Dépendance sexuelle

Version complète : toucher le fond et remonter ?
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Bonjour,

Des quelques sevrages que j'ai tentés au fil des ans, j'ai l'impression que ça a pu être très variable. Pour certains, c'était un combat dès le début, d'autres se passaient sereinement... Mais souvent, si je tenais bon pendant quelques mois (voire juste un mois), c'était ensuite plus facile. Ça c'est probablement la constante la plus forte. Si je n'arrivais pas à dépasser cette période initiale, je pouvais avoir tendance à me décourager et à baisser les bras un moment jusqu'à un nouvel écœurement total.
Ensuite, une autre constante était qu'après plusieurs mois (en fait quelques trimestres), je pouvais avoir tendance à rechuter. Parce que je baissais la garde et avais trop confiance. Une rechute est parfois difficile à expliquer simplement. En tout cas sur mon dernier sevrage peut-être ai-je été plus attentif à ces vagues scélérates qui arrivent plusieurs mois après le début.

Pour la durée du sevrage, pour les premières fois je mettais une période que j'estimais courte (de l'ordre de 15 jours à 1 mois) et puis je multipliais par deux ou trois à chaque succès (1 mois, puis 3 mois, puis 6 mois, puis un an...). Et puis sur les deux derniers (un qui a échoué au bout d'environ 200 jours, et celui dans lequel je suis actuellement), j'ai décidé de ne plus me mettre d'objectif. Ça peut paraître paradoxal, mais je pense qu'au final ça peut parfois nous mettre trop en confiance. Ou nous donner envie de « fêter » un sevrage bien réussi. Ou simplement de ne le faire que pour atteindre un objectif, alors que la question est plus profonde que celle d'une simple « performance ». J'estime désormais que je fais un sevrage pour moi, pour aller mieux, pour améliorer mes relations avec les miens.
Mais ceci est très personnel ; à toi de voir ce qui te convient. J'avoue que l'objectif au début peut être une bonne manière de tenir face aux premières étapes, mais peut-être que tu peux ensuite t'en affranchir ? À toi de tester, voir ce qui te convient.
Ah oui, et pour le choix de la durée... Et bien je préférais partir sur une durée qui me semblait courte et donc réalisable (mais pas trop courte non plus parce que ça n'a jamais été trop difficile de tenir un ou deux jours, pour tout un tas de raisons), pour ne pas être submergé par un objectif qui « m'écraserait », et je l'augmentais au fur et à mesure que tout cela semblait plus aisé. Donc là aussi, c'est à toi d'estimer ces durées en fonction de ton histoire et ton ressenti.

Bon courage à toi.
Merci Atarax,

Super clair et ça me parle bien ...

YAPUKA Smile
Et bien sûr n'hésite pas à nous faire des retours sur ta ou tes stratégies, comment tu l'as vécu, ce qui a marché ou non pour toi... Ce que je disais sur le compteur, c'est une réflexion qui a suivi justement une discussion sur le forum il y a quelques années. Chaque mot que tu postes ici résonnera potentiellement pour une autre personne ici et l'aidera aussi à avancer !
Ma question du jour ...

Je pense que dans mon malheur j’ai la chance d’avoir une femme que j’aime passionnément et qui - je le crois - me le rend bien, si je puis dire .. enfin, je pense qu’elle aime passionnément la part de moi qu’elle connaît Sad Elle ne sait rien de mes tourments - des fois je me demande comment c’est possible tellement j’ai fait n’importe quoi - et il n’est pas envisageable pour moi de lui parler de mon côté sombre.

Bon, d’un autre côté, si je transforme l’essai actuel ... bientôt un mois - et comme dirait France gall : c’est peut être pas grand chose pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup ! - donc si je transforme l’essai actuel, ce coté sombre peut rester enfoui à tout jamais ...  ça motive grave ! 

Stop les digressions, donc la question maintenant : nous avons avec ma femme, des relations sexuelles quotidiennes depuis des années et, je n’en suis pas fier mais j’ai toujours eu recours à mes fantasmes dans ces moments là. Mon corps est là mais pour « assurer » j’ai toujours eu besoin de me projeter dans la vision fantasmatique, la même que je sollicitais (imparfait ! )lors des mes voyages immondes sur internet.

Maintenant que je suis sur le chemin de la sobriété, je suis sûr qu’il faut que j’arrête, que c’est la prochaine étape. Mais pour le moment j’ai besoin de ça. Sans mobilier mon esprit sûr ces fantasme, je ne suis pas capable de ... vous voyez quoi.

C’est grave docteur, faut-il faire les choses par étape ? D’abord on arrête le prono, puis un mois après, les fantasmes, etc ..

Avez-vous eu à gérer ça ? Comment avez vous fait ?
Est il crédible d’espérer s’en sortir en gardant tout ça enfoui ?

Merci de vos réponses et merci d’être là !
Et aussi, je me dis que je suis un peu égocentrique à parler de mon problème mais je ne me sens vraiment pas légitime pour aider, j’aimerais bien hein, mais vraiment C’est trop tôt.

Merci
No stress pour l'aide aux autres, on le fait quand on le sens, tu verras ça viendra naturellement quand ça sera le moment. 

Pour ta femme, je crois que tu oublies quelque chose: si tu es dépendant, elle est codépendante. Même si elle "ne sait pas" pour toi, comme tu dis ça serait étrange que des années d'addiction lui soit juste passées sous le nez sans qu'elle ne s'en rende compte. C'est là que la codependance entre en jeu: soit elle en est consciente et elle ne dit rien parce que c'est plus simple de continuer comme ça, ce que tu peux bien comprendre vu que tu l'as fait pendant fort fort longtemps. Soit elle n'en est pas consciente, c'est à dire que comme pour un traumatisme son cerveau a refoulé cette informations et tous les indices qu'elle a pu avoir. 

Dans tous les cas, elle aussi a besoin de sortir de cette dépendance par procuration. 

Pour les étapes, en fait ça dépend de chacun. Parfois il faut tout arrêter d'un coup. Comme le pansement que tu arraches en une seule fois. Parfois il y a besoin d'étapes, genre tu mets de l'eau sur le pansement, tu essaies, puis tu mets du savon, tu frottes, tu relèves un petit morceau... Et ça, ce n'est pas à nous de te dire comment tu dois faire. Il faut que tu te fasses confiance, ce qui est très compliqué quand nous sommes dépendants, je sais, mais tu vas devoir bosser la dessus. 

Je vais quand même te donner mon témoignage, puisque tu le demandes. En fait, j'ai tout arrêté d'un coup. Et replongé, et arreté, et replongé, etc... Il y a des choses que j'ai réussi à arrêter sur le moment, d'autres non, j'ai eu quelques rechutes que je ne voulais pas voir comme des rechutes, tu sais genre "non mais si c'est fait avec amour" ou "en fait c'est pas lui le probleme, c'est moi, donc je dois m'excuser" et bim je me retrouvais dans son pieu dans la foulée. Tu vois le genre. Mais à chaque fois que j'ai eu conscience que ce qu'il se passait était du ressort de la dépendance, j'essayais d'arrêter. 

Ce que je veux te dire, c'est qu'il y aura surement des rechutes, ça sera surement compliqué au pieu, et tu vas surement galerer (en tout cas si tu galères pas je crie au scandale vu comme on souffre tous de cette merde !). Il se peut que ta femme se rende compte que tu es différent, qu'il se passe quelque chose. Mais ça, malheureusement, que tu commences maintenant ou plus tard, tu y passeras. Que tu commences maintenant ou plus tard sur ce point précis, tu prendras le même temps pour t'en remettre. Donc j'aurais tendance à dire qu'il vaut mieux commencer le plus tôt possible. 

C'est comme si tu étais alcoolique, et que tu disais: bon, j'arrête le pastis, puis dans un mois le vin, puis dans deux mois la bière... Ton corps et ton esprit continuent à souffrir de la dépendance, et tu auras quand même besoin de souffrir du sevrage plus tard. Si tu veux arrêter l'alcool, arrête aussi le vin et la bière. 

Maiiiis ça reste mon avis. Bon courage. Tu n'es pas seul.
Merci Ekeiloh pour ta / tes réponses,

Je rebondis .. sur le premier point, tu ne penses pas qu’il soit possible qu’elle ne se soit simplement jamais rendu compte ? Je veux dire, ni consciemment par facilité, ni inconsciemment par refoulement. Je ne sais pas, en fait je pense qu’elle en a subi / elle subit les effets de mon addiction sans se rendre compte de la source réelle de ces effets. Genre : un mari qui n’est pas assez présent parce qu’il travaille trop .. Euh, oui il travaille beaucoup mais pas tant que ça en fait...

C’est peut être le drame de cette addiction, on ne dépense rien (en tous les cas dans mon cas : visionnage de vidéos gratuites et tchats gratuits), ça ne se voit pas réellement, on peut faire ça à peu près n’importe où, .. tant qu’on ne se fait pas « prendre », pour qui se « débrouille bien », c’est indécelable. J’ai parfois étrangement rêvé de me faire prendre, peut-être ça aurait été plus simple pour arrêter, peut-être... mais les conséquences sont terrifiantes !

Sur le 2nd point, je suis d’accord, on ne peut arrêter que d’un coup, quitte à chuter et se relever. Mais du coup, tu as éveillé en moi une question :

Est-ce que j’ai une addiction aux tchats et au visonnage de vidéos, addiction dont je suis en sevrage depuis presque 30 jours ... incroyable mais vrai ..., laquelle addiction a créé / développé des fantasmes dont j’ai encore besoin. Auquel cas ces fantasmes sont des petites roues sur lesquelles s’appuyer pour ne pas tomber le temps que je sache faire du vélo comme un grand. Pas très grave, il faut juste savoir les ôter le moment venu.

Ou, ce que je ne soupçonnais pas mais que ton message indique peut-être, est ce que je n’aurais pas une addiction à ces fantasmes, addiction assouvie par les vidéos et tchats ET lors de mes relations sexuelles ? Dans ce cas, j’ai arrêté le whisky mais je continue la vodka et ça c’est pas bon du tout ..

Merci.
Un mari qui travaille trop est un indice, la femme, ou plutôt son cerveau préfère parfois le refouler, mais dans tous les cas elle est codep. Tu dis toi même dans le message d'avant que tu ne sais pas comment elle peut ne pas être au courant tellement tu as fait n'importe quoi. Ne la sous estime pas Wink
Déjà à 100% d'accord avec Ekeiloh sur ta participation : chacun⋅e participe comme iel l'entend. D'autant plus que c'est une étape obligée de se recentrer sur soi dans la lutte contre l'addiction. Et que de venir partager les réflexions que tu as pour toi-même déclenche des discussions, qui en retour aident les autres ! Donc quoiqu'il arrive, tu es en train de donner un coup de pouce à quelqu'un d'autre, ne t'inquiète pas.

Je pense que ta première digression (dans ton pénultième message) parle à tou⋅te⋅s celleux qui ont une autre personne dans leur vie. Ce n'est pas anodin, et ça peut servir de moteur. Et c'est aussi en adéquation avec toutes ces questions de dissonnances, où le combat contre la dépendance peut nous aider à progresser vers un⋅e autre « moi » qui colle plus avec une vision idéalisée qu'on peut avoir de nous-mêmes.

Pour la question des fantasmes, de mon point de vue c'est comme pour beaucoup d'autres choses dans cette dépendance, et la question centrale à se poser est : est-ce une facette de mon addiction, ou est-ce que cela peut faire partie d'une sexualité normale ? En l'occurrence, c'est potentiellement tout à fait normal d'avoir des fantasmes, aussi peu orthodoxes soient-ils, et de les invoquer lors de rapports physiques avec d'autres. Mais s'ils sont trop inextricablement liés avec ton addiction, peut être qu'il faut aussi entamer un travail sur ce point.
Pour les problèmes physiques que ça peut engendrer pour toi, peut-être que ça peut être une occasion de commencer à s'ouvrir à ta compagne, sans forcément lui dire explicitement qu'il s'agit d'un problème de dépendance sexuelle, mais tu peux peut être évoqué le fait que tu sens que certaines choses dans ta vie ne vont pas, que tu essaies de travailler dessus pour être plus apaisé et que ça a peut être des conséquences. Ça pourrait vous permettre de vous reconstruire autrement votre sexualité. Et puis fort heureusement, la pénétration n'est pas non plus l'alpha et l'omega de la sexualité à deux, et donc vous pouvez trouver plein d'autres manières de passer de bons moments ensemble et prendre du plaisir à deux, non ?
Citation :Est-ce que j’ai une addiction aux tchats et au visonnage de vidéos, addiction dont je suis en sevrage depuis presque 30 jours ... incroyable mais vrai ..., laquelle addiction a créé / développé des fantasmes dont j’ai encore besoin. Auquel cas ces fantasmes sont des petites roues sur lesquelles s’appuyer pour ne pas tomber le temps que je sache faire du vélo comme un grand. Pas très grave, il faut juste savoir les ôter le moment venu.



Ou, ce que je ne soupçonnais pas mais que ton message indique peut-être, est ce que je n’aurais pas une addiction à ces fantasmes, addiction assouvie par les vidéos et tchats ET lors de mes relations sexuelles ? Dans ce cas, j’ai arrêté le whisky mais je continue la vodka et ça c’est pas bon du tout ..

Sans doute un peu les deux, c'est-à-dire que si, comme moi, tu consommes du porno pour compenser et oublier le réel, la possibilité de t'enfermer dans tes fantasmes devient une compensation pour compenser le porno que tu avais arreté. J'ai vécu ca, c'est à dire qu'à un moment, je m'interdisais toujours de regarder du porno, mais j'étais capable de passer des heures à m'inventer une histoire érotique (jen ai meme écris pour de vrai quand j'étais ado) de façon tout aussi compulsive que la recherche de vidéos. Ca passait quand les raisons de chercher à m'échapper du réel passaient, mais si ca continuait, je finissais toujours par passer au porno, ce qui a le mérite de prendre moins de temps.

Il faut donc voir si le porno comme les fantasmes élaborés sur lesquels tu passes trop de temps ne sont pas dans les deux cas une façon de compenser un truc qui va mal. Le souci dans ce cas, c'est que tant que ce qui va mal n'est pas reglé, tu auras besoin de compenser, et si tu arrives a arreter et le porno et les fantasmes, qui sait ce que tu vas trouver d'autre ?

Par contre, si ce besoin de fantasmer dans ta tête s'est accru depuis que tu as réduit, c'est plutôt, je pense, une confirmation de ton hypothèse des roulettes. T'es dans le dur à cause du sevrage et tu cherche à compenser. Dans ce cas, je ne saurais que te dire d'attendre d'être sur d'être bien sevré pour enlever les roulettes.


Si ca peut te rassurer, d'expérience, dans les périodes où j'avais réussi à passer à autre chose que fantasmes/porno compulsif, on s'arrête pas de fantasmer mais on revient à des trucs beaucoup plus acceptables et agréables. Je crois que le fantasme, puisqu'il s'appuie sur ce que tu vis, deviens moins fort quand tu vis des trucs moins forts. Si on pouvait construire ses fantasmes à notre échelle, sans avoir accès à la banque de donnée mondiale, on partirait de ce qu'on voit et connait en fantasmant à peine plus. "j'aimerais faire l'amour avec untel.le" devenant "j'aimerais faire l'amour avec untel.le de telle ou telle manière"une fois que le premier fantasme est assouvi puis "j'aimerais faire l'amour avec untel.le de telle ou telle manière à tel ou tel endroit" a mesure que nos fantasmes précédents se rèsolvent. Aujourd'hui, on peut voir dès 12 ans des trucs complètement oufs et irréalisables, dur dur d'avoir ses propres fantasmes après ca.

Donc déculpabilise toi, t'as pas eu, dès la naissance, un truc dark en toi qui a eu besoin de tchat et de porno pour trouver une sortie, pas plus que tu n'étais de base fumeur. Les premières clopes, comme le premier verre d'alcool, comme la première vidéo porno, t'ont semblé cheloues, parce que c'était pas ce dont tu avais besoin à la base. C'est l'offre qui crée la demande. Par contre, tu est tout seul avec ta volonté pour dire à l'offre de fermer sa gueule.

Quand à ta relation avec ta compagne, je ne sais pas trop quoi te conseiller.
C'est terrifiant et je ne souhaite à personne de devoir annoncer ca, ca m'est arrivé contre mon gré, parce que j'avais le choix entre mentir et avouer. Cela dit, la première fois comme la deuxième, ca m'a fait énormément de bien et m'a donné une sacrée bonne raison de me prendre en main. Premier sevrage d'un an et demi. La deuxième fois, la semaine dernière, peut-être encore mieux puisque j'ai pris la résolution de ne pas rester seul face au pb et peut-être même qu'elle même va réussir à prendre sur elle et m'aider à tenir mes résolutions (on verra).

Ceci étant, tu as peut-être plus de volonté que moi, et tu n'as peut-être pas besoin ni de son aide, ni d'un coup de pied au cul. Dans ce cas, est-ce qu'il faut lui mettre cette claque dans la gueule ? Je ne saurais que dire.

Citation :Stop les digressions, donc la question maintenant : nous avons avec ma femme, des relations sexuelles quotidiennes depuis des années et, je n’en suis pas fier mais j’ai toujours eu recours à mes fantasmes dans ces moments là. Mon corps est là mais pour « assurer » j’ai toujours eu besoin de me projeter dans la vision fantasmatique, la même que je sollicitais (imparfait ! )lors des mes voyages immondes sur internet.

Là j'ai une question. Pourquoi est-ce que tu as besoin de fantasmer pour assurer ? Est-ce que tu as vraiment envie de ces rapports ?
Est-ce que tu ne te sens pas obligé, par habitude/pour ne pas eveiller ses soupcons/pour lui faire plaisir, d'avoir des rapports à des moments ou tu es mal à l'aise à cause du sevrage/de l'irruption de fantasmes non voulus ? Si le fantasme sert de viagra pour avoir un rapport alors que ton désir est en berne à ce moment là, par honneteté pour toi et pour elle, vaut-il mieux un gros calin qui s'arrête avant que tu aies besoin de fantasmer.

Si tu as vraiment le désir du rapport mais que le fantasme surgit au moment T, c'est sans doute simplement que le sevrage est dur et que ces images attendent la moindre occasion de relachement pour surgir. Dans ce cas, déculpabilise et dis toi qu'elles passeront avec le temps.

En tout cas, je trouve que tu m'as déjà bien aidé, personnellement. Tes réponses à mes questions et ton témoignage m'ont apporté des billes.
Merci de toutes vos réponses, je vais avoir de quoi réfléchir pour le reste de la semaine .. au moins Wink

Ekeiloh, j'ai peut-être paru la sous-estimer mais ce n'est pas du tout le cas. Simplement, parfois, le contexte fait que pour cette dépendance là, il est non seulement relativement simple de masquer les choses (pas de stigmates physiques) et d'autre part quand on est dépendant conscient et honteux de son mal, je crois Que par la force des choses, on devient rapidement maître dans l'art de la dissimulation et donc il ne me semble pas inconcevable qu'elle n'ait pu ne se rendre compte de rien sans pour autant être naïve. Et je me dis qu'à moins d'être vraiment méfiant, je ne me serais surement rendu compte de rien non plus à sa place.

Je ne sais pas si tu connais l'affaire Jean-Claude Roman (voir l'excellent livre d'Emanuel Carrère : L'adversaire), histoire vrai d'un gars qui a pendant 15 ans je crois, fait croire à tout le monde qu'il était médecin réputé à l'OMS alors qu'il n'avait pas de diplôme et pas de job. Sa femme, ses amis, ses enfants, ses voisins : tout le monde y a cru, personne n'a douté. Bon le parallèle s'arrête là car cette histoire c'est assez mal finie ... Mais je veux dire que c'est une addiction qui peut, je crois passer plus facilement insoupçonnée qu'une autre. 0 traces. C'est peut-être ça son drame d'ailleurs.

Atarax, merci aussi pour cette éclairante contribution.

C’est une question complexe que celle des fantasmes. Jusqu’à quand est-ce une chose normale, à partir de quand devient-ce une source de dépendance ? Pour ma part, je constate avec joie que globalement les miens sont en moyenne moins transgresifs que le mois dernier et que les pics de transgressions totale sont moins fréquents. Donc baisse de la fréquence et de l’intensité. Ça c’est le côté rassurant, le côté inquiétant je trouve c’est que même si ça reste à un niveau très bas, j’ai le sentiment qu’une seule étincelle pourrait tout embraser à nouveau.

Arrêter de visionner des vidéos, arrêter du tchat, c’est terriblement difficile mais il y a un truc simple - basique - tu as arrêté ou pas, c’est binaire. On sait si on a fait « bien » ou « pas », c’est quantifiable, rassurant. Avoir des fantasmes maîtrisés, c’est pas forcément plus difficile mais c’est clairement moins binaire. N’est ton pas en train de se laisser embarquer ? Y a-t-il une dérive ? Ou est un écart normal et acceptable ? 

C’est un vrai sable mouvant, en tous les cas pour moi, à cette phase.

Merci.

tHutu merci également, 

C’est une vraie question : qui de la poule ou de l’œuf ? Les fantasmes naissent-ils des vidéos etc.. ou les vidéos ne sont ils qu’un moyen pour assouvir les fantasmes ? Est-on dépendant au porno ou aux fantasmes ? Ou peut-être les 2 ... le « en même temps », encore. 

Je n’y avais jamais réellement songé mais je réalise que les tchats n’étaient pour moi qu’un moyen d’assouvir ces horribles fantasmes, je ne pouvais tchater qu’avec quelques uns qui me suivaient et me relançaient dans mes délires, rarement je n’ai donné à l’autre l’assouvissement des siens, ou alors comme une monnaie d’échange. Je jetais ceux qui ne me suivaient pas dans mon fantasme. Pareil dans les recherches et visionnages compulsifs de vidéos, cette quête est (était ?) sans fin parce que jamais je ne trouvais le scénario parfait ...

Tu parles d’histoires érotiques, c’est exactement ça, la matérialité de ma dépendance c’était les tchats, raconter une histoire, plus que les vidéos, car dans l’histoire c’est moi le scénariste.  

Après, probablement, et vous l’avez tous dit, un fantasme nous fait aller sur le net et les perversions s’agglutinent et renforcent le fantasme qui devient plus transgressing encore et plus difficile à assouvir. Mais je pense - je constate - que ces ajouts exogènes sont les premiers à s’effacer, à devenir filigrane. 

Je vais essayer de travailler sur mon « fantasme de base ». 

Merci encore. 

Et beaucoup de courage à tous !
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