervers.

Mais là, il me manque, mon exutoire...
Bonjour Eggon.

Message bien reçu ! Tiens bon !
Même si je n'ai pas encore quarante ans (je vais passer la trentaine bientôt), je crois comprendre le fondement de ta frustration.
"Et quand je m'emmerde, il y a toujours un moment où quelque chose me dit que je pourrais meubler cet ennui en allant voir des trucs de culs sur le Net."
Que c'est criant de vérité !

J'avais aussi lu un truc sur le "syndrôme d'accomplissement total". C'est ce dont souffrait Armonstrong depuis son retour sur Terre, après avoir fait les premiers pas sur la Lune.
Il s'est entièrement réalisé, et la vie ne lui semble plus utile, puisque "mission accomplie".
N'as-tu pas aussi cette impression ? Après avoir gravit les échelons de ton travail, n'as-tu pas l'impression d'être arrivé à la fin d'une ère ?
Penses alors à la suivante (facile à dire quand on a 30 ans), mais à 40, rien n'est terminé, au contraire, d'autres choses se construisent, sous une autre forme. Il faut simplement deviner quoi.
Et un sevrage définitif du porno, une autre manière de voir la sexualité (voir autrement sa séduction et les preuves de sa séduction ?), te permettra peut-être de tourner la page...

Bon courage en tous cas et à bientôt, Nicolas (22 jours).
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