Dépendance sexuelle

Version complète : histoire en mode "roman"
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Bonjour,

voici mon histoire :

Ca fait un peu plus de 2 ans que j'ai rencontré mon cher et tendre sur un site de rencontre banal. Ni lui, ni moi, nous nous serions douté qu'une histoire d'amour allait naître de cette manière. Moi j'ai 25 ans, avec un passé d'histoires douloureuses en amour, toutes parsemées par des coups d'un soir écrasants mon égo en-dessous de zéro. Lui, 26 ans et aucune rencontre dans la vie réelle avec un égo encore moins existant que le mien.

Mais la vie est belle, on apprend à se connaître, on est heureux. Dans l'intimité c'est pas trop ça. Je mets ça sur le compte de son inexpérience et de la dévalorisation de mon estime. Je sais qu'il va sur du porno mais je me dis que maintenant tout le monde le fait... ça ne me chiffonne pas plus que ça...

Puis un jour, il me parle d'une amie a lui, que je n'ai pas encore rencontrée mais avec qui il a dormi dans le même pendant que j'étais en vacances dans ma famille. J'ai confiance en lui, je le crois (et je le crois toujours à l'heure actuelle puisqu'il a été sincère). Il continu à me parler d'elle parce qu'elle a une maladie et qu'elle ne va pas bien blablabla... Je trouve ça bizarre et je vais sur son compte fb et je vois des échanges graveleux entre eux. Une énorme dispute et des explications plus tard, on tourne la page, tout redevient génial et son amie a disparu de notre vie (comme quoi...).

Depuis ce moment, j'ai toujours eu envie de vérifier sur son ordinateur mais je n'ai jamais tenté. 1 an et demi plus tard, je fais un bel acte manqué, celui qui aura surement permis de crever l'abcès. Oui car en 2 ans, pratiquement aucun acte intime n'a été consommé. Mon acte manqué : chercher dans l'historique un site où j'étais allé mais dont je ne me souvenais plus du nom... Et j'ai trouvé plus, bien plus que ce que je pouvais imaginer.

Du porno, oui je m'en doutais, du hard, un peu moins, de l'extreme, pas trop, des shemales, là je ne savais plus comment je m'appelais... Des personnes toutes plus "belles" les unes que les autres, même les bizarres... Au début, je me suis senti dévalorisé, à vrai dire je suis loin d'être un canon et je ne fais plus d'effort sur mon physique car plus le temps. Puis je me suis senti salie, trompé et un profond dégout dût à la quantité astronomique enregistrée dans l'historique. En même temps, il est au chômage et moi je travaille tout le temps avec des horaires vraiment pourries, ça laisse le champ libre. 

Bon, gros moment d'hésitation avant de lui hurler dessus, il n'est pas à la maison, je ne le verrai que demain soir en rentrant du boulot, je vais avoir le temps de passer à autre chose. MOUHAHAHAHA C'EST FAUX !!!! Je n'ai pensé qu'à ça toute la journée avec mes yeux encore gonflés de larmes... C'est le moment de rentrer à la maison... On est sur le canapé, on parle de nos journées, puis de sa soirée de la veille avec ses copains et bam je balance le premier pique... Il ne comprend rien et là je ne me retiens plus... D'un ton calme mais très froid, je lui raconte ma soirée avec mes découvertes... J'ai envie de l'étriper tellement qu'il me fait souffrir... Je lève la tête, et en fait j'ai vu sur son visage que sa souffrance était encore plus profonde que la mienne. Il a pleuré, c'est la première fois que je le vois comme ça. La honte et la culpabilité se mêlaient au choc de la situation. Pour une fois, je n'ai pas regardé mon nombril, je n'avais jamais vu quelqu'un que j'aime tant souffrir autant. Par désarrois il m'a demandé de ne pas le quitter sans même que j'en fasse allusion. Jamais de la vie à ce moment-là j'aurai pu le quitter, j'aime trop ce qu'on vit à côté !

Bref, je me calme, je cherche des mots tant bien que mal pour lui expliquer que ce n'est pas LUI qui me dégoute mais son addiction. Voilà, le mot est posé. On parle vite d'addiction. Drôle de soirée, l'ambiance est lourde : il veut mourir, même s'il ne le dit pas, je le vois dans ses yeux et son attitude. Moi je veux juste hurler pour me décharger...

Les jours se suivent, il est encore sous le choc mais on en discute un peu mais ça s'arrête vite, le malaise est trop grand. Puis il me demande de mettre le contrôle parental, pour l'instant on fonctionne comme ça. Je retourne de temps en temps sur son historique, il cherche toujours des vidéos érotisantes d'actrices pornos que le contrôle parental ne bloque pas. Il fini par m'en parler, je lui dis qu'il vaut mieux ça que du porno... Mais entre nous, il n'y a plus rien côté intimité.

Ce qui m'amène à aujourd'hui : ce qui s'est passé nous a profondément bouleversé, on a grandi un peu trop vite. Je ne sais pas comment faire, il se bat avec ça qui le ramène à sa propre condition... Il se trouve minable dans la vie de tous les jours... Moi, je n'ai toujours pas réussi à aimer mon corps et vaincre le regard de la société. Heureusement, je l'aime tel qu'il est, ce qu'il devient de jour en jour et c'est réciproque. Je ne veux pas que nous gâchions l'amour que l'on a l'un pour l'autre tout ça parce que l'on stagne avec son addiction et mon complexe. Je dois même dire qu'il a dépasser beaucoup plus de choses que moi en peu de temps et je suis admirative. 

J'ai pensé qu'en m'apprêtant un peu plus, en faisant plus attention à moi physiquement mais surtout mentalement, je pourrais commencer à lui faire la cour, comme 2 jeunes amoureux. Je me dis que peut-être ça l'aidera aussi de manière plus subtile que la seule confrontation au sujet. Mais je n'arrive pas à passer le cap. L'angoisse de la rechute me hante.

En fait, j'ai besoin d'échanger avec quelqu'un qui ne va pas me trouver la société comme coupable ou me dire qu'un homme reste un homme. J'en ai parlé qu'une fois à une amie et j'ai regretté. Il a fait la même chose de son côté mais c'est un échec. C'est pour ça que je suis ici, sous couvert d'anonymat au milieu de personnes qui savent bien de quoi on parle. On se sent bien seul dans ce genre de situation. Peut-être qu'un jour nous arriverons à trouver un psy qui pourra nous aider mais aujourd'hui c'est juste un besoin d'être compris qui nous... pardon, ME rassurera.

Voilà pour mon petit roman. Je n'attends pas forcément de réponse mais je me dis qu'il y aura surement quelqu'un qui lira et se sentira moins seul comme moi avec les autres témoignages.

Merci de m'avoir permis de m'exprimer dans votre espace.

Ekeiloh

Rebonsoir Scully,

Merci pour ces explications et surtout , merci de t'être reprise en disant "me" à la place de "nous". Ce n'est pas un moment facile que tu vis, ne l'oublie pas, même si lui aussi est en galère. Et tu as bien raison! ce n'est pas la société qui rend addict au porno, au contraire d'ailleurs, la pression de la société empêche, selon moi, pas mal de femmes d'y tomber, et pas mal d'hommes de passer à l'acte dans la vie réelle, même si le porno en lui même et parfois bien suffisant !

Bon courage dans ton rétablissement, parce que s'il doit se rétablir d'une dépendance, tu dois te rétablir d'un traumatisme. Bravo pour ta conscience des bons moments passés à côté de ça, bravo pour ton combat et ton inscription ici. Tu n'es pas (plus) seule, c'est vrai que ceux qui ne connaissent pas cette situation sont parfois à côté de la plaque, certains d'entre nous ont même fait l'expérience avec des psy ou des médecins, c'est dire comme on n'est pas compris. Mais maintenant on est là, n'hésite pas à venir poser ici ce qui te passe par la tête, par le coeur, par la fenêtre...
Scully,

Merci pour ton long message de présentation. Ton histoire est touchante.

Oui tu peux venir écrire ici sans te sentir jugée. Cet espace est fait pour cela !

Ton homme a semble-t-il pris conscience de son problème d'addiction, c'est le premier pas indispensable à toute démarche de guérison. Cette phase n'est pas forcément immédiate et peut prendre un peu de temps. Souvent la prise de conscience est graduelle, notamment parce que cette prise de conscience est assez violente pour tout dépendant. Mais à moyen et long terme, cela ne suffira pas. Il est souvent nécessaire d'effectuer une thérapie, autrement dit de demander de l'aide extérieure. Car la dépendance se caractérise par une perte de la volonté. Cela signifie qu'il s'agit de mécanismes inconscients qui sont souvent bien plus forts que notre propre conscience. Demander de l'aide extérieure est donc souvent indispensable.

Courage à toi et viens écrire ici aussi souvent que tu en ressentiras le besoin...
Bonjour et merci pour vos réponses,

J'ai parlé de mon inscription sur ce site hier à mon conjoint. Il s'est d'ailleurs inscrit et son pseudo est Mulder (pas très original quand on connait la série mais je trouve ça rigolo). Voilà, donc on est 2 ici, à vouloir s'en sortir avec chacun notre histoire.

Pour la thérapie, je ne sais pas trop comment on doit s'y prendre, chacun de notre côté, ensemble ? Parce que j'ai moi-même un problème avec la sexualité et ça joue aussi au sevrage de Mulder. Je me pose même la question si pendant son sevrage nous devons continuer à tenter à avoir des relations ou non... Si c'est encore un échec, comment faire ? Je supporte de moins en moins qu'on n'y arrive pas... C'est triste mais s'en est venu à ce que ma libido soit au point mort et je n'ai plus envie de faire d'effort depuis bien longtemps... C'est devenu trop lourd.

C'est dur d'en parler avec lui car ce n'est pas lui ni moi le problème, je parle en tant que personnes qui s'aiment. Le problème c'est une partie de nous, chacun son histoire qui sont devenues une seule et même histoire commune. J'ai bien conscience que le fond du problème nous appartient à chacun, c'est ce qui est le plus compliqué à gérer, nous n'avons pas les mêmes attentes ni les mêmes solutions pour nous aider. Du coup, thérapie ensemble ou non ? Là est la question...
Bonjour Scully

Quel beau récit que tu viens de faire là... Je ne sais pas si ton compagnon a lui-même écrit quelques lignes, mais je vais tout de suite après lire ce qu'il a pu poster.

On sent tant d'amour et de compassion dans tes messages. Quelle chance il a de t'avoir. Et tu as raison de venir ici où le regard qui sera porté sur votre situation sera bien différent de ce que la société peut renvoyer.
Je n'ai pas le temps de développer une pensée, mais je dirais que vous avez déjà bien avancé tous les deux... Bien souvent, le dépendant nie son état, tente de rentrer dans le droit chemin, échoue, le cache a son conjoint, qui découvre tout, et l'amour en prend un sacré coup...

Dans votre cas, vous semblez avancer de concert et tout semble aujourd'hui transparent. C'est très bien. Et qu'est ce que tu as bien fait de mettre les pieds dans le plat. Souvent, le dépendant rejette son état et développe une vraie capacité à être "un autre" devant l'être aimé. Mais cette carapace se craquelle et explose très vite lorsqu'il est démasqué, et là, il se transforme en ce que tu as vu... Un être perdu, qui souffre, et ne saura pas s'en sortir seul.

Sois à ses côtés, aime-le, soutiens le, mais sois intransigeante sur son comportement... Mais par dessus tout, soutiens-le... Pour ce qui est de la thérapie, je pense qu'il serait mieux que vous y alliez à deux... Mais je suis loin d'être un spécialiste sur le sujet.

Bon courage :-)

Ekeiloh

Concernant les thérapies, je t'ai répondu sur ton autre sujet. Concernant son inscription, c'est vraiment génial !

La seule petite question que je me pose, c'est si vous arriverez à tout dire sur le forum, sachant que l'autre peut lire. Par exemple, mon compagnon vient parfois sur le forum, mais nous avons décidé ensemble que c'était mieux qu'il ne lise pas ce qui nous concerne. Il y a des détails par exemple des rechutes qu'on a pas envie d'envoyer à l'autre en pleine gueule, on a envie de le protéger, de se protéger aussi. En avez-vous parlé?
Merci dexter, ton message me touche Smile

Ekeiloh : Oui, je t'ai répondu sur l'autre sujet concernant les thérapies. Au début je ne voulais pas lui dire que je m'étais inscrite ici, je voulais avoir mon petit jardin secret. Mais en relisant ce que j'avais marqué ici, je me suis rendu compte que j'ai été beaucoup plus éloquente qu'en lui parlant en face. Alors je lui ai dit d'aller voir s'il le souhaitait. Ce qu'il a fait et s'est même inscrit. J'ai pensé qu'effectivement ça pouvait être un frein d'être tous les 2 ici mais je me dis que si on joue le jeu, on pourrait certainement mieux se comprendre. Dans la vie réelle, nos paroles dépassent nos pensées, il y a trop d'émotions et on a du mal à se faire comprendre. Ici, on peut poser les choses et ensuite, on digère, on prend du recule et enfin on en parle en face à face... Enfin, c'est comme ça que je vois les choses. Mulder, c'est quoi pour toi ? Smile
Coucou!
alors, vous deux vous êtes vraiment trop mignons!
Oui et j'ai failli écrire que nous avions un couple scully et Mulder.... Pour rire ,et bien finalement non...
Y a t il un extraterrestre parmi nous ? on ne peut pas voir les personnes taper avec leur doigts sur les claviers... Dommage.
Dans tous les cas, c'est une nouveauté pour le site ! Et si cela vous permet d'avancer tant mieux.
Bonjour Scully,

Je suis content pour vous, c'est pas mal que vous puissiez en parler et accepter d'aborder et prendre en charge votre problème de couple.
Je ne suis ni psy ni sexo, mais je t'invite à faire attention à ne pas trop l'attirer dans ta démarche, il me semble important que chacun soit dans sa propre démarche concernant ses propres problèmes.
Il ne faudrait pas qu'une sorte d'intimité forcée vous amène à vous tirer dessus à bout portant.
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