08-02-2017, 18:58
Bonjour mes ami(e)s !
Jan, je te remercie pour ton message. Mes meilleures pensées sont avec toi dans ce moment délicat. Et aussi mon admiration pour toi, ton parcours et pour ta grande et belle générosité !
Tu me demandes de faire un petit bilan : j'accepte avec joie, mais je souhaite insister sur un point. Mon parcours n'est pas encore "exemplaire", et je n'ai pas encore "réussi le décrochage" ... Je suis encore conscient de mes vulnérabilités, et ma détermination est encore mise à l'épreuve. Aujourd'hui encore, je suis testé.
Actuellement, je suis dans une phase de transition. Depuis le début, ma démarche repose sur la discipline, la rigueur, le contrôle. C'est un sevrage en force. Chez moi, la discipline fonctionne bien : cela ne convient pas à tout le monde. Aujourd'hui, cette démarche autoritaire montre ses limites : la discipline est triste, et elle engendre la révolte. Je voudrais éviter la crise et passer à une autre attitude : la bienveillance envers moi et les autres, la liberté, le goût pour le beau, le bon, le bien, la guérison de mes peurs, la patience et surtout la joie.
Voici quelques éléments qui m'ont aidé dans le chemin du rétablissement. D'abord, ce site, ce forum d'entraide. J'y ai découvert une belle communauté. J'ai compris que je n'étais pas seul. J'ai écouté les conseils et j'ai mis en pratique. J'y ai repris courage, grâce à votre soutien. J'ai appris à exprimer mes difficultés et mes joies. J'ai appris à descendre au fond de moi pour identifier les vrais problèmes. Grâce à ce forum d'échange, j'ai le sentiment d'appartenir à une belle communauté fraternelle, unie dans un seul but : le rétablissement.
Ensuite, je participe à un groupe de paroles : c'est une aide très précieuse. Partager et exprimer ses émotions et difficultés est un premier pas fondamental vers le rétablissement. Écouter les témoignages est aussi une attitude qui fait grandir et rend plus fort.
Dans mon rétablissement, la spiritualité joue un grand rôle. J'ai fait le parcours de 40 jours pour sortir de la pornographie. Je continue à travailler sur mes vulnérabilités et sur les acquis de ce parcours. Dans la dépendance, j'ai découvert mes limites et mon impuissance. Dans mon rétablissement, je renonce à la toute-puissance et je renonce à la quête d'un amour fusionnel. Chez moi, la dépendance est d'abord une maladie spirituelle.
J'apprends aussi à prendre soin de moi, par le sport, l'alimentation, la culture, etc. J'essaie de fournir une bonne nourriture à mon esprit, notamment en maîtrisant mon regard. Il y a une légende indienne (les indiens Cherokee) qui m'inspire beaucoup :
Un combat a lieu à l'intérieur de chaque personne : un combat entre deux loups. Un loup est bon, pacifique, joyeux, généreux. L'autre loup est agressif, méchant, triste, frustré. Le combat est gagné par le loup qui est le mieux nourri.
Alors j'essaie de nourrir le loup pacifique avec de belles choses, des bonnes choses ...
Je travaille sur mes émotions. Elles m'indiquent la route à suivre. Mes émotions dessinent ma boussole intérieure : mes vrais désirs profonds. J'essaie d'entendre mes émotions et de les transformer en action. J'ai encore des progrès à faire ...
Chaque jour, je me souviens, avec bienveillance, que je suis dépendant affectif et sexuel. Je n'oublie pas ce que je suis. Je renonce au déni. Si j'oublie la dépendance, elle ne m'oubliera pas et reviendra en force. Elle profitera de mon manque d'humilité et de vigilance. Chaque jour, je prends conscience de ma dépendance. J'apprends à voir la dépendance, non comme une malédiction, mais comme une opportunité. Comme écrit Anselm Grün : "Là où est ta blessure, là est ton trésor car là est ton moi le plus profond".
J'apprends à écouter mon climat intérieur. J'ai une tendance à la mélancolie. Mon corps utilise la sexualité pour lutter contre la mélancolie et réveiller mon désir de vivre. Malheureusement, je gaspille cette précieuse énergie dans la masturbation et la consommation d'images pornographiques. Aujourd'hui, je suis attentif à ma tendance dépressive. Quand elle se manifeste (comme en ce moment), je fais davantage de sport, et je me repose bien. J'essaie d'aller vers les autres et je me souviens des bienfaits du sevrage.
J'apprends aussi à travailler sur les racines de la dépendance : la peur du rejet, la peur de l'abandon, la peur des autres. Là, le chantier est immense et à peine commencé. J'ai visité mon histoire, mon enfance : j'essaie de tourner la page. Je me concentre sur le présent, je travaille sur ma perception du monde et je renonce aux fausses croyances.
J'apprends l'estime de soi, qui n'est pas innée chez moi. Être soi-même, pour trouver ma vraie place. Et ainsi être vrai avec les autres, et être vrai dans les relations avec les autres. C'est un long chemin ... mais tout est possible !
Enfin, en cessant la masturbation et la consommation d'images pornographiques, je n'alimente plus un système ultra-libéral inhumain. Je sors d'un système qui me transforme en consommateur stérile. En me rétablissant, je reprends conscience de ma dignité.
Mon rétablissement n'est pas un acquis : il doit être approfondi chaque jour. C'est un beau chemin !
Merci de m'avoir lu !
Jan, je te remercie pour ton message. Mes meilleures pensées sont avec toi dans ce moment délicat. Et aussi mon admiration pour toi, ton parcours et pour ta grande et belle générosité !
Tu me demandes de faire un petit bilan : j'accepte avec joie, mais je souhaite insister sur un point. Mon parcours n'est pas encore "exemplaire", et je n'ai pas encore "réussi le décrochage" ... Je suis encore conscient de mes vulnérabilités, et ma détermination est encore mise à l'épreuve. Aujourd'hui encore, je suis testé.
Actuellement, je suis dans une phase de transition. Depuis le début, ma démarche repose sur la discipline, la rigueur, le contrôle. C'est un sevrage en force. Chez moi, la discipline fonctionne bien : cela ne convient pas à tout le monde. Aujourd'hui, cette démarche autoritaire montre ses limites : la discipline est triste, et elle engendre la révolte. Je voudrais éviter la crise et passer à une autre attitude : la bienveillance envers moi et les autres, la liberté, le goût pour le beau, le bon, le bien, la guérison de mes peurs, la patience et surtout la joie.
Voici quelques éléments qui m'ont aidé dans le chemin du rétablissement. D'abord, ce site, ce forum d'entraide. J'y ai découvert une belle communauté. J'ai compris que je n'étais pas seul. J'ai écouté les conseils et j'ai mis en pratique. J'y ai repris courage, grâce à votre soutien. J'ai appris à exprimer mes difficultés et mes joies. J'ai appris à descendre au fond de moi pour identifier les vrais problèmes. Grâce à ce forum d'échange, j'ai le sentiment d'appartenir à une belle communauté fraternelle, unie dans un seul but : le rétablissement.
Ensuite, je participe à un groupe de paroles : c'est une aide très précieuse. Partager et exprimer ses émotions et difficultés est un premier pas fondamental vers le rétablissement. Écouter les témoignages est aussi une attitude qui fait grandir et rend plus fort.
Dans mon rétablissement, la spiritualité joue un grand rôle. J'ai fait le parcours de 40 jours pour sortir de la pornographie. Je continue à travailler sur mes vulnérabilités et sur les acquis de ce parcours. Dans la dépendance, j'ai découvert mes limites et mon impuissance. Dans mon rétablissement, je renonce à la toute-puissance et je renonce à la quête d'un amour fusionnel. Chez moi, la dépendance est d'abord une maladie spirituelle.
J'apprends aussi à prendre soin de moi, par le sport, l'alimentation, la culture, etc. J'essaie de fournir une bonne nourriture à mon esprit, notamment en maîtrisant mon regard. Il y a une légende indienne (les indiens Cherokee) qui m'inspire beaucoup :
Un combat a lieu à l'intérieur de chaque personne : un combat entre deux loups. Un loup est bon, pacifique, joyeux, généreux. L'autre loup est agressif, méchant, triste, frustré. Le combat est gagné par le loup qui est le mieux nourri.
Alors j'essaie de nourrir le loup pacifique avec de belles choses, des bonnes choses ...
Je travaille sur mes émotions. Elles m'indiquent la route à suivre. Mes émotions dessinent ma boussole intérieure : mes vrais désirs profonds. J'essaie d'entendre mes émotions et de les transformer en action. J'ai encore des progrès à faire ...
Chaque jour, je me souviens, avec bienveillance, que je suis dépendant affectif et sexuel. Je n'oublie pas ce que je suis. Je renonce au déni. Si j'oublie la dépendance, elle ne m'oubliera pas et reviendra en force. Elle profitera de mon manque d'humilité et de vigilance. Chaque jour, je prends conscience de ma dépendance. J'apprends à voir la dépendance, non comme une malédiction, mais comme une opportunité. Comme écrit Anselm Grün : "Là où est ta blessure, là est ton trésor car là est ton moi le plus profond".
J'apprends à écouter mon climat intérieur. J'ai une tendance à la mélancolie. Mon corps utilise la sexualité pour lutter contre la mélancolie et réveiller mon désir de vivre. Malheureusement, je gaspille cette précieuse énergie dans la masturbation et la consommation d'images pornographiques. Aujourd'hui, je suis attentif à ma tendance dépressive. Quand elle se manifeste (comme en ce moment), je fais davantage de sport, et je me repose bien. J'essaie d'aller vers les autres et je me souviens des bienfaits du sevrage.
J'apprends aussi à travailler sur les racines de la dépendance : la peur du rejet, la peur de l'abandon, la peur des autres. Là, le chantier est immense et à peine commencé. J'ai visité mon histoire, mon enfance : j'essaie de tourner la page. Je me concentre sur le présent, je travaille sur ma perception du monde et je renonce aux fausses croyances.
J'apprends l'estime de soi, qui n'est pas innée chez moi. Être soi-même, pour trouver ma vraie place. Et ainsi être vrai avec les autres, et être vrai dans les relations avec les autres. C'est un long chemin ... mais tout est possible !
Enfin, en cessant la masturbation et la consommation d'images pornographiques, je n'alimente plus un système ultra-libéral inhumain. Je sors d'un système qui me transforme en consommateur stérile. En me rétablissant, je reprends conscience de ma dignité.
Mon rétablissement n'est pas un acquis : il doit être approfondi chaque jour. C'est un beau chemin !
Merci de m'avoir lu !