Aujourd’hui, 1er aout (en fait hier)… je me suis pris un coup de pied aux fesses (je suis poli), une baffe, un choc.
Pendant quelques instants, tout était clair. Je suis sorti courir (merci Fr-Ed!), courir vite, dire merde à ces angoisses, les regarder en face, leur dire qu’il était temps qu’elles cessent de me polluer la vie. Comme pour les monstres dans les livres de mes enfants, je les ai imaginées dans des situations drôles, en train de glisser sur les billes que j’avais laissées près de mon lit, les voir se perdre dans le noir. Je les ai regardé. J’ai crié du fond de mes entrailles, un cri de libération. Pendant un instant, elles sont parties. Et le monde mais alors apparu totalement différent.
J’étais vivant, pas une résurrection, simplement vivant, je suis là. Le monde est là devant moi. Un monde fait de plein de possibles, un monde à découvrir. Comme si j’avais eu des oeillères qui d’un coup était parties. J’ai vu (je vois) ce monde, je n’ai pas peur, j’ai envie de le découvrir, de vivre de belles histoires d’amour, d’être présent à ce monde. En fait, ce monde que je cherchais, il est là devant moi. Oui, surement, il y a du ‘je suis l’instant présent’. Un champ immense de possibilités, de sensations, d’émotions s’est ouvert à moi. Plus je courais, plus je voyais clair. Je me suis arrêté, j’ai marché, les bras grands ouverts, j’accueillais ce monde. Il n’était pas différent de celui d’avant, ma perception avait changé. Encore aujourd’hui, je suis toujours ébahi. Et si le bonheur s’était simplement s’ouvrir au monde, aux autres.
Aujourd’hui, j’ouvre donc en parallèle un nouveau carnet. Un carnet de vie, pas un carnet de sevrage. Je sais (je me doute) que l’espace peut se refermer, mais j’ai vu. Je sais, du moins j’entrevois la puissance, la beauté de tous ces possibles. Surement, je dois encore travaillé avec mon psychiatre sur ces angoisses, car même si encore là elles ne sont pas revenues… Peut-être ne sont-elles pas loin. Mais ce n’est pas le but de ce carnet (de cela j’en parlerai dans Libre?). Ici il s’agit de parler de vie, de bonheur, de découverte.
Pour cette semaine, il s’agit juste de passer du temps en famille, partir sur les chemins à vélo et rejoindre le Mont Saint Michel. Juste rouler, être présent à mes enfants, à ma compagne, pas de contrainte, juste être présent.
J’ai du temps cet après-midi (seul dans des trains avec des correspondances). Je vais écrire à un ami que je n’ai pas vu depuis plusieurs années. C’était mon meilleur ami, plus encore et je l’ai laissé sur le bord de la route. Envie de le revoir, de discuter avec lui, d’être avec lui. Rien de plus, mais pourquoi je ne l’ai pas fait avant !
Je ne crains plus les conséquences de ce que je pourrais découvrir. J’ai simplement envie de découvrir. Pas d’angoisse, un peu d’appréhension, je suis en train de tout voir différemment. Je dois me calmer, prendre le temps de réfléchir, me poser. Mais comme j’ai envie de ce monde. Je l’aime ce monde. Je suis vivant… je crois que je suis heureux aussi.
J. c’est inouï ! Je n’arrive toujours pas à y croire. J. ! Merci ! Je suis là, je suis vivant. J. …
Fabrice
non !) Je resquille... comme un ado qui découvre la vie (c'est un peu ça).
Bon tu me diras, il y en a qui régresse encore plus (BB)... A moins que tu ne te lances dans le tourisme (je suis sûr que je vais réussir à te faire sortir de tes gonds !!!).
Fabrice
Très positif tout ça ! Ca donne de l'espoir à tous (en tous cas à moi) pour le futur.
Je suis heureux pour toi.
Et la course à pieds, ça fait vraiment du bien au corps et à l'esprit
Mon ami Fabrice… !
Encore une fois, pas grand-chose à dire parce que tout est dit !
Tu sais que je suis doublement fier de ta prise de conscience et de ton avancée ! Tu as ouvert une nouvelle porte vers la liberté.
Et merci ! Je comprends à ton exemple que nous ne nous retrouvons en fait pas nous-mêmes en nous éloignant de notre (nos) dépendance(s), nous nous rejoignons en fait à un endroit inachevé de nous-même à partir duquel nous sommes partis dans de fausses directions. C’est cet état inachevé qu’il s’agit maintenant de comprendre, afin d’accomplir la construction de l’être que nous serons et que nous ne connaissons pas encore, au bout du compte !
D’où ma signature : « En avant pour de vraies aventures ! »
Jan
Oui J., je crois que nous nous retrouvons à un endroit inachevé.
Tout est nouveau pour moi, j'expérimente. Les angoisses sont encore là, mais en arrière fond.
Je me suis retrouvé tendrement avec ma compagne hier. Elle refuse les rapports actuellement, mais ce fut tendre, sensuel. Nous avons discuté ensuite. Elle me dit comme c'est difficile pour elle actuellement, comme elle aimerait que je retrouve un équilibre, que je trouve mon chemin. Elle sera à mes coté, même si cela doit mener à notre séparation.
Hier soir les angoisses étaient proches, prêtes à me faire me recroqueviller sur moi. Elles ne sont pas bonnes conseillères, je les ai senties et je leur ai dit non. et j'ai continué à parler à ma compagne à lui dire où j'en étais, que je trouvais qu'il y avait trop d'ennui dans notre couple.
Ce matin, la nuit fut blanche, je sais que je veux essayer de revoir notre couple. Avec lucidité, voir ce qui ne va pas (beaucoup d'ennui dans mon couple), et avec ma compagne, nous donner le temps pour travailler sur cet ennui. Cet ennui, c'est le silence entre nous quand les enfants sont couchés, c'est la difficulté de faire des choses ensemble, de nous construire notre home-tweet-home (on parle de travaux, et on ne fait pas).
Ce matin, je regarde l'avenir sereinement. Je veux essayer, peut-être nous allons échouer... peut-être nous allons réussir. Qu'importe, je sais où je vais, et surtout je sais où je suis: là dans le présent.
Je vais m'absenter pendant une petite semaine. Je lirai surement vos posts, mais je serai peu présent pour vous répondre. Je prends la route à vélo et en famille avec une lourde charrette à tirer. Vélo, camping, ce sera simple, des vacances que j'aime. L'occasion de commencer à revoir mon couple.
Bon vent à tous et à bientôt (très bientôt)
Mon ami Fabrice !
Je ne peux m’empêcher de lire tes récits sur ton couple avec regrets… tu me parles aussi de ton couple par MP… Aujourd’hui je me demande si tu sais situer quand a commencé ce silence entre ta compagne et toi… Il a bien dû y avoir autre chose au début… Tu n’aurais pas construit un vie avec une personne passive et effacée… Regarder en arrière explique éventuellement certaines choses…
Je ne veux pas te déstabiliser encore plus, ni t’accuser de quoi que ce soit, juste tenter une piste de réponse… : Le silence de ta compagne ne s’explique-t-il pas aussi par tout ce qu’elle a déjà vécu avec toi et qu’elle vit encore ?
Je m’efforce toujours à voir un peu la place de l’autre avant que j’essaie de tirer des conclusions pour moi : T’est-il déjà arrivé de te mettre à la place de ta compagne ? :
Tu ne te doutes de rien, tu fais des enfants avec elle et elle te dirais un jour qu’elle est dépendante de quelque chose, quelque chose que vous partagez fondamentalement, mais qu’elle ne peut partager de cette façon compulsive avec toi…
Et elle sollicite sans cesse ta compassion, elle pleure dans tes bras à cause de cette dépendance qui pourtant peut être vue comme tournée contre toi…
Ta compagne se met sans cesse en question, souffre et finit maintenant par remettre même toute votre existence en question…
Comment réagirais-tu ?
Serais-tu toujours prêt à une discussion étant seul avec elle ?
Encore et encore et pour une énième fois ?
Aurais-tu encore la force de prouver encore et encore ta compassion et ton amour pour elle, ta fidélité et ton amitié pour elle ?
Je ne connais pas ta compagne, mais je trouve que son silence peut s’expliquer, et comme je te l’ai déjà dit je trouve sa présence calme et sa compréhension pour votre situation exemplaire, admirable !
Avant de prendre quelques décisions que ce soit prends stp. pleinement conscience de cela ! Tu vis avec quelqu’un en or, il me semble. Avant de remettre l’existence entre vous deux réellement en question, réfléchis bien et prends tes décisions seulement quand tu peux les prendre sereinement en mesurant tous les paramètres !
Tu l’as déjà admis… il y a toujours un enfant capricieux en toi… Ne laisse pas cet enfant capricieux bousiller un effort de plusieurs années de vie ! C’est l’homme que tu es en train de reconstruire qui doit prendre les décisions de sa vie, personne d’autre !
Bonnes vacances à toi et ta famille !
Jan
(je remets le post posté dimanche)
Voilà, vous avez changé de journal (un peu comme les retransmissions sportives sur France-Télévision).
Donc aujourd'hui est mon premier soir seul dans le nouvel appartement. Je vais y être pendant une semaine, puis mon ex-compagne y passera une semaine pendant que je reviendrai à la maison avec les enfants... et nous alternerons comme cela pendant plusieurs mois.... Pour voir. J'ai hésité à mettre ex-compagne.
Depuis plusieurs jours, ce fut très difficile pour moi. Je crois que l'on peut parler de rechute: un peu de porno (très peu) mais surtout des discussions sur les applis gay... Je crois que j'ai tout bloqué (merci mon adorable Jan !). Il y avait les pulsions, mais pas que... Il y avait clairement la peur de me retrouver seul, abandonné. Le besoin d'exister à travers le regard des autres, la recherche de ce regard, de cette existence dans les chats, les messages échangés. Tout cela je le voyais bien, je voyais toute la mécanique de la dépendance se mettre en place. La méditation, même si elle est difficile, me permet de ressentir tout cela !
Ce fut très difficile ce matin... Je n'ai pas tenu... je suis allé dans un sauna. Ce qui m'a poussé au sauna est clairement ma dépendance. Normalement, j'y fais des rencontres et j'en ressors avec une faible estime de moi, une forte honte, la tête basse. Voilà pas fier de cette rechute.
Tout aurait pu se passer comme cela. Et bien non. J'ai rencontré un homme et nous avons passé deux heures ensemble à faire l'amour, à prendre du plaisir et à parler. Rien de plus que du plaisir, et ce n était pas ma dépendance qui s'exprimait, mais mon homosexualité. Je prends de plus en plus conscience de cette homosexualité, de son refoulement, et de son expression sous la forme d'une dépendance... Simpliste, mais simple aussi.
J'ai conscience aussi que mon comportement est à risque, je dois faire attention à ne pas rechuter. J'ai bloqué les applis, mais le sauna est une rechute. La rencontre, juste un hasard... Je joue avec le feux.
Par contre, je ne sais plus trop ce que veut dire le sevrage. Je vais donc définir mes limites: pas de porno, pas d'appli, pas de sauna ! Je vais laisser la vie faire... en la provoquant un peu peut-être.
Voilà, c'est mon chemin tortueux. Pas encore totalement libre, mais l'impression d'être de plus en plus vivant. Quand cette forme de vie s'exprime, il y a en moi une sérénité. Je suis serein.
(comme sur le carnet avant, voici ma réponse)
Mon ami Fabrice !
Nous en avons déjà beaucoup parlé …
Je ne veux pas tomber dans le piège et le raccourci de regarder trop vite les choses comme les évidences… Dire que tu as vécu ta dépendance uniquement comme le signe du refoulement de ton identité sexuelle me semble à priori trop simple. Nous sommes tous à priori faits d’autre chose que d’une simple identité sexuelle unilatérale. Moi je ne suis pas que homo p.ex. …
Pourtant ce qui m’interpelle c’est le ressenti que tu as après cette rencontre au sauna. D’abord tu as mis cette « sortie » au tout début (disons même avant) d’intégrer votre nouvel appartement. Cet acte marque quelque chose…
Puis, tu le vis maintenant sereinement. Regarde peut-être aussi comment tu peux mettre cette sérénité en lien avec le fait que maintenant tu ne dois plus rien à personne. Après cette séparation avec ta compagne, même si cette séparation n’est pas totale et tant mieux, tu ne dois plus culpabiliser, si jamais tu couches avec quelqu’un, tu effaces la sensation de tromper quelqu’un. Donc en cela tu es déjà plus libre ! Tu as commis cet acte pour toi, tu y vois qui tu es délié de ce lien à ta partenaire.
Si cette séparation sert principalement à te trouver toi-même et que tu es dans une interrogation sur ton homosexualité cette recherche de toi va forcément passer par des rencontres qui pourront donc aboutir dans des rapports sexuels. Je t’ai déjà conseillé de placer juste ces rencontres peut-être dans un autre contexte que celui prioritairement lié à la rencontre sexuelle, comme les saunas ou apps de dragues. La focalisation des partenaires que tu y rencontreras risque tout de même être axée sur le sex et après une discussion sympathique je crains malgré tout des déceptions pour toi.
Tu dois donc comme tu le fais fixer ce qui fait partie de ta dépendance et ce qu’il ne l’est pas. Tu donc être avisé, ouvert et très vigilant dans le regard sur toi ! Je suis actuellement au même point… Pour moi il n’y avait donc pas à arrêter ton compteur, mais si c’est ta façon de marquer cette nouvelle étape de ta vie, alors soit !
Bon courage ! Tu sais que nous sommes là avec et pour toi !
Jan
TABARNAK !!
mais il insiste ce caribout pour faire barrer le site avec sa Céline !!
j' capote !!
Bonjour Fabrice,
Je suis content de te retrouver ici (et de retrouver le forum).
En relisant ton post, je devine que tu franchis un seuil. Cette rechute (tu l'appelles ainsi) n'a pas provoqué la honte et le découragement. Ce n'était pas qu'une rechute.
Ton récit est très intéressant, et montre bien comment une rechute se met en place :
Tu as bien identifié les facteurs déclenchants, tu as mis en place les bonnes défenses. Mais quelque chose a manqué : la dépendance a repris le contrôle, pendant un moment. Par chance, la rechute n'a pas été si grave : c'était aussi une rencontre humaine. Tu y as acquis des nouvelles connaissances sur toi-même : c'est positif.
Courage ! Choisis le chemin de vie !