Dépendance sexuelle

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J+4, je suis assez confiant, aucune tension aujourd'hui. Je suis rentré faire une pause chez moi ce midi. Besoin de calme pour méditer. Je n'arrive pas à expliquer mais la méditation me fait du bien. Je suis fatigué par le travail, mais c'est une bonne fatigue.
J+5, une journée de stress. Un stress diffus, mais toujours présent. Il est a peu près retombé ce soir.
Je ne sais pas très bien où j'en suis. J'ai mon après-midi de demain avec les enfants, c'est une chance, mais cela m'angoisse aussi un peu. Je dois conserver une hygiène de vie (méditation et sport), mais avec le travail, la famille et les autres activités, cela devient difficile de tout mener de front.
Allez, demain est un autre jour !
(29-03-2015 22:05)Fabrice a écrit : [ -> ]Je suis assez pessimiste sur mon avenir sans porno.

Faut-il comprendre "pessimiste sur ma situation actuelle observée de près durant l'arrêt du porno"?
@Corto: simplement j'ai des hauts et des bas et parfois la montagne me semble infranchissable et donc... Mais je commence à entrevoir les avantages de la vie sans... Et je crois que je n'ai plus d'autre solution que de grimper la montagne. Je n'ai plus envie de continuer comme avant.

Je ne serai jamais assez reconnaissant à ce site de m'avoir ouvert les yeux et permis de me lancer dans un sevrage. Je suis maintenant convaincu que malgré les rechutes, on ne revient jamais au même point. Mon mois de sevrage m'a ouvert l'esprit. Alors que j'avais l'impression de tourner en rond dans ma psychothérapie, je ressens aujourd'hui des avancées, des déblocages. Je ne vois pas encore les liens avec l'addiction, mais tout bouge. Je découvre que la peur et la tristesse que j'ai en moi, viennent de très loin. Il m'a fallu du temps pour l'identifier, me dire que ce que je ressens aujourd'hui ne peut être expliquer par le présent. Pour moi c'est énorme. Cette rage, cette peur n'est pas dû à ma compagne, à mes enfants. Ils n'y sont pour rien dans l'histoire, tout simplement cela fait écho à un passé douloureux pour moi. La rage est encore là, mais elle n'est plus retourné contre eux. Je commence à la canaliser.

En vous lisant, en discutant avec vous, je prends espoir. Il fallait faire le pas du sevrage, se sentir en manque, lutter, écouter son corps et surtout le respecter. Le sevrage s'est réapprendre à respecter son corps, et à travers son corps son soi, son âme. Depuis un mois, je suis calme, je suis présent auprès de mes proches, de mes amis. Il y a des hauts, il y a des bas, mais plus que tout il y a l'espoir. J'avais peur qu'avec la rechute tout soit cassé (comme le jouet d'un enfant), mais non, c'était juste une étape (un léger handicap).

C'est un message d'espoir.
10 jours, et oups je viens de repasser les dizaines. C'est toujours cela de pris.
Comme toujours les Week-end sont difficiles, hier soir je me suis retrouvé assez mal avec ma compagne. Après le ciné, nous avons fait un resto. Je voulais parler de mon sevrage, de mes progressions avec mon psy, et blocage. Je suis devenu un mur et après les banalités sur la pluie et le beau temps ce fut le grand silence. J'étais mal, je voulais rentrer à la maison, le service a duré des heures, une catastrophe. Ce matin, ce ne fut pas mieux, jusqu'à ce que je tombe en larme et que je parle un peu... Difficile ce mutisme, parfois je m'en sors, parfois je m'enfonce.
Coté dépendance, tout est sous contrôle, et pas de grosses tentations. Il y a toujours le contrôle sur l'ordi. L'airbag au cas où, deux précautions valent mieux qu'une.
Aujourd'hui, le sevrage me permet de me ressourcer. Je suis d'accord avec beaucoup ici, on recharge les batteries avec le sevrage, de l'énergie vitale. Cette énergie, il y en a besoin pour affronter la vie.
L'autre point (surement en lien avec le premier) est que le sevrage permet de voir plus clair (du moins de ressentir) ce qui ne va pas en moi. Depuis un mois, j'ai découvert cette rage enfoui en moi, cette peur et cette tristesse. Cela fait beaucoup, ils sont en moi, parfois ils me submergent comme hier soir, et alors je ne peux plus rien faire. Parfois je comprends un peu mieux. J'y vois par exemple plus clair avec mes enfants, je suis plus proche et plus calme avec eux. Il y avait des émotions anciennes qui venaient (tiens j'ai utilisé le passé !) parasiter ma relation avec eux. Ce n'est pas gagné, mais j'arrive à faire la part entre ces émotions et une relation naturelle avec mes enfants. Je les autorise à faire un peu de bruit, à avoir leur chambre mal rangée, rien que des choses normales pour des enfants de 7/9 ans. Mais cela ne l'était pas avant. Je voulais qu'ils soient comme l'enfant que j'étais: calme, absent, effacé, servile vis-à-vis de mes parents.
Il me faut maintenant comprendre d'où vient cette rage, cette peur, cette tristesse. Remonter le temps, remonter en enfance où pas mal de choses se sont joués. Comprendre ma relation avec mes parents (présents, mais si absents), comprendre le lien entre mon addiction et celle de mon père (je suppose... c'est à travers lui que j'ai découvert la pornographie, consommateur de revue et de films X). Est ce que je lui en veux ? Je leur en veux surement plus de ne pas avoir été présents pour m'accompagner dans mon enfance et mon adolescence. Ils ont survenu à mes besoins matériels (alors qu'ils avaient peu), mais peu (pas) à mes besoins de tendresse. Je me suis construit pour leur plaire, je ne me suis pas construit pour être moi, je n'ai jamais eu une période de rébellions vis-à-vis de mes parents. Je suis un enfant modèle. Aujourd'hui encore, je fais tout pour plaire aux autres, quitte à ne pas être moi. Je ne sais même pas qui je suis. Voilà où j'en suis. 
D'avoir pris conscient de tout cela est déjà une progression importante pour moi. Mais le chemin est encore long, il me faut continuer.
Joyeuses Pâques à tous
Fabrice
Merci pour ce post riche, Fabrice.

(05-04-2015 19:03)Fabrice a écrit : [ -> ]Je me suis construit pour leur plaire, je ne me suis pas construit pour être moi, je n'ai jamais eu une période de rébellions vis-à-vis de mes parents. Je suis un enfant modèle. Aujourd'hui encore, je fais tout pour plaire aux autres, quitte à ne pas être moi. Je ne sais même pas qui je suis. Voilà où j'en suis. 

On en revient toujours aux questions existentielles, c'est en cela que ce forum est formidable.
Mais Fabrice, qui échappe-t-il aux conditionnements? Qui n'a pas reproduit les comportements suite auxquels il recevait des renforcements positifs?
On peut toujours avoir des regrets, se rêver plus ceci ou cela, plus brillant. Mais même Mozart a subi l'influence de son père. Je veux dire par là qu'il n'y a pas à fantasmer sur une hypothétique identité forte, indépendante qui serait innée! Développer cette identité forte et indépendante, c'est le travail de la maturité, le passage réel à l'âge adulte il me semble. Et encore en tant qu'adulte, être influencé par l'avis des gens qui t'entourent (ce que tu appelles de manière un peu dure envers toi-même "vouloir plaire") est une manière légitime et très éprouvée d'orienter ton comportement!
Mais il y en a d'autres, certes. Par exemple l'imitation d'un modèle. Vouloir suivre une morale. Ou prendre la vie de manière plus légère, comme un jeu (comme dans cette phrase où la vie est une pièce de théâtre dont nous sommes tous les acteurs) ou un voyage, je pense que ça (me) manque (raison pour laquelle je réalise maintenant que j'ai choisi ce pseudo).
Et tout ça, ce qui influence le plus nos décisions, notre caractère, change avec le temps! Je suis certain que tu pourras retrouver dans certaines époques de ta vie ce qui t'a poussé à faire ceci ou cela. Et te rappeler de la sorte qui tu es.

Pour conclure urbi et orbi, ce qui s'est passé dans ton enfance, et plus tard, est passé, ta marge de manœuvre commence maintenant et continue demain, tu as plus de liberté que tu le penses.

Bonne continuation,

Courage,

Corto
Par rapport à la question de vouloir plaire, il y a deux attitudes.

Où tu luttes contre en basant ta vie sur un système de valeurs morales qui te domine et auquel tu obeis, indépendamment du jugement de l'autre, un chemin de vertue, courageux au service d'une noble cause, où la compromission, voire la corruption n'a pas sa place.

Où tu deviens artistes et tu donnes à ton désir de plaire toute sa légitimité, mais pour plaire en tant qu'artiste, il faut beaucoup de travail et de rigueur.
Les deux chemins sont très différents et ont aussi une souffrance différentes, mais c'est une souffrance féconde.
Par rapport aux questions existentielles dont parle Corto.... Une petite réflexion issue de mes lecture matinales et d'un peu de méditation :
Bouddha a déclaré un jour que le message fondamental de tous ses enseignements pouvait tenir en une seule phrase: 'Ne pas s'accrocher au je-moi-mien'. Ce matin, cela raisonnait étrangement avec ce que j'avais écris la veille. (c'est tiré de "méditer, 108 leçons de pleine conscience", déjà cité sur ce forum).

@corto:

Citation :Pour conclure urbi et orbi, ce qui s'est passé dans ton enfance, et plus tard, est passé, ta marge de manœuvre commence maintenant et continue demain, tu as plus de liberté que tu le penses.

pour l'enfance, je pense que je dois comprendre pour me libérer du poids qui m'empêche de voler. C'est un long débat avec ma compagne qui m'incite à aller de l'avant, sans trop m'accrocher au passé. Comme toujours c'est un équilibre. Il y a une part de moi qui peut avancer, profiter de la liberté que j'ai (et elle existe, tu as raison). Et une part de moi qui se traine un boulet. Je ne suis pas schizophrène, c'est donc le même moi...
Fabrice, je viens de lire ce même texte ce matin (page 16). Nous avons les mêmes lectures.
Une journée difficile et une fierté de l'avoir passé, d'avoir réussi à être moi, quit à déplaire à des personnes.
Burrhus, je continue toujours ton exercice, et je ne m'excuse plus à tout le temps. J'assume mes positions.
Je redécouvre les relations humaines, les discussions avec ma compagne (des vraies, pas de la pluie et du beau temps), avec mes enfants, avec mes amis. L'impression de redevenir plus humain et de retrouver les personnes qui comptent pour moi (et de leur faire comprendre qu'elles sont importantes).
Les problèmes ne sont pas tous résolus, je sens qu'à tout moment je peux retomber dans mes travers. Je reste vigilent (pas de confiance excessive).
Demain une séance chez le psy. J'aurai besoin d'un rythme plus régulier actuellement. 
Le soleil est de retour et l'optimisme avec.
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