07-06-2016, 00:16
Bonjour à tou-te-s,
JE M'EN SUIS SORTI.
Je veux en témoigner car je crois que c'est important. Mon post est un peu long mais j'ai voulu être le plus complet possible et surtout ne pas vous parler que de moi, mais aussi vous partager ce que je pense avoir compris de la guérison à cette dépendance.
Les anciens ici me connaissent, les plus nouveaux non. Je me suis inscrit ici il y a presque 6 ans, en juin 2010. J'étais alors multi-dépendant : dépendance à la pornographie et à la masturbation, rapports compulsifs à la nourriture et à l'informatique. Au bout d'un moment cela s'est aggravé et s'est accompagné d'un profond mal-être. Je compulsais une partie importante de mon temps. Cela envahissait ma vie, avec toutes les conséquences négatives que cela peut engendrer : déprime, perte de confiance en moi, angoisses, repli sur moi-même, difficultés relationnelles y compris dans mon couple... Au moment de mon inscription ici, j'étais en couple. Je débutais une nouvelle histoire et je voulais éviter de reproduire certaines erreurs. Ma dépendance et les problèmes plus profonds avaient en effet largement pourri mes deux histoires précédentes. En m'inscrivant ici, j'étais alors persuadé que je m'en sortirai seul, en me sevrant et en étant inscrit sur ce forum. En réalité cela n'a pas fonctionné. Les très nombreuses tentatives de sevrage se sont accompagnés d'autant de rechutes souvent longues. De désillusions aussi.
Quelques années après, au début du mois de septembre 2013, ma copine a voulu me quitter. Ce n'était pas entendable pour moi, tellement j'étais aussi (et surtout!) dépendant affectif. J'avais l'impression que tout s'effondrait en moi. Ça a été le déclic qui m'a conduit à débuter une thérapie. Enfin ! J'ai supplié ma copine de me laisser une dernière chance, en lui disant que cette thérapie allait tout changer. Elle a accepté de rester avec moi. C'est vrai que cette thérapie a été ce qui m'a réellement fait avancer. Les changements se sont fait nettement sentir. Cependant, un an après, en septembre 2014, ma copine a à nouveau voulu me quitter. Notre histoire portait trop le poids du passé. Cette fois-ci j'ai accepté la séparation, effondré, mais sans avoir le sentiment de ne plus exister avec la fin de mon couple.
J'ai ensuite été seul pendant 8 mois. C'était nouveau pour moi qui avait toujours été en couple depuis mes 17 ans. Au fond de moi je sentais que j'avais besoin d'apprendre à vivre seul avant de pouvoir me remettre un jour avec quelqu'un. J'en ai bavé mais j''ai appris à vivre par moi-même et à mieux gérer ma solitude. Car ma thérapie m'a permis d'atteindre le cœur de mon problème. Ce n'était pas le sexe, ni la pornographie en soi. Mes dépendances n'étaient que des conséquences d'autre chose de plus profond : une dépendance affective dont les origines remontent à mon enfance. J'avais ainsi du mal à exister par moi-même (manque affectif) et ressentait un fort besoin d'être en couple. Le couple me permettait de davantage exister. Mon moi se confondait largement dans mon couple.
Ces 8 mois seul m'ont vraiment été bénéfiques. Je me suis relevé de cette rupture. J'ai appris à aimer ma vie et à m'aimer. Et puis il y a un an, en juin 2015, j'ai rencontré celle qui partage aujourd'hui ma vie. Notre histoire est vraiment "magique" et je sais que cela ne doit rien au hasard. C'est parce que j'ai appris à vivre seul et que je me suis attaqué au problème de fond, que j'ai pu être "ouvert" et prêt à vivre cela. Depuis, tout s'est enchaîné assez rapidement et naturellement, comme une "évidence". Nous avons acheté une petite maison dans un coin magnifique. C'est un petit rêve qui se réalise pour nous deux. Et puis depuis quelques jours je suis papa d'une petite fille ! C'est vraiment le bonheur.
Alors, oui, je peux le dire : JE M'EN SUIS SORTI. Pour finir, quelques réflexions que j'aimerais vous partager :
- Dans la très grande majorité des cas, on ne s'en sort pas seul. Pour s'en sortir il faut le vouloir, c'est important, mais la volonté ne sera pas suffisante. J'en suis plus que persuadé. Il faut se faire aider. Pourquoi ? Tout simplement parce que la dépendance trouve souvent sa source dans la partie inconsciente de notre cerveau. La volonté c'est le conscient, les mécanismes de la dépendance et ses causes ce sont l'inconscient. Et l'inconscient est bien souvent bien plus fort que le conscient. Le docteur William Lowenstein, qui est addictologue (et qui connaît bien le cas des addiction sexuelles) définit l'addiction comme étant "une maladie dont les caractéristiques sont l'inefficacité de l'effort pour s'en sortir et la perte de la volonté" (livre "Ces dépendances qui nous gouvernent", p. 16). Un peu avant il dit aussi : "Et que l'on cesse de croire qu'il suffit de vouloir "décrocher" pour pouvoir. Seul, sans l'aide de médicaments, sans consulter." (p.13). Ces phrases sont essentielles pour moi ! Tout est là. Il faut donc se faire aider d'une manière ou d'une autre. La thérapie a été mon choix.
- C'est quoi s'en être sorti ? Je vais donner ma réponse. Elle n'engage que moi. Je crois tout d'abord que ce n'est pas lorsque toute trace de dépendance a disparu. C'est plutôt lorsque nos comportements "limites" n'ont plus de conséquences négatives sur notre vie. Il y a un point de bascule entre les 2 et pour moi c'est là que tout se joue. Quand on est dépendant au porno, que l'on tente un sevrage et que l'on craque une fois, on se sent vulnérable, mal et cela nous pousse à compulser à nouveau sur du porno. Quand on a passé le point de bascule, qu'on s'en est sorti, un écart vers du porno ne risque plus vraiment d'ébranler tout l'édifice de notre vie. Je vais être honnête. Ces derniers mois, j'ai parfois eu de très brefs passages sur des sites érotiques (souvent à l'occasion de difficultés ou de petits moments de stress... par "habitude"?), mais à chaque fois j'ai bien senti que cela ne me conduisait pas à la compulsion. C'était un écart de quelques minutes, rien de plus. Aucune difficulté ne s'en suivait, aucun mal-être. Je n'avais donc pas à remettre ensuite de sevrage en route.
- Un dépendant qui s'en sort reste (sans doute) vulnérable. Il le restera sans doute toute sa vie. Dans mon cas, même si ma thérapie est aujourd'hui terminée (au bout de 2 ans), je continue à avancer chaque jour, notamment dans mon couple. Mais je sens que plus le temps passe et plus les bases de mon équilibre intérieur sont solides.
J'espère que ce témoignage vous apportera quelques éclairages.
Mon carnet de sevrage est ici : http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...-juin-2010 Il permet de suivre dans le temps ma longue errance dans l'addiction et les tentatives de m'en sortir. Les "trous" dans le temps correspondent bien souvent à des périodes de mal-être et de désillusion (sauf à la fin!!).
Je ne sais pas si je reviendrais souvent sur le forum, mais je vais faire l'effort de suivre vos éventuels messages suite à ce post. Je pourrais ainsi apporter quelques précisions si nécessaire.
Merci enfin à Pikmin et à tou-te-s celles et ceux que j'ai croisé ici - je pense en particulier à Burrhus, Ekeiloh et Fabrice. Ce forum m'a tellement apporté et a fait partie de ma solution, même si il ne peut pas - selon moi - se suffire à lui-même.
Courage à tou-te-s : oui, des solutions existent ! Oui, vous aussi vous pouvez vous en sortir ! Je vous le souhaite.
Stef
JE M'EN SUIS SORTI.
Je veux en témoigner car je crois que c'est important. Mon post est un peu long mais j'ai voulu être le plus complet possible et surtout ne pas vous parler que de moi, mais aussi vous partager ce que je pense avoir compris de la guérison à cette dépendance.
Les anciens ici me connaissent, les plus nouveaux non. Je me suis inscrit ici il y a presque 6 ans, en juin 2010. J'étais alors multi-dépendant : dépendance à la pornographie et à la masturbation, rapports compulsifs à la nourriture et à l'informatique. Au bout d'un moment cela s'est aggravé et s'est accompagné d'un profond mal-être. Je compulsais une partie importante de mon temps. Cela envahissait ma vie, avec toutes les conséquences négatives que cela peut engendrer : déprime, perte de confiance en moi, angoisses, repli sur moi-même, difficultés relationnelles y compris dans mon couple... Au moment de mon inscription ici, j'étais en couple. Je débutais une nouvelle histoire et je voulais éviter de reproduire certaines erreurs. Ma dépendance et les problèmes plus profonds avaient en effet largement pourri mes deux histoires précédentes. En m'inscrivant ici, j'étais alors persuadé que je m'en sortirai seul, en me sevrant et en étant inscrit sur ce forum. En réalité cela n'a pas fonctionné. Les très nombreuses tentatives de sevrage se sont accompagnés d'autant de rechutes souvent longues. De désillusions aussi.
Quelques années après, au début du mois de septembre 2013, ma copine a voulu me quitter. Ce n'était pas entendable pour moi, tellement j'étais aussi (et surtout!) dépendant affectif. J'avais l'impression que tout s'effondrait en moi. Ça a été le déclic qui m'a conduit à débuter une thérapie. Enfin ! J'ai supplié ma copine de me laisser une dernière chance, en lui disant que cette thérapie allait tout changer. Elle a accepté de rester avec moi. C'est vrai que cette thérapie a été ce qui m'a réellement fait avancer. Les changements se sont fait nettement sentir. Cependant, un an après, en septembre 2014, ma copine a à nouveau voulu me quitter. Notre histoire portait trop le poids du passé. Cette fois-ci j'ai accepté la séparation, effondré, mais sans avoir le sentiment de ne plus exister avec la fin de mon couple.
J'ai ensuite été seul pendant 8 mois. C'était nouveau pour moi qui avait toujours été en couple depuis mes 17 ans. Au fond de moi je sentais que j'avais besoin d'apprendre à vivre seul avant de pouvoir me remettre un jour avec quelqu'un. J'en ai bavé mais j''ai appris à vivre par moi-même et à mieux gérer ma solitude. Car ma thérapie m'a permis d'atteindre le cœur de mon problème. Ce n'était pas le sexe, ni la pornographie en soi. Mes dépendances n'étaient que des conséquences d'autre chose de plus profond : une dépendance affective dont les origines remontent à mon enfance. J'avais ainsi du mal à exister par moi-même (manque affectif) et ressentait un fort besoin d'être en couple. Le couple me permettait de davantage exister. Mon moi se confondait largement dans mon couple.
Ces 8 mois seul m'ont vraiment été bénéfiques. Je me suis relevé de cette rupture. J'ai appris à aimer ma vie et à m'aimer. Et puis il y a un an, en juin 2015, j'ai rencontré celle qui partage aujourd'hui ma vie. Notre histoire est vraiment "magique" et je sais que cela ne doit rien au hasard. C'est parce que j'ai appris à vivre seul et que je me suis attaqué au problème de fond, que j'ai pu être "ouvert" et prêt à vivre cela. Depuis, tout s'est enchaîné assez rapidement et naturellement, comme une "évidence". Nous avons acheté une petite maison dans un coin magnifique. C'est un petit rêve qui se réalise pour nous deux. Et puis depuis quelques jours je suis papa d'une petite fille ! C'est vraiment le bonheur.
Alors, oui, je peux le dire : JE M'EN SUIS SORTI. Pour finir, quelques réflexions que j'aimerais vous partager :
- Dans la très grande majorité des cas, on ne s'en sort pas seul. Pour s'en sortir il faut le vouloir, c'est important, mais la volonté ne sera pas suffisante. J'en suis plus que persuadé. Il faut se faire aider. Pourquoi ? Tout simplement parce que la dépendance trouve souvent sa source dans la partie inconsciente de notre cerveau. La volonté c'est le conscient, les mécanismes de la dépendance et ses causes ce sont l'inconscient. Et l'inconscient est bien souvent bien plus fort que le conscient. Le docteur William Lowenstein, qui est addictologue (et qui connaît bien le cas des addiction sexuelles) définit l'addiction comme étant "une maladie dont les caractéristiques sont l'inefficacité de l'effort pour s'en sortir et la perte de la volonté" (livre "Ces dépendances qui nous gouvernent", p. 16). Un peu avant il dit aussi : "Et que l'on cesse de croire qu'il suffit de vouloir "décrocher" pour pouvoir. Seul, sans l'aide de médicaments, sans consulter." (p.13). Ces phrases sont essentielles pour moi ! Tout est là. Il faut donc se faire aider d'une manière ou d'une autre. La thérapie a été mon choix.
- C'est quoi s'en être sorti ? Je vais donner ma réponse. Elle n'engage que moi. Je crois tout d'abord que ce n'est pas lorsque toute trace de dépendance a disparu. C'est plutôt lorsque nos comportements "limites" n'ont plus de conséquences négatives sur notre vie. Il y a un point de bascule entre les 2 et pour moi c'est là que tout se joue. Quand on est dépendant au porno, que l'on tente un sevrage et que l'on craque une fois, on se sent vulnérable, mal et cela nous pousse à compulser à nouveau sur du porno. Quand on a passé le point de bascule, qu'on s'en est sorti, un écart vers du porno ne risque plus vraiment d'ébranler tout l'édifice de notre vie. Je vais être honnête. Ces derniers mois, j'ai parfois eu de très brefs passages sur des sites érotiques (souvent à l'occasion de difficultés ou de petits moments de stress... par "habitude"?), mais à chaque fois j'ai bien senti que cela ne me conduisait pas à la compulsion. C'était un écart de quelques minutes, rien de plus. Aucune difficulté ne s'en suivait, aucun mal-être. Je n'avais donc pas à remettre ensuite de sevrage en route.
- Un dépendant qui s'en sort reste (sans doute) vulnérable. Il le restera sans doute toute sa vie. Dans mon cas, même si ma thérapie est aujourd'hui terminée (au bout de 2 ans), je continue à avancer chaque jour, notamment dans mon couple. Mais je sens que plus le temps passe et plus les bases de mon équilibre intérieur sont solides.
J'espère que ce témoignage vous apportera quelques éclairages.
Mon carnet de sevrage est ici : http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...-juin-2010 Il permet de suivre dans le temps ma longue errance dans l'addiction et les tentatives de m'en sortir. Les "trous" dans le temps correspondent bien souvent à des périodes de mal-être et de désillusion (sauf à la fin!!).
Je ne sais pas si je reviendrais souvent sur le forum, mais je vais faire l'effort de suivre vos éventuels messages suite à ce post. Je pourrais ainsi apporter quelques précisions si nécessaire.
Merci enfin à Pikmin et à tou-te-s celles et ceux que j'ai croisé ici - je pense en particulier à Burrhus, Ekeiloh et Fabrice. Ce forum m'a tellement apporté et a fait partie de ma solution, même si il ne peut pas - selon moi - se suffire à lui-même.
Courage à tou-te-s : oui, des solutions existent ! Oui, vous aussi vous pouvez vous en sortir ! Je vous le souhaite.
Stef