Merci pour ton commentaire. En effet, ça fait bizarre de dire que la procrastination est une dépendance puisqu'on n'est pas attirés par quelque chose en particulier mais qu'on fuit quelque chose en particulier. Pourtant j'ai l'impression que c'est très semblable aussi, dans les deux cas on fuit un truc négatif en le remplaçant par un truc positif. Dans la dépendance, on fuit une souffrance, on ne veut pas l'accepter, alors on la cache derrière un plaisir immédiat, et ça marche temporairement mais à long terme ça fait l'inverse de l'effet escompté. Pour la procrastination, on fuit une situation stressante, on ne veut pas l'accepter, alors on la cache derrière une activité positive (la différence c'est qu'elle n'apporte peut être pas de "plaisir" évident, comme la dépendance au porno, c'est le plaisir de l'absence de travail surtout), et après, pareil : et ça marche temporairement mais à long terme ça fait l'inverse de l'effet escompté. En fait, ce que j'appelle procrastiner au boulot, c'est aller sur des sites sans rapport avec le boulot. Quelque part j'aurais pu appeler ça de la cyberdépendance aussi. Mais ça n'est pas vraiment ça quand même, parce que quand je suis chez moi et que j'ai décidé de ne pas travailler, je ne suis plus attiré par internet. Enfin, bon, on pourrait dire que la procrastination c'est une dépendance au "non travail" peut être. En tout cas il existe quelques sites qui parlent de la lutte contre la procrastination par la méthode des 12 étapes. Un gars parle de ça ici :
http://procrastinators-anonymous.org/node/8 . Mais c'est un nerveux. Pour la méthode que tu proposes, j'avais déjà plus ou moins essayé. Ne pas travailler jusqu'à en avoir marre (ou vouloir bosser), ça n'avait pas l'air de marcher pour moi. De retour de congés je suis généralement pas plus productif qu'avant. Parfois moins productif en fait. Et si j'attends l'envie, j'ai l'impression qu'elle ne vient jamais. Et ce que tu dis sur l'anxiété, j'adhère tout à fait. C'est comme la honte, c'est une énergie qui permet de faire de petits progrès dans l'urgence, mais sur le long terme c'est une énergie très négative. Sinon, hier j'ai essayé des méthodes de méditation que j'avais dans mon bouquin. Je me suis repassé en images des évènements critiques de ma journée, les rechutes surtout. Ma première rechute de la journée c'est le matin, quand j'arrive à mon bureau et que la première chose que je fais après checker mes emails c'est aller faire un truc sans rapport avec le boulot. Et je me suis rendu compte que quand j'arrive au boulot je ne suis pas du tout prêt à travailler. C'est si difficile que je suis certain de déjà commettre un tas d'erreurs en amont qui me précipitent vers cette rechute quotidienne ( tout comme il est difficile de ne pas aller sur des sites pornos quand on a passé la journée s'autoriser à mater des filles, à feuilleter le catalogue de la redoute et à fantasmer sur des actrices sur google images). Et je me suis rendu compte d'un truc vraiment bizarre. C'est peut être difficile à expliquer, et peut être impossible à comprendre vraiment si on ne vit pas la même chose. Mais il y a quelque chose que je fais en permanence quand je suis seul, c'est que je laisse mon esprit partir en vadrouille, penser à n'importe quoi, au sens de la vie, aux dépendances, au plomb dans mes canalisations, aux différentes techniques de cuisson du riz, ou bien je m'imagine des conversations avec des gens qui ne sont pas là, j'invente des blagues, je rigole tout seul, j'imagine que ça les ferait rire et qu'ils me trouveraient drôle (oui, il y a quand même des trucs de dépendant) etc...Et je le fais de façon vraiment très intense, je suis totalement absorbé. Et c'est principalement ça qui me met dans des états de dépersonnalisation(
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9personnalisation ). Et en fait, ce rituel me met hors du temps. J'oublie que je dois partir bosser, j'oublie quelle heure il est, et parfois quand c'est vraiment fort, j'oublie même où je suis (je perds totalement le sens de l'orientation pendant une seconde). Et ça me fait oublier que je vais partir bosser. Je fais tout machinalement, je pars sur mon vélo comme si mes pieds pédalaient tout seul, comme si je ne savais pas quelle était ma destination. Je me comporte comme en vacances. Du coup j'arrive en retard par rapport à l'heure que je me fixe, forcément. Et c'est comme si mon réveil ne se produisait pas "dans mon lit le matin", mais "au bureau quand je tire la chaise pour m'asseoir et commencer à bosser". C'est comme si je me faisais bosser directement en sortant du lit. Je passe directement de la fuite à la réalité. (comme si on me demandait de bosser sur un rapport important et chiant, le tout en plein milieu d'une soirée de nouvelle an où l'alcool coule à flot, c'est la même sensation). Ce matin j'ai essayé de me concentrer sur l'heure qu'il est, sans me faire stresser, mais juste pour en prendre conscience, me concentrer sur chacun de mes actes et me concentrer sur le fait que chaque acte est inscrit dans une journée de boulot. Par exemple quand je pédale sur mon vélo, je ne fais pas juste du vélo, je fais du vélo pour aller bosser (et ça peut sembler vraiment bizarre mais la manière d'entendre le son du vélo est différente selon si je vais au boulot ou si je vais nulle part, tout est très différent, beaucoup plus réel, mais ça c'est un effet de l'absence de dépersonnalisation, je pense). Et j'ai essayé de considérer chaque envie de penser à une "connerie" comme je considère une pulsion sexuelle : Je l'accepte et je la laisse passer gentiment sans la suivre et je me concentre sur le présent. C'était plus stressant que de penser à n'importe quoi, mais très agréable. Et arrivé au boulot, j'ai pu commencer à travailler extrêmement facilement. J'étais vraiment surpris. Après, ça n'a pas duré toute la journée. L'après midi est à jeter à la poubelle par exemple. J'ai passé tout mon temps ici. Pire que d'habitude, un vrai contre-coup, j'ai l'impression. Je me sens vraiment mal par rapport à ça, j'ai honte, ça me stresse. Mais je pense que ce que j'ai fait le matin est un bon début. Ces idées parasites sont en fait déjà un début de fuite, déjà une pente douce vers la rechute. Après, il ne faut pas que ça soit une excuse pour "attendre le moment propice pour commencer à bosser", il n'y a jamais de moment propice, le moment propice c'est maintenant. Mais on peut éviter de se rendre les choses plus difficiles, on peut éviter de fuir la réalité. Je vais essayer de faire ça à partir de maintenant, considérer ce besoin de penser à n'importe quoi comme je considère les pulsions sexuelles. Mais ça va être très dur parce que j'en ai littéralement toutes les 3 secondes. Donc cette journée était pourrie niveau boulot, mais pas pire que d'autre. J'ai du bosser efficacement pendant 1h au total. Je me sens vraiment vraiment mal en y pensant. Mais quelque part c'est plutôt bon, sachant que j'ai très peu dormi cette nuit à cause d'insomnies de décalage horaire. Dans ces cas là je peux être encore moins efficace que ça.Et ce truc d'arrêter de penser à n'importe quoi, j'avais déjà essayé de très nombreuses fois sans succès, ou très peu de succès. Mon problème, je pense, c'est que je me concentrais sur le fait d'arrêter de penser à ces trucs, au lieu de penser à une autre chose. Là, en pensant à ce que je fais, en l'inscrivant dans la journée, en pensant à ma respiration, en écoutant les sons autour de moi, je reste focalisé. C'est comme si je dis "ne pense pas à un éléphant rose", tu vas penser à un éléphant rose. Mais si je dis "pense à une moto", alors tu ne penseras pas à l'éléphant rose, et mon but est atteint (mais c'est qu'un exemple, tu peux penser à l'éléphant rose si tu veux). Il vaut mieux se concentrer sur un nouvel objet de concentration que sur l'absence d'une certaine pensée. C'est presque évident maintenant que j'y pense. Et aussi ne pas "fuir les pensées et les bloquer" mais "les écouter et les laisser passer". Ca doit marcher aussi pour les pulsions sexuelles. J'avais pensé à cette méthode en me rappelant aussi que la procrastination est aussi un symptôme de l'hyperactivité et des problèmes d'attention. Demain, je ne viendrais ici qu'à partir de 18h, c'est à dire 1h du matin heure de Paris. Pas avant. Avant, je ne viendrais même pas lire les messages. Et après, je n'écrirai pas de pavé, je me le promet et je ne rentrerai pas tard chez moi comme aujourd'hui. Il faut que je me reprenne en main (comme tous les jours) et j'espère que ça va marcher. J'essayerai de faire des exercices de respiration et relaxation si c'est trop difficile. A 18h, je viendrais ici dire si j'ai craqué ou pas.