28-02-2012, 08:20
blank_page Bonsoir,Je me présente rapidement. Je suis européen, suisse, je vis en Afrique depuis plus de dix ans maintenant. J'ai vécu 8 ans d'enfer total. Je suis co-dépendant de ma première épouse qui souffrait d'une forme lancinante d'addiction au sex. J'ai divorcé au bout de cinq ans de vie commune dont trois maritalement. J'ai mis cinq ans à me remettre (j'étais très amoureux de cette femme d'exception que j'ai vu glissé progressivement dans la folie et j'ai vraiment tout fait pour l'aider parce qu'au plus profond de moi je l'aimais et c'est tout.) Cette pathologie a tout engloutit, sa raison en premier puis je crois ma santé et mon équilibre en second: celà fait vraiment mal de voir chuter la femme qu'on aime et qu'on admire profondément, j'y ai laissé des plumes parce que je ne connaissais pas cette maladie, et on ne rigole pas avec ça. C'est dévastateur comme une lame de fond qui emporte tout sur son passage, c'est une guerre avec des actes terroristes, il y a des victimes co-latérales : la famille, les enfants, l'entourage, la sphère professionnelle...tout est dévasté sur l'autel de l'addiction. Je suis très touché par les témoignages de co-dépendants que j'ai lu. Il est certainement utile de rappeler que les conjoints d'un(e) sex addict sont eux aussi touché de plein fouet et y laisse parfois leur raison, tombent dans la dépression. Pardonnez-moi de vous le dire mais ça vous détruit littéralement. Vous y perdez en premier lieu votre innoncence puis la raison défaille (effectivement il s'agit d'une quatrième dimension entretenue soigneusements par le dépendant compulsif qui vous maintient par ruse et astuce dans l'illusion) et il faut être très fort intérieurement pour garder l'équilibre mental indispensable à la vie de tous les jours. Mais on est toujours sur ses gardes et au grand jamais vous ne serez serein... Je lis les témoignages des co-dépendants et je me dis que je suis logé à pire enseigne que tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Dans cette pathologie, force est de constater qu'une forme de perversion est à l'oeuvre dans cette entreprise de destruction de la confiance, de la tendresse amoureuse, destruction aussi de la réalité communément admise par tous, (mensonges très élaborés et des heures de stratégie pour cacher au mieux les formes de passage à l'acte avec tout ce que celà représente de tricherie, de manipulations et de coups tordus) Je crois avoir été jusqu'au bout de ce délire et j'ai même eu droit à une entrée et un plat de résistance, la totale. Mais c'est si dérisoire que celà me fait rire maintenant, c'est plutôt un rictus tendu à la face du mauvais sort, appelons ça comme ça. Donc ma première épouse, une femme d'une exceptionnelle beauté et d'un niveau intelectuel et sensoriel nettement supérieur à la moyenne, était une addict au sex qui se tapait en moyenne trois ou quatre mecs par soir, (l'un après l'autre, jamais de partouze) chassant dans les bars et autres boîtes de nuit. Tel un mec qui s'en va draguer en espérant un bon plan cul, ma douce amie faisait pareil avec cet art consomé emprunté aux mâles qui arrivent si bien à dissocier le sex de l'affectif...ce qui l'a rendue folle au point d'être victime finalement d'hallucinations inquiétantes. Elle me disait pour justifier tout ça :"Vous les hommes vous êtes bien polygames et bien moi je suis polyandre! J'ai le droit d'avoir plusieurs hommesAu début de notre relation j'ai constaté qu'elle avait des hallucinations et j'étais pas rassuré du tout, (elle entendait des voix et avait des réactions dignes d'un paranoïaque, interprétantde travers des situations simples et limpides. J'ai tout de suite pris garde, ayant fait des études de musicothérapeute j'étais sensibilisé aux symptômes de la psychose mais je ne connaissais pas du tout la dépendance compulsive au sex. Quand j'ai commencé à souffrir de certain de ses comportements j'ai dit à mon amour que si elle voulait engager une relation avec moi, elle ferait bien de suivre une thérapie, sinon vade retro et ciao tout le monde, chacun pour soi et Dieu pour tous. Elle a toujours été dans le déni mais ne pouvait se résoudre à la rupture; je l'ai convaincue de me suivre et sa première séance chez une psychothérapeute de qualité s'avéra révélatrice. La psychologue l'a écoutée puis j'ai raconté mon énorme malaise et ce que je constatais d'anormal dans son comportement à mon égard, puis la thérapeute à rétorqué, textuel :" Monsieur, prenez vos jambes à votre coup et fuyez!" Elle est formidable n'est-ce pas? et si belle, intelligente...elle est sex addict et très dangereuse. Ma compagne n'a pas bougé d'un milimètre, elle ne s'est pas rebellée, n'a pas nié, rien, juste un silence fier et soutenu. Il y aura deux ans de thérapie par hypnose et psychothérapie, plutôt réussi car j'ai vu un miracle se former devant moi qui était témoin : les hallucintations ont presque disparus après une séance d'hypnose gérée de main d'expert. Et je peux dire que les hallus ça ne s'en va pas facilement autrement que par la prise de calmants sévères. J'ai cru à tord qu'on avait sauvé notre amour. Bref, on a émigré en Afrique, changé radicalement notre cotidien et ce fut merveilleux trois ans parce qu'elle a été très fidèle malgré qu'elle ait le feu au c...et que je doive l'honorer trois fois par jour jusqu'à la limite des sens, elle avait au minimum quatre ou cinq orgasmes à répétition et matin, midi, soir je passais délicieusement à la casserole ou alors c'est elle? (fallait avoir le physique). Le mal sournois est revenu quand nous sommes retourné en Suisse pour les vacances. Tout lui est revenu, à notre retour en Afrique j'ai senti comme une digue qui se brisait en elle et j'ai vécu une année de pure cauchemar au point que quand nous nous sommes quitté j'étais en charpie. J'ai fait une sorte de dépression qui a duré cinq ans pendant lesquel je crois j'ai pas touché terre, mais je ne supporte pas de me laisser aller, de s'appitoyer sur soi me dégoûte alors j'ai continué sur mon chemin de vie avec mon enfant qui était petit encore. C'est mon corps qui a somatisé et restitué la souffrance. La tête ne contrôlait plus que l'essentiel pour survivre au jour le jour alors que l'organisme, lui, surfait de haut en bas de la vague d'émotion. Un vrai tobogan, qui me surprenait. J'étais seul, je me reconstruisais. Six mois de bon suivi d'une année à toucher le fond; se lever tout de même, toujours aller de l'avant. Pendant cinq longues années ça été comme ça. Puis un jour j'ai senti que c'était définitivement digéré. Je pouvais sortir, rencontrer des gens, prendre soin de moi avec amour. Et peut-être me donner le droit et la confiance d'aimer une femme à nouveau ? Tout ce temps j'ai fait du sport pour maintenir le corps en état, pour avoir des endorphines naturelles, pour ne pas sombrer. Pas de médicament; observer, être présent à la douleur, ne pas juger ni rentrer dans les haillons de la victime.Au bout d'un certain temps la confiance en soi revient, on se rend compte qu'on y est pour rien, que ce n'est pas sa faute si la femme qu'on chérit s'est conduite comme la dernière des putes perverses vicieuses. Finalement on aime toujours de là où on est. Moi j'ai senti son amour et son impossibilité d'aimer aussi et c'est très pervers parce qu'on reste avec eux, on les aime et on essaie de les comprendre pour mieux lutter et sauver l'amour, mais sauver quoi au juste? Quelle prétention. On est qui pour croire qu'on peut sauver une personne de quoi que ce soit???La cerise sur le gâteau, c'est ce qui va suivre, ce qui me fait hurler comme un dément et me révolter, ce qui emporte mon entendement et ma patience, ce qui m'interroge au plus profond c'est celà, tenez vous bien parce que ça va dépoter grave : après ce merdier impitoyable qui m'a brisé cinq ans durant, la première femme avec qui je romps ma solitude, la première que je rencontre et à qui j'ouvre mon coeur à nouveau, est une africaine gracieuse, fine et élancée, des yeux rieurs en amende et une bouche finement dessinée qui sourit en grand, et qui a une joie de vivre intense, une spontanéïté qui me font oublier la passion exclusive que je ressentais pour ma première femme.Et voilà qu'avec cette jeune femme on se fréquente de plus en plus et c'est plutôt agréable, on s'entend bien malgré la différence de culture on rigole beaucoup et on passe des moments très calins, elle me couvre d'amour et de sexe torride, c'est vraiment chaud entre nous deux. Bref, je me dis que c'est bon d'aimer à nouveau et de profiter d'être en vie. Puis après deux ans d'une relation sans histoires, (à part quelques signes inquiétants d'agressivité physique de sa part, signes que je mets sur le compte de la dureté de l'éducation en mode survie dans une capitale d'Afrique) je découvre avec stupeur un message sms sur son portable dont l'écran clignote devant mes yeux pendant qu'elle dors encore du sommeil des justes. Et je lis le message d'un mec qui confirme un rendez-vous à une certaine heure dans un hôtel. J'en profite pour lire tous ses textos et là c'est le jackpot intégral...une floppée de mecs et des sms sordides et glauques, depuis des mois, depuis toujours? Je découvre d'un seul coup qu'elle aussi est jusqu'au trogonon addict. Et quand j'en prends conscience je la serre direct. Je lui laisse rien passer, je suis pas duppe et je démonte un à un les mensonges hyper élaboré qu'elle installe comme un barrage à l'entendement. Je lui montre les textos et elle fait une crise de pure délire, les masques tombent et elle m'en veut terriblement d'avoir surpris son manège par sms. On s'engueule, elle m'envoie son poing dans la face, je vois rouge et la frappe en retour mais elle fait une telle scène de démence que mes deux domestiques doivent la saisir et l'asseoir de force au sol. Je la démasque et la quitte après avoir checké à mon aise son portable sur lequel je découvre des dizaines de mecs qui envoient des messages bien dégradants et des rendez-vous secrets pour rien que du cul. Ni une ni deux je lui dit de faire sa valise et je la vire. Elle pleure comme une fontaine, me demande de l'aider désespérément, puis comme je ne bronche pas du tout, elle va dans la chambre et se suicide en absorbant des produits chimiques. Je la trouve effondrée par terre se tordant de douleur, entre la vie et la mort, de la bave suinte entre ses lèvres. Ambulance, hôpital, perfusion, retour à la maison. On parle, elle me dit tout; ses tentations perpetuelles qu'elle ne comprend pas, ça la prend n'importe où. Dans la rue quand elle sort faire une course, au restaurant quand elle va manger une glace avec une amie ou si elle voit un mec quand elle prend un taxi pour aller au travail. Ca la prend tout le temps, elle chasse sur Internet, regarde des films porno lesbiens toute la journée parce que ça la fait fantasmer les filles, se branle après avoir joui avec moi plusieurs fois, saute sur les filles qui vienent à la maison dire bonjour, tout y passe...Elle me dit qu'elle se dégoute, qu'elle m'aime d'amour alors que les autres c'est uniquement du cul détaché du coeur, qu'elle n'en peut plus et que me perdre c'est trop. Elle me dit aussi qu'elle a été violée par trois policiers dans un commissariat sordide alors qu'elle n'avait que 11 ans, que depuis elle se pense mauvaise, très mauvaise même, qu'elle vit la sexualité sur un mode détaché de l'affectif et que quand elle m'a rencontré elle ne pouvait même pas imaginer qu'un homme puisse l'aimer d'amour et ne pas en vouloir uniquement à son cul. Elle me dit qu'elle n'est qu'un bout de viande... Je suis effondré et on en est là, j'ai fait un dernier effort mais ça n'a été que pire. Elle a tout fait pour résister, refusant de sortir de la maison pendant six mois afin de ne pas craquer. Plus de téléphone, pas de connexion internet...la routine de l'abstinence en fait. Elle s'est imposée l'abstinence parce que c'est la seule chose que je pouvais lui prescrire ici. Il n'y a pas de psychologue clinicien dans tout le pays et encore moins un addictologue ou un professionnel quelconque. Très vite j'ai constaté qu'elle sombrait dans la dépression, s'enfermant toute la journée dans la chambre d'ami à glander sans faire grand chose. Puis elle est devenue si agressive et maigre (elle ne se nourrissait plus non plus) au point que je lui ai dit de sortir et d'aller voir ses amies et de vivre...depuis deux semaines elle sort tous les vendredi et samedi, me donne rendez-vous et ne vient pas, puis rentre à 5 heures du matin, en pleurs et désemparée. Je l'ai mise dans une famille, c'est fini. Si elle veut se suicider qu'elle le fasse, je vais pas passer mon existence avec une addict, j'ai déjà donné, je passe mon tour...Voilà en gros pourquoi les co-dépendants ont sérieusement besoin d'être réparé, parce que malgré la meilleures volonté, il faut savoir couper après avoir fait ce qu'on peut, du mieux qu'on peut. Ce qui arrive ensuite n'est que survie pour ne pas couler avec l'eau du bain. Merci à ceux qui ont le courage de lire ces nombreuses lignes, j'ajoute toutefois que je ne souffre pas du tout comme lors de ma première expérience avec une sex addict, mon épouse...je ne pourrais plus jamais sombrer de la manière dont je l'ai fait après le divorce. Le seul risque que je sens pointer c'est celui de la tentation de faire mal à mon tour et de profiter du désarroi que je vois dans les yeux de ma dernière compagne qui dit souffrir mais dont je n'arrive plus à croire quoi que ce soit. Mais ce serait tellement bassement ignoble que je m'en sens bien incapable, pire est le détachement. Je sens plus rien.