Je veux répondre à Clarisse et Djey:
Clarisse : J’ai peut-être compris le poste de Pikmin et le lien avec la dépendance autrement… : Il me semble qu’on acquière un équilibre vital si on a réussi à combler ces 5 besoins fondamentaux dans sa vie. Un déséquilibre se crée si ce n’est pas le cas. Je ne sais pas si cela veut dire qu’on recrée alors un « équilibre artificiel » par sa dépendance…
Pour moi je ne suis pas certain que j’ai retrouvé dans la sex dépendance la sensation d’appartenance. Si jamais chez moi c’est ce besoin fondamental qui a été altéré, alors j’ai été clairement dans la fuite… La fuite d’un profond malaise, d’un manque de confiance en moi, d’une peur de ne pas réussir… Je n‘ai effectivement pas eu le sentiment d’appartenir à un « groupe » (juste parfois dans les saunas où des proximités peuvent se créer lors de soirées organisées), mais j’ai plutôt « rendu visite » à un groupe, artificiel aussi, car il se dissout après les ébats sexuels, pour ensuite le fuir à nouveau.
Ma démarche de dépendant se résume donc en partie « en fuite permanente » et chaque rapport comme « un pansement collé » sur une plaie ou une douleur !
Djey : Tu dis « En fait je pense que ce type d'addiction peut évoluer avoir une source initiale et évoluer en fonction d'un contexte de vie, … ». Dans nos discussions nous constatons tous régulièrement que l’addiction est une maladie qui se « greffe » (comme je dis) sur le terreau d’une autre maladie. Je le compare souvent au plâtre d’un mur qui est humide. L’addiction c’est le plâtre qui tombe, la première chose qu’on voit, mais en dessous il y a des briques qui sont mouillées et elles le sont, car quelque part il y a une fuite… Nous sommes plusieurs à constater que le manque d’estime, le manque de confiance, le manque d’amour sont en dessous de notre addiction et nous amènent à constater plus tard des états anxieux ou dépressifs, des TDA’s, et chez certains même des pathologies encore plus profondes… On sait que le rapport au sex est très perturbé chez les personnes souffrant de schizophrénie p.ex. …
Le chemin est donc long ! Il faut surtout se préparer à la confrontation avec soi-même. Le travail avec un psychiatre ou psychothérapeute est indispensable. Dans mon cas c’est aussi (et peut-être surtout) la méditation en pleine conscience qui m’a aidé d’avancer, surtout car elle a constitué le premier outil pour contrer et maîtriser mes pulsions. Justement le (sex-)dépendant ne contrôle plus rien, il est dirigé par la dépendance ! La perte de contrôle est une des expressions précises de chaque dépendance. La méditation est donc un bon outil pour arrêter enfin le mouvement infernal dans lequel nous tombons avec la dépendance, pour nous poser et enfin pouvoir commencer à intervenir, à réagir, donc enfin pouvoir concrétiser petit à petit les décisions que nous avons prises depuis longtemps.
Bon courage à tous !
Jan
bonjour,
je te remercie Fabrice pour ta réponse.
les mots " schémas à déconstruire " résonnent dans le début de travail que mon mari commence, pour lui, avant tout.
car quoi qu'il arrive pour notre couple ( car je ne garantie pas pouvoir rester avec lui et ses souffrances destructrices ) il est papa, et ne pourra etre " heureux / apaisé " que s'il se fait aider sur tout cela, pour lui, pour l Avenir, avec ou sans moi.
je comprend le besoin d appartenance.
Mais qu'apporte la pornographie comme élément, ersatz, qui peut, un temps, combler ce besoin ?
Se livrer à d autres personnes , pouvoir simplement dire : mon moi intérieur a des " besoins / fantasmes " ?
Dans le cas de mon mari, je pense qu'il " draguait " sur ces sites, se rassurant sur son éventuel " pouvoir de séduction" , alors que dans la réalité, il se sentait " vieillir " , physiquement et sexuellement.
Il disait souvent après nos rapports :" ah la la, je vieillis, je ne tiens plus la longueur..Dire qu'à 20 ans je faisais l amour toute la nuit...ah la la, qu'est ce tu fous avec un vieux chnok comme moi ..."
il se comparait aussi beaucoup avec les autres hommes de son age : " regarde comment il a pris du bide intel. Je n'ai pas pris autant moi , hein ? hein que non ? ça va encore hein ??? "
combler un besoin de séduire, combler le besoin " narcissique " qu'on a tous un peu en soi ?
merci à tous et pensées positives
Si je peux me permettre de mettre mon grain de sel...
Sur le besoin d'appartenance.
Je ne pense pas qu'il faille le voir directement en relation avec d'autres personnes, avec un groupe constitué.
Il s'agit du sentiment INDIVIDUEL d'appartenance, tel que la personne qui a énormément de mal à tisser des relations avec les autres justement essaye de le concevoir. Ce n'est pas "je fais partie d'un groupe libertin, de chat, d'un site où on partage du sexe ou de l'affection". Ce serait en fait un trait de caractère qui ne concerne pas les dépendants, qui ont une déficience ou une carence de ce côté-là. Et la dépendance est justement une tentative de répondre à ces difficulités, de les occulter, de les cacher... L'appartenance, c'est plutôt l'image de soi telle que le dépendant la projette en s'imaginant capable d'être en relation avec autrui, que de réels actes posés qui tissent ce réseau social problématique. Une image déformée, ainsi. Un peu comme un ado qui se met à fumer du cannabis se représente comme "faisant partie du clan des fumeurs"... Image rebelle, aventureuse, glorifiée, d'une communauté joyeuse et mouvante... Celui qui va en devenir accro continue de rechercher cette image qui n'est pas la réalité du groupe de fumeurs en fait, il ne s'en désintéresse pas en se rendant compte qu'il l'a idéalisée, il continue d'y croire. Jusqu'à l'isolement où le mène sa dépendance, le même isolement qui fait que l'on peut avoir du mal à comprendre en quoi le dépendant sexuel peut essayer de combler un quelconque besoin d'appartenance...
C'est une généralité qui vaut ce qu'elle vaut, qui ne diagnostique personne mais qui peut-ête propose un sens différent pour certains ou certaines.
Coucou Clarisse,
En ce qui me concerne il n'y a pas de besoin d'appartenance. Il n'y a pas de volonté d'avoir des amis ou de faire partie d'une communauté. Il n'y a pas de forme de fidélisation sur les chat , et je pense pas non plus pour les escortes , même si sur ce point c'est quelque chose que je n'ai jamais fait, donc je ne peux te parler en toute connaissance de cause sur ce point. Mais ce que je sais en tout cas, dans mon cas, c'est que l'addiction se traduit par une sorte de "collectionnisme". Lorsqu'elle se déclenche, en général je consommais des femmes virtuelles comme on se grille un joint ou qu'on boit. Il n'y a pas de fidélisation, mais en revanche il m'est arrivé de garder contact avec la même femme sur un ou deux ans, pas par fidélité à elle ou parce qu'elle avait quelque chose de plus que ma moitié, mais par facilité. Ca m'évitait de chercher et de perdre du temps pour réaliser mon addiction, et j'avais très peu de temps. Donc ça me permettait d'avoir facilement ce que je cherchais sur le moment, il n'y avait pas d'attache, pas de sentiments et donc pas non plus de raisons de souffrir derrière pour moi, donc c'était purement égoïste et je ne réfléchissais aux conséquences qu'ensuite avec sentiment de honte de culpabilité très souvent ressenti dans le cas de ce type d'addiction.
Un peu comme Tiago c'est une addiction qui se déclenche (déclenchait), à cause de fortes pressions due à mon rythme de vie je dormais presque pas, mangeais presque pas, je devais réussir ma vie pro , être auprès de celle que j'aime, je voulais trop en faire et tout à dérailler avec des effets terribles aussi sur l'estime de soi puisque je voyais que je gérais pas tout. C'est un moment ou donc l'addiction était en somme le seul moyen que j'avais de relâcher la pression sauf que derrière je me sentais mal de le faire, de ne pas trouver d'autres moyens ... Je te laisse imaginer l'enfer.
Dans mon cas il n'y a pas de volonté de contrôle, de pouvoir ou ce genre de choses envers les femmes. Je dirais que c'est plutôt un collectionnisme, avec une part fantasmée de virtuel qui finalement me renvoie une image du réel décevante de façon générale. Je pense qu'il y a une volonté aussi de passer par ce biais, pour ne créer aucun attachement et de fait aucune souffrance. Je me retrouve aussi dans ce que dit Fabrice lorsqu'il dit que le jugement de mes proches ont été déterminants dans le développement de cette addiction, sauf ma moitié qui est en fait la seule à avoir jamais voulu m'aider et qui m'a compris.
Le chemin est encore long, il sera dur mais je reste plein de volonté et surtout de combativité pour me sortir de ce chemin que j'aurais préféré éviter.
merci Djey,
d après ce que j ai pu " apercevoir " mon mari collectionne des images de femmes.
Pas porno. plutot Sensuel, limite érotique .
Genre en maillot de bain ou tenue sexy,
et toujours avec le même thème : des seins +++ et naturels ( ou sinon, de la belle chirurgie, pas des ballons genre l arrondi du silicone bien marqué ). elles sont aussi bien brunes que blondes, alors que toutes ses ex, et moi, ne sommes pas brunes.
il m a expliqué une fois son addiction par le fait d avoir toujours aimé les " belles choses ", que ce soit au niveau des voitures ou des femmes.
et il a rajouté un truc qui m a sidéré : " je ne comprend pas que ça te fasse du mal, tu devrais être flattée plutôt " .
un soir, j ai craqué et ai pu lui dire ma vision tellement diminuée de moi, comparée à ces images de femmes sur son ordi. Avec mes 50 balais, mes cicatrices, mon 90 C ( rien comparé à ses images )
Il n avait visiblement pas pensé que cela me rabaisserait. Il semblait sincère dans son " ça devrait te flatter, puisque je suis avec toi ". Il était dans son monde.
" Pas d attache, pas de sentiments, et donc pas de raison d en souffrir par la suite " :
mon mari en a parlé devant moi à la sexo. A été tellement abandonné, déçu , manipulé dans sa vie. A l impression qu'on se fout de lui, alors s'est " enrobé le coeur d'une couche très dure " , comme moyen de défense.
Il y a aussi la notion de Mort dans la bascule dans son addiction. M'a vu mourante, il y a qq années deja de ça, mais a redit à la sexo qu'il ne s'en était jamais remis, que c'était comme hier.
les mois qui ont suivi, il ne pouvait pas me faire l Amour. Libido à zéro. Nada. Plus aucune érection.
Ensuite, il y a eu pour lui la peur de mes sérologies, suite aux transfusions reçues. Il ne voulait qu'avec capote.
ça a duré 6 mois comme ça sans libido pour lui.
mais c'était revenu petit à petit, avec mes massages sans rien attendre de plus, des calins.
puis à nouveau la Mort d' un proche, brutale, 3 ans après. Et là, il a basculé dans l addiction et l égocentrisme+++
peut etre en fait, il me voit toujours comme ça, comme ce soir là, agonisante dans une marre de sang ?Qu'il ne voit en moi que celle qui peut re mourir brutalement, n importe quand, que c'est pour ça qu'il m a ...fui, inconsciemment ?
l addiction lui donnerait " un avenir / des projets " : " je vois que je plais à des nanas sur les tchats, alors si je me retrouve veuf un de ces jours, j arriverais à refaire ma vie " ...?
merci à vous en tout cas.
un peu par ci, un peu par là...petits morceaux de puzzles...
sera t on libérés du problème lorsqu'on aura tout reconstitué/fini ? ou du moins une compréhension et des idées pour ne pas tomber ...j espère.
Bonjour Clarisse,
A partir de 45 ans, l'homme vieillissant produit moins de testostérone : c'est l'andropause. Il y a des conséquences physiques et psychiques : dépression, risque addictif, etc.
(10-10-2016 17:39)clarisse a écrit : [ -> ]il m a expliqué une fois son addiction par le fait d avoir toujours aimé les " belles choses ", que ce soit au niveau des voitures ou des femmes.
Quelle réponse atroce !
Je n'imaginais pas que de telles choses pouvaient se dire.
Mes pensées amicales pour toi.
C est vrai que ça fait très calendrier pirrely ses addictions, lol.
Il ne doit pas être le seul à faire ces 2 associations, à en voir le salon de l auto et ses bolides entourés de mannequins limites niveau érotique...