Dépendance sexuelle

Version complète : Sevrage de Tiago
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Bonjour mes ami(e)s !

Jan, je te remercie pour ton message. Mes meilleures pensées sont avec toi dans ce moment délicat. Et aussi mon admiration pour toi, ton parcours et pour ta grande et belle générosité !

Tu me demandes de faire un petit bilan : j'accepte avec joie, mais je souhaite insister sur un point. Mon parcours n'est pas encore "exemplaire", et je n'ai pas encore "réussi le décrochage" ... Je suis encore conscient de mes vulnérabilités, et ma détermination est encore mise à l'épreuve. Aujourd'hui encore, je suis testé.

Actuellement, je suis dans une phase de transition. Depuis le début, ma démarche repose sur la discipline, la rigueur, le contrôle. C'est un sevrage en force. Chez moi, la discipline fonctionne bien : cela ne convient pas à tout le monde. Aujourd'hui, cette démarche autoritaire montre ses limites : la discipline est triste, et elle engendre la révolte. Je voudrais éviter la crise et passer à une autre attitude : la bienveillance envers moi et les autres, la liberté, le goût pour le beau, le bon, le bien, la guérison de mes peurs, la patience et surtout la joie. 

Voici quelques éléments qui m'ont aidé dans le chemin du rétablissement. D'abord, ce site, ce forum d'entraide. J'y ai découvert une belle communauté. J'ai compris que je n'étais pas seul. J'ai écouté les conseils et j'ai mis en pratique. J'y ai repris courage, grâce à votre soutien. J'ai appris à exprimer mes difficultés et mes joies. J'ai appris à descendre au fond de moi pour identifier les vrais problèmes. Grâce à ce forum d'échange, j'ai le sentiment d'appartenir à une belle communauté fraternelle, unie dans un seul but : le rétablissement.

Ensuite, je participe à un groupe de paroles : c'est une aide très précieuse. Partager et exprimer ses émotions et difficultés est un premier pas fondamental vers le rétablissement. Écouter les témoignages est aussi une attitude qui fait grandir et rend plus fort.

Dans mon rétablissement, la spiritualité joue un grand rôle. J'ai fait le parcours de 40 jours pour sortir de la pornographie. Je continue à travailler sur mes vulnérabilités et sur les acquis de ce parcours. Dans la dépendance, j'ai découvert mes limites et mon impuissance. Dans mon rétablissement, je renonce à la toute-puissance et je renonce à la quête d'un amour fusionnel. Chez moi, la dépendance est d'abord une maladie spirituelle.

J'apprends aussi à prendre soin de moi, par le sport, l'alimentation, la culture, etc. J'essaie de fournir une bonne nourriture à mon esprit, notamment en maîtrisant mon regard. Il y a une légende indienne (les indiens Cherokee) qui m'inspire beaucoup :
Un combat a lieu à l'intérieur de chaque personne : un combat entre deux loups. Un loup est bon, pacifique, joyeux, généreux. L'autre loup est agressif, méchant, triste, frustré. Le combat est gagné par le loup qui est le mieux nourri.
Alors j'essaie de nourrir le loup pacifique avec de belles choses, des bonnes choses ...

Je travaille sur mes émotions. Elles m'indiquent la route à suivre. Mes émotions dessinent ma boussole intérieure : mes vrais désirs profonds. J'essaie d'entendre mes émotions et de les transformer en action. J'ai encore des progrès à faire ...

Chaque jour, je me souviens, avec bienveillance, que je suis dépendant affectif et sexuel. Je n'oublie pas ce que je suis. Je renonce au déni. Si j'oublie la dépendance, elle ne m'oubliera pas et reviendra en force. Elle profitera de mon manque d'humilité et de vigilance. Chaque jour, je prends conscience de ma dépendance. J'apprends à voir la dépendance, non comme une malédiction, mais comme une opportunité. Comme écrit Anselm Grün : "Là où est ta blessure, là est ton trésor car là est ton moi le plus profond".

J'apprends à écouter mon climat intérieur. J'ai une tendance à la mélancolie. Mon corps utilise la sexualité pour lutter contre la mélancolie et réveiller mon désir de vivre. Malheureusement, je gaspille cette précieuse énergie dans la masturbation et la consommation d'images pornographiques. Aujourd'hui, je suis attentif à ma tendance dépressive. Quand elle se manifeste (comme en ce moment), je fais davantage de sport, et je me repose bien. J'essaie d'aller vers les autres et je me souviens des bienfaits du sevrage.

J'apprends aussi à travailler sur les racines de la dépendance : la peur du rejet, la peur de l'abandon, la peur des autres. Là, le chantier est immense et à peine commencé. J'ai visité mon histoire, mon enfance : j'essaie de tourner la page. Je me concentre sur le présent, je travaille sur ma perception du monde et je renonce aux fausses croyances.

J'apprends l'estime de soi, qui n'est pas innée chez moi. Être soi-même, pour trouver ma vraie place. Et ainsi être vrai avec les autres, et être vrai dans les relations avec les autres. C'est un long chemin ... mais tout est possible !

Enfin, en cessant la masturbation et la consommation d'images pornographiques, je n'alimente plus un système ultra-libéral inhumain. Je sors d'un système qui me transforme en consommateur stérile. En me rétablissant, je reprends conscience de ma dignité.

Mon rétablissement n'est pas un acquis : il doit être approfondi chaque jour. C'est un beau chemin !

Merci de m'avoir lu !
Merci ! Tu as trouvé les mots justes pour décrire ton chemin. C'est un beau chemin. Il y a beaucoup dans ton message. Merci pour ce partage. J'aime aussi cette image des loups. Tu nous montres un chemin de guérison, de bienveillance, de sagesse et d'amour.
Continue, et ton message me remplit de paix.
Merci
Fabrice
Bravo Tiago pour la force de ta réflexion. Toute démarche pour se sortir de la dépendance passe par la réflexion. Tu as poussé la tienne très loin, tu t'es donné les bases pour avancer, et te sortir de cet état dans lequel nous sommes tous. 

Quel beau message, tu donnes des pistes à chacun d'entre nous. Bravo mon ami et courage pour la suite!
Bonjour les amis !

Merci pour vos messages de soutien, votre écoute et votre présence ! Cela me touche et m'apporte beaucoup. C'est très utile dans mon parcours. Merci !

La semaine s'est bien passée, dans la sérénité. Deux événements toutefois :
- une déception : un rendez-vous annulé. Mais ce n'est pas la fin du monde.
- un constat pessimiste : dans le monde, c'est la loi du plus fort qui prévaut. J'appartiens au camp des perdants. Ce monde-là est fait pour les Trump. 

Dans ces deux événements, j'identifie ma tendance naturelle au pessimisme, à la déprime, à la résignation, à l'isolement. Je m'enferme dans ce schéma mortifère. Longtemps, j'ai enterré mon mal-être dans la masturbation et dans la consommation d'images pornographiques : remèdes éphémères et illusoires. Sortir de ce schéma est une étape vers le rétablissement.

Comment en sortir ?
D'abord, je dois reconnaître ma pente naturelle pour le mal-être. Pour des raisons obscures et malsaines, le mal-être est mon refuge. Il me faut arrêter cette habitude malsaine.
Ensuite, je dois choisir : il y a la pente vers le mal-être, et il y a d'autres chemins. À moi de choisir, de décider vraiment. C'est un combat pour la liberté. Comme tous les combats, il se gagne d'abord par les idées. À moi de faire grandir des idées optimistes en moi.
"Entendre l'appel à la vie, cultiver et nourrir le désir de vivre" comme l'écrit Simone Pacot.  Personne ne peut le faire à ma place. Mon rôle, c'est d'y croire. Et d'y croire fort.

Bon dimanche à tous !
Cher Tiago !
 
Merci de ton retour à ma question du 8 février! Je me doutais que ta réponse allait être riche, très riche d’enseignements et que tu allais y mettre une forme précise et claire !
 
Pour moi ce message devrait servir de référence et de repère à tous, surtout ceux qui arrivent ici sur le forum ! Tu y exprimes toutes les qualités qu’il faut pour réussir un sevrage, mais aussi pour réussir cette bataille envers soi-même ! L’humilité et la bienveillance envers soi-même y sont des maître-mots ! Mais aussi le courage de se regarder en face, la lucidité d’analyse, le manque de complaisance, la force de caractère qui mène à maintenir sa discipline !
Puis, viennent aussi l’acceptation et une forme de sagesse de laisser venir les choses…
 
C’est un magnifique exemple donc ! Et en parlant de cette « trumperisation » de notre monde tu exprimes clairement aussi à quel point nous sommes par notre dépendance victimes de la société actuelle. Notre dépendance naît de ses travers, ce schéma de fuit et de consommation, et en sortir veut dire aussi refuser et résister face à ces schémas qu’on nous impose. Se battre contre la dépendance sexuelle est donc en quelque sorte une révolte et une résistance !
 
Bravo pour l’avoir exprimé si clairement et merci d’être à côté de nous pour avancer ensemble !
 
Jan
Bonjour Tiago,

merci pour le courage dont tu fais preuve en regardant sans complaisance ce qui se passe en toi. Peut-être avec un petit peu plus de bienveillance... Tu es très sévère avec toi.

Freeman le dit clairement... Tu n'es pas dans le camp des perdants. Chaque jour, tu gagnes en dignité, en sérénité, en confiance. C'est un long chemin. Tu as des richesses en toi, tu es toi. Ne te compare pas aux autres. Rappelle toi simplement qui tu es. Tu es Tiago, tu es le gars qui a décidé de changer, qui depuis 274 jours (merde tu as fait mieux que moi !) a résisté, tu es la personne qui nous aide, nous soutient. Alors, non tu n'es pas un perdant.

Jan a écrit une phrase qui résume bien
Citation :Et en parlant de cette « trumperisation » de notre monde tu exprimes clairement aussi à quel point nous sommes par notre dépendance victimes de la société actuelle.
Oui la dépendance nous rend victime, mais nous sommes victime que de nous-même. Ce n'est pas dans la société, dans notre environnement qu'il faut chercher les causes, c'est en nous. Ce n'est pas le monde qu'il faut changer, c'est nous même.
Voilà ce qu'écrivait Epictète "Souviens toi que ce qui te cause du tort, ce n'est pas qu'on t'insulte ou te frappe, mais l'opinion que tu as qu'on te fait du tord. Donc si quelqu'un t'a mis en colère, sache que c'est ton propre jugement le responsable de ta colère"... " Devant tout ce qui t'arrive, pense à rentrer en toi-même et cherche quelle faculté tu possèdes pour y faire face. Tu aperçois un beau garçon, une belle fille ? Trouve en toi la tempérance. Tu souffres ? Trouve l'endurance. On t'insulte ? Trouve la patience. En t'exerçant ainsi tu ne seras plus le jouet de tes représentations". Ce n'est pas facile à comprendre, pour moi ce fut vraiment un changement total du regard... Mais aujourd'hui j'y trouve une force, une sérénité.

Bon courage à toi et n'oublie pas de t'aimer.

Fabrice
Bonjour les amis !

Fabrice, Jan, Dexter : je vous remercie pour vos messages qui, comme toujours, me font avancer dans la bonne direction.

La fin de l'hiver est un moment délicat à passer. L'année dernière, j'avais perdu le contrôle en mars, et j'étais retombé dans la masturbation et la consommation d'images pornographiques. Cette fois-ci, je suis vigilant. Surtout, j'ai compris le mécanisme.

Fin de l'hiver : fatigue, manque de lumière. Pour moi : un peu de déprime, aussi. En réaction, je cherche une compensation.
La fin de l'hiver annonce ... le début du printemps : le retour de la vie. La vie triomphe du froid mortel et rayonne de toutes ses forces. Et je me sens exclu de ce retour de la vie. J'ai le sentiment d'être mis à part : d'où la frustration, l'incompréhension, le sentiment d'injustice. Tout cela me déstabilise très profondément.
L'année dernière, j'étais particulièrement fatigué : j'avais voulu en faire trop au travail. J'étais très vulnérable. Alors, le chant des oiseaux le matin, les arbres en fleurs, la beauté de la nature ... c'était du feu sur ma blessure de solitude, d'abandon. Je n'ai pas su accueillir cette joie vivante et belle. Et j'ai essayé d'oublier dans la compulsion. Tragique incompréhension.

Cette année, je ne ferai pas la même erreur. Je surveille ma fatigue, mon climat intérieur. Je prends soin de moi. J'apprécie les beaux moments qui me sont donnés. J'essaie de ne rien attendre : je veux accueillir le réel dans toute sa beauté et avec toutes ses potentialités. Il y a beaucoup à contempler. Je veux accueillir la vie en moi, prendre ce chemin de vie.

C'est ici que je rejoins Fabrice (et Epictète): tu m'invites à "ne plus être le jouet de mes représentations". Le monde est comme il est, il ne changera pas. Mais je peux changer mon état d'esprit et accueillir le réel avec bienveillance.

Merci de m'avoir lu !
Bonjour mes amis !

Les jours passent mais les tentations ne disparaissent pas pour autant. Ma dépendance à la masturbation et aux images pornographiques fait partie de ma nature dépendante. Alors, je dois garder le cap pour ne pas suivre cette mauvaise pente imprimée dans mes habitudes.

Je constate aujourd'hui que les images pornographiques sont imprimées durablement dans ma mémoire. Elles reviennent quand je suis fatigué, contrarié ou déprimé. Pour effacer ces souvenirs, le temps est mon allié. En attendant, il me faut chasser ces souvenirs toxiques dès qu'ils se présentent. Aussi, if me faut me protéger contre toute nouvelle consommation : je ne veux plus polluer ma mémoire avec ce poison des images pornographiques.

Le recours à la masturbation vient me tenter aussi quand je suis fatigué, frustré, seul, quand je m'ennuie. Alors je dois rester ferme et ne pas renoncer. Face à la tentation, le combat commence bien avant la chute, plusieurs jours avant. C'est un combat spirituel. La tentation avance ses arguments : "juste une fois ...", "tu peux t'offrir cela après tant de journées de sobriété", "ce n'est pas grave ...", "il y a pire ...". Tout cela est tromperie. Dans cet affrontement contre la tentation, je dois rester ferme et déterminé.

Je suis tenté lorsque je m'inquiète pour l'avenir. Or, l'avenir est irréel : ces inquiétudes sont le fruit de mon imagination. L'incertitude m'inquiète. Pour oublier cette inquiétude, j'ai longtemps recherché le réconfort illusoire de la consommation d'images pornographiques. Réconfort : il y a des milliards d'images. Illusion : toutes sont des mensonges grossiers.

Je le savais : avant Pâques, il y a toujours quelques semaines de combat. C'est l'occasion d'en apprendre davantage sur mes vulnérabilités et d'aller plus loin dans mon rétablissement.

Merci de m'avoir lu !
Bon dimanche !
Mon ami!

Je pense à toi, même si je suis beaucoup absent ici.
Je reviendrai bientôt, quand la tempête au niveau de mon travail se sera calmée!

Tiens bon!

Je crois en toi!

Ton ami!

Jan
Bonjour mes amis,

@Jan : merci pour ton message ! Je pense toujours à toi, surtout dans cette période délicate pour toi.

Dans un post (voir ici), je lis ceci et je me reconnais très bien :
(08-03-2017 15:22)Ekeiloh a écrit : [ -> ][...] même ceux qui s'en croient sortis restent parfois sur un schéma dégradant de la femme, ne pas oublier de traiter ça, parce que le porno nous met de sales idées dans le crane sur les femmes. 

En effet, la consommation d'images pornographiques m'a mis des mauvais stéréotypes dans l'esprit. J'en suis un peu conscient, mais jusqu'où va cette prise de conscience ? Comment sortir de ce formatage ? Surtout quand les codes de la pornographie se sont diffusés dans tous les domaines de société ? Par exemple : les publicités, les séries télé, etc.

Je vous souhaite une bonne soirée !
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