16-03-2016, 11:54
Suite à ma présentation, je poste ici ce qui marque le début de mon sevrage. Il s'agit de ce que j'ai pu écrire sans intention initiale de le partager sur un forum. Mais finalement, me voilà, le partage est essentiel.
Au plaisir de vous lire
Au plaisir de vous lire
Citation : Moi qui suis dépendant à la masturbation et à la consommation d’images suggestives, érotiques, pornographiques, depuis plus de 10 ans… Moi qui ai tenté à maintes reprises de m’en sortir, par le prisme de différents regards sur mon problème… Mais qui n’ai jamais été en mesure de me sevrer durant plus de deux semaines.
Je veux croire qu’aujourd’hui quelque chose a profondément changé. Tourmenté par cette dépendance une fois de plus, je me suis emparé du jeu du tao et j’ai commencé à parcourir les cartes avec comme quête « vivre plus sainement », puisqu’il faut, dit-on, s’entourer d’affirmation positives et non négatives. Ce jeu a déclenché des réactions émotionnelles, de même peut être qu’un reportage vidéo sur les « cam girls » visionné plus tôt dans la journée. Ce reportage, bien que portant un regard positif et « déstigmatisant », visant à réduire le tabou, la gêne ou le flou qui entoure ces pratiques, m’a malgré tout fait prendre conscience de la vérité crue et brutale qui se trouvait derrière l’écran. Je ne saurais encore poser les mots sur ce que cela a déclenché, ces deux éléments sans doute combinés. Mais c’est comme si au fond de moi, mon parlement intérieur avait décidé que ces pratiques de consommation excessives de l’érotisme, du pornographique, des webcams en ligne, ne faisaient plus partie de ma vie.
Cela s’est produit durant le weekend du 5 et 6 mars 2016. J’écris aujourd’hui le 15 mars. Durant ces dix jours, je me suis masturbé à 3 reprises, alors que ma situation de dépendance habituelle m’imposait 2 à 5 masturbations quotidiennes, plus proche du 5 pour être honnête. Différents facteurs aisément repérables me portent à la rechute : l’anxiété, la solitude, l’érection matinale en sont les principaux. Le fait d’être en couple depuis quelques mois m’est d’une grande importance sur le plan affectif, bien que je ne la voie pas souvent. Je suis suivi par un psychiatre depuis quelques semaines pour mes troubles anxieux.
Je sens des changements à un niveau nerveux, hormonal. L’autre jour, des crises de larmes. Une forme de dépression. Puis j’ai chuté hier, à force de traîner sur des profils facebook. De l’un à l’autre, à la recherche de celles qui, finalement, pourraient signifier de par ses photos publics l’interdit que je briserai dans mes fantasmes. Toujours ce comportement de « chasseur », comme à travers les sites pornos, sur facebook c’est le même combat.
Mais quel mal-être après cette rechute ! Autant j’avais pu, par deux fois durant ces dix jours, m’autoriser une masturbation sans image virtuelle, plus « saine », pour m’aider à dormir et éviter l’insomnie ; autant cette dernière masturbation m’a plongé dans une détresse profonde. C’était juste avant un rendez-vous important, donc bien sûr lié à la fragilité anxieuse. Mais l’orgasme m’a rendu bien plus anxieux, je me sentais faible, comme malade, nauséeux, sale, vaseux… Maux de têtes, maux de ventre, maux d’âme.
C’était hier, j'ai trébuché et non chuté ; et depuis 10 jours je semble néanmoins maintenir cette conviction que l’univers du porno et des webcams appartient au passé. Un élément très important est qu’après ce jeu du tao, j’ai immédiatement eu la force de supprimer non seulement tous mes comptes membre sur internet, mais aussi de vider totalement la clé USB qui contenait de nombreux médias que je conservais, notamment des photos de mon ex, mais des choses tellement honteuses encore, des vidéos volées, du voyeurisme.. C'est une chose que je ne m'imaginais pas être capable de faire. Trop d'attachement, trop de choses cristallisées dans le contenu de cette clé. Même durant le jeu du tao, je me suis posé la question : est-ce que j'en serais capable, tout mettre à la corbeille ? La réponse était négative. Et puis le « jeu» a ouvert la porte à M. courage.
Je me sens encore sale de ce que j’ai fait et de ce qui est toujours présent en moi. Je serais tellement incapable d’en parler à ma petite amie. Et je traîne cette mauvaise énergie, cette lassitude de tout. Je ne veux rien faire, et pourtant mon cerveau tourne dans tous les sens sans productivité aucune. Seul le jeu, à condition qu’il soit passif et vite gratifiant, me procure du plaisir ; gratification que procurait également le visionnage d’images ou de vidéos à caractère érotique ou porno. Il y a une quête de la récompense rapide, facile, illimitée, réconfortante. La notion de réconfort est comme centrale dans ma vie. Parfois, je réalise que beaucoup de mes activités tournent autour d’un besoin de « réconfort ». Ce mot, sans que je puisse le rendre tout à fait intelligible, résonne clairement dans tout mon corps comme un appel à une nécessité. J’ai besoin de réconfort. Réconfort par la chaleur, sous la douche ou près du radiateur, réconfort par le sourire et les remerciements lorsque je rends service ; réconfort par la nourriture, par la musique, réconfort par le porno et le voyeurisme. Ce besoin de réconfort, puisqu’il existe, c’est bien qu’il répond à un sentiment d’agression, ou de rejet, de menace… Je suis un anxieux social, c’est dit, c’est connu ; mais d’où me vient cette anxiété ? Le psychiatre à qui j’ai refusé toute camisole chimique me « prescrit » une forme de relaxation utilisable dans la vie quotidienne. J’ai le sentiment que cela ne suffira pas.
Des images obsédantes, explicites, s’emparent de moi pendant la journée ; comme si ce flux d’énergie que je contiens par le sevrage en « coupant le robinet » de la masturbation tentait de s’échapper par d’autres sorties. Le regard, aussi, un peu trop baladeur. Une solitude pesante, mais une peur de sortir. S’il y a une nuit obscure de l’âme de l’addict en tentative de sevrage, je crois bien être en train de m’y engouffrer.