Dépendance sexuelle

Version complète : Volonté et affectivité font un bon ménage
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J'ai déjà réussit un sevrage, celui de la cigarette il y a 15 ans. Je me suis arrêté deux fois, la deuxième fut plus difficile parce que ma femme fumait aussi.

Nous avons été aidé par un professionnel payé par la sécu qui faisait des conférences hebdomadaires à l'hôpital, pour un sevrage en trois mois. Il n'avait jamais fumé de sa vie, et son père était mort dans un incendie qu'il avait lui même provoqué en s'endormant dans son lit une cigarette allumée. La cigarette avait effectivement tué son père. Il était très motivé donc dans son aide pour nous sortir de ce qui nous tuait à petit feu....

Je vais vous parler d'une de ses approches. Une phrase m'a aidé et je m'en sert aujourd'hui dans mon sevrage anti-porno.
Il a dit, ce n'est pas la volonté qui ferra de vous un non fumeur, c'est l'affectivité.

Sa démonstration était la suivante.
     Je fume pour être un grand, je suis un grand.
     Je fume pour être libre, je suis libre.
     Je fume parce que fumer veut dire que je vois la vie côté aventure... Marlboro était représenté par un cow-boy, Camel par les mystères d'Egypte.
     Je fume pour être intégré. La cigarette c'est la convivialité, la pause dans le travail, et la détente (forcement quand nous sommes en manque nous sommes tendu).
Il a mis en avant les messages envoyer par la société pour nous conforter dans cette idée.

Arréter de fumer voullais dire : Je suis immature, pas libre, pantouflard, seul, antipathique... comment vouloir être cela. Impossible. Arrêter de fumer serrait ne plus avoir de personnalité.

Nous avons donc travaillé à divorcer avec ce moi dont nous étions très affectivement attaché, parce qu'il représentait l'idéal. Nous avons étudié, identifié, définit, et aimé le moi non fumeur, qui au départ nous semblait fade à mourir.

En ce qui concerne le sevrage sexuel (je parlerai plus du porno vu côté mec puisque c'est mon cas, mais je crois qu'il est adaptable à l'ensemble des dépendances sexuelles), je crois qu'un travail similaire peut-être fait. En tant qu'ancien acteur porno, je bénéficie déjà d'une certaine désillusion.

La volonté dans le sevrage, comme nous le savons sur ce forum est le starking-block, mais ne nous aide pas pour la course.
La dépendance au porno peut donc être approché par l'affectivité. Et il est vrai que l'image de moi-même dans la sexualité est le moteur de mon addiction.
Comment démasquer la tromperie qu'est cette fausse image idéal de moi ? Comment remplacer la magie de la drogue par un réel qui ne peut m'apparaitre que comme très terne aujourd'hui. ?
Comment me projeter dans une image meilleur de moi même, moi qui me suis amoureusement unis à cette image vicieuse de moi ?

La nuit baille ses ténèbres.
J'adore cette théorie ! C'est très intéressant.

Mais je crois pour être plus précis que ce divorce est possible par un mécanisme de volonté. D'auto suggestion, de découverte.
C'est l'affectivité qui nous fait sortir de nos problèmes ou qui les créé.

Celui qui a des problèmes avec son affectivité aura des problèmes avec sa sexualité en général il me semble.

Merci Burrhus :-)
Burrhus, je trouve ta théorie également intéressante.

Pour le tabac, la pub nous dit: nous sommes jeunes, mais le tabac fait vieillir prématurément
                                            nous sommes sains, mais le tabac rend malade
                                            nous sommes libres, mais le tabac rend dépendant
... bref,vive la prévention antitabac dans les écoles.

Pour ce qui est de la dépendance sexuelle, la volonté est une chose, mais surtout il faut changer le regard que l'on porte sur soi, se voir différent. Nous ne sommes pas nés dépendants, ce n'est pas dans notre nature. Nous nous sommes fait piégés, mais ce n'est qu'un passage, nous ne resterons pas des éternelles victimes. Un jour viendra oû nous serons libres et nous nous dirons: j'ai passé un cap difficile dans ma vie, c'était une expérioence douloureuse, mais la vie est ainsi faite. J'étais comme ça, mais je ne le suis plus, alors: merci la vie!
Pour y arriver, il faut faire un effort intellectuel, avoir des passions, se découvrir des talents (nous en avons tous!). Mais il faut un déclic, il faut y penser souvent et surtout y croire!.....à méditer!

                      
Merci de ce récit. Le thème est intéressant, car attaque le mal par nos conceptions sous-jacentes erronées, la volonté étant instruite non seulement par le refus brut nécessaie du comportement problématique, mais aussi vers la tentative de voir plus clair dans les motivations qui nous font aller vers l'objet de l'addiction.
Je vais tenter le parallèle avec la porno sur le modèle que proposais le conférencier, même si j'imagine bien que dans son approche, il doit conseiller à chacun de faire son introspection.

On consomme du porno parce qu'on pense en avoir besoin. Et que si on n'est pas plein de libido, on n'est pas vivant.
(en fait le monde du désir, de la consommation nous pousse en permanence à vouloir plus, au lieu de cultiver le contentement, et de chercher la source de vie en soi).

On consomme du porno parce qu'on pense que la beauté extérieure est la vraie beauté.
(en fait, la beauté extérieure pourrait le moyen de remonter vers la beauté des âmes, et enfin, vers le Beau en soi, selon Platon. Si on s'arrête aux beaux corps, on ne peut que manquer la beauté, plus satisfaisante, des belles âmes, et donc, on veut toujours plus).

Donc on pense qu'en cessant le porno
- on se priverait de la beauté des corps.
- Et qu'on serait alors amoindri dans sa libido, impuissant
- Et on serait en danger d'être comme mort

Mais tout cela est faux, car en fait :
- la vraie beauté, Platon et bien d'autre, ont dit qu'elle était différente, et plus pérenne, et plus stable et plus profonde que celle des corps, et plus nouvelle même que des corps à l'infini.
- le porno, chronophage et énergivore, empêche de construire sa vie, et de démontrer une réelle virilité, de capacité d'action dans le monde.
- on n'est pas assez éduqué à se tourner vers l'intérieur de soi, où se trouve en toute logique la source de la vie, le sentiment du danger de se sentir mort et coupé de la vie en renonçant au porno, peut, à en croire ceux qui ont fait le chemin, être surmontée à jamais par la rencontre de la source de vie, en soi.
Super messages les amis... Vous me redonnez ainsi des raisons de lutter... j'ai bien fait de vous lire.

C'est bien, ce forum quand même...

@ bientôt
Très bon point que le regard sur soi. Il détermine celui qu'on porte sur les autres et dans notre cas sur les personnes que l'on désire.
Il y aurait un ancien moi à déconstruire qui à travers des addictions, des comportements négatifs ont déformé notre perception de la réalité.
Avec le porno, des fantasmes sexuels savamment élaborés je fuyais une réalité que je m'étais rendu insupportable. Ou au mieux je la travestissais pour la rendre acceptable.
J'ai cherché à changer l'environnement, les personnes autour de moi et non à changer moi-même. Je me rends compte comment j'ai été l'acteur principal de ma misère sexuelle.
Je dois réapprendre à m'aimer si je veux pouvoir aimer en retour.

Bien à vous tous
Petit Dragon, les pornodépendants ont une très mauvaise estime d'eux-même. Il faut se reconstruire et surtout garder la foi en soi.
Salut Burrhus,

Une vieille question, à laquelle tu as probablement déjà la réponse:

«Comment démasquer la tromperie qu'est cette fausse image idéale de moi ? Comment remplacer la magie de la drogue par un réel qui ne peut m'apparaître que comme très terne aujourd'hui ?»

Ça passe par le sevrage, tout simplement. Au fil des mois passés sans pornographie, l'esprit «évacue» tranquillement les images absorbées durant la période de dépendance. Personnellement, j'ai fait une seule rechute en 3 mois et je constate une énorme différence dans mes pratiques sexuelles. Suis-je complètement pur ? Je ne crois pas. Je me demande, encore à ce jour, si mon comportement sous la couette serait différent avec quelques mois de sevrage de plus. Je n'aurai probablement pas ma réponse avant plusieurs années. Néanmoins, je crois qu'en parlant à ma partenaire, en étant à l'écoute de ses besoins, je peux m'en sortir pas mal et en apprendre beaucoup sur ce que j'aime, sur ce que je suis. Smile
Merci à tous sur l'attention que vous portez à cette réflexion.
Je continue, parce que je n'en ai pas fini.
La différence de la drogue du tabac et de la drogue du porno, c'est que le tabac nous donne une illusion de savoir être, qui est visible par tous, alors que le porno, nous donne une illusions aussi de savoir être, mais dans le secret, sans témoin, un savoir être non conviviale et malheureux.
Les deux nous attrapent par le mensonge de l'émancipation, du "je suis plus libre", "plus mature", "plus grand", les deux nous rejoignent dans notre difficulté à être nous même en société.

Le porno, c'est l'image. Je m'identifie aux acteurs, je suis un super héros, rien ne me résiste.

Voyons donc comment la société nous présente ses héros.

Le héros est célibataire, et masculin en général, mais cela à évolué. Avant, il y avait Astérix, Tintin, Lucky-luck, pour la BD. James Bond et autres sauveurs de l'humanité, pour le cinéma. Ces héros sont heureux respectueux de leur groupe identitaire. James Bond travaille pour sa majesté la reine d'Angleterre. Il a les droits de ses devoirs, celui d'avoir une vie sexuelle sans entrave, sa mère patrie est chocking de ses ébats, ... mais c'est Bond, ...James Bond.

Aujourd'hui, il y a Harry Potter, apprentis sorcier dans une cathédrale, Jack Sparow pirate pas très heureux en amour ayant accés aux secrets des mondes les plus sombres, les plus gluants, les plus tentaculaires. Ca c'est pour les enfants. L'image de ce qui est subversif, hors la loi, ou contre la religion, voilà le modèle, identité sur lequel ils peuvent et doivent se construire.

Puis ils y a les supers héros, je les affectionne particulièrement, ils ressemblent tellement à nous les dépendants.
La plupart sont devenus des héros parce qu'un traumatisme les a handicapés. Ils sont isolés mal dans leur peau, incapable d'affirmer une vie affective normale. Pauvre Spiderman et Superman qui voient leur belle et ne peuvent rien dire, rien faire, (bon après le succès commercial, un semblant de vie amoureuse au grand jour est permis, mais pas tout à fait l'idéal encore, spiederman qui devient infidèle tantôt, et même violent, il gifle Marie Jane au 3ème épisode). Hulk (pas fastoche la vie sexuelle et affective de Hulk, dès qu'il a une émotion, il devient énorme vert et monstrueux) et tout une panoplie de monstres sympathiques, nés d'anomalie de la nature, de la technique, de la génétique, ou de disputes extragalactiques deviennent nos modèles.

Petit arrêt sur Superman : rien que le nom déjà, ce n'est même pas un nom, mais une fonction, la fonction de modèle.
Notre Superman, arrive du ciel, comme le christ, (d'ailleurs, son pouvoir c'est le cristal), se fait adopter, comme le christ, sauve le monde ect..., mais garde son poing levé contre le ciel. Il est éternel et a un beau diamant sur son torse, symbole de l'argent de l'indestructibilité, de la dureté, et accessoirement du bijou cadeau d'amour. Un Grand S comme... serpent, rouge, comme son slip avec un paquet mettant les parties génitales bien en évidence. Un extraterrestre bien complexé au demeurant.

Ah oui Wolwerine !! la méchanceté d'une conspiration qui fait de lui un loup aux doigts couteaux d'aciers, et lui enlève toute mémoire de ses origines. Le Bal des "je suis mal dans ma peau", c'est bien les X-men qui le mène, tout cela enrobé de la pseudo valeur de la mutation irréversible de notre identité d'humain.  Et pensons aussi à Iron man, richissime orphelin, vendeur d'armes (au service de la paix bien sur...!!), qui à une pile électrique à la place du cœur.

Spiederman, victime du modernisme se fait piquer par une araignée génétiquement modifiée, une bête aux huit pattes poilus, rouge et noir comme le diable, et cela lui donne des supers pouvoirs qui l'empèche de vraiment s'émanciper, qui le chargent d'une mission tout à fait accablante et non comblante. Il n'est plus libre. Il quitte son amoureuse dans un cimetière, en disant : "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", (phrases que lui a dit son père adoptif, un autre père adoptif, car ils ont tous perdu leur père, Batman en premier). 
Spiederman laissera Marie Jane sans explication dans ce cimetère. Marie Jane a un amoureux qui l'aime mais ne peux rien lui donner, ne peux la combler. Même pas une explication, puisqu'il a un pouvoir secret qui l'isole de tout, d'elle d'abord, et du bonheur en général. Ce secret à plus de valeur que l'amour. Il en est dépendant au nom d'une valeur supérieur. ...quel misère !!

Zorro était masqué, mais il chevauchait l'animal et faisait corps avec la nature. Son père était homniprésent, et était son modèle, mais l'humilité et la prudence, pour l'obeissance à son père le faisait se masquer. Il est l'image du héros parfaitement émancipé, sa vie amoureuse est joyeuse, et il joue de son identité pour atteindre la promise.
Aujourd'hui, Zorro a laisser la place à Batman, héros masqué également. Une chauve souris, à défaut d'être un vampire, c'est l'animal de la nuit, qui dort pendu la tête en bas. Riche, comme Zorro, mais orphelin remplis de haine cherchant la vangeance. Son cheval est une voiture ou une moto, bolides d'aciers brillants et bruyants, et son peuple, un peuple citadin d'une ville futuriste où aucune nature n'a de place...
Oui nos héros ont bien changé, ils sont battit sur le postulat que nous sommes déjà détruits, que nous avons un traumatisme qui est le fondement de notre toute puissance, de notre originalité, ... et notre environnement naturel est la nuit.
Le prix à payer, comme nous les dépendants : L'isolement dans le sombre du sombre, et la vie amoureuse gachée.

La société d'aujourd'hui entretiens les dépendants sexuelles et affectifs, elle nous fait aimé cet état. Changer, c'est se marginaliser.
Il y a eu beaucoup d'évènements sur le site, ces derniers jours, alors mon dernier post est passé un peu inaperçu, comme je me suis beaucoup appliqué pour l'écrire, je le remet en début de liste.
@Charlot
Tu y trouveras si ce n'est des réponses, au moins un petit état des miennes.
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