Bonjour mes amis,
Merci Jan pour ton message !
Je profite de mes 150 jours de sobriété pour faire un petit bilan.
Après 5 mois, je me sens
en sursis, fragile et vulnérable. Je suis toujours enlisé dans la dépendance et dans ses conséquences. Je vois clairement tous ces problèmes gigantesques que je n'ai pas touchés : manque d'estime de soi, mélancolie, anorexie sociale, sentiment de solitude, peur de l'abandon, etc. Les racines de la dépendance sont toujours là, intactes. Dès que je relâcherai mes efforts, la dépendance reviendra en force. Mais aujourd'hui, comme depuis 5 mois, la lutte est en ma faveur.
Pour moi, le
plan de bataille est
clair : ce site, le programme
DASA en 12 étapes de rétablissement, un groupe de paroles, la littérature, mon parcours de rétablissement en Église. Le sevrage est ma
priorité absolue.
Depuis le 21 mai 2016, j'ai arrêté la masturbation et la consommation d'images pornographiques. Depuis cette date, mon état intérieur s'est légèrement amélioré. J'ai connu quelques réussites, quelques joies. Je n'ai plus le sentiment de honte, d'humiliation, de culpabilité. C'est un réel progrès. J'ai aussi noté quelques bienfaits de la sobriété : ma poignée de main est plus ferme, je me tiens plus droit, je marche plus lentement, je regarde dans les yeux, je suis moins dispersé. Ce sont des
petites améliorations, subtiles, mais significatives. La dépendance est comme une nuisance sonore massive. Quand elle cesse, on peut entendre les beaux sons naturels : c'est la beauté délicate de la normalité ...
Socialement, j'ai fait quelques rencontres intéressantes. Aucune n'a tenu dans le temps. Je ne suis pas encore prêt. La priorité pour moi : le sevrage. Le reste est donné en cadeau.
Je reconnais en moi une béance affective, un
grand besoin d'être aimé. La dépendance n'est qu'un moyen ridicule pour combler cette lacune, et ranimer mon désir de vivre.
Actuellement, je ne peux pas être aimé car je ne m'aime pas. Je dois travailler sur l'estime de soi. Je décide aujourd'hui d'
être mon ami. D'avoir de l'indulgence pour mes défauts, mes erreurs. D'avoir de la gratitude pour ce que je suis, ce que je fais. J'ai le droit de ne pas considérer mes actions comme nulles ou faciles. J'ai le droit de me réjouir.
En moi, je reconnais un fond dépressif permanent. Si j'y ajoute mes pensées négatives, mes jugements très durs sur moi-même : je suis perdu. Je dois être
bienveillant avec moi-même et cesser de me faire du mal. Ce fond dépressif est avec moi depuis des années, et sera toujours là. Je dois vivre avec.
Aujourd'hui, pour lutter efficacement contre la dépendance, il me manque l'essentiel : le but. Savoir
pourquoi je me bats. Mon but n'est pas clair. Je suis célibataire : pas de couple ou de famille pour justifier mon combat. Je ne bats même pas pour un projet de vie en couple : cette hypothèse me paraît très improbable. Alors pourquoi ? Pour fuir la honte, la culpabilité ? Pour la sérénité d'une vie sans dépendance ? Pour l'esprit clair que seule la sobriété permet ? Pour la paix intérieure ? Pour la pureté spirituelle ?
Quel idéal me donnera la force pour lutter longtemps ?
En attendant, je
continue le combat. Avec la dépendance, j'ai trouvé un adversaire à ma taille. Comme l'écrit Jan, ce combat peut me donner de la fierté.
Merci de m'avoir lu !