Dépendance sexuelle

Version complète : Mes conseils pour avancer et se sortir de l'addiction.
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Bonjour à tous,

ça fait qlqs temps que je ne m'étais pas connecté au site et je dois dire je suis content de voir qu'il continue d'être toujours aussi animé, qu'il continue de recevoir de nouveaux membres, c'est un signe qui indique que l'addiction au porno est un sujet dont prennent conscience de plus en plus de personnes et c'est vraiment une bonne chose, dans une société où le sexe et sa consommation sont complètement banalisés.

Ca fait quelques semaines que je vais bien et c'est important de venir le rappeler ici pour que cet espace ne soit pas juste synonyme de tentatives échouées de sevrage. Donc voilà ça fait plusieurs semaines que je suis sobre et même si je suis loin de m'en être sorti, j'ai pris conscience de certaines choses qui m'aident à avancer et que j'aimerais partager avec vous ici.

1er conseil : élargissez le débat et le champ d'analyse de votre vie.
Pendant longtemps je me suis limité à penser que mon pb d'addiction se limitait aux sites pornos que je consultais, aux dirty tchats dans les salons de discussion et aux masturbations compulsives que je me prodiguais. Alors oui tout cela est problématique mais ce ne sont que des symptômes pas l'origine du problème et tant que vous ne traiterez que les symptômes et pas les racines du mal, l'addiction reviendra encore et toujours.

Alors oui effectivement, c'est bien de se mettre un contrôle parental, effacer ses videos X etc... Mais faire que ça ne fera pas partir l'addiction et reconnaissez le tous on est tous passés par cette phase infernale de : mise en place d'un filtre, sobriété plus ou moins fragile retrouvée, puis retour de tension, angoisse, suppression du filtre parental, rechute, retour sur les sites porno, remords, remise en place du filtre et ainsi de suite.

Le forum ici même regorge de ce type de témoignages, cycle infernal par dizaines, si vraiment ça marchait ça se saurait.

J’ai commencé à comprendre et à mieux gérer mon addiction le jour est j’ai commencé à élargir le spectre de mon analyse. Pendant longtemps quand j’essayais de comprendre mon addiction je me focalisais sur moi, mon PC et mon sexe. J’analysais dans tous les sens je ne trouvais pas d’élément qui me mette sur la voie de la sobriété.
Puis j’ai commencé à "dézoomer" et faire un plan large sur ma vie, mon parcours, mon histoire, ma famille etc… Et c’est là que les choses ont commencé à se débloquer. On est tous le produit d’une histoire, nos frustrations ont souvent une origine qui nous dépasse, une origine extérieure de prime à bord mais qui nous affecte directement.
Dans mon cas j’ai réalisé que je portais bcp de choses, des choses qui ne m’appartenaient pas mais que l’on m’a confié et qui ont nourri bien des frustrations en moi.
Bref au début je pensais que je n’étais qu’un petit frustré sexuel, mais en élargissant le champ de mon analyse j’ai pris conscience de beaucoup de choses. Bien que le travail soit loin d’être fini dans mon cas, aujourd’hui je pense faire plus la part des choses, et je tente de me donner une direction dans ma vie, chose que je n’aurai pu faire il y’a encore quelques mois ou année.
Donc ne vous limitez pas juste dans votre analyse au porno uniquement mais prenez de la hauteur, analysez votre environnement, votre entourage amical et familial, votre travail, votre dernière relation amoureuse etc.

2 : Faites-vous aider

L’autre point qui m’a fait avancer c’est le fait de m’être sorti de ma grotte pour aller vers des structures, des personnes susceptibles de m’aider dans ma démarche.

Là aussi l’un des travers de ceux qui luttent contre cette addiction est de croire que seuls ils s’en sortiront, malheureusement les stats ne semblent pas leur donner raison.

Je me suis rendu compte que seul c’est vraiment bcp trop difficile et que porter le fardeau seul était trop lourd. Au début je suis allé voir un psy que j’avais trouvé sur internet. Après quelques séances n’aimant pas son approche et son insistance sur certains aspects indiscrets je l’ai laissé tomber. J’en ai essayé un 2ème qui était pas mal mais avec qui je n’avançais pas vraiment.

Puis je suis allé aux réunions DASA (wwww.dasafrance.fr), j’ai pu y côtoyer des co-dépendants avec qui j’ai sympathisés et qui sont devenus amis pour certains. En parler en réunion, à ces nouveaux amis m’a beaucoup aidé. Puis certain m’ont donné une « bonne adresse de psy » qui m’a été d’une grande aide etc… Bref au bout de plusieurs mois, puis année, je voyais quand même que j’avais bcp avancé, plus que si je m’étais entêté à essayer de m’en sortir seul.

Encore aujourd’hui j’ai de longues conversations avec ces amis rencontrés à DASA, qui m’aident à comprendre, à me sentir moins seul, moins angoissé et à qui aussi je peux apporter mon aide et mon soutien en retour, de vrais cercles vertueux s’établissent et les progrès sont plus qu’avérés. En fait c’est le seul cadre qui me permet d’aborder ce sujet (hormis ce forum) dans la vraie vie et ça fait un bien fou. Je sais que même avec mes meilleurs amis je ne pourrais pas aborder la question car le sujet de l’addiction est encore mal perçu et appréhendé.
En un mot : sortez de votre caverne et essayer de vous faire aider par une structure, un spécialiste, une DASA proche de chez vous etc… Ne restez pas seuls face à votre addiction.

3 : Sortir de sa zone de confort, profiter de la vie, élargir ses horizons, se trouver un projet de vie.

L’addiction installe des mauvaises habitudes dont il est difficile de se sortir. Le cerveau aime ce qu’il connait et rechigne à tenter toute nouvelle expériences même positives à priori. Il faut vraiment casser sa routine et se rappeler que la vie commence avant tout hors de l’écran de son ordinateur.

Récemment je discutais avec une amie infirmière, service cancérologie avec son lot de personnes foudroyées par la maladie ou en phase avancée. Elle m’expliquait que les patients qui s’en sortaient le mieux étaient ceux qui avaient un projet de vie qu’ils se construisaient en vue de leur sortie de l’hopital, combien même la maladie pouvait être sévère.

Ce « projet de vie » est quelque chose qui m’a bcp parlé, car je me suis rendu compte que pendant des années je ne me suis pas fixé de but, je n’ai jamais eu de projet, de choses que je voulais accomplir. Avoir un objectif permet d’articuler sa vie, son temps libre autour et d’avancer. Moi en l’absence de toute forme de direction à donner à ma vie que ce soit à court ou à moyen long terme m’a bcp pénalisé. Aujourd’hui je m’essaye à diverse chose, j’ai des projets que je commence à doucement dessiner, je me projette, je réfléchis, j’essaye d’explorer les voies qui pourraient me permettre d’être plus épanoui, explorer le champ de mes possibles, de mes passions potentielles etc… Rien n’est encore fait mais au moins j’essaye d’aller dans la bonne direction et vraiment c’est important de prendre ce temps là pour réfléchir, s’essayer à des choses.

Rester sur place ne mène à rien. Avancer même d’un pas chaque jour c’est ce que j’essaye de faire, ça peut être tout simplement ranger mon appartement, écrire un post sur ce forum, aller au sport, réfléchir à un projet de voyage etc… J’essaye vraiment de ne pas faire du surplace.

Je ne pense pas qu’on puisse en faire l’économie, il faut avoir un sens, une direction à se donner dans la vie. Comme Christophe Colomb, on peut viser les Indes et arriver aux Amériques mais au final il y’a toujours quelque chose à découvrir au bout et c’est ça le plus important.

Ma petite conclusion du moment :

Je suis loin d’être sorti d’affaire, je dirais même qu’aujourd’hui je porte encore les stigmates d’épisodes difficiles que j’ai connus il y’a quelques mois, la douleur et l’amertume sont encore très présentes, mais encore une fois j’essaye d’avancer même si c’est difficile et même si le rappel de ces souvenirs douloureux est vivace. Mais qu’importe il faut tenter de ne plus refaire les même erreurs…. Et Avancer.

Voilà ce sont de modestes conseils, je ne prétends rien en les écrivant tout juste j’espère qu’ils pourront aider certains dans leur démarche.

Asmyr.
Ah !!! ça fait du bien de te lire et de lire tout cela, je perçois dans ton témoignage une puissante force de sagesse.
Je ne peux que te dire de venir plus souvent.
Bonjour Asmyr,

Merci pour ce long message plein d'espoir, de courage et de sagesse !

Ce que tu dis sur le projet de vie trouve aussi une résonance en moi, et je sais que certaines périodes d'addiction sont liées à des moments où je suis dans de fortes incertitudes ou confronté à des décisions importantes pour ma vie (professionnelle comme personnelle).
@Burrhus
Ton sevrage avance bien ! Puansie 108 jours c'est proche de mon max ! Lache pas et surtout continue à explorer toutes les voies possibles en vue de ton rétablissement.

@NostrumFellow
Et oui il faut remplir sa vie avec qlq chose d'autre que la compulsion et le porno, c'est pas évident, ça demande un réel travail mais ça en vaut la peine.

Merci à vous d'être là les gars !

Asmyr.
Merci beaucoup pour tes conseils!

Ekeiloh

Merci Asmyr pour ces directions que tu proposes. C'est impressionnant comme je sais que tu as raison tout en ressentant les résistances que ça éveille en moi, comme notamment le dézoomage... Je sais que je suis la somme de tout ce qui m'a construit, et pourtant je résiste encore à cette analyse en me disant que ce n'est pas de blâmer ma famille ou mes agresseurs qui me fera sortir de cet enfer... 
Il faut que j'apprenne à analyser, sans blâmer et juger. Je sais comment agir ainsi quand il s'agit des autres, pourquoi ai-je tant de mal à l'accepter quand il s'agit de mon histoire?

Merci de partager avec nous tes avancées dans le rétablissement, au plaisir de te lire à nouveau
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