Dépendance sexuelle

Version complète : toucher le fond et remonter ?
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Bonjour et merci de ta réponse ATARAX,

4 ans, c’est long tout de même. Persuadé que rien ne se produit « par hasard », je me suis posé cette double question : Pourquoi suis-je revenu maintenant (et pas avant) et pourquoi ici (et pas ailleurs) ?

Que s’est-il donc passé ? Qu’est-ce qui fait qu’un jour on cherche une solution qu’on ne cherchait pas la veille ?
Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas la découverte du problème. Pas un seul jour depuis 4 ans je ne l’ai ignoré, pas un seul jour j’ai fermé les yeux devant cette terrible réalité : c’est moi qui nourrissait ce monstre qui me dévorait. Encore une fois, encore un peu, juste une fois, juste un peu. Qu’est-ce qui a changé pour que je revienne ici ? Faut-il attendre d’être tombé tout au fond ou au contraire, pas encore tout à fait mais se dire que ça ne va pas tarder ? Faut-il n’avoir plus rien à perdre ou au contraire avoir encore quelque chose à préserver ?

Pourquoi pas avant ? Ce n’était pas compliqué, pas plus de clics que de me rendre sur mes lieux de perdition, plutôt moins, même. Ce n’était pas risqué, le seul risque étant de me retrouver face à face avec mon incapacité à combattre mes démons mais pour ça, pas besoin de venir ici pour en prendre conscience. Et puis, après cela, pourquoi ici, sous cette forme ? Pourquoi pas l’appel à un ami ? Le thérapeute ? Le groupe de parole ?

Cet anonymat (relatif) qu’est Internet est une protection immense qui permet de garder intacte sa carapace face au monde extérieur.
On n’a pas le regard de l’autre, la peur / la terreur du jugement. On se met moins à nu.
Parler au téléphone : qui ? où ? et puis la voix dévoile et expose bien davantage.
De là à rencontrer quelqu’un dans le monde réel .. Je ne sais pas si cette rencontre « de visu » avec un thérapeute ou d’autres malades est une étape nécessaire mais je ne suis pas du tout prêt à ça. 

Et puis cela devrait se faire en « cachette » de mes proches et produirait un mensonge de plus. Écrire ici peut se faire n’importe quand. Quasiment sans que personne ne s’en aperçoive. Comme il est difficile de soigner une maladie tellement honteuse qu’on ne peut même pas dire qu’on est malade. Qu’on ne peut même pas être encouragé, aidé, assisté par ceux/celles qui le pourraient peut-être le mieux.

Le fait de parler à des « pairs », des éclopés de l’affect et du sexe, des « camarades de souffrance », qui ne sauront peut-être pas mieux que les autres comment faire mais qui comprendront assurément mieux les chemins escarpés et dangereux, les chaussées glissantes, les raccourcis hasardeux, a un côté si rassurant.

Voilà, je ne sais toujours pas vraiment pourquoi je suis là aujourd’hui, ce que j’attends ni comment cette expérience peut me faire du bien mais je suis là.


Merci.
Salut impulsion, tu expliques très bien notre situation, ici tu trouveras des personnes qui vont te comprendre, et surtout qui ne te jugeront pas et ça aide vraiment beaucoup.
Je pense que c'est ce qui nous pousse a venir ici, a un moment si on a personne a qui en parler. Et puis selon ce qui nous arrive dans la vie on s'absente, pensant trouver une issue, et puis au final ça ne marche pas alors on revient.
Gardons dans un coin de la tête qu'on a accepté notre dépendance, et que l'on souhaite s'en sortir, je pense que c'est le plus important. 

Pour ce qui est d'une rencontre avec un thérapeute, moi aussi quand on me l'a conseillé je ne me sentais pas près, et je ne me suis jamais senti près jusqu'à ce que je comprenne a quel point  ma dépendance pouvait impacter ma vie, dans mon cas, le fait de perdre mon ex ma poussé a consulter. Même si je n'ai pas eu le temps d'entamer une thérapie, ça m'a permis de concrétiser tout ça, même si c'était difficile de passer le cap, les premières séances m'ont apporter beaucoup de positif, et quand il s'agit de ta santé personne ne pourra te reprocher d'avoir caché des choses, je pense que parfois on n'a pas le choix et cela ne fait pas partie du mensonge, ce sont nos soucis perso et on a le droit de choisir qui peut être au courant ou non.

Courage a toi, et n'oublies pas que tu n'es pas seul dans ce combat
« n'oublies pas que tu n'es pas seul dans ce combat », merci Callahan pour ton message mais je crois qu’on est finalement toujours un peu seul dans ce combat, ce combat contre une partie de soi.

Je me disais que peut-être on pourrait trouver ici d’autres éclopés avec qui parler, écouter, échanger, apprendre, comprendre, se soutenir, s’encourager, se stimuler, se féliciter souvent, se botter les fesses parfois, d’autres frères d’armes ayant traversé les mêmes conflits désarmés, d’autres marins ayant bravé les mêmes tempêtes sans embruns.

Mais la maison .com est souvent vide. Effet du confinement ou est-ce la norme, ou peut être, en étant au tout début de ma démarche j’attends trop. Ou j’attends mal.

Merci
Bonjour Impulsion,

On est toujours seul⋅e dans ce combat, dans la mesure où tu vas toujours te retrouver seul face à toi-même lorsque tu plonges. Pour une bonne partie d'entre nous c'est incontournable dans la mesure où nos dépendances s'expriment dans la sphère virtuelle, et que même si nous avons des compagnons ou des compagnes, nous cédons lorsque nous sommes seul⋅e⋅s face à l'écran. Même pour celles et ceux pour qui la dépendance prend des formes plus physiques, le fait de « partager » avec d'autres n'est souvent qu'une illusion, la dépendance n'étant jamais autrement qu'auto-centrée. D'ailleurs j'ai tendance à penser que si ce n'était pas auto-centré, on ne se retrouverait pas à contempler ainsi notre sollitude et le désespoir qui nous envahit ne serait pas présent.

Malgré cela, partager avec d'autres, professionnel⋅le⋅s ou autres dépendant⋅e⋅s, peut aider pour faire son propre chemin. Peut être aussi que cet espace de liberté qu'est ce forum de dépendant⋅e⋅s nous permet de nous dévoiler à nous-mêmes, car il nous permet d'exprimer des choses sur nous et nos dépendances que nous ne pouvons pas formuler ailleurs.

Malheureusement peut être, nous sommes une toute petite communauté, avec des contraintes particulières (pour beaucoup d'entre nous venir sur le forum demande de déployer les mêmes techniques de dissimulation que lorsque nous allons sur des recoins d'Internet permettant d'assouvir nos dépendances — ce qui n'est pas non plus sans risque !), ce qui fait qu'il n'y a pas vraiment de « permanence ». Ça serait l'idéal, et j'ai connu la même frustration il y a quelques années quand je venais par ici pour les premières fois : le besoin d'échanger, parfois rapidement pour tenter de trouver un soutien pour me sortir d'un faux-pas imminent, sans trouver personne... Mais au moins peut-on trouver de l'aide et du reconfort en lisant les autres, en écrivant pour soi, et aussi un peu (ou même beaucoup, pour certaines personnes « exemplaires » ici) pour les autres. C'est parfois peu, c'est souvent mieux que rien, et ça reste un combat solitaire. Mais on n'est quand même moins seul⋅e ici qu'à se noyer dans les abysses dans lesquelles l'addiction nous pousse.
"pour beaucoup d'entre nous venir sur le forum demande de déployer les mêmes techniques de dissimulation que lorsque nous allons sur des recoins d'Internet permettant d'assouvir nos dépendances — ce qui n'est pas non plus sans risque !

100% d'accord mais je ne sais pas si c'est si "mauvais" que ça. Je m'explique : j'ai l'impression qu'il y a une double accoutumance à vaincre (en tous les cas pour ceux qui, comme moi, sont dans la cyber dépendance sexuelle) : la première est la désaccoutumance purement sexuelle avec les images et des films pornographiques, le contenu des tchats et messages, les mb compulsives ... et une autre qui porte sur le caractère social : le tchat, en particulier.

Je me demande si le fait de se désaccoutumer du sexe en conservant - au moins dans un premier temps - l'accoutumance aux tchats n'est pas un bon moyen de faire les choses étape par étape. Se dire qu'on peut venir ici et tchater avec d'autres pour résoudre nos problèmes plutôt que pour s'enfoncer un peu plus. Et, peut-être, plus tard, décrocher de ça aussi. Mais au fond, dans mon cas, c'est la première dépendance qui est la drogue dure, pas la seconde.

Je me dis aussi qu'aider un autre éclopé à réapprendre à marcher, alors que soi-même on ne tient pas encore très bien sur ses jambes, c'est probablement bénéfique : on a une double raison d'avancer et de ne pas se laisser choir. Pour soi et pour l'autre.

Qu'en pensez-vous ?


Merci
Je suis d'accord, ça peut-être une bonne idée de bannir étape par étapes, il me semble qu'un de nos membres avait même conseillé de dresser une liste de tous les comportements à éviter, en les classant du plus important au moins important pour s'en occuper au fur et à mesure. On aurait le temps de voir notre progression et comme on dit, doucement mais sûrement
Bonjour Impulsion,

Peut-être est-ce à chacun⋅e de voir ce qui fonctionne le mieux ; effectivement, pour certain⋅e⋅s la stratégie que tu énonces est sûrement bonne, et peut-être que d'autres auront besoin de se battre sur tous les fronts pour y arriver. Si tu penses que fonctionner par étape t'es bénéfique, vas-y, fonce !
Je pense encore une fois que c'est un des avantages de ce forum, c'est de pouvoir discuter de tout ça, non seulement de nos addictions mais aussi de nos stratégies, pouvoir partager et tester des choses et en discuter avec les autres ; prendre ce qui peut nous convenir et adapter son propre cheminement.

Je crois aussi profondément aux vertus de la communauté « d'éclopé⋅e⋅s » pour avancer. La majorité des personnes qui m'ont le plus aidé et fait réfléchir ici sont des personnes qui étaient comme moi, en lutte, loin d'être remises, mais qui avaient toujours un mot, un encouragement, une réflexion à partager. Sans toutes ces personnes (Fabrice, Ekeiloh, Jan et d'autres), peut-être que je n'en serai pas à plus de trois ans de sevrage aujourd'hui.
Merci sincèrement de vos réponses, elles sont encourageantes au vrai sens du terme. Pas les encouragements type "allez poupou" du tour de France qui peuvent servir pour se dépasser dans un sprint mais nous ne devons pas nous dépasser mais juste ne pas nous larguer et nous sommes dans une course de fond ... En revanche, ces encouragements, donnent ce petit supplément d'âme qui permet de donner encore un coup de pédale en encore un. Pédaler pour ne pas tomber. Juste ne pas tomber.

Merci
Je pense qu'on est tou⋅te⋅s conscient⋅e⋅s qu'un « allez poupou ! », s'il était suffisant, nous aurait déjà sorti du trou depuis longtemps... Et pour rejoindre ce que tu disais plus tôt, c'est tout l'intérêt de cette communauté de personnes traversant ou ayant traversées les mêmes épreuves.
Et je pense aussi que seule une réflexion profonde sur nous-même et notre addiction peut nous aider à nous en sortir ; sans ça, pas de stabilité à long terme. Je vais faire un parallèle un peu à la con, mais c'est un peu comme quand tu veux faire un régime : soit tu te prives pendant quelques mois et tu perds les kilos que tu avais en trop, et tu es content⋅e mais tu les regagnes rapidement (pas de vraie stratégie derrière), soit tu fais un travail sur tes habitudes alimentaires, et ça prendra peut être plus de temps mais les kilos que tu perdras le seront pour de bon.
Bref, si tu veux que ton compteur ne se retrouve pa à osciller continuellement entre 0 et 100%, il te faut construire une sortie de dépendance solide.

Bon courage, et bravo néanmoins pour la moitié du parcours que tu as parcouru ; c'est déjà beaucoup !
Me voilà donc à 50% de mon objectif, heureux d’en avoir fait la première moitié et appréhendant la seconde.

Très sincèrement, il y a eu quelques tentations, quelques moments où il a fallu convoquer ma volonté et lui 
ordonner d’aller au front. Mais les victoires furent facile et vous savez ce que l’on dit : « à vaincre sans périr, on triomphe sans gloire » et même si après tout, on s’en fiche, ce combat est un combat solitaire, nous sommes des guerriers de l’ombre, que me réserve les 50 autres pourcent ?  Si « jusque là tout va bien », est-ce de bonne augure ou est-ce celui de « La haine », celui de l’aveuglement qui précède l’écrasement ?

Alors voilà mes questions :

Est-ce que votre expérience montre qu’il y a des moments plus difficiles que d’autres dans ce parcours ? Je sais bien que chaque cas est unique mais quand même ... il y a sûrement des grandes tendances ; est-ce que la première semaine est facile, la seconde moins, la 3e plus etc ... ? Est-ce qu’il existe des stats de durée moyenne avant rechute etc ... ? 

Seconde question : comment choisir une bonne durée pour son objectif ? Par rapport à quoi ? 

3e question : une fois l’objectif atteint - je suis optimiste de nature - on remet le même ? Moins ? Plus ? 

Je suis curieux de vos retours, de vos expériences, de vos chemins, de vos intuitions, de vos stratégies, de vos retours.


Merci
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