Dépendance sexuelle

Version complète : Présentation Anthony45
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Bonjour à tous et à toutes,
cela fait un moment que je souhaite m'inscrire mais chaque fois je me disais que ce n'était pas la peine, que j'allais y arriver seul. Mais voilà, aujourd'hui je dois me rendre à l'évidence, tout seul, je retombe toujours dans la dépendance.

Pour moi tout a commencé par le fait de regarder des films quand j'étais ado. Dès que je le pouvais, j'en regardais un en me masturbant. Et puis est venu l'ère du net, là ma consommation a explosé, comme bcp je pense. A ce moment j'étais seul et je n'avais pas conscience de ma dépendance, je la subissais juste. J'ai rencontré ma femme, il y a environ 12ans et je pensais que ce comportement allait s'arrêter. Mais il n'en fut rien. je continuais en me cachant. Et puis un jour, il y a 10 ans, j'ai vu le témoignage d'une personne dans une émission qui exprimait tout ce que j'étais. Ce moment est le début de ma prise de conscience. A partir de là, j'ai aussi pris conscience du temps passé et de l'escalade du toujours plus (de l'illégal à la recherche de partenaires sexuels). J'ai voulu arrêter des dizaines de fois (notamment avec la naissance de ma fille) mais je n'ai jamais réussi. Pire à chaque échec, l'image que j'ai de moi se détériore. Je culpabilise et j'ai honte de mon comportement.

A chaque sevrage, j'ai aperçu tous les bienfaits. Aujourd'hui je franchis le cap de l'inscription, de la présentation car je sais que tout seul je n'y arriverai pas.

La présentation a été très sommaire, mais pour moi c'est déjà un premier pas.
Merci de m'avoir lu.
Anthony45
Hello Anthony!
 
Je voulais juste te souhaiter la bienvenue!
 
Bravo pour ton courage de venir t’exprimer ici! On t’accompagnera comme on pourra, on sera là pour et avec toi ! Tu as compris qu'en venant ici tu ne seras plus seul !

La dépendance sexuelle se définit à partir du moment où elle nous pousse à aller de plus en plus loin dans nos fantasmes et pratiques sexuelles et qu’il se crée ainsi en nous un malaise, puis une souffrance. Cela semble être le cas chez toi !
 
Tu as donc bien fait de venir ici ! Ce forum se base sur l’entraide. Exprime-toi librement. Lis, réponds aux autres postes, aide et demande de l'aide ! Néanmoins, prends connaissance de la charte du forum : Les postes ici sont accessibles à tous, même aux mineurs, raison pour laquelle une certaine maîtrise de nos propos est de rigueur !
 
Regarde aussi le WIKI (sur la barre tout à fait en haut) et fouille un peu dedans! Le Wiki est une sorte de bibliothèque avec des articles et postes, parfois écrits par les membres, classés par thèmes.
 
Voici le lien pour savoir comment s'en servir:
http://www.dependance-sexuelle.com/wiki-article-10.html
 
Définition de la dépendance sexuelle:
http://www.dependance-sexuelle.com/wiki-article-57.html
 
Ici aussi un test sur un site parallèle au nôtre avec un questionnaire sur la dépendance:
http://www.orroz.net/test.html

Les parcours de nous tous ici sont divers, même si les structures de nos dépendances se ressemblent. Beaucoup parmi nous ont également vu des liens de notre dépendance avec des pathologies ou complexités de l’ordre psychologiques… la dépression, le trouble de l’attention, l’estime de soi, manque de confiance en soi, traumatismes anciens… Le forum est aussi là pour t’accompagner dans tes réflexions de cet ordre-là, si tel devait être le cas.
 
Je t’invite donc à t’exprimer sur le forum aussi souvent que tu le souhaites ! Tout le monde ne se sent peut-être pas prêt à ça, mais si tu veux, participes aussi aux échanges sur les carnets des autres. Se mettre au service des autres nous éclaire aussi sur nos propres parcours et donc sur nos lacunes et contradictions, cela nous fait aussi avancer!
 
On est tous un petit peu comme des aveugles qui se cognent parfois avant de développer l'instinct et la force de savoir réellement par où nos chemins doivent passer!
 
Et gardes espoir : Je suis enfoncé dans la dépendance depuis 25 ans, je vois un psy depuis des années, mais surtout grâce aux échanges ici sur le forum et la découverte de la méditation de la pleine conscience je commence enfin à en sortir ! Je viens justement d'écrire une sorte de bilan personnel, il est long et complet, mais si tu as le temps de le lire, soit là aussi le bienvenu:
http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...1#pid64551
 
Ne t'inquiète pas si les réponses ici ne viennent pas très rapidement, ni nombreuses en ce moment. C'est très calme, car beaucoup des amis ici sont partis en vacances...

On avancera tous ensemble !
A très bientôt!
 
Jan
Bonjour jan,

Merci beaucoup pour ton message. Cela fait du bien de savoir qu'on a été lu et que quelqu'un nous aide. Avec cette démarche d'inscription et de participation au forum j'ai, pour la première fois je crois, l'impression d'être acteur de ma recherche de sortie de la dépendance et plus comme à chaque fois l'impression de la subir.

Mais je suis aussi moins euphorique que certaines fois car je sais que le chemin sera long et semé d'embûches. Pour moi, elles sont très fréquentes; je sais, par expérience, qu'une simple photo peut me faire replonger très rapidement.
J'avais déjà entendu les bienfaits de la méditation mais j'avais la même démarche qu'avec le forum: c'est bien mais j'y arriverai sans. Je vois que  je n'arrive pas à contrôler mes pulsions et je pense que la méditation pourra m'y aider.

Je vais essayer de répondre aux messages d'autres membres du forum, comme tu le disais, car j'ai l'impression que parler m'aide beaucoup plus que je ne le pensais. Et puis je vais lire le post dont tu parlais, je pense que que cela peut me montrer la voie...

Encore merci pour l'accueil.

Anthony45
Hello Anthony !
 
Je trouve que tu regardes ta situation avec pas mal de lucidité, c’est un bon départ ! Je ne veux pas te décourager, ni t’amener à baisser ta vigilance, mais la rechute fais malheureusement partie de notre parcours de décrochage de la dépendance. Il faut apprendre à être indulgent envers soi-même. Nous sommes tous passés par là et saches surtout que sur ce forum personne ne te juge ! Au début j’ai tenté plusieurs fois de faire des sevrages, mais avec de grosses difficultés et ce que j’appelais des signes de manques. Nervosité, mais aussi mal aux co…les… Aujourd’hui je crois que ces signes n’étaient pas physiques, ni physiologiques, mais que tout est dans notre tête !
 
Il y avait aussi à la moindre image (ou vue d’un beau mec dans mon cas) des pulsions et pensées obsédantes, un peu comme tu le décris. Dans mon cas, comme j’avais « tiré des coups » quasi dans tous les coins de ma ville, dès que je passais dans telle ou telle rue, le souvenir et donc les pulsions étaient là. L’esprit me jouait aussi des tours en jugeant que tel plan avec tel mec était « pas si grave que ça », et mon esprit se fixait donc sur cette « cible » jusqu’à céder au bout de quelques jours.
 
Souvenirs, pulsions et pensées obsédantes se donnaient donc la main. Durant un footing d’une heure j’ai compté le nombre de fois où mon esprit partait de l’instant présent vers une idée sexuelle, un regard sur un mec suffisait pour déclencher ces pensées et fantasmes… Et ils arrivaient sans que je puisse les contrôler, un mécanisme obsédant donc… Je ne sais plus combien j’en ai compté, mais le nombre était considérable, genre 60 ou 80 fois durant une heure…
 
Je crois qu’à un certain moment on a appelé ce genre de mec comme je l’ai été avec de telles fixations « obsédé sexuel », non… ?
 
Le seul moyen pour commencer à maîtriser ces pensées concrètement a été la méditation. Je pensais comme toi au début en me disant que je pouvais arriver à tout maîtriser seul, mais sans technique ni expérience, il n’y avait rien à faire.
 
Dans ce parcours que tu entames maintenant tout ce qui compte, c’est que tu gardes ton esprit fixé sur ton objectif, peu importe les chemins par lesquels tu passes. Penses à un enfant qui apprend à marcher : Il fixe sa mère et avant d’arriver jusqu’à elle, chancelant, il retombe d’abord sur ses propres fesses… La frustration et des pleurs sont souvent inévitables…
 
Pour ne pas céder à cette frustration et en rajouter au stress qui nous pousse aussi parfois vers les actes de notre dépendance, j’ai moi-même trouvé un moyen de prendre un peu de distance par rapport à ce qui m’arrivait : On peut observer son parcours, ses efforts, et aussi ses rechutes, comme un film au cinéma. Nous ne sommes peut-être pas d’accord avec tous les détours qu’entreprend le personnage principal (nous), mais nous pouvons reconnaître un certain travail accompli, nous laisser émouvoir et être touché par ses efforts. Cela nous ramène souvent vers nous-mêmes et on finit donc par positiver un peu plus !
 
Nous avons quasi tous un souci d’estime de nous-mêmes, et plus nous nous enfonçons dans la dépendance, plus nous pensons que nous ne méritons pas d’estime. Le tout est de nous réconcilier avec nous-mêmes et de réapprendre (ou de commencer) à nous aimer un peu nous-mêmes !
 
Peut-être peux-tu commencer par décrire dans quelles circonstances concrètes tu cèdes à tes pulsions… Souvent c’est presque préprogrammé ou ritualisé : On se retrouve seul, on s’ennuie, on ne sait pas quoi faire de nous… et c’est parti ! Quand tu auras repéré ces circonstances tu peux commencer à mettre des stratégies en place : Mettre à la place des pratiques de loisirs abandonnés comme le sport, la lecture,… ou retrouver des amis,… instaurer une nouvelle hygiène de vie comme une meilleure alimentation et se coucher plus tôt…
 
Voilou ! Encore quelques éléments pour te donner un petit coup de pousse…
 
Courage !
Tu n’es plus seul !
Au plaisir de te relire !
 
Jan
Bonjour Jan,

j'ai lu ton témoignage de sevrage et j'ai été impressionné par le chemin que tu as parcouru depuis ta dépendance et l'avancée de ta réflexion.

En ce qui concerne ton évolution, cela me montre que c'est possible. J'avais globalement le même comportement que toi (avec les femmes mais ça ne change rien) et c'est vrai qu'il est difficilement pensable avec mes trois jours de sevrage qu'on puisse en arriver à autant de jours sans rapport sexuel ni éjaculation. Dans tous mes précédents sevrages, l'envie montait jour après jour... mais je n'ai jamais dépassé plus que quelques semaines.

Pour ce qui est de te réflexion, il y a deux points qui font avancer celle que j'ai ces jours-ci: d'abord la seule volonté ne permet pas de sortir de la dépendance. Comme tu le disais dans ton message, je connais les éléments qui déclenchent la consommation: être seul ou stressé, se mettre devant l'ordinateur  et ... c'est parti pour des heures de consommation et de shoot à la dopamine à tels points que je ne ressens plus ni la solitude ni le stress mais en plus, je n'ai pas faim (il m'arrive de me rendre compte que l'heure du déjeuner est largement dépassé), je ne suis plus fatigué; en fait je suis complètement déconnecté de la réalité ... et le retour est très difficile, je me rends compte que je n'ai pas fait mon travail et d'autres choses encore. Pourtant connaissant tous ces comportements et ces mécanismes, j'y retourne à chaque fois en me disant "allez, c'est pas bien grave, juste un peu".

Aujourd'hui, j'ai compris que ce n'était pas la volonté qui allait me faire sortir de la dépendance mais ce deuxième point qui m'a marqué dans ton post: l'envie de changer en reprenant l'être que j'ai laissé un jour  inaccompli et  l'emmener dans le futur pour qu'on se construise tous les deux.  Je pense à des moments passés où j'ai laissé chaque fois un peu de cet être. Je commence tout juste à comprendre que passé et futur se construisent ensemble.
Pour moi, l'un des plus grand challenge sera d'habiter le moment présent. Bien avant ma dépendance, j'avais développé des stratégies pour fuir ce moment. je pense que celle-ci trouve ses racines dans cette fuite, elle-même ayant pour origine un stress dans la vie de tous les jours que je ressens de manière exacerbée. Il faut d'abord que je l'accepte tel qu'il est et voir à travers lui des occasions de progresser.

Merci Jan d'avoir partagé tes réflexions et de m'avoir ainsi permis de progresser dans la mienne.
Anthony
Bonjour Big Brother,
je crois que pour moi (comme pour bcp je pense), le challenge est triple:
- vivre le moment présent comme tu l'as dit
- apprendre à répondre au stress autrement qu'en me disant "tiens je vais aller sur un site de tchat ou/et regarder un film...". Autrement dit, affronter des situations sans tout repousser au lendemain (ce pour quoi j'étais devenu spécialiste)
- apprendre à contrôler mes pulsions. Jusqu'à présent, l'idée d'une jolie fille que j'avais vu dans la journée ou que je venais de voir en photo m'entraînait de manière très compulsive vers une consommation de tchat et de visionnage.
J'ai lu quelques articles sur les modifications du cerveau qu'entraînait la consommation de films, donc je comprends les mécanismes. Mais savoir ne m'a pour le moment pas bcp aider.
Pour répondre à ta question, j'ai essayé par la volonté pendant de nombreuses années et j'ai rechuté de nombreuses, nombreuses fois. En venant sur ce forum, je me situerai plus entre l'envie et surtout le besoin. Je sens les effets néfastes sur la vie de tous les jours et surtout sur mon travail (en particulier le manque de concentration et l'envie de faire les choses). Pour dire simplement, j'ai l'impression que je me suis grillé le cerveau.
D'ailleurs, je vois dans les périodes de sevrage que la lucidité ou la motivation sont plus est plus importantes. Mais, pour le moment j'ai toujours rechuté malgré ces bénéfices. Aujourd'hui, j'en suis à 4 jours, ce n'est rien mais je me dis que c'est le début... 
C'est intéressant comme chaque personne qui répond me fait m'observer selon des angles différents. Je trouve ça très bénéfique dans ma quête. Merci.
Anthony
Le moment de bascule vers le visionnage de films, je ne le veux pas mais j'éprouve une envie intense à laquelle je n'arrive pas à résister. Surtout que je me retrouve plus vite à tchatter et regarder des films qu'il n'en faut à mon cerveau pour se rendre compte du comportement que j'ai eu. Ensuite, lorsque la consommation commence, l'envie laisse place à un besoin: celui du encore plus, un film plus excitant, une rencontre qui va se faire avec le tchat ... et les heures passent sans que je ne m'en rende compte. Parfois, la raison refait surface, me disant qu'il faudrait arrêter mais je n'y arrive pas. Tout se termine par l'éjaculation (retardé au maximum) et le sentiment de culpabilité, honte.
Salut Anthony,
il y a 18 mois, j'étais au même stade que toi... Une fois la consommation commencé, je ne pouvais plus m'arrêter, jusqu'à l'éjaculation, voire même reprendre quelques minutes plus tard.
Ce n'est pas la solution miracle, mais grâce à la méditation de pleine conscience, il est possible de sortir de ce pilotage automatique où tu es complètement déconnecté de la réalité. La méditation te permet de te réancrer dans le présent à tout moment, tu peux ainsi prendre juste un peu de distance et te voir entrain de mater un porno et te dire "eh, merde, je suis entrain de perdre mon temps!". Il faut pratiquer énormément, apprendre à écouter son corps, mais avec de la pratique, je te jure c'est assez efficace. Dans ma ville, c'est utilisé en thérapie pour éviter le rechute des alcooliques. Sur le WIKI, j'avais décrit une méthode (SOBER) pour essayer d'arrêter. Même quand tu as commencé à consommer, tu peux t'arrêter. Hier soir, je me suis connecté sur un site porno, au bout de 3 images, je me suis vu regarder ces images, je n'étais plus dans le porno, mais dans la conscience du porno, et cela change tout. Alors j'ai cliqué pour fermer la fenêtre.
Tu vas y arriver.
Fabrice
Anthony,

Je viens de lire ton carnet et j'ai l'impression que dans notre parcours nous avons (malheureusement) beaucoup de points communs :
la vie de famille, l'escalade dans le porno, l'impossibilité de s'ancrer dans le moment présent.
C'est très difficile. J'espère que nous pourrons échanger.
A bientôt.
Un petit message de solidarité et de soutien au passage...
Je ne sais pas où tu en es depuis 10 jours, j'espère que ça va bien...

En tous cas, tu as très bien exprimé dans un de tes derniers messages que la volonté guidée par la simple raison ne fait pas tout et mène systématiquement à l'échec... Tu as bien compris aussi qu'il faut travailler sur "l'envie", "le besoin", le "ressenti" comme je dis souvent.

L'envie d'en finir avec la dépendance ne doit pas seulement être raisonnée, mais profondément voulue pour se transformer en motivation personnelle.
Chez moi c'est passé par le "besoin", car j'ai eu la chance (je veux le voir ainsi!) de voir que, si je continuais comme j'étais parti, j'étais en train de bousiller ma vie.

Il faut regarder où l'on peut ancrer dans nos vies ce "besoin profond" qui se transforme en motivation personnelle et qui dépasse alors (ou qui accompagne) la simple volonté guidée par la raison!

Bon courage!

Jan
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