Dépendance sexuelle

Version complète : Libre ?
Vous consultez actuellement la version basse qualité d'un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Pages : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Je me souviens encore très bien de la claque que je me suis prise il y a 1 an. Je n’avais jamais cherché avant sur internet ‘Dépendance sexuelle’. Je suis tombé sur le site, j’ai lu, je me suis vu, je me suis reconnu dans tous les témoignages. Ce fut un choc, je n’étais plus seul. C’était il y a un an exactement. 
Nostalgie: voici mon premier post
http://www.dependance-sexuelle.com/sujet-une-histoire-comme-tant-d-autres-ici



J’ai mis du temps, j’ai chuté (très bas parfois), mais je n’avais qu’un seul objectif ‘le sevrage, rien que le sevrage’. Il n’y a pas d’autres voies !

2 fils pour suivre ce sevrage

Puisqu’il faut se lancer; 15 jours pour commencer
http://www.dependance-sexuelle.com/sujet...-commencer

Métamorphose
http://www.dependance-sexuelle.com/sujet-metamorphose


A travers ce site, je me suis reconnecté à la réalité. Vos posts, vos soutiens, vos commentaires, tout cela m’a permis petit à petit de tracer mon chemin. De prendre conscience de mes schémas de pensée, et progresser dans la sortie de la dépendance.  J’y suis allé pas à pas. Il y eut aussi la méditation, et encore une fois, la méditation m’a permis de prendre soin de moi (de me reconnecter à mon corps, à mon esprit, de reprendre le contrôle), puis de m’ouvrir au monde extérieur (aux sensations, aux autres, à mes proches). 



Il est temps pour moi de fermer les posts sur les sevrages et d’en ouvrir un nouveau sur ma nouvelle vie hors de la dépendance, hors du sexe. Je suis confiant et à travers ce post, ce changement de catégorie (sevrage réussi), c’est ma nouvelle vie que je veux continuer à écrire ici. La dépendance n’est plus, mais beaucoup d’automatismes, de modes de pensée, de réactions sont encore affectés par ces années de dépendance. 



Donc plus totalement aliéné, mais pas encore totalement libre…


Fabrice (l'ancien !)
Bienvenue dans ta nouvelle vie.
Un peu triste ce soir de voir des amis du forum dans l'incompréhension. Et d'un autre coté, cela nous ramène à notre nature humaine faite de passions, de colères, de tensions... Avant d'être des dépendants, nous sommes des êtres humains.
Que la nuit nous porte conseil. 
Un exemple du changement et de la façon d'aborder différemment mon environnement.

J'ai souvent parlé de l'addiction comme une aliénation avec une vision totalement déformée de mon passé. Je me rappelle d'une séance chez mon psy où je lui ai fait une peinture de ma vie vue à travers le prisme de la dépendance. Je vivais dans la dépendance, et je ne pouvais voir ma vie qu'à travers la dépendance. Tout n'était que sexe. Mes souvenirs de mon enfance, de mon adolescence, uniquement des souvenirs sexuels, des trous impressionnant de mémoires. J'avais de vraies oeillières.

Il y a peu de temps je me suis mis à écrire sur mon enfance, mon adolescence. Les souvenirs reviennent, la dépendance est très présente, mais il n'y a pas que la dépendance. Je suis en train de me ré-approprier ce passé, il y a le passé peu reluisant, mais il y a aussi des moments heureux, des moments de bonheur. Je n'ai pas toujours été que dans la dépendance. Aujourd'hui, je prends conscience de ces différentes phases de ma vie. 

C'est difficile à expliquer ici, mais j'avais fait une telle place à la dépendance que je pensais qu'il était impossible de vivre sans. Aujourd'hui, hors de cette dépendance, je redécouvre des phases de ma vie où la dépendance était moins présente, peut-être les mêmes phases que je vois simplement sous un autre regard. Voir le monde tel qu'il est et non tel qu'on pense qu'il est...
Salut Fabrice


ca fait du bien de lire ce post, on sent comme un homme nouveau, ou peut etre est ce juste le fabrice qui était caché par la couche de poussière de la dépendance qui se révèle ici.

C'est bien de pouvoir voir que l'on peut à defaut de s'en sortir définitivement, faire de grands progès, avancer, se redécouvrir et oublier peu à peu la dépendance.

Asmyr
Mon ami Fabrice!
 
j'aime te lire,… j'ai presque failli écrire "t'écouter"…  Tu es tellement présent dans ce que tu écris !
 
(…) je vois et je saisis l’enfant que tu as été. Tout abandon de dépendance passe, je pense, par la réconciliation avec celui que nous avons été avant. En tous cas pour moi cela a été le cas pour l’arrêt tabagique. Ça peut aussi marcher pour la dépendance sexuelle, mais je suis loin du compte ! Car il est parfois difficile de savoir qui on a été avant, si on ne comprend même pas à quel moment exact tout cela a vraiment commencé.
 
Tu m’as aussi obligé à regarder en arrière et à observer un élément extrêmement douloureux de la découverte de ma sexualité… si important que je n’ai pas le courage de le mentionner ici. Soudain tout se remet en question… et l’on se demande si l’on tient encore debout sur ses deux pieds, ou alors sur les mains, la tête… ou juste une oreille…

Je t’admire d’avoir réussi ce chemin là, ta force, et de trouver les motivations, le but et l’amour nécessaire pour poursuivre dans ta voie juste ! J’ai toujours dit que « un jour, les évidences s’imposent »… Avec ce que tu es, une issue sensible et heureuse à ton problème était une évidence, car tout en toi tend vers « le bien » !
 
Merci pour cette infinie générosité, intelligence sensible, cette amitié, bienveillance, fraternité… qui émanent de toi ! Et qui m’encourage d’aller chaque jour un peu plus loin ! Il m’arrive soudain des choses surprenantes, mais positives tout à coup… je pense que tu y es pour beaucoup de chose,…
 
… comme Burrhus, Fr-Ed, Livingston, Tontondavid, JackieChoun et Blabla

Je suis fier de faire partie de votre communauté !
Même si tout ne tourne pas (encore) rond, grâce à vous je n’ai pas honte d’être celui que je suis!

Continue juste d'être celui qui tu es et de partager un peu de ça ici...
 
Jan
QUESTION !
 
Fabrice !
 
Je regarde de plus en plus ta trajectoire, ton évolution… Je ne sais pas si ce carnet est l’endroit de te demander cela… si tu préfères, réponds-moi en privé… ou pas du tout, si c’est trop intime…
 
Mais je voudrais savoir si tu arrives rétrospectivement à fixer un moment de « changement de ton direction », un moment à partir duquel tu as senti que tu partais vers la « libération de ta dépendance » ? Un « carrefour », … sans que tu t’en rendes forcement compte à ce moment-là… Peut-être est-ce lié à un évènement précis, une impulsion précise… Ou est-ce le fait d’accumuler plusieurs choses, des rechutes, qui ont fini par forger une conscience et aussi une force ? Y avait-il une parole, le mot d’un membre ici, qui a déclenché le virage décisif ?
 
Tu pratiques aussi beaucoup la méditation. Est-elle aussi déterminante dans cette « prise de virage » ?
 
Même si cela devient un peu psychologique, mais je me demande aussi si le fait d’être bi, en couple hétéro et père, n’influence pas également la prise de conscience sur un besoin de sortir de la dépendance… une façon de  se « responsabiliser » et de devenir « adulte » face à ce « moule de la normalité » dans lequel se pose notre existence officielle, et par rapport auquel le décalage avec les pratiques de dépendants sont de plus en plus douloureux ?
 
Quelque part la vie nous pose à un moment donné face à nos responsabilités, nous voyons donc avec quelle force elle nous appelle à « devenir grand ». J’ai l’impression que le fait d’être en couple hétéro et père y joue. En tant que homo il me semble ne pas posséder ces repères, ou « piliers familiaux », qui me ramènent à ce besoin de me comporter en adulte…
 
Je ne sais pas si je suis clair dans ce que je dis… Mais je crois que tes réponses aideront à mieux se regarder pour avancer avec ton expérience.
 
Jan
Mais je voudrais savoir si tu arrives rétrospectivement à fixer un moment de « changement de ton direction », un moment à partir duquel tu as senti que tu partais vers la « libération de ta dépendance » ? Un « carrefour »,





The question !



Je pense que ce sont plus des petits éléments qui se sont mis bout à bout, des petits briques qui progressivement donne une nouvelle forme à la maison, d’où le fait que je ne cesse de dire ‘Pas à Pas’.



Je vais peut-être le faire chronologiquement, mais pas par ordre d’importance, ensuite je les prioriserais peut-être.



(1) La souffrance liée à mon addiction, la conscience que c’est une voie sans issu. Je sais que cela ne mène à rien, que je m’enfonce (toujours allé plus loin), mais je n’arrive pas à en sortir (j’essaie des sevrages, je me dis que je peux avoir une double vie, je cherche un équilibre : avoir des amants réguliers, utiliser des sex-toys… 



(2) Ma paternité qui me plonge encore plus bas dans la dépendance. Rétrospectivement je n’assume pas. Les 2 première année de mon ainé furent très durs… Je ne l’ai jamais avoué, mais la première chose que j’ai faite en sortant de la maternité (plus de 36 heures…) a été d’aller au sauna…



(3) La syphilis que je choppe une 2ème fois. Après une discussion avec mon médecin, je me lance dans une thérapie (je gère en pensant que je vais trouver un équilibre dans le sexe). Pendant 3 ans, j’ai l’impression de ronronner. Je continue à y aller, au début je reste à la surface (je travaille sur les symptômes), puis je creuse



(4) Mon rapprochement de mon ex-compagne, nos échanges sur nos dépendances (je lui écris une lettre où je lui avoue ma situation, ma dépendance, que je n’arrive pas à en sortir). Son écoute, sa bienveillance (Merci à elle). Une belle amitié qui vient de naître (finalement nous étions fait l’un pour l’autre, mais sous une autre forme de relation)



(5) La découverte du site, la lecture des posts. Je ne suis pas seul dans cette situation. D’autres galèrent, s’en sortent…



(6) Le regard de mon fils qui a failli me surprendre en pleine masturbation avec un gode… Il m’ouvre d’un coup sur le monde de mon enfance



(7) La méditation (merci à mon amie, merci à Alessandro): pour une fois je prends soin de moi, de mon corps, de mon esprit. Etre en contact avec mon corps, mes émotions. Ne plus me laisser entraîner par la dépendance, c’est un peu une reprise de contrôle sur soi-même. C’est beaucoup plus, mais déjà cela est important. 



(5 à 7) ont lieu en à peine quelques semaines. Ce fut surement ma petite révolution, du moins le début du changement d’orbite… Je commence à ne plus tourner autour de la dépendance, je veux vivre sans (pas encore hors).



(8) Le sevrage (le sans le sexe) qui me met face à mes souffrances, à mes douleurs enfouies. Pour une fois, je lutte, je me dis que je dois me donner les moyens d’en sortir. Je pense à moi (aux autres bien sûr), mais c’est moi que je veux sauver avant tout.  La plongée en apnée dans la souffrance (cet enfant qui me hante, qui a besoin de réconfort). Les chutes, les doutes, les rechutes, les périodes de calme…  



(9) La confiance qui renait sur le forum en aidant les autres, en me sentant utile. J’avais (j’ai) l’impression d’exister, de servir à quelquechose. Je ne suis pas rien. Les personnes m’aident, je les aide. Je me sens à ma place parmi cette communauté.



(10) L’ouverture aux autres, l’écoute. Le forum fut pour moi un véritable laboratoire de cette expérience. On peut rompre l’isolement, s’ouvrir aux autres. Ne plus être seul. Plus que cette ouverture, c’est le sentiment d’échange réciproque (cela rejoint surement le point précédent). Ce ne sont pas de simples posts qui sont échangés, c’est bien plus. Je suis en confiance ici (lien avec 9!). Ce travail sur le forum alimente ma vie de tous les jours, la relation à ma compagne, à mes enfants, à mes amis, à mes collègues…



(10) La dernier courage, oser dire au revoir à la dépendance. Symboliquement, ce sera allé à Paris et ne pas chuter. Demander aux deux personnes qui me sont les plus chères, ma compagne et mon ex-compagne de me ‘surveiller’. Comme un enfant à qui on tient la main une dernière fois avant de lui dire, vas y tu peux le faire tout seul. A ce niveau, le rôle joué par Fr-Ed qui m’a permis de gagner en confiance et de me faire comprendre que je pouvais vivre sans.



Voilà, cela fait liste à la Prévert…



Fabrice
Bravo Fabrice,

 comme tu le dis si bien, nous ne sommes pas que des dépendants. Il y a d'autres choses dans notre vie où la dépendance n'a pas de prise. Il faut s'attacher à ces moments-là!

Bonne journée 

Alessandro
 
Merci Fabrice de ces réponses d’une générosité et d’une honnêteté qui te caractérisent !
 
C’est sûr, procéder par la comparaison n’est pas forcément un procédé complet, mais je regarde et lis à répétition tes réponses et j’essaie de transposer les schémas de tes réponses sur ma propre dépendance. Comme tu le dis, nous avons beaucoup de choses en commun… j’aurais aussi pu partir dans un sauna après la naissance de mon fils…
 
Nous sommes ici pour partager nos parcours que nous présentons avec le plus de sincérité possible. Les contradictions montrent où nous sommes hommes. C’est pour cela que ton parcours m’importe, tu as avancé avec les obstacles qui étaient en place chez toi et tu as réussi à sortir de ce schéma. Tu as avancé surtout avec le respect envers toi-même, une belle leçon...!
 
C’est ta façon de te mettre « entièrement nu » qui m’impressionne et pour laquelle j’ai un respect sans limite ! Ton parcours me motive ! Il met du soleil dans ma vie !
 
Jan
Pages : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
URLs de référence