Salut fredetsacam, pour moi c'est les 10 premiers jours après une rechute qui sont généralement les plus durs. Quand je rechutais beaucoup, je sentais que j'avais un pic de manque après 10 jours et après je commençais à y penser moins. Ce qui m'a aidé à commencer un sevrage long, c'est de me promettre de venir ici tous les lundis dire comment ça se passe quoiqu'il arrive. Je faisais ça sur le post "freedom week 2". Je m'étais aussi promis de venir dire quand les choses n'allaient pas. La plupart du temps c'est surtout le fait de parler des choses qui m'a aidé et les encouragements que j'ai reçus plutôt que les conseils que j'ai pu recevoir, bien que ça m'a aussi aidé, évidemment. Ce qui compte le plus c'est d'être honnête avec moi-même en parlant ici, mais c'est pas évident et c'est jamais gagné. Ce qui m'a aidé c'est aussi de ne jamais me laisser aller à des fantasmes dans les premiers jours. Les fantasmes commencent tous seuls, parfois toutes les 10 secondes, mais j'essayais d'en sortir le plus vite possible, en 1/4 de seconde, comme le dit fritzecat. A ce sujet tu peux aussi chercher le post de MILOU sur "le labyrinthe" dans sa page de sevrage. Je me disais que je ne voulais pas rechuter, je voulaisi éviter ça à tout prix, alors si je me laissais aller à un fantasme je ne ferai que de rendre les choses plus difficiles. Evidemment ça n'a pas toujours marché, rien n'est parfait. Mais c'est ce qui m'a aidé à m'améliorer. Sinon, je crois aussi au pouvoir du rituel. Développer des nouvelles habitudes qui sont associées à mon sevrage me permet de décider de me mettre dans un nouvel état d'esprit. J'ai remarqué que je ne peux pas me baser là dessus uniquement, mais ça aide un peu. J'ai par exemple un livre de "méditations" que j'ai acheté aux états unis, avec sur chaque page une réflexion pour un jour de l'année. C'est fait spécialement pour la dépendance sexuelle. J'essaye de lire la page du jour chaque matin et souvent j'y trouve de très bonnes idées. C'est aussi en rapport avec les 12 étapes des DASA. Faire un peu de sport régulièrement m'aidait aussi. Pendant un moment je voulais en faire toujours plus pour aller mieux mais je me suis rendu compte que chez moi ça n'est pas tellement la quantité qui compte mais le rituel, le fait de développer une nouvelle habitude et aussi de matérialiser mes efforts. Je n'ai pas remarqué de corrélation par rapport à mon alimentation, j'ai continué à manger comme avant, mais je crois que d'améliorer son hygiène de vie est une très bonne chose pour se mettre dans le bon état d'esprit aussi. Et sinon en terme de biologie chez moi, j'ai remarqué évidemment que j'avais plus de pulsions quand "mes réservoirs étaient pleins" . Il y a bien un effet biologique. J'ai l'impression que quand on se masturbe beaucoup on encourage la production de sperme pour qu'on puisse éjaculer au moins une fois par jour. Mais en sevrage le corps s'habitue et ralentit la production. Mais ça peut prendre un petit temps, quelques jours voire une semaine chez moi pendant laquelle je sens que le réservoir est plein et que les pulsions sont plus fortes. Mais finalement les choses s'ajustent et le corps métabolise le sperme et le réservoir se vide sans que j'ai besoin de me masturber. Au final je peux n'avoir aucune éjaculation pendant plus d'un mois sans que ça ne pose aucun problème. Tout se stabilise si je ne rechute pas. Mais après j'ai des moments difficiles émotionnellement, ou par rapport au stress et à mes problèmes de procrastination au boulot par exemple. Et là les fantasmes reviennent avec le stress et les émotions, et la production redémarre. Parfois c'est même douloureux, bien que pas absolument insupportable (mais j'ai toujours une petite voix dans ma tête qui me dit le contraire et qui me dit que je DOIS soulager cette douleur...). Mais ça finit toujours par passer si je ne me masturbe pas. Parfois j'ai des éjaculations nocturnes dans ces moments là, et parfois pas.Et sinon, cette sensation d'avoir un vide qui correspond au manque de masturbation, je me reconnais tout à fait là dedans. C'est comme un vertige ou une peur à l'intérieur du corps. Je crois que dans toutes les dépendances on ressent ce vide. Je pense que ce vide a des raisons émotionnelles, et qu'il existe déjà avant la dépendance, mais qu'on développe justement une dépendance pour ne plus avoir à le voir. Pour moi, toute la guérison de la dépendance se fait autour de ce vide, comment le gérer quand il est là (en parler etc...), comprendre d'où il vient , oser regarder dedans etc... Chez moi ce vide est relié à l'impression que personne ne m'aime, à la solitude etc... Par exemple, je n'aime pas me sentir totalement seul, mais en même temps je n'aime pas les relations sociales, parce que je me crois toujours jugé, ou bien je ne suis jamais à l'aise. Et au lieu de comprendre que je dois quand même faire le pas et aller voir des gens pour résoudre ce problème de solitude, je préfère évidemment me masturber, et m'en servir d'anesthésiant pour ne plus ressentir ce vide. Résultat je ne ressent plus le vide, je n'ai plus besoin d'aller voir des gens, donc je ne vais pas les voir, je perds les habitudes des relations sociales, je me sens encore plus isolé, j'ai encore plus l'impression que personne ne m'aime et j'entretiens le cercle vicieux. Mais si j'ose voir ce vide, je remarque qu'il correspond à des besoins réels, et je peux commencer à comprendre de quoi j'ai vraiment besoin dans la réalité, par exemple dans ce cas d'aller voir des gens. Ou bien de remarquer l'amour qu'ils ont déjà pour moi et que je n'arrive pas à voir etc...Avec le temps j'apprends que je peux rester avec cette sensation de vide et que je n'ai pas besoin de la fuir et de la cacher grace à ma dépendance. En fait cette sensation de vide, aussi difficile qu'elle puisse être, j'ai l'impression qu'elle contient de informations utiles. Parfois ce sont des peurs irrationnelles, comme des peurs d'enfant. C'est très souvent ça. Et là, quand j'écoute ces sensations, je peux me réconforter intérieurement au lieu d'oublier le problème par a masturbation. En général, ma première réponse est souvent de me punir de ressentir ces sensations, ou bien j'essaye de les rejeter le plus loin possible, ou bien je suis désespéré d'encore ressentir ces choses. Ce sont les réactions que j'ai par habitude, que j'ai peut être apprises de mes parents. Mais je remarque que ce qui m'aide vraiment c'est d'avoir de la compassion pour moi-même, d'avoir de la compréhension pour mes propres sensations. C'est quelque chose que je ne faisais pas avant et que je dois apprendre progressivement. J'ai l'impression que l'écoute de ce vide est au coeur de la guérison, au moins au début, parce que personnellement je me considère qu'au début de la guérison.