15-05-2015, 15:18
J’ai hésité avant d’ouvrir ce nouveau post, mais il me semble que je suis entré dans une nouvelle phase de mon sevrage et de ma relation à ma dépendance. Ce message risque d’être long et personnel, mais il marque pour moi une étape.
J’ai hésité dans le choix du titre entre ‘Métamorphose’ et ‘résurrection’. Le dernier est trop religieux pour moi, même si il résonne avec une chanson d’Arcade Fire que j’adore ‘The well and the Lighthouse’ ou l’on passe de l’obscurité à la lumière. Mais je suis un biologiste, et la ‘métamorphose’ me semble aussi correspondre à ce qui se passe actuellement dans mon corps. Il y a la métamorphose de la chenille, et celle définie par Edgar Morin qui écrit ‘L’origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait bel et bien une nouvelle origine’. Pour aller vers la métamorphose, il est nécessaire de changer de voie (je cite toujours Edgar Morin).
Pourquoi cette métamorphose et cet engagement dans une nouvelle voie ?
Depuis très longtemps, je vis avec ma dépendance sexuelle. Je m’étais fait à vivre avec elle. Elle était rassurante, je n’avais pas à me poser de question. Quand la vie n’allait pas comme je voulais, j’avais juste à me lover dans ces bras, à me laisser aller. J’étais bien avec elle. Elle m'en demandais toujours plus, et je le lui donnais sans hésiter. Je devais régulièrement torde la réalité pour m’en sortir, mais cela valait le coup. Parfois, je me disais que ce n’était pas tout à fait normal cela, j’essayais quelques petits sevrages. Je n’appelais pas cela un sevrage, car je n’étais pas dépendant. Quel aveuglement. Aujourd’hui, je ne m’explique pas que cet aveuglement est duré plus de 30 ans. 30 ans a aller sur le minitel, puis le web, dans des sex-shops, dans des saunas, sur des lieux de dragues homosexuels. Peu de questionnements sur mon homosexualité refoulée. Je vivais dans le mensonge vis à vis de mes proches et surtout de moi-même, mensonge, ou refus de la réalité. Il y eut pourtant de courtes phases calmes, je me souviens d’être heureux, d’être moi-même. Cela a souvent correspondu à des périodes d'amours intenses (phase de cristallisation). Il y eut jeune une phase (vers 17 ans) où tout aurait pu basculer (un premier amour inavoué d’un garçon et jamais assumé). Il y eut des phases heureuses avec mes proches. Le passé est passé.
Depuis 8 ans, cette non-vie m’a éclaté en pleine figure. Qu’avais-je fait de ma vie ? Pour faire face à ce questionnement, je me suis enfoncé encore plus dans la dépendance, à la recherche de toujours plus de shoot. Toujours aller plus loin, et jamais satisfait, jamais assez. Mes pratiques devenaient dangereuses pour ma santé physique et mentale. J’ai attrapé de sales MST (2 fois la syphilis, je ne sais toujours pas si je suis vraiment sain encore aujourd’hui). Il y avait aussi le popper, des doses de plus en plus fortes, plus aucun plaisir sans. J’étais seul face à moi-même, personne à qui en parler. Il y avait des phases de déprime et des phases hyper active (j’étais très cyclothymique). Cette double vie (familiale/professionnelle et parallèle) devenait impossible à gérer. Je ne comprenais pas ma dépendance, j’étais aveugle.
Depuis 3 ans (après encore à un problème de santé), j’ai décidé d’aller consulter un psychiatre suite à une discussion avec mon docteur traitant. Je ne cherchais pas à sortir de ma dépendance, mais seulement à trouver un équilibre. Je pensais pouvoir trouver un équilibre entre ces deux vies. Séances après séances, j’avais l’impression de tourner en rond, de ne pas progresser, de toujours plus m’enfoncer dans la dépendance et des pratiques de plus en plus extrêmes. J’ai l’impression qu’il fallait que je teste l’hypothèse dépendance très loin pour m’assurer que c’était une voie sans issues.
Et un jour un déclic. J’ai parlé. Je me suis ouvert. Je me suis ouvert à vous sur ce forum. Je n’étais plus seul. Je pouvais parler avec d’autres. Je me suis ouvert à mon ex-compagne. Je pouvais échanger, parler de moi sans artifice, sans masque, sans peur. J’ai redécouvert ce que le mot ‘ami’ voulait dire, j’ai découvert le sens du mot ‘communauté’. J’ai redécouvert l’humanité.
Aujourd’hui, je n’explique pas ce déclic. Il y a eu cette scène avec mon fils. Je venais juste de poster mes premiers messages sur ce forum. Je ne cherche pas à comprendre. Dans la même période, j’ai lu le post d’Alessandro sur la pleine conscience, quelques jours après mon amie me conseillait de lire Christophe André (encore un coïncidence). Ce déclic, c’est le moment, où l’on change de voie, où l’on s’engage dans la métamorphose. Les premiers signes de la métamorphose ne sont pas visibles au commencement, on en prend conscience que bien plus tard.
J’ai presque l’impression d’être aujourd’hui un rescapé, d’avoir de la chance aussi c’est vrai, car j’ai le soutien de ma compagne, j’ai un boulot où je m’éclate (même si parfois il est très stressant), j’ai des enfants merveilleux. J’ai simplement envie de profiter des moments de bonheur, ne plus me focaliser sur mes problèmes (il y en a encore). La méditation me permet aujourd’hui de lâcher prise, élargir ma conscience à des sentiments/sensations heureuses, et de diluer un peu mes problèmes. Je pense que cette voie est aujourd’hui irréversible, il y avait un avant, il y aura un après. Une chrysalide n’est jamais redevenu une chenille, mais je ne sais pas quel type de papillon je serai. Mais je sais que je vais devenir un papillon. Par contre, je n’en connais pas encore la couleur...
Pour conclure ce long message, il y a peu de temps quelqu’un a cité sur le forum des paroles d’une chanson de Bob Dylan (How many roads must a man walk down, Before you call him a man ?), finalement, le plus important est le refrain (The answer my friend is blowin' in the wind).
Je suis conscient qu’il me reste du chemin (how many roads…), et surement différentes routes. Mais je ne suis plus dans un cul de sac. Je marche, je ressens le vent sur mon visage. Je suis présent et vivant.
Une dernière musique, elle m’a guidée il y a une 15aine d’années. J’adore ce groupe (qui n’existe plus, le chanteur est parti). Il s’agit ‘The apemen, the bride and the butterfly’ de ‘Jack the Ripper’. Je ne saisi pas tout, mais elle raisonne bien avec ce que je viens d’écrire.
Merci de m’avoir lu et soutenu dans ces 3 derniers mois, je voulais à travers ce message vous apporter un message d’espoir. Je ne suis pas guéri, je reste vigilant.
J’ai hésité dans le choix du titre entre ‘Métamorphose’ et ‘résurrection’. Le dernier est trop religieux pour moi, même si il résonne avec une chanson d’Arcade Fire que j’adore ‘The well and the Lighthouse’ ou l’on passe de l’obscurité à la lumière. Mais je suis un biologiste, et la ‘métamorphose’ me semble aussi correspondre à ce qui se passe actuellement dans mon corps. Il y a la métamorphose de la chenille, et celle définie par Edgar Morin qui écrit ‘L’origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait bel et bien une nouvelle origine’. Pour aller vers la métamorphose, il est nécessaire de changer de voie (je cite toujours Edgar Morin).
Pourquoi cette métamorphose et cet engagement dans une nouvelle voie ?
Depuis très longtemps, je vis avec ma dépendance sexuelle. Je m’étais fait à vivre avec elle. Elle était rassurante, je n’avais pas à me poser de question. Quand la vie n’allait pas comme je voulais, j’avais juste à me lover dans ces bras, à me laisser aller. J’étais bien avec elle. Elle m'en demandais toujours plus, et je le lui donnais sans hésiter. Je devais régulièrement torde la réalité pour m’en sortir, mais cela valait le coup. Parfois, je me disais que ce n’était pas tout à fait normal cela, j’essayais quelques petits sevrages. Je n’appelais pas cela un sevrage, car je n’étais pas dépendant. Quel aveuglement. Aujourd’hui, je ne m’explique pas que cet aveuglement est duré plus de 30 ans. 30 ans a aller sur le minitel, puis le web, dans des sex-shops, dans des saunas, sur des lieux de dragues homosexuels. Peu de questionnements sur mon homosexualité refoulée. Je vivais dans le mensonge vis à vis de mes proches et surtout de moi-même, mensonge, ou refus de la réalité. Il y eut pourtant de courtes phases calmes, je me souviens d’être heureux, d’être moi-même. Cela a souvent correspondu à des périodes d'amours intenses (phase de cristallisation). Il y eut jeune une phase (vers 17 ans) où tout aurait pu basculer (un premier amour inavoué d’un garçon et jamais assumé). Il y eut des phases heureuses avec mes proches. Le passé est passé.
Depuis 8 ans, cette non-vie m’a éclaté en pleine figure. Qu’avais-je fait de ma vie ? Pour faire face à ce questionnement, je me suis enfoncé encore plus dans la dépendance, à la recherche de toujours plus de shoot. Toujours aller plus loin, et jamais satisfait, jamais assez. Mes pratiques devenaient dangereuses pour ma santé physique et mentale. J’ai attrapé de sales MST (2 fois la syphilis, je ne sais toujours pas si je suis vraiment sain encore aujourd’hui). Il y avait aussi le popper, des doses de plus en plus fortes, plus aucun plaisir sans. J’étais seul face à moi-même, personne à qui en parler. Il y avait des phases de déprime et des phases hyper active (j’étais très cyclothymique). Cette double vie (familiale/professionnelle et parallèle) devenait impossible à gérer. Je ne comprenais pas ma dépendance, j’étais aveugle.
Depuis 3 ans (après encore à un problème de santé), j’ai décidé d’aller consulter un psychiatre suite à une discussion avec mon docteur traitant. Je ne cherchais pas à sortir de ma dépendance, mais seulement à trouver un équilibre. Je pensais pouvoir trouver un équilibre entre ces deux vies. Séances après séances, j’avais l’impression de tourner en rond, de ne pas progresser, de toujours plus m’enfoncer dans la dépendance et des pratiques de plus en plus extrêmes. J’ai l’impression qu’il fallait que je teste l’hypothèse dépendance très loin pour m’assurer que c’était une voie sans issues.
Et un jour un déclic. J’ai parlé. Je me suis ouvert. Je me suis ouvert à vous sur ce forum. Je n’étais plus seul. Je pouvais parler avec d’autres. Je me suis ouvert à mon ex-compagne. Je pouvais échanger, parler de moi sans artifice, sans masque, sans peur. J’ai redécouvert ce que le mot ‘ami’ voulait dire, j’ai découvert le sens du mot ‘communauté’. J’ai redécouvert l’humanité.
Aujourd’hui, je n’explique pas ce déclic. Il y a eu cette scène avec mon fils. Je venais juste de poster mes premiers messages sur ce forum. Je ne cherche pas à comprendre. Dans la même période, j’ai lu le post d’Alessandro sur la pleine conscience, quelques jours après mon amie me conseillait de lire Christophe André (encore un coïncidence). Ce déclic, c’est le moment, où l’on change de voie, où l’on s’engage dans la métamorphose. Les premiers signes de la métamorphose ne sont pas visibles au commencement, on en prend conscience que bien plus tard.
J’ai presque l’impression d’être aujourd’hui un rescapé, d’avoir de la chance aussi c’est vrai, car j’ai le soutien de ma compagne, j’ai un boulot où je m’éclate (même si parfois il est très stressant), j’ai des enfants merveilleux. J’ai simplement envie de profiter des moments de bonheur, ne plus me focaliser sur mes problèmes (il y en a encore). La méditation me permet aujourd’hui de lâcher prise, élargir ma conscience à des sentiments/sensations heureuses, et de diluer un peu mes problèmes. Je pense que cette voie est aujourd’hui irréversible, il y avait un avant, il y aura un après. Une chrysalide n’est jamais redevenu une chenille, mais je ne sais pas quel type de papillon je serai. Mais je sais que je vais devenir un papillon. Par contre, je n’en connais pas encore la couleur...
Pour conclure ce long message, il y a peu de temps quelqu’un a cité sur le forum des paroles d’une chanson de Bob Dylan (How many roads must a man walk down, Before you call him a man ?), finalement, le plus important est le refrain (The answer my friend is blowin' in the wind).
Je suis conscient qu’il me reste du chemin (how many roads…), et surement différentes routes. Mais je ne suis plus dans un cul de sac. Je marche, je ressens le vent sur mon visage. Je suis présent et vivant.
Une dernière musique, elle m’a guidée il y a une 15aine d’années. J’adore ce groupe (qui n’existe plus, le chanteur est parti). Il s’agit ‘The apemen, the bride and the butterfly’ de ‘Jack the Ripper’. Je ne saisi pas tout, mais elle raisonne bien avec ce que je viens d’écrire.
Merci de m’avoir lu et soutenu dans ces 3 derniers mois, je voulais à travers ce message vous apporter un message d’espoir. Je ne suis pas guéri, je reste vigilant.