Dépendance sexuelle

Version complète : toucher le fond et remonter ?
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Ce thread commence à se densifier ! Ça fait plaisir de voir des discussions animées comme ça !

Concernant la co-dépendance, j'avoue être un peu circonspect aussi sur la vision que tu exposes Ekeiloh. Je pense comme Impulsion qu'on peut réussir à dissimuler énormément (surtout quand la dépendance est essentiellement cyber). En ce qui me concerne, je cédais toujours lorsque ma compagne n'était pas là (absente pour une soirée, ou l'un ou l'autre en déplacement pro) et j'ai développé une paranoïa suffisamment accrue pour être sûr de ne laisser aucune trace numérique visible. Et si jamais mon humeur pouvait être variable pendant certaines périodes de dépendance, comme ces périodes coïncidaient quasiment systématiquement avec des périodes de stress, c'était également facile à dissimuler. Je ne pense pas que ma compagne soit naïve, qu'elle ait fermé les yeux ou qu'elle se soit mentie à elle-même. Je pense que j'ai été suffisamment chanceux et habile pour ne pas me faire prendre (jusque là, devrais-je ajouter). Je ne dis pas que ça ne serait pas arrivé avec le temps (l'idée même me tétanise et fait partie de mes motivations pour me désintoxiquer), mais je ne crois pas que ce soit « enfoui » en elle, volontairement ou non.
D'ailleurs tout cet aspect de dissimulation et de mensonges est une facette assez peu agréable et reluisante à contempler de nous-même, qu'il faut là aussi affronter.

Concernant les fantasmes, Impulsion, tu résumes très bien la situation. Il est beaucoup plus difficile de maîtriser ses pensées que des actes physiques.
Face à ces derniers, j'ai tendance à penser qu'une bonne stratégie est (encore une fois !) de les affronter (sans nécessairement combattre), de les étudier et « accepter » tels qu'ils sont. Cette première étape me semble essentielle pour déterminer ensuite quoi en faire, si on essaie de s'en séprarer et de les laisser « glisser », ou s'ils ne sont pas un symptôme de l'addiction et que l'on peut vivre avec, tant pis s'ils sont peu orthodoxes et en apparente contradiction avec la sexualité que l'on a ou souhaite avoir. En n'oubliant pas justement que les fantasmes peuvent aussi être une soupape de décompression, un peu cathartique, pour vivre pleinement dans notre réalité concrète. Là encore si je peux me permettre de parler de moi, j'ai des fantasmes qui sont toujours peu orthodoxes mais qui restent à leur place de fantasmes ; je les ai acceptés comme tels et ils n'interfèrent pas directement dans ma sexualité avec ma compagne.
Là dessus, je suis potentiellement en désaccord avec tHutu : nos fantasmes ne sont pas nécessairement le résultat de nos pérégrinations dans les confins hardcore du porno, et je ne serais pas aussi enclin à porter un « jugement de valeur » sur ces derniers (leur côté « dark » ou non). Mais ça c'est mon côté amoral (je ne crois pas vraiment qu'il y ait de morale universelle sur la sexualité tant que ça se passe entre adultes libres et consentant⋅e⋅s, donc a fortiori avec soi-même).
Bref, de toute façon on est sûrement en train de mettre la charue avant les bœufs. La première étape est de faire ce travail d'analyse sur ses fantasmes.

Bon courage !
Ca m'embète si j'ai pu passer pour moralisateur, c'est pas du tout l'idée. Quand j'entends "dark", j'entends un fantasme qui met mal à l'aise, dont on a honte, qui nous convient pas, ce qui semble être le cas des "horribles fantasmes" dont parle Impulsion.

Les "fantasmes" moches auquels je pense c'est ceux dont on sent bien qu'ils nous arrivent de l'extérieur, un peu de force, comme des pièces de puzzle qui s'emboitent mal avec le reste (on en revient à la dissonance cognitive, tiens)

Atarax, tu dis qu'il n'y a pas de morale universelle et je te rejoins (d'ailleurs, le consentement et la majorité sont des ajouts assez récents et pas encore sur la terre entière, même ca c'est malheureusement pas universel), cela dit, la morale existe quand même, qu'on le veuille ou non et il est très difficile, voire impossible, de se détacher totalement de celle dans laquelle on baigne en permanence. Ca peut tout aussi bien être elle qui est déconnante, et s'emboîter mal avec des fantasmes "naturels" (c-a-d qui eux s'emboitent bien avec les autres aspects de la personnalité).

Est-ce que dans ton cas, Impulsion, c'est tes fantasmes qui sont "mal importés" ou les valeurs qui te les font juger comme horribles ?

Perso, j'ai différents fantasmes.
Certains ne me font pas honte du tout (j'ai juste envie que le porno perde son influence dessus).
D'autres me mettent un peu mal à l'aise mais je sais que c'est des fantasmes qui sont antérieurs au porno, qui font partie de moi, et je sais que si je les trouve bizarre c'est parce que j'ai interiorisé la morale judéo-chrétienne qui les juge anormaux. (dans ce cas, j'essaie plutôt de me débarasser de ces aspects moraux mais c'est difficile car la honte du porno s'est greffée
Enfin, les troisièmes vont pas avec ce que je suis et j'ai envie d'être, et je pense que je les aurais jamais imaginé s'ils ne m'avaient été apporté sur un plateau d'argent par la pornographie.
Le problème c'est que j'ai appris que "tout est sale". Quand ma mère me disait "toute façon les mecs, vous etes des porcs", quand le porno transforme le moindre geste en déglingage, quand la société me dit "si tu n'es pas hétéro, amoureux et exclusif, tu es un monstre" (tout en te montrant tout le contraire en permanence) c'est compliqué de faire la part des choses et choisir sa propre morale. Tout a tendance à se flouter.


Impulsion, tu n'as certainement pas envie de les raconter en détail (et nous sans doute pas de les connaître), mais est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu les trouve horribles ? (jai cherché dans les autres posts que tu as pu écrire si tu en parlais et n'ai pas trouvé). Ca te permettrait peut-être de faire cette première étape d'analyse des fantasmes.
C'est toujours hallucinant de lire ces témoignages et de se reconnaître si souvent dans ce qui est dit. Au-delà du côté parfois troublant de voir plus ou moins son double dans un autre, c'est aussi assez rassurant en fait, de se dire que ce qu'on trouvait totalement anormal chez soi, n'est pas unique ... On se sent moins seul, moins différent.

Sur la dissimulation, Atarax, tu as employé le mot "parano" et il me semble tout à fait approprié et même doublement approprié. Je m'explique : 

Quand tu deviens par la force des choses une sorte d'expert de la dissimulation, que quotidiennement il faut penser à tout pour que jamais on ne puisse trouver l'ombre d'un octet dans les historiques, dans les caches, dans la liste des applications ouvertes, ... et bien d'autres choses encore, pour avoir toujours une raison valable, rationnelle et logique de passer du temps sur l'ordinateur, isolé, etc.. Alors tu pourrais être recruté au Bureau Des Légendes tu agis de façon paranoïaque. Tu dois considérer chaque mot et chaque geste des autres comme une possible allusion, une potentielle menace.

Pire, puisque tu as pu faire ça, alors d'autres ont pu aussi. Eh, y'a pas de raison ! Que peuvent bien te cacher tes proches .. et donc en particulier ton conjoint ? Tu te dis que même si tu ne trouves rien et qu'à priori tu n'as aucune raison de suspecter quoi que ce soit, ça ne prouve rien, bien au contraire : c'est vrai pour toi. En te sachant indigne de confiance, tu ne peux pas faire abstraction du fait que les autres non plus, sous leur apparence la meilleure, n'en sont peut-être pas digne non plus.
Et je dois bien l'avouer, à mesure que je dissimulais, grandissait une suspicion envers mon épouse, ne reposant que sur mes propres méfaits.

Peur d'être démasqué et peur que les autres dissimulent : double ration de parano au menu.
OK, merci pour ces précisions tHutu, du coup je pense qu'on est plus en accord que ce que j'avais initialement pensé. Et quoique j'en dise, tu as raison sur la morale de la société dans laquelle on baigne dont il est souvent difficile de s'extirper (si tant est que ce soit possible). Et c'est d'ailleurs aussi pour ça que certains fantasmes ne resteront que des fantasmes, parce que même si ça pourrait être acceptable entre deux adultes consentants, ça peut être compliqué à évoquer avec ses compagnon⋅e⋅s et à réaliser (et qui sont probablement souvent dans ta deuxième catégorie).

Impulsion, je comprends ce que tu ressens. Et on est sûrement beaucoup à avoir développé le même type de stratégies de dissimulation.
Par contre j'ai la chance d'être toujours un grand naïf et de toujours partir du principe que les gens autour de moi sont globalement bons et n'ai jamais soupçonné ma compagne. Mais je comprends comment on peut en arriver là.
D'ailleurs niveau parano, j'ai toujours fait très attention à ce qu'on ne me reconnaisse pas en ligne, autant parce que j'ai peur de retrouver mon image diffusée qui tombe devant les mauvais yeux que parce que j'ai toujours eu la peur un peu irrationnelle de finir par croiser quelqu'un que je pouvais connaître. Parce qu'après tout, comme tu dis, si je le fais, et vu le nombre de personnes que je croise en ligne qui ne font pas mieux que moi, pourquoi pas des gens de mon entourage ?
Juste pour dire que ça fait 30 jours aujourd'hui. Fier et heureux. Je reste comme ça juste pour profiter un peu et demain je mettrai 50, c'est bien 50, pas trop loin et ça fait un compte rond.

Merci de m'avoir aidé.
Bravo à toi impulsion, et merci pour ton message qui témoigne de cette satisfaction, ça prouve que même après autant de temps, sans rechute, on peut se sentir heureux, j'espère cela va m'apporter un petit élan de motivation pour mon sevrage.
Bravo pour cette première étape ! Et bonne idée de continuer dans la foulée, tu vas y arriver !

Si tu veux faire un retour de tes impressions sur ce premier mois réussi, n'hésite pas ! Ce qui a été facile ou pas, ce qui t'a surpris ou pas, etc. C'est toujours bon de faire le point, et ça s'avère souvent utile (par exemple pour désamorcer rapidement une prochaine situation dangereuse, ou pour capitaliser efficacement sur des choses qui ont déjà bien marché pour toi).

Encore félicitations !
(20-05-2020 11:36)tHutu a écrit : [ -> ]Impulsion, tu n'as certainement pas envie de les raconter en détail (et nous sans doute pas de les connaître), mais est-ce que tu peux nous dire pourquoi tu les trouve horribles ? (jai cherché dans les autres posts que tu as pu écrire si tu en parlais et n'ai pas trouvé). Ca te permettrait peut-être de faire cette première étape d'analyse des fantasmes.

Sans parler spécifiquement des miens et je n'y ai pas bcp réfléchi mais disons qu'il me semble qu'il y a d'une part les fantasmes communs, classiques, plus ou moins acceptés quoi : les dessous affriolants, l'infirmière / l'hôtesse de l'air, 2 filles ensemble,  etc.. Tant que ça ne devient pas obsessionnel, ce sont des choses qu'on peut dire sans trop rougir parce que même si ce n'est pas la norme, c'est finalement assez conventionnel, c'est "gentillet".

Et puis il y a les autres, choquants : zoophilie, humiliations, SM, j'en passe et des pires. Je crois que la différence fondamentale est que ceux-là impliquent une sorte de dégradation de l'autre ... ou de soi même, ce qui n'est pas mieux. Le plaisir de l'un passe par l'avilissement de l'autre. Même si cet avilissement est consenti par l'autre, il n'en demeure pas moins que l'on tire son plaisir de quelque chose qui relève normalement du déplaisir. C'est par exemple le cas de celui qui aime donner la fessée ... et aussi de celui qui aime la recevoir.

La caractère "horrible" tient pour moi, non seulement à la nature de ces fantasmes, mais aussi à leur  faculté à dériver vers quelque chose de toujours plus fort parce qu'une fois qu'un tabou s'est brisé, il n'y a plus bien de limites. Une fois que tu as accepté de voir une vidéo avec quelqu'un se prendre une fessée, le glissement vers le coup de cravache est facile, puis le fouet, puis .. puis ..

En ce qui me concerne, sans vouloir faire mon Freud à 2 balles mais ces fantasmes où globalement l'autre est rabaissé a surement un rapport à ma mère. Mais bon, une fois que c'est dit .. comment avancer ? That is the question !


Merci.
Je crois que tu devrais faire un tour pour voir les dessous des films pornos. Les fantasmes que tu trouves normaux sont déjà avilissants en fait. La norme n'est pas toujours la chose à suivre. Surtout pour nous.
(22-05-2020 01:11)Ekeiloh a écrit : [ -> ]Je crois que tu devrais faire un tour pour voir les dessous des films pornos. Les fantasmes que tu trouves normaux sont déjà avilissants en fait. La norme n'est pas toujours la chose à suivre. Surtout pour nous.

Je n’ai quand même pas décroché du « dessus » des vidéos pornos pour aller voir le « dessous » Smile Je plaisante ...

Plus sérieusement, je ne parlais pas de films pornos (ça existe encore ? On ne trouve sur Internet que des scènes 
de sexe qui ne méritent pas le qualificatif de « film ») mais de fantasmes et je distinguais 2 catégories de fantasmes qui me semblent très différentes, selon qu’ils impliquent le rabaissement ou pas.

Dans tous les cas, je ne dis pas qu’ils sont « normaux ». J’ai écrit : « communs, classiques, plus ou moins acceptés ... même si ce n'est pas la norme, c'est finalement assez conventionnel ». Si j’arrive à ne plus avoir que ceux-là, je serai content de moi. Un pied devant l’autre.
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