Dépendance sexuelle

Version complète : Se battre, pour ma femme, ma fille et moi
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Bonjour,

Je m'appelle Guillaume, je suis cyberdépendant depuis… trop longtemps, je crois. En fait, j'ai toujours été accro au sexe, je mate des porno depuis mon adolescence, et je ne compte plus les Go téléchargés, les DVD achetés…

Mais le pire, c'est que j'ai été accro au chat sexuel sur Internet. Durant un an, j'ai discuté avec des dizaines d'inconnus et inconnues, femmes surtout, hommes parfois. Les discussions étaient hard, sans concession, mimant ce que je voyais dans des films où tout était toujours plus violent, toujours plus fort, toujours plus de foutre, toujours plus d'enculades sauvages. Et ça me plaisait, ça m'excitait. J'appréciais de dominer ces femmes (ou ces hommes, après tout, qui est derrière un pseudo…), de montrer que j'étais un homme, un vrai, un dominateur. Tout ce que je ne suis pas réellement, puisque je suis quelqu'un de non-violent. Mais j'aimais vivre ces fantasmes à travers ces dialogues. À contrario, j'ai toujours essayé d'être doux et aimant avec ma femme, qui elle n'aime pas le porno. J'ai toujours essayé de lui faire penser qu'elle avait tort, que le porno pouvait être fun, que ça n'était qu'un problème d'utilisation, de savoir où commence la réalité après le fantasme. Mais je me suis menti, et surtout, je lui ai trop menti.

J'ai vécu une double vie durant une année, après une période un peu difficile avec ma femme. Le jour, j'essayais d'être un mari aimant et un papa adorable. Le soir, dès que ma femme est couché, c'est dialogue cul, discussions de domination où j'assouvis mes fantasmes. C'est la "chasse à la salope" : trouver sur les forums sur le net la ou les nanas avec qui pouvoir parler, échanger des photos, tout ça pour obtenir l'éjac finale après une à deux heures de discussion et parfois de webcam interposée.

Et ensuite ? Le retour à la vie normale, et la honte. Honte de parler de ça à ma femme, honte de se dire qu'on ne semble pas normal, alors qu'on a finalement pas de quoi se plaindre, alors qu'avec ma femme, on réussit à avoir une vie sexuelle parfois bien pimentée et qu'elle-même semble se libérer un peu plus. Mais il en faut toujours plus… C'est ça, la véritable dépendance.

En septembre dernier, ma femme a découvert cette face cachée, car j'avais laissé une fenêtre de MSN avec quelques pseudos bien explicites. Ça a été une grave crise, un vrai choc. Elle s'est sentie trahie, humiliée, à juste titre. J'ai eu peur de la perdre, vraiment, car je l'aime plus que tout, et que je tiens à ma famille, que j'ai peur de la voir partir. J'ai promis de m'arrêter, d'essayer de faire mieux.

Le problème plus profond, c'est qu'elle pense que je voulais vraiment la tromper. J'avais en effet mis mon département dans mon pseudo, et pour elle, c'est montrer que je souhaitais faire plus que des rencontres virtuelles. Je ne pense pas que c'était vrai : j'avais eu des propositions pour des vrais RDV, mais je suis un vrai brochet : trois quart en gueule, un quart en queue. Impossible, inimagineable pour moi de tromper ma femme. Même si parfois je fantasme sur d'autres femmes, ou sur d'autres situations, je ne suis pas capable de les assumer, et je serai incapable de passer à l'acte, car je l'aime vraiment, mais je ne peux pas dire que je lui montre de la bonne façon :-(

Je lui avais promis que j'arrêterais. Je l'ai fait, durant quelques mois… Et ça a été dur. Et puis, il y a un mois, j'ai rechuté, une angoisse suite au manque de clients, un moment où elle n'était pas là… Et ça a nouveau été l'escalade : porno téléchargé, puis retour sur les tchats de cul… Je pense que ça correspondait à un moment où ça n'allait pas très bien pour elle, et pour moi non plus, à cause de peurs diverses sur mon boulot. J'ai pourtant, vraiment de quoi être satisfait dans la vie : j'ai une bonne situation, une femme qui m'aime, une fille adorable… Et une peur immense que ma femme me quitte, de détruire ma famille pour des conneries, pour des fantasmes à la con, pour une libido mal controlée. Je m'en voudrais toute ma vie si elle partait, je ne veux pas la voir loin de moi, elle m'a toujours soutenu dans tous les moments les plus durs de ma vie. Je n'ose pas imaginer ma vie sans elle.

Je vais maintenant me tenir à carreau, je me suis abonné sur ce forum il y a quelques mois, je ne m'y suis pas accroché lors de ma rechute, c'était un tort, car j'ai pensé que je pouvais m'en sortir tout seul.

En fait, le pire dans tout ça, c'est de lui avoir tellement menti, d'avoir toujours essayé de détourner la vérité, même aujourd'hui alors qu'elle me mettait le nez dans ma merde. Forcément, elle m'en veut à mort, sa confiance en moi est plus que mise à mal. Elle m'a demandé de lui donner mes codes à mes logiciels de messagerie, je l'ai fait : c'était une erreur, évidemment. Elle a découvert ce que j'avais mis dans mon descriptif msn, comme quoi je cherchais du réel, du hard, du sauvage, alors que j'ai toujours été incapable de répondre aux propositions de vraies rencontres qu'on m'avait fait. Car je sais au fond de moi que ce n'est pas du bonheur, et que je ne peux m'épanouir que dans ma famille. Mais peut-elle encore le croire ? J'ai peur aujourd'hui que la reconquête soit difficile.

Je vais chercher un psychothérapeute, si quelqu'un peut m'en conseiller un bon sur la région parisienne, je prendrai rendez-vous dès que possible.

Merci de m'avoir lu, et merci pour l'aide que vous pourrez sûrement m'apporter.
Salut et bienvenue à toi,
de l'aide, je ne sais pas si j'en suis capable (étant moi-même sexolique) mais du soutien oui, à 200%.
Ton témoignage est touchant, tes efforts impressionnants.
Je crois que tu as bien compris ce qu'il fallait faire...
Certains ici pourront te conseiller un psy sur Paris.
Bon courage :-)
Bonjour Guilhome,

Je t'ai lu avec attention et je suis d'accord aussi pour dire que ton parcours est touchant.

Je ne suis pas non plus placée pour te donner des conseils, mais t'encourager, je le peux !

Je suis codépendante (amoureuse d'un sexolique). Ta femme, selon moi, réagit tout à fait normalement dans les circonstances. J'ai écrit dans la section codépendant sous le titre "besoin de lumière". Tu sais, rien n'est perdu d'avance !

Je serais tentée de te suggérer d'inviter ta femme à venir lire sur le forum. Pour ma part, ce forum m'aide beaucoup à comprendre le dépendant et aussi à valider que mes réactions sont normales en tant que codépendante. Je viens y puiser des énergies et me recentrer sur moi quand je sens que je "dérape" comme codépendante (angoisse, insécurité, destruction, perfectionnisme, contrôle et j'en passe).

L'idée de consulter est selon moi très encourageant pour toi !

Bon courage et félicitations pour ta prise de conscience :-)
Calidoux : "Je serais tentée de te suggérer d'inviter ta femme à venir lire sur le forum."

Mais je lis, je lis.
Je ne voulais pas te culpabiliser, juste expliquer.

Et oui, c'est vrai, j'étais acculé, et c'est pour ça que je suis venu. Mais le déni fait partie de la maladie. Là encore, je ne me donne pas des excuses. C'est ce que je commence à comprendre en lisant pas mal de témoignages.

Je n'aurais pas du nier, j'aurais du te parler de ma rechute dès le départ, plutôt que de me renfermer. Je ne t'ai pas fait confiance, car il m'était déjà dur de me faire confiance. Alors, même à la personne qui est la plus proche de soi, c'est aussi dur. J'aurais du te faire confiance, plutôt que de vouloir tout te cacher.

Ça ne retire rien à ma motivation pour vouloir me guérir et sauver notre couple. Je ne veux pas paraitre tout beau, tout blanc en postant ici : j'ai plein de choses pour lesquelles je me sens coupable, ridicule. Mais je veux croire que l'avenir sera meilleur, qu'il est possible de s'en sortir, et que notre couple peut survivre à cette (très très très grosse) crise.
Salut Guilhome et Ange!

Rien ne sert de rejeter le blâme sur l'un et sur l'autre. Le fait que vous soyez tous les deux ici prouve que vous vous aimez et que chacun de vous veut comprendre et guérir. Ne vous faites pas une guerre ouverte sur le forum. Écrivez pour vous libérer. Écrivez chacun pour vous même. Chacun de nous a besoin d'aide et de soutient. Nous recevons et parfois, sans nous en rendre compte, nous donnons.

Donnez-vous la possibilité de vous exprimer librement. Un coeur libéré a beaucoup plus de place pour aimer!

Bonne chance! labardo! :love2:
Labardo : "Ne vous faites pas une guerre ouverte sur le forum."

En effet, je m'excuse auprès des autres participants du forum de ce message qui n'avait rien à y faire et que je vais effacer.

Bonne chance à toi et à tous :trefle:
Guilhome et ange, vos messages comme le souligne labardo montrent bien qu'en dépit des tensions que vous rencontrez dans votre couple, vous avez décidé de vous en sortir.

Il me semble intéressant que de temps à eutres des co-dép viennent poster sur le forum des dépendants, et pas seulement les co-dep ayant déjà fait un long travaille sur eux mêmes.

Cette souffrance des co-dep constitue un puissant stimulant permettant aux dépendants d'avancer dans leur sevrage. Alors, je sais bien que de chaque coté, les plaies sont vives, mais je suis aussi convaincu que dependants et co-dep doivent pouvoir s'exprimer sur un même forum.Sans doute faudrait-il éviter de communiquer entre conjoints par l'intermédiaire du forum ;-)

Bon courage à tous les deux

:zen2: :zen2: :zen2: :zen2: :zen2:
Salut Guilhomme. Bienvenue.

J'ai moi aussi beaucoup pratiqué le chat, et vécu ce que que tu décris. C'est important que tu ais décidé de t'en sortir, et le plus important aujourd'hui doit être d'essayer de consolider ton rétablissement. Dis-toi que tu as la chance de n'être pas allé jsuqu'aux rencontres réelles. Moi aussi, je suis une grande gueule, moi aussi j'ai fixé pas mal de RDV qui se sont transformés en lapin. Mais à un moment donné, j'ai franchi le pas. Quand on est dans le processus de dépendance, il en faut toujours plus, et dans le plus sordide.
Ne te sens pas coupable. Tu es malade. Ce que tu dis sur ta difficulté à gérer le stress doit t'inviter à travailler sur ce qui pourrait te permettre de trouver la paix intérieure, et engager une psychothérapie me semble être une bonne idée.
Essaie d'être dpouc avec toi. Vas-y doucement. Moi, c'est un jour à la fois que ça se passe, car l'horizon d'une journée est suffisant pour ne pas me faire peur.

Bon courage !
Merci à tous pour vos réponses et vos encouragements :-)

Mais je dois faire une mise au point : j'ai l'impression qu'on me prend pour un héros, alors que pour le coup, j'ai plutôt été un zéro ;-) Ce n'est pas moi qui ait pris conscience de mon mal, mais ma (formidable) femme qui a réagi et m'a mis le dos au mur. Elle m'a mis face à tous mes mensonges accumulés, au fait que j'ai dissimulé bien plus que ce que je lui ai raconté. Même ici, en postant sur ce forum, j'ai encore menti.

Mon mal est bien plus profond que ce que je racontais, j'ai été bien plus longtemps que ça sur des forums, et ma rechute date de bien plus longtemps. Mais on a toujours du mal à admettre sa dépendance, et à vouloir nier la réalité.

Mais voilà, deux jours ont passé depuis notre dernière crise. Durant toute une journée, avec le mal au ventre, j'ai réfléchi à ma vie sans ma femme, sans ma fille, j'ai eu peur, j'ai crû avoir tout brisé, et j'avais peur de la voir partir. Dieu merci, elle ne l'a pas fait, et elle m'a donné la chance dont j'avais besoin. Mais je sais que rien n'est gagné, sa confiance a été plus qu'ébranlée, et je dois maintenant travailler sur moi pour m'en sortir et consolider notre famille. Je veux un autre enfant avec elle, mais ça ne se fera pas sans beaucoup de travail en amont de ma part.

Alors, j'ai pris RDV avec un psychothérapeute, je vous dirai dans une semaine ce que ça donne. J'ai aussi commandé quelques-uns des bouquins recommandés par Orroz, et au pire, même s'ils ne sont pas terribles, pendant le temps que je les lirai je ne serai pas tenté de faire autre chose ;-)

Je lui ai également donné l'accès à tout mon ordinateur : elle a les mots de passe, elle a tout ce qu'il faut pour circuler dessus, et même contrôler mon ordinateur à distance. Parano ? Non, c'est juste une mesure pour qu'elle me refasse confiance. J'espère qu'un jour il n'y en aura plus besoin.

Contrôle parental ? J'y ai pensé, mais c'est compliqué, car je bosse dans le milieu informatique, alors…

Enfin, et c'est le plus important, nous avons beaucoup, beaucoup parlé. C'était plus que nécessaire. Il fallait y arriver, c'est fait, mais je pense qu'il va falloir continuer à beaucoup parler. Cela a fait rejaillir déjà certains trucs. En étant honnête, on se sent mieux avec soi et avec les autres. Je crois que j'ai retenu la leçon.

Enfin bref, je suis prêt cette fois-ci, je pense que je peux y arriver, et j'espère ne plus toucher à cette daube qu'est le porno. Ma famille mérite bien mieux que ça :-*

Merci et bon courage à tous, et je vous donne des niouzes très bientôt. Déjà, je pense que la rencontre avec le psy devrait être très intéressante.

Encore merci et à bientôt !
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