Dépendance sexuelle

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Bonjour,


Je m'appelle Véronique. J'approche les 40 ans et je sais que je suis dépendante à la masturbation et à la pornographie de façon certaine depuis 6 ans. Mais ça fait 25 ans que ça dure, en devenant juste de pire en pire en degré...

J'ai entrepris une psychothérapie pour m'aider à m'en sortir depuis, disons 3 ans si je mets tout bout à bout, puisque j'ai dû l'interrompre pendant 1 an avant de pouvoir la reprendre cette année.

J'ai fait de nombreuses tentatives de sevrage, dont la plus longue a été de 4 mois. Il faut dire que cette période d'abstinence totale a succédé à une période de délire masturbatoire complet : à l'été 2015, je suis restée enfermée chez moi,volets clos, dix jours et dix nuits, à ne rien faire d'autre que d'alterner masturbation compulsive et visionnage de vidéo porno, de textes porno, bref de tout matériel possible.

Avec ma psychothérapie et les livres que j'ai pu lire, je sais que, pour partie, mon comportement s'explique par un aspect borderline de ma personnalité assez prononcé. J'essaie de faire des efforts pour canaliser mes émotions et les exprimer ou "sublimer" au sens psychanalytique du terme, autrement, mais les contrariétés et l'ennui m'ont fait rechuter à deux reprises ces dernières semaines, avec en point d'orgue, dimanche soir, où j'ai reçu chez moi un homme que je ne connaissais que par tchat érotique pour une relation sexuelle ponctuelle et, dans la semaine, deux jours où j'ai préféré renoncer à aller au boulot pour me livrer au plaisir de la masturbation par tchat érotique.

Pourtant, je veux arrêter avec cette dépendance, car je sais que je suis en train de bousiller ma vie, que j'ai en grande partie flingué ma vie affective (je suis et ai toujours été célibataire) à cause de ça, alors que j'ai fait l'expérience du sentiment de joie profonde, de capacités intellectuelles retrouvées, d'une capacité retrouvée aussi à aller davantage vers les autres, au cours de ces fameux 4 mois d'abstinence totale.

J'espère qu'en pouvant parler et échanger sur ce site à propos de cette souffrance, je serai capable de trouver le courage qui me manque pour m'en sortir réellement et définitivement.

Merci d'avoir pris la peine de me lire.
Au plaisir, si j'ose dire...
Véronique
Bonsoir Véronique,

je te souhaite la bienvenue sur le forum. Il y a dans ton message l'expression d'une souffrance et aussi la volonté de t'en sortir. Comme tu as dû le voir en lisant les posts des uns et des autres, nous sommes ici nombreux à nous battre contre cette dépendance sexuelle avec toutes les formes qu'elle peut prendre et aussi toutes les causes qu'elle peut avoir. Ce combat est long, avec des rechutes, mais c'est le seul combat qui vaille.

J'espère que tu trouveras ici l'écoute, le réconfort, l'entraide dont tu as besoin et qu'elle te permettra d'avancer sereinement vers la guérison. C'est notre objectif à tous, guérir, redevenir libre. Nous pouvons t'y aider, et tu peux nous y aider.

Citation :J'essaie de faire des efforts pour canaliser mes émotions et les exprimer ou "sublimer" au sens psychanalytique du terme, autrement, mais les contrariétés et l'ennui m'ont fait rechuter à deux reprises ces dernières semaines, 



Si tu le souhaites, je m'interrogeai sur ce que tu entendais pas "sublimer' mes émotions. De plus, as-tu analysé les causes de ta rechutes (contrariété / ennui) ? Mes questions sont juste là pour commencer la discussion, ne te sens pas obligé d'y répondre.


Tu as mis en place un sevrage long (1 an, c'est un bel objectif), que penses-tu mettre en place pour réussir ce sevrage ? Pour résister aux pulsions quand elles reviendront...


Donc oui au plaisir de te lire et de mieux te connaître Véronique.


Fabrice
Merci Fabrice pour ton messa

ge de bienvenue. Je te répondrai plus longuement demain. Car parmi les éléments de ma stratégie pour en sortir, il y a aussi des choses aussi simples que difficiles à réaliser quand on est au coeur de la dépendance, comme dormir et manger équilibré !

Mais juste comme "teaser" pour ma réponse demain, maintenant, j'arrive à identifier les passages qui vont être difficiles, c'est juste que je n'ai pas toujours les moyens à ma disposition pour y répondre ou que je suis trop fatiguée pour les mettre en place. En fait, le pb avec l'addiction, c'est qu'il faut vachement anticiper (avoir un agenda régulier et super occupé en ce qui me concerne), ce qui n'est vraiment pas mon fort.
A demain.
Véronique
Comme promis,ma réponse :
- par "sublimer", je voulais dire exprimer ma colère, mon angoisse, mon ennui autrement : par du sport, des sorties pour rencontrer du monde dans des activités culturelles, des loisirs nouveaux (et OVS est très pratique pour ça) ;
- mes stratégies en cas de pulsion rejoignent le premier point, en fait.
Mon expérience, lors de ces 4 mois d'abstinence totale, c'est que, contrairement à l'image qu'on en a, c'est la tête qui cède en premier, pas le corps.
J'avais été tellement dégoûtée de moi-même après mon enfermement volontaire l'été dernier, tellement en colère, que j'étais arrivée, chaque fois qu'une image, une envie, une sensation à caractère sexuel se pointait dans ma tête, à l'envoyer se faire f...avec un grand : "NON ! Et puis un point c'est tout". Même si j'étais très consciente que j'acceptais du coup de souffrir beaucoup plus, puisque j'ai vécu toutes mes angoisses "en première ligne" avec ce sentiment de vertige intérieur et de souffrance indicible. Mais même là, j'arrivais à me dire : c'est vrai que je souffre, que j'en prends plein la gueule, mais je ne cèderai pas, parce que, dans ma souffrance présente,il y a quand même une chose dont je suis fière : c'est de tenir.

C'est quand même une situation très angoissante pour moi qui a eu raison de ce premier décrochage significatif, parce que j'ai eu le tort de me dire que la satisfaction que je finissais par accepter de me donner était vraiment toute petite en comparaison de l'intensité de l'angoisse. Mais j'ai eu tort, parce que la situation s'est résolue, tandis que la petite satisfaction a grandi pendant trois mois pour redevenir une addiction. J'ai repris de bonnes résolutions vers la mi-mars et re-craqué fin juin.

Je suis aussi croyante, je lis beaucoup de textes religieux et spirituels dont je note dans un cahier spécial, les remarques, les phrases qui me parlent particulièrement, et je vais les relire de temps en temps. C'est cette dimension de ma vie d'ailleurs, qui m'a fait reprendre le chemin du sevrage, cette fois-ci.

Il reste que mon plus gros défi reste de savoir exprimer mes colères, mes désaccords, notamment au boulot, d'une manière qui me permettent d'être entendue, sans tomber dans l'une des deux facettes des borderlines : l'explosion ou le silence suivi de l'autodestruction.

Dans la bible, on trouve cette phrase : "Au début était le Verbe". Quand on est petit, on ne voit pas bien en quoi c'est important. Mais plus je mûris et plus je me dis que 99,999999% des maux humains viennent de notre incapacité à nous exprimer, à être entendu, et, j'imagine aussi, à entendre les autres. Cette addiction, ce n'est rien d'autre qu'un mode d'expression de notre rage intérieure, ou de notre désarroi.
Bonjour véronique,

Je pense de plus en plus qu'il faut faire la distinction entre le mal et la souffrance. Il est normal que notre corps nous fasse mal lors du sevrage. Il demande sa dose, ce mal physique nous le ressentons à travers notre corps, nous ne pouvons que l'accepter. La souffrance est un option. Jan ne cesse de me dire que je vois ce que je crois. Je crois tellement en cette souffrance qu'elle devient réelle. Je souffre réellement, mais c'est une invention de notre inconscient. Le mal physique est là, il est réel, la souffrance n'existe au debut que dans notre tête. Mon expérience d'hier soir me questionne vraiment. Depuis cette course, je ne ressens plus la soiffrance, rien cette nuit, rien ce matin.. Si ce n'est les courbature, mon corps a mal, mais ne souffre pas. Là, je crois ce que je vois (et non l'inverse... merci J.).
Je suis d'accord avec toi, depuis le début de ce sevrage, j'ai abbatu des murs concernant mon rapport aux autres et les échanges que je peux avoir. Je parle de plus en plus librement. C'est dificle d'en recherche la cause, la méditation m'aide à être présent, à l'écoute. "Au debut etait le verbe", la parole et l'ecoute... L'ecoute bienveillante est une découverte majeure poir moi, écouter, simplement écouter sans nécessairement vouloir répondre.
Tout cela me ramène à une discussion que j'ai eue avec une amie sur la communication non violente (cnv) je me demande si dans ton cas pour ton travail ce ne pourrait pas etre une solution, il,existe des formations CNV. J'y réfléchis pour moi, il y a un livre référence sur le sujet (avec une interview de l'auteur ici sur la CNV) "les mots sont des fenêtres ou bien des murs).
Ma présence sur le forum m'a aussi fait travailer l'écoute. 

Fabrice
Les raisons de mon craquage de fin juin ?
L'ennui et le sentiment de solitude un vendredi soir.
En gros de la mi-mars à la mi-juin, j'avais réussi à entreprendre une activité régulière le samedi soir, ce qui m'ôtait l'angoisse du week-end seule. Et puis, un samedi soir ça s'est mal passé et j'ai décidé de ne plus y retourner.
Entre la fatigue de la semaine d'un boulot dans lequel j'ai l'impression de perdre mon temps, d'être parfaitement inutile, invisible et incolore, et la perspective d'un week-end vide lui aussi, j'ai volontairement décidé de re-sombrer. Il y avait eu une discussion avec ma soeur aussi qui m'avait heurtée mais je n'ai pas réussi à le lui dire. C'est pareil au boulot. J'essaie constamment d'être raisonnable, car je travaille dans un milieu où tout doit être mesuré, feutré, discret...et j'en crève intérieurement.
Je sais que je devrais en changer mais comme j'ai déjà fait pas mal de changements de postes, je voudrais bien que le prochain corresponde à une réelle envie, un projet à moi et pas juste une fuite en avant supplémentaire, sachant que malgré tout, l'ambiance est sympa, ce qui m'aide.

Et pourquoi j'ai craqué ce matin ?
Parce que j'éprouve un sentiment très étrange depuis que je suis sur le forum, à la fois à l'affût des messages, des échanges et en même temps un peu nauséeuse, comme si je prenais à mon compte le malaise et le mal-être de chaque témoignage, ce qui finit par faire beaucoup... Aussi parce que je dois partir en congés jeudi, seule, encore une fois, et que même si je suis fière de ne pas m'être laissée aller, comme ça m'est arrivée, à ne rien faire, ne rien entreprendre, j'ai un peu l'angoisse tout de même d'être seule à partir en vadrouille, au moins pour les premiers jours, puis pour la dernière semaine. D'un côté, ça peut être un moyen de se poser dans un environnement différent. De l'autre, ça peut aussi accentuer mon sentiment de solitude.

C'est marrant parce que tout au long de la journée, je me sentais d'une humeur intérieure massacrante et je m'étais promis de retourner dans mon cocon, chez moi, à replonger dans les délices de l'autoérotisme, où rien ni personne ne peut m'atteindre, et puis malgré tout, en sortant du boulot, j'ai eu envie de marcher pour rentrer chez moi et cette heure de marche m'a convaincue de reprendre mon effort pour tenter de vraiment sortir de ma dépendance, parce que malgré tout, ce serait dommage de ne pas essayer.

Voilà. Et toi ?
 Hello Véronique !
 
Je suis avec intérêt tes témoignages ici, heureux de trouver sur le forum une nouvelle personne qui présente avec tant de lucidité et de force ses difficultés. Je lis aussi tes réponses sur d’autres carnets, c’est vraiment essentiel d’après moi d’épauler les autres, ils font miroir à nos propres complexités ! Je suis gay, sex dépendant depuis plus de 25 ans et c’est l’alchimie psy, forum, puis méditation (que j’ai découverte grâce au forum) qui m’ont permis de décrocher de ma dépendance par un sevrage qui dure maintenant depuis 108 jours (je crois…). Si tu lis le début de mon carnet tu verras que mon parcours a été plus que chaotique…
 
Ta façon de te présenter et de t’analyser m’interpelle beaucoup, mais je suis actuellement dans une situation difficile hors de France ... Je ne trouve donc pas trop le temps d’approfondir mes discussions ici.
 
En tous cas je te lis avec beaucoup d’intérêt et espère bientôt pouvoir échanger plus concrètement avec toi !
 
A bientôt, au plaisir de te lire et bonne avancée !
 
Jan
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