Dépendance sexuelle

Version complète : En espérant que ça tombe pas à l'eau...
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Salut, ça fait 3 mois que je suis inscrit alors je me décide à faire mon témoignage. Pour mon premier post j'ai essayé de faire ni trop court ni trop long mais ça l'est quand même.

L'histoire de ma dépendance est assez classique:

Dès la puberté une grande dépendance à la masturbation, c.a.d. passage à l'acte dès que c'était possible dans ma chambre.
Et donc rapidement recherche des supports propices à l'excitation: Ah le catalogue de la redoute !, publicités suggestives, programmes à la télé puis plus tard film X en crypté avant que le cryptage ne se corse au point que l'excitation laisse place au mal de tête. Ensuite achat de quelques revues soft, ensuite hard.
Puis quand j'ai eu Internet, chez ma mère, avec une connection bas débit, la compulsion a franchi une nouvelle étape, je me suis mis à surfer comme un dingue à la recherche de photos. C'était vraiment la caverne d'Ali-baba. Plus de problème lié à la honte d'acheter une revue, et tout disponible en quantité presque illimitée (avec quand même ce débit d'escargot). Avec à la clé des factures très salées, justifiées auprès de ma mère par la découverte de ce formidable outil numérique. Mouais...
Cela n'a duré que quelques semaines, j'ai déménagé pour faire mon service national civil dans une collectivité, donc pendant ce temps là pas trop de supports visuels.
J'ai rencontré là-bas mon ex-copine, qui était venue passer quelques semaines en France. Elle est repartie dans son pays, laissant plus ou moins entendre que notre histoire n'était pas terminée, et quelques semaines plus tard j'ai fini mon service et j'ai déménagé dans ma ville actuelle. Sur le plan sentimental, avec la distance les choses se sont étiolés, puis terminées sur un goût amer (en tout cas pour moi).

Cette rupture a réactivé ce mal-être que je trainais depuis longtemps. J'ai été un enfant, un adolescent et un jeune adulte angoissé, avec depuis l'age de 15 ans des maux de ventre qui gênent considérablement ma vie sociale ainsi que des TOC de vérification. 2 choses dont je ne suis pas encore débarrassé et qui me paraissent avoir des points communs avec notre dépendance.
Ce malaise en moi, le temps libre laissé à la recherche (pas très active) d'un boulot. C'était logique que je replonge.
J'ai pris le téléphone, donc accès Inet (encore bas débit) Et de nouveau ces heures et ces heures passées devant l'écran et ces factures de 200-300 E tous les 2 mois.
Ce qui m'a retenu de passer à l'ADSL pendant 2 ans, c'est de me dire qu'au moins je payais le prix (au sens propre) et que sans ça, plus rien ne me retenait. Je n'ai en effet jamais ressenti de véritable culpabilité, en revanche je sentais bien cette perte de temps, d'argent et d'énergie, surtout une fois l'excitation passée, mais bon, comme au bout de quelques minutes l'excitation revenait. Un vrai junkie.

C'est à cette période également que j'ai découvert ce qu'il est convenu d'appeler la spiritualité.
D'abord l'enseignement de Gurdjieff par "Fragments d'un enseignement inconnu", puis Swami Prajnanpad via Arnaud Desjardins. J'ai écris à l'ashram de ce dernier pour solliciter d'y faire un séjour. Réponse positive mais finalement j'ai laissé la lettre dans un coin.

J'ai trouvé un boulot de nuit, que j'occupe toujours, avec un rythme de travail peu élevé mais irrégulier. Pas très propice à une vie sociale dont je n'ai jamais de toute façon jamais été friand.
Avec encore tout ce temps libre et les problèmes d'argent écartés, j'ai pu rester pendant plusieurs jours presque sans discontinuer devant l'écran, satisfaisant mon besoin, et ne m'arrêtant que pour satisfaire les autres besoins naturels. Un zombie. Avant de lire certains témoignages, je pensais être le seul à l'avoir fait à cette dose.
J'ai fini par prendre l'ADSL, et là avec la quasi gratuité et les vidéos facilement accessibles c'était l'orgie numérique solitaire.

Il y a environ 2 ans, suite à un choc émotionnel causé par un mail de mon ex, j'ai rappelé l'ashram en priant pour que l'invitation soit toujours valable, elle l'était, je suis donc allé là-bas faire une retraite d'une semaine.
A la sortie et pendant les heures qui ont suivies, de retour à la vie normale, j'ai commencé à constater un état que je n'avais jamais connu. Pour faire bref, j'étais comme libéré d'une grande partie de mes tensions physiques, émotionnelles et mentales. Plus tard en lisant "Power of now" d'Eckhart Tolle ("Le pouvoir du moment présent", conseil: Si ça vous intéresse et que vous avez un bon anglais scolaire, lisez le en anglais) j'ai retrouvé une partie de la saveur de ce que j'ai vécu.

Cette expérience vraiment marquante est maintenant comme une pierre de touche, je me dis que c'est ça la façon normale de vivre pour un être humain (sans même parler d'états encore plus élevés, dont on dit qu'ils existent) et que ça vaut la peine de faire des efforts pour s'y établir. (A supposer qu'il soit possible de s'y établir et que des "efforts" y mènent, c'est pas le sujet ici). Et arrêter le porno fait partie de ces efforts.
J'ai quand même continué à céder à la compulsion, vraiment trop agréable. Jusqu'à maintenant c'est que j'ai de mieux pour me retrouver durablement dans un état où les chaînes de pensées s'arrêtent, où les tensions s'apaisent. Libéré de "moi", quoi. On a parlé ici d'Eric Loonis, je suis allé lire un peu ce qu'il a écrit et ça confirme mon intuition que s'établir dans cet état, au delà des différents moyens, c'est la racine commune des dépendances.

Un peu avant le témoignage de Déclick à la télé j'ai découvert le site et le forum d'Orroz, je n'y ai pas posté, ni n'ai envisagé sérieusement la question de sevrage, mais j'ai commencé à comprendre l'importance du problème.

La première prise de conscience de l'ampleur de ma compulsion a eu lieu il y a un an quand je me suis rendu compte de mes problèmes d'érections sans stimulus visuel et de mon absence d'érection au réveil, en plus mon sexe présentait des veines plus saillantes et violacées qu'avant (enfin c'est ce qu'il me semblait, bizarrement je m'en occupait beaucoup mais je le regardais peu). Je me suis vu devenir impuissant. En me renseignant sur Inet, j'ai cru diagnostiquer ce qu'on appelle une fuite veineuse (je suis assez hypocondriaque).
J'ai pris RDV chez mon généraliste qui m'a conseillé d'aller consulter chez un spécialiste, l'attente d'un mois a été un calvaire. Je me disais que le porno c'était fini. Mais quand même au bout de quelques jours j'ai recommencé mes pratiques, pas possible d'arrêter, j'ai juste beaucoup réduit les doses.

A l'hôpital j'ai juste vu un sexologue, qui a seulement procédé à un examen visuel et m'a dit sérieusement douter d'un dysfonctionnement physique. Pour lui c'est avant tout psychologique et a ajouté qu'avec Inet et les accès haut-débits il voyait de plus en plus d'accros.
Après ça j'ai quand même continué même si un peu moins qu'avant, en essayant un peu de me sevrer mais sans vraiment prendre une décision ferme de trancher le lien avec l'addiction, j'ai rapidement rechuté.

A la fin de l'année dernière, à l'approche de mes 30 ans, je me suis inscrit ici, en me disant que la date symbolique était une bonne opportunité de changer ce comportement qui me bouffe la vie. Mais là encore, faute de fermeté, j'ai replongé.
Ce n'est qu'en début de ce mois que j'ai encore essayé d'arrêter une nouvelle fois , sans grande résolution mais de jours en jours sentant qu'il n'y avait plus cette force qui me ramenait vers l'écran et mes pratiques, j'ai décidé de poursuivre.
Dans les premiers jours j'ai continué à me masturber plusieurs fois par jour, sans réel besoin physique, juste pour essayer de retrouver l'excitation puis cela s'est atténué. En ce moment je me masturbe environ 1 fois par jour en ayant toujours recours à des images et des phantasmes. La capacité érectile normale revient peu à peu.

Donc voilà, ça fera bientôt 1 mois, de loin la plus longue période de sevrage que j'ai connue. Je suis retourné sur certains sites quelques minutes, j'ai vu quelques images de porno à la télé, ça m'excite toujours beaucoup mais le lien entre pulsion et compulsion est rompu (jusqu'à présent). Un peu comme un axe qui tourne mais qui est débrayé.
Difficile de l'expliquer plus en profondeur, autant que je puisse en juger c'est plus un phénomène énergétique qu'intellectuel ou psychologique. Le fait de pratiquer le yoga régulièrement depuis 2 ans est peut-être pas étranger à ça.
Il y a une fenêtre de tir pour le sevrage, j'en profite et vogue la galère.
Il est clair que tout ton travail spirituel te sera une aide précieuse dans le sevrage. Associé à cela une pratique régulière du yoga, voilà de bonnes conditions pour un sevrage réussi.

tiens nous au courant, tu as une periode de répit jusqu'au 3eme mois . :Hello:
salut à toi !!! nous sommes donc le 02.05.2007 je vois que tu n'est plus sexolique depuis le 25.03.2007!

Alors, quel effet cela fait????
comment te sens tu maintenant???

Je me retrouve bien dans ton passé, la même progression.

En passant également par la phase du bas débis et de ses factures!!!
Arf malheureusement, je pense que les plus anciens te diront que c'est pas parce qu'on est en sevrage même depuis plusieurs mois qu'on est guéri. On ne passe plus à l'acte. je crois qu'Orroz estime la guérison à 18 mois.

Belle rechute il y 2 semaines, sur plusieurs jours. En fait ça n'a rien d'un accident, de + en + je décidais d'y retourner, jusqu'au passage à l'acte.
Finalement, la phase de sevrage a coïncidé avec cette quasi disparation de l'excitation devant ces images, pas de dégoût, juste une perte d'intérêt, la même que celle des minutes qui suivent la masturbation. Et quand ce désir est revenu, j'y ai succombé pour retrouver la jouissance que j'avais quitté il y a 6 semaines. Parce que comme je l'ai écrit dans le post Idéalisation, c'est un des gros problèmes, enfin pour moi. Les bouddhistes disent que la saisie est la base du Samsara.
Donc voilà retour au sevrage depuis une petite semaine.
_underscore_,oui je me dit souvent que toutes ces images emmagasinées sont bien quelque part et quand elles vont ressortir, ça va être une bombe H dans la marmite. Cette phase est intervenue comment et à quel moment chez toi ?
D'accord sur notre manque de sensibilité qu'on essaye de compenser par les prises répétées en fréquence et intensité.
Salut à toi Plouf,
Le bas débit de l'eau coûte beaucoup
Mais le haut débit nous entraine et nous noie
Eh ! Vogue la galère
Au son du tambour nous ramons tous ici
A contre-courant ?
Apprendre à nager ou à surfer
Comment rejoindre la rive...

Ce fil m'inspire et je note que la thématique de l'eau revient souvent ces derniers temps. Que de reflexions cela me procure.

Tu souffres, comme nous tous, de cette addiction qu'il faut savoir, selon moi, se jouer et en jouer. L'humour reste une arme efficace. Bon courage à toi.
Je rebondis mollement :lol: sur ce qu'a dit Underscore "si je rechute il va se passer quoi ? a part repartir dans une spirale sans fin ... rajouter un nom a la liste a quoi bon .."
alors que si je m'abstiens, je rajoute aussi un nom sur la liste, mais vachement plus courte :lol:
Une vieille amie à qui j'avais transmis le message des AA il y a 12 ans m'a invité à une session Narcotiques Anonymes dans ma région, ça la faisait marrer d'inverser les rôles en "m'emmenant en réunion" à son tour.
Dans une réunion NA, on parle de "consommer" sans forcément évoquer les produits qu'on a pris en quantités exagérées.
J'y ai retrouvé le même esprit de compassion et de partage qu'aux AA, ce qui est un peu normal puisque les groupes de 12 étapes, en principes, sont basés sur les 12 étapes.
Beaucoup de membres sont placés devant cette stimulante alternative : soit recommencer à consommer et crever rapidement (ou un peu plus lent'ment, selon ce qu'ils prennent), soit avancer vers autre chose en s'éloignant 24 heures à la fois de leur compulsion.
Il y a un forum ouvert (accessible en lecture ) qui explique les étapes, c'est pas mal fichu...
http://www.narcotiquesanonymes.org/forum...sclaimer=1
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