Dépendance sexuelle

Version complète : Sevrage de Tiago
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Bonjour mes amis,

J'ai très mal dormi cette nuit. La pensée de ma vie affective vide ne m'a pas quitté. Dans la nuit, je repensais à un épisode révélateur de ma vie. C'est ma dernière occasion sérieuse de vivre une relation affective.

Février 2010, une soirée entre célibataires, un dimanche. Je rencontre S. Immédiatement, nous sympathisons : beaucoup de centres d'intérêts communs. Nous échangeons nos numéros. Des messages sont échangés dans la semaine : mon cœur vibre. S. est une belle personne, et elle s'intéresse à moi : incroyable ! Vendredi : soirée chez des amis communs, S. est là. Elle est magnifique. Nous parlons très longtemps ensemble, nous dansons ensemble. Pourtant, il ne se passe rien de plus.
Aujourd'hui, S. est toujours une belle personne. Elle est l'heureuse maman de deux beaux enfants.

Pourquoi cet échec ? De quoi ai-je eu peur ? Pourquoi n'ai-je pas exprimé mes émotions ? Pourquoi ne me suis-je pas senti digne d'elle ? Pourquoi ne me suis-je pas autorisé cette relation affective, ce bonheur ?

Ce souvenir me rend très triste. Je me sens mal, mais je ne cède rien à l'adversaire.
Tiago...
 
il y a soudain un dénominateur commun que je lis dans ton message et ceux de certains autres ici...
Je pense à Riri entre autres, mais aussi à Fabrice...
et comme vous êtes des personnes que j’apprécie beaucoup, cela me ramène aussi à moi...:
 
Est-ce que ce manque de confiance en nous, cette idée que nous ne méritons peut-être pas telle ou telle chose (en tous cas clairement pas le bonheur!) ne nous amène-t-il pas à nous poser trop de questions au lieu de "lâcher-prise" et donc de réagir spontanément et juste VIVRE les choses...?
On a forcément peur d'être jugé...

Quelqu'un qui se pose trop de question ne parait pas spontané, pas naturel, il peut même paraître constamment torturé... cela bloque les autres pour se rendre disponibles à nous...

Dans le métier que je fais je transmets sans cesse qu'il faut avoir dans la vie une dose de volonté et d'exigence envers soi, mais s'il n'y a pas en face le même volume de "lâcher-prise" (= "et puis, je m'en fous!") cela ne marche pas! On n'est plus dans la restitution de la vie, de quelque chose de naturel. On « fabrique », on est « dans le calcul »... et au bout du compte on est juste constamment dans la souffrance, parce qu'on a juste...: peur!

Jan
 
Bonjour tiago
L'estime de soi est très bas chez nous les addicts sexuels aussi cette dépendance nous crée l'image de la femme objet. Pour nous la femme est un objet sexuel. En avançant dans notre sevrage on découvrira notre vie affective notre besoin d'amour et de tendresse, quand nous pardonnons nous même, nous nous donnons une nouvelle chance de vie et nous nous sentons digne de cette vie
Ne regrette rien. Le regret te laisse dans le circuit de baisse d'estime de soi
Très belles paroles Amir!
Tu es dans la logique même de l'entraide de ce forum!
Jan
Salut Tiago,

je reviens sur un des post précédents, le premier où tu parlais de la pauvreté de ta vie affective.

Citation :Le vide de ma vie affective. "Les plaies d'une blessure sont un remède au mal", (Pr 20, 30). Cette blessure m'aide à être sensible à la détresse des autres. Cette blessure m'aide à écouter mes émotions. J'espère que cela me rendra plus humain.

Je ne suis pas vraiment d'accord. Une blessure est faite pour guérir, pour être pansée. Une blessure fait souffrir, ce n'est jamais une bonne chose, et je ne sais pas si elle est bonne conseillère.

Par rapport à ce vide, il me semble que nous avons en tant que dépendant affectif, deux réactions:
* une réaction de fuite, de peur (comme le dit Jan). Surtout ne pas s'engager de peur de devoir se dévoiler, se mettre à nu devant quelqu'un, se montrer tel que nous sommes: laids, moins que rien, sans intérêt... Je force le trait, mais pas tant que cela. Combien de relation ai-je fui de peur de ne pas être à la hauteur.
* une réaction de confusion (je ne sais comment dire autrement), où l'on se ment à soi même pour être exactement comment l'autre attends que nous soyons, enfin comment nous pensons que l'autre attend que nous soyons. Cela devient ingérable avec le temps, quasi schizophrénique. On se perd, nous devenons une autre personne, une personne qui n'est pas nous.

La cause de tout cela notre dépendance, comment on s'en sort ? Je pense en soignant les blessures du passé, mais ce n'est pas simple, il faut déjà identifier clairement ces blessures et agir. Je crois que nous sommes tous là pour cela. 

Je ne sais pas si je suis clair, mais c'est ce qui m'est venu en lisant cette histoire de blessure.

Courage à toi !

Fabrice
Bonjour mes amis,

Une fois encore, je trouve dans vos messages beaucoup de bienveillance et beaucoup de dynamisme pour continuer le chemin. Merci !

@Fabrice
Avant, je "soignais" mon mal-être par la consommation de p. et de m. Le soulagement était illusoire et artificiel. Aujourd'hui, j'essaie d'accepter ce mal-être, sans m'y complaire et sans renoncer à la guérison. Ainsi, je lui donne moins de pouvoir de nuisance ...
Je connais bien les attitudes que tu cites :
- la fuite, la peur de ne pas être à la hauteur de l'idéal que je me suis fixé ?
- le miroir : répondre exactement aux attentes des autres, et n'être jamais moi-même en vérité.

@Jan
Le lâcher-prise ... Je suis toujours dans le calcul, dans le contrôle : je ne suis jamais vraiment dans la sincérité. Je suis dans la réponse et jamais dans la spontanéité. Mes interlocuteurs s'en aperçoivent souvent : il y a en moi cette dissonance intérieure. Pour être réellement en relation avec des personnes, je vais devoir renoncer à anticiper et à calculer ...

Vous me proposez un chemin difficile, mais c'est le seul chemin possible ...

Merci pour votre soutien : ce matin, je suis content d'être là !
Prends tout ça comme un test Tiago, comme une expérimentation, un "laboratoire"!
Cela peut dédramatiser ta démarche et créer un peu de distance par rapports aux enjeux.

Même si cela n'est pas encore ta nature profonde, "joue" au Tiago qui lâche prise!
Fais le bilan de ce dont tu es déjà certain et où tu peux déjà te faire confiance et ensuite reposes-toi sur ces acquis pour laisser agir ces certitudes le moment venu.

Tu n'as rien à perdre! Au pire, tout sera juste comme avant.
Donc, pourquoi ne pas essayer d'avancer en lâchant prise et en se faisant confiance?

A très vite!

Jan
Bonjour mes amis,

Aujourd'hui, j'ai beaucoup réfléchi au lâcher-prise.

Je comprends l'idée, sur un plan théorique. Mais la mise en pratique sera très difficile. Mes mauvaises habitudes sont tellement bien installées.

Il faut que je m'autorise à sortir du contrôle absolu, pour être en vérité avec moi, avec les autres.

Paradoxalement, je parle souvent de liberté. Mais je ne suis pas libre puisque je suis dans le contrôle permanent. Pour sortir du contrôle, il faut vaincre mes peurs, mes préjugés, mes conditionnements. Le domaine de la lutte intérieure s'agrandit encore ...

Merci pour vos encouragements et vos suggestions !
Tu as compris le procédé du "lâcher-prise"!

Je vais être vulgaire, mais parfois cela consiste simplement à dire "Mer...e!" aux choses et "Je vous emmer..e" aux autres, et ceci sasn culpabiliser, masi convaincu du bien fait de cela pour toi!

As-tu appris à dire cela sans te juger?
Je me demande si une des clés de notre dépendance n'est pas aussi derrière cette interrogation..

A très vite mon ami!
J'adore ton parcours et tes réflexions!

Jan
Bonjour mes amis !

Je vous remercie pour vos messages de soutien !

Aujourd'hui, je voudrais parler de la guérison.
Au fond de moi-même, je sais que ma guérison est impossible. Au mieux, j'arriverai à arrêter l'évolution de la maladie. Mais l'addiction sera toujours là, cachée dans l'ombre, prête à reprendre le pouvoir. La dépendance sera toujours un obstacle dans ma vie affective.

Dès que je me dis "je suis guéri", la rechute est certaine. Se considérer guéri, c'est se penser normal, c'est abaisser les défenses. Alors, avec humilité, je dois dire "aujourd'hui, je vais un peu mieux, mais la maladie est toujours là".
En ce moment, les conditions sont favorables pour mon sevrage : pas de problème au travail, pas de stress excessif, pas d'angoisse, la solitude est supportable, le site et son forum sont très précieux, la communauté me soutient, etc. J'ai l'impression que les progrès du sevrage viennent uniquement de ces bonnes conditions. Je me sens très vulnérable : si les conditions changent, le monstre reviendra ...

Comme dit en DASA, "Nous avons découvert comment vivre une vie saine seul". Il me faut accepter la perspective très réelle de vivre dans la solitude, pendant une durée indéfinie. Soudain, cette perspective me refroidit brutalement. Mais quelle autre alternative ?

Je prends conscience que la vie affective n'est pas un droit, n'est pas un dû. Je n'ai rien à exiger dans ce domaine.
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