Bonjour,
Ça fait une semaine que je suis inscrite maintenant, il serait peut-être temps que je me présente. J'ai 21 ans, je suis étudiante, et je suis une « sex-addict ».
L'été de mes 18 ans, je suis sortie avec un garçon qui est la première personne avec qui j'ai eu des rapports sexuels. Ça se passait très bien, on se voyait plusieurs fois par semaine. Ensuite je suis partie en vacances, et au bout de quelques jours j'ai commencé à ressentir un manque. Je me suis donc mise à reproduire les mêmes gestes que lui, c'est-à-dire à me masturber. Je me procurai autant de plaisir, voir plus, de cette manière qu'en étant avec lui, donc j'ai continué à le faire même quand on s'est revu. Je me souviens avoir pensé que je n'avais alors plus besoin de lui (c'était pas une relation passionnelle, j'étais avec lui quasiment que pour ça). Ça n'a pas duré longtemps, on s'est séparés et j'ai continué à me donner du plaisir toute seule, de plus en plus régulièrement, sans pour autant que ça devienne alarmant.
Quelques mois plus tard, lors d'une soirée étudiante où je n'étais pas hyper à l'aise, j'ai décidé de boire, beaucoup. L'alcool rend sociable… jusqu'à un certain point. Là, j'avais clairement dépassé la limite, et j'ai vécu une sorte de « dédoublement » de moi-même : il y avait une partie de moi qui ne tenait quasiment plus debout et agissait de manière irrationnelle, et une seconde partie de moi complètement lucide et qui se contentait d'assister à la scène sans pouvoir agir, comme si je me regardais de l'extérieur, avec quelques secondes de décalage, sans avoir plus aucun contrôle sur mes actions. A la fin de cette soirée, j'ai été raccompagnée par un garçon jusqu'à chez moi, c'est-à-dire jusque dans mon appartemment, et avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, je me suis retrouvée déshabillée sur mon canapé, en train de subir des attouchements, sans pouvoir faire quoi que ce soit (vu mon état), et toujours sous le regard extérieur du « moi lucide ».
Par la suite, j'ai continué à être dans cet état de « séparation » de moi-même, en fait c'était devenu la norme pour moi. J'étais en dépersonnalisation, je n'avais plus la sensation de vivre, plus l'impression d'être réelle. Je me regardais en permanence de l'extérieur, avec un regard objectif et étranger à moi-même, du coup tout ce qui m'arrivait n'avait plus d'importance, c'est comme si je regardais un film en fait. (Je m'attarde un peu là-dessus même si ça n'a pas de lien direct avec ma dépendance, c'est surtout pour décrire au mieux l'état d'esprit dans lequel je me trouvais lorsque j'ai fait certains trucs par la suite.)
A la fin de l'année, après les partiels, une soirée est organisée sur les quais. Je finis par retomber sur ce type, et comme j'étais dans un état d'indifférence totale, je fais comme si de rien n'était et passe une partie de la soirée avec lui et ses amis, sans qu'il n'y ait aucun dérapage. L'année s'était finie très tôt (fin Avril), et je me suis vite retrouvée complètement désoeuvrée et seule, je ne faisais vraiment rien de la journée. Du coup, quand ce type m'a recontactée, je me suis dit pourquoi pas, j'étais censée le revoir avec ses potes mais forcément il était en fait seul… Ce soir-là j'ai perdu ma virginité. Comme il ne m'excitait pas du tout, ça n'a pas été une partie de plaisir, bien au contraire. Mais comme je regardais ça « de l'extérieur » je m'en fouttais un peu. En fait je ressentais en même temps du dégoût envers moi-même, et du mépris, et en même temps je me disais « pour une fois que tu as un semblant de vie sociale, tu vas pas te plaindre… ». Je l'ai donc revu régulièrement comme ça, à chaque fois sans plaisir et avec de la douleur, chaque fois avec ce même dégoût, et en même temps chaque fois en essayant de me faire croire que finalement c'était plutôt pas mal (« grâce à toi, ce mec se fait plaisir, t'es pas si inutile que ça en fait ! », etc… J'avais déjà une très haute estime de moi à l'époque&hellip.
En parallèle de ces péripéties, je continuais à me masturber de plus en plus souvent, de moins en moins par envie mais de plus en plus par réflexe, plus d'une dizaine de fois par jour, jusqu'à me faire mal. Comme je n'avais rien à faire et beaucoup de temps, je passais des nuits devant la télé, et la soir je m'abreuvais des films érotiques, pubs X, clips très suggestifs et autres émissions sur des maisons closes, en me touchant jusqu'à l'écoeurement. Je me rendais bien compte que j'avais un problème avec ça, et j'ai plusieurs fois essayé d'arrêter, sans jamais tenir plus de quelques heures. Et plus je le faisais, moins ça avait d'effet. C'est comme ça que j'ai commencé à faire un parrallèle entre la masturbation excessive et la drogue. Pas dans le sens où je me pensais dépendante de ce comportement, mais plutôt dans le sens où, à force d'injections trop fréquentes, le corps finit par développer une forme d'accoutumance et ne réagit plus. Du coup il m'en fallait encore plus…
Ensuite, pendant ce même été, j'ai passé un mois chez ma mère, chez qui évidemment je ne pouvais plus regarder ce genre d'émissions tard dans la nuit. Comme je n'étais plus seule, j'étais un peu forcée de réduire la fréquence à laquelle je me touchais, mais parfois j'étais vraiment trop en manque et j'allais m'isoler pour y remédier. J'ai commencé à aller sur des sites porno là-bas, par curiosité ou pour remplacer les émissions que je ne pouvais plus regarder, je ne sais pas vraiment. Je pouvais y passer plusieurs heures par jour. Certaines vidéos me rappelaient les moments que j'avais passé avec le type un peu plus tôt, où je me « regardais » en train de me faire baiser. Ça provoquait en moi du dégoût, mais en même temps aussi une certaine forme d'excitation.
Je suis ensuite rentrée chez moi, où j'ai continué à regarder ce genre de vidéos tous les jours. Dans le même temps, sur un site de jeux que je fréquentais s'est développée une pratique qui consistait à aller sur des sites de chat et à soutirer à de pauvres mecs en manque des codes (faire appeler un numéro surtaxé pour recevoir un code qui permet d'avoir des avantages ou des parties supplémentaires sur le site). Le principe était de faire croire à ces types qu'ils auraient droit à un strip-tease s'ils sortaient leur téléphone… Ça marchait plutôt pas mal pour moi, mais en même temps certains dialogues que j'avais avec ces types m'excitaient beaucoup, et j'ai fini par y prendre goût, allant jusqu'à montrer réellement des parties de mon corps à la cam une fois (quand j'y repense j'ai vraiment honte). J'ai rencontré le type à qui je m'étais ainsi montrée quelques heures plus tard. J'avais fixé des limites qu'il a respectées, mais je l'ai revu plusieurs fois et à chaque fois on allait un peu plus loin dans le sordide. Pareil du côté des vidéos que je regardais, j'étais toujours dans la surrenchère, à rechercher du contenu plus trash chaque jour.
Les cours ont repris, et j'ai continué mes petites habitudes, j'ai rencontré quelques fois d'autres personnes, envisagé plusieurs fois d'avoir des relations contre de l'argent, mais heureusement pour ça je ne suis pas allée jusqu'au bout et j'ai su me retenir.
Ensuite, en Janvier 2011, j'ai commencé à entretenir une relation avec un homme que j'avais rencontré par un tout autre biais et avec qui j'avais une réelle complicité. On n'habitait alors pas la même ville, mais on arrivait à se voir régulièrement. A partir de là, je n'ai plus ressenti ce besoin maladif d'aller me faire prendre à droite à gauche, et j'ai commencé à diminuer mes passages sur les chats (aujourd'hui je n'y vais plus du tout), mais j'ai continué à regarder du porno et à me toucher hyper régulièrement. Je ne peux plus passer des heures entières là-dessus, généralement quand j'ai une pulsion, ou parfois simplement par réflexe quand je m'ennuie, je vais dessus, je me touche et dès que j'ai fini, au bout d'une dizaine de minutes maximum, je m'en vais immédiatement parce que ça me dégoûte trop… J'ai là aussi essayé plusieurs fois d'arrêter sans tenir plus de 2 jours.
Maintenant j'ai un autre problème, je n'ai pas de perte de la libido comme certains, mais quand je couche avec mon mec, je n'arrive pas à atteindre l'orgasme. En fait je reste en quelque sorte bloquée au dernier pallier d'excitation qui est censé précéder l'orgasme, sans réussir à aller au-delà. Quand ce niveau là d'excitation reste atteint trop longtemps, à la fin c'est insupportable et presque « douloureux », et j'ai juste envie que ça s'arrête. Mais une fois que ça s'arrête, comme je ne suis pas « rassasiée », c'est pas super non plus… Donc des fois j'attends qu'il s'endorme et je « finis » toute seule… Il m'arrive aussi de temps en temps, bien que la sensation de dépersonnalisation permanente m'ait quittée il y a plus de 6 mois, de tout d'un coup réavoir cette impression désagréable d'être en dehors de moi et de me regarder quand je suis au lit avec lui, et de ressentir à nouveau du dégoût pendant un moment.
L'autre jour j'ai recouché avec mon ex, qui est, à part moi, la seule personne à avoir finalement réussi à me faire vraiment atteindre l'orgasme, pour vérifier si le problème venait de moi ou de mon mec, et j'ai été de la même manière bloquée juste avant l'orgasme. J'en déduis donc que le problème vient entièrement de moi, et comme cette situation ne me convient plus, j'ai décidé de me prendre en main pour retrouver une sexualité normale, qui passe par l'arrêt du porno, et une nette diminution du recours à la masturbation (je ne pense pas que l'arrêt total soit possible).
Voilà... J'ai essayé de ne pas trop déborder sur certains points, mais je pense que quand on en arrive là c'est qu'il y a un problème qui dépasse le cadre de la sexualité, et c'était important pour moi de mentionner ces aspects-là. Je posterai plus tard dans la partie Sevrage pour raconter comment j'ai vécu cette première semaine.