Dépendance sexuelle

Version complète : La Cuisine Magique. Texte Shamanique sur l'amour, la dépendance,
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La Cuisine magique

          Imaginez que vous possédez une cuisine magique chez vous. Dans cette cuisine magique, vous pouvez avoir la quantité que vous voulez de n'importe quelle nourriture au monde. Vous ne vous inquiétez jamais de savoir quoi manger ; quoi que vous puissiez souhaiter, vous l'aurez sur votre table. Vous êtes bien sûr très généreux avec aliments. Vous en distribuez sans conditions à chacun, sans attente de recevoir quelque chose en retour.

          Quels que soient vos visiteurs, vous les nourrissez par plaisir de partager vos ressources alimentaires. Votre maison est ainsi toujours pleine de gens qui viennent déguster votre cuisine magique.           Puis un jour, quelqu'un frappe à votre porte, tenant une pizza dans les mains. Vous ouvrez et il vous regarde en disant : « Hé ! tu as vu cette pizza ? Je te la donne si tu me laisses contrôler ta vie, si tu fais exactement ce que je veux. Tu n'auras jamais faim car je t'apporterais des pizzas tous les jours. Tout ce que tu as à faire, c'est d'être bon envers moi. »           Vous imaginez votre réaction ? Dans votre propre cuisine, vous pouvez avoir la même pizza, voire une meilleure. Et cette personne vient chez vous et vous offre de la nourriture si vous faites exactement ce qu'elle veut. Voilé qui vous fait éclater de rire. Vous lui répondrez : « Non, merci ! Je n'ai pas besoin de ta nourriture ;j'en ai plein. Viens, toi, dans ma maison et mange  ce que tu veux. Je ne te demande rien en échange. Mais ne t'imagine pas que je vais faire ce que tu désires : personne ne me manipulera pour de la nourriture. »           Imaginez maintenant la situation inverse. Plusieurs semaines se sont écoulées et vous n'avez rien mangé. Vous mourrez de faim, mais vous n'avez pas un sou pour vous acheter à manger. Le même individu vient avec sa pizza et vous dit : Hé ! Voilà à manger. C'est pour toi, à condition que tu fasses ce que je veux. » Vous sentez l'odeur de la pizza et vous êtes affamé. Vous décidez d'accepter la nourriture et de faire ce que ce type vous demande. Vous mangez un peu, puis il vous dit : « Si tu en veux plus, tu peux en avoir, mais il faut que tu continues à faire ce que je veux. » Aujourd'hui vous avez eu à manger, mais demain peut-être pas, alors vous acceptez de faire tout ce que vous pouvez pour assurer votre subsistance. Vous devenez alors un esclave pour de la nourriture ; vous en avez besoin puisque vous n'en avez pas vous-même. Puis, au bout d'un certain temps, vous vous mettez à avoir des craintes. Vous vous dites : « Que vais-je faire sans pizza ? Je ne peux pas vivre sans me nourrir. Et si mon partenaire décidait de donner la pizza à quelqu'un d'autre ? Ma pizza ? »

          Imaginez maintenant que nous parlions d'amour au lieu de parler de nourriture. Votre cœur est débordant d'amour non seulement pour vous-même, mais pour le monde entier. Vous aimez tellement que vous n'avez besoin de l'amour de personne. Vous partagez vore amour sans conditions : vous n'aimez pas « si »… Vous êtes millionnaire en amour. Et voilà que quelqu'un frappe à votre porte et vous dit : « Hé ! J'ai de l'amour pour toi.  Je te le donne si tu  fais ce que je veux. »

          Quelle sera votre réaction si vous êtes plein d'amour ? Vous rirez et lui répondrez : « Merci, mais je n'ai pas besoin de ton amour. J'ai le même ici dans mon cœur, en plus grand et en mieux, et je le partage sans conditions. »           Mais que se passerait-il si vous étiez totalement carencé en amour, si vous n'aviez aucun amour dans votre cœur et que quelqu'un vous dise : « Tu veux un peu d'amour ? je te donne le mien si tu fais ce que je veux. » Si vous ressentiez un tel manque d'amour et que vous sentiez celui de cette personne, vous feriez tout ce que vous pourriez pour l'obtenir. Seriez-vous prêt à vendre votre âme pour un peu d'attention ?  

          Votre cœur est semblable à cette cuisine magique. Si vous l'ouvrez, vous y trouverez tout l'amour dont vous avez besoin. Il est inutile de parcourir le monde pour quémander de l'amour en disant : « S'il vous plaît, aimez-moi. Je suis si seul, je ne mérite pas d'être aimé ; j'ai besoin qu'on m'aime pour prouver que je suis digne d'être aimé. » Notre amour est là, en nous, mais nous ne le voyons pas.

          Etes-vous capable de voir tous les drames que les humains créent lorsqu'ils croient ne pas avoir d'amour ? Ils sont totalement carencés en amour et lorsqu'ils en ont un avant-goût grâce à quelqu'un, cela crée en eux un besoin immense jusqu'à devenir une obsession. Puis le drame arrive : « Que vais-je faire si mon partenaire me quitte ? » - « Comment vais-je vivre sans lui ? », se demande-t-ils. Il ne peuvent vivre sans leur dealer, celui qui leur donne leur dose quotidienne. Et pour ce petit brin d'amour dont ils sont affamés, ils permettent à autrui de contrôler leur vie. Ils laissent quelqu'un d'autre leur dire que faire ou ne pas faire, , comment s'habiller, comment se comporter, que croire ou non. « Je t'aime si tu te comportes comme ceci. Je t'aime si tu me laisses contrôler ta vie. Je t'aime si tu es bon envers moi. Sinon oublies ! »

           Le problème des humains est qu'ils ignorent tout de la cuisine magique installée dans leurs cœurs. Toure notre souffrance a débuté pace qu'il y a longtemps, nous avons fermé nos cœurs ; ainsi, nous ne sentons plus l'amour qui s'y trouve. A un certain moment de notre vie, nous avons eu peur d'aimer parce que nous croyions que l'amour était injuste, qu'il faisait mal. Nous avons essayé de nous montrer à la hauteur de telle ou telle personne, de nous faire accepter, mais sans succès. Ainsi, nous avons déjà eu deux ou trois histoires d'amour et le cœur plusieurs fois brisé. Aimer à nouveau serait prendre un trop grand risque.

          Evidemment, nous nous jugeons nous-mêmes au point de ne plus pouvoir nous aimer. Et sans amour pour nous-mêmes, comment pouvons-nous partager notre amour avec autrui ?

          En débutant une relation, on devient égoïste parce qu'on est dans le besoin. Tout tourne autour de soi. On devient d'ailleurs tellement égoïste qu'on désire que le partenaire soit autant dans le besoin que soi. On veut « quelqu'un qui a besoin de moi », de manière à justifier son existence, à sentir qu'on a une raison d'être. On croit rechercher l'amour, mais en réalité, on cherche quelqu'un qui a besoin de nous, quelqu'un qu'on peut contrôler et manipuler.

          Une guerre de pouvoir sévit dans les relations humaines parce qu'on nous a dressés à nous battre pour gagner le contrôle de l'attention. Ce que nous nommons « amour » - quelqu'un qui a besoin de moi, qui se soucie de moi – n'en est pas : c'est de l'égoïsme. Comment cela pourrait-il marcher ? L'égoïsme ne marche pas parce qu'il ne comporte pas d'amour. Les deux partenaires sont en manque. Au cours de leurs relations sexuelles, ils goûtent un peu à l'amour et ils en deviennent dépendants tellement ils sont en manque. Mais tous leurs jugements sont encore présents. Toutes leurs peurs. Tous leurs reproches. Tous leurs drames.

          Alors nous sollicitons des conseils sur l'amour et la sexualité. Tant de livres ont été écrits à ce propos, que l'on pourrait d'ailleurs tous intituler L'art d'être sexuellement égoïste. L'intention est bonne, mais où est l'amour ? Ces livres ne parlent pas de comment apprendre à aimer, car il n'y a rien à apprendre sur l'amour. Tout est déjà inscrit dans nos gènes, dans notre nature. Nous n'avons rien à apprendre, sinon ce que nous inventons nous-mêmes dans ce monde d'illusions. Nous cherchons l'amour hors de nous-mêmes alors qu'il est présent tout autour de nous. L'amour est partout, mais nous n'avons pas d'yeux pour le voir. Notre corps émotionnel n'est plus réglé sur sa fréquence.

          On a peur d'aimer car c'est devenu dangereux. La peur du rejet nous terrorise. On s'oblige d'être quelqu'un que l'on n'est pas ; on s'efforce de se faire accepter par son partenaire alors qu'on ne s'accepte pas soi-même. Mais le problèmes n'est pas que notre partenaire nous rejette, c'est qu'on se rejette soi-même parce qu'on n'est pas à la hauteur, parce que c'est ce que l'on croit.

          Le rejet de soi est le problème principal. Vous ne serez jamais à la hauteur puisque l'idée de perfection que vous cultivez est complètement fausse. C'est un concept faux, qui n'est même pas réel, mais vous y croyez. Alors faute d'être parfait, vous vous rejetez. Et votre niveau de rejet de soi dépend de la force avec laquelle les adultes ont réussi à briser votre intégrité.

          Au terme de la domestication, (apprentissage forcé de l'enfant par son entourage et la société en général, à l'intérieur de lois, concepts et politiques qu'on a même pas choisis au départ…du reste on a même pas choisi son prénom !) il ne s'agit plus d'être à la hauteur de l'opinion des autres. On n'est même plus à la hauteur par rapport à soi-même, car le grand Juge est toujours là pour nous rappeler que  nous ne sommes pas parfaits. Comme je l'ai dit précédemment, vous n'arrivez pas à vous pardonner de ne pas être ce que vous voudriez être, et c'est cela le vrai problème. Si vous pouvez changer cet aspect, vous aurez réglé votre moitié de chacune de vos relations. Les autres moitiés ne vous concernent pas.

 

          Si vous dites à quelqu'un que vous l'aimez et qu'il vous répond : « Eh bien moi, je ne t'aime pas », est-ce une raison de souffrir ? Ce n'est pas parce que quelqu'un vous rejette que vous devez faire pareil avec vous-même. Si telle personne ne vous aime pas, une autre vous aimera. Il y a toujours quelqu'un d'autre. Et il est préférable d'être avec un partenaire qui veut être avec vous plutôt qu'avec un autre qui se sent obligé.

          Concentrez-vous sur la relation la plus merveilleuse que vous puissiez avoir : celle que vous avez avec vous-même. Il ne s'agit pas d'être égoïste, mais de s'aimer soi-même. Ce n'est pas la même chose. Vous êtes égoïste précisément parce que vous ne vous aimez pas. Plus vous vous aimez, plus l'amour se développera. Alors, lorsque vous débuterez une relation,  ce ne sera pas par besoin d'être aimé ; ce sera un choix. Vous pourrez choisir telle personne si vous le voulez et que vous voyez vraiment qui elle est. Lorsque vous n'avez pas besoin de son amour, vous n'avez plus à vous mentir. Vous êtes complet. Lorsque l'amour sort de vous, vous n'avez plus à en chercher de peur d'être seul. Lorsque vous avez tant d'amour pour vous-même, être seul n'est plus un problème. Vous êtes heureux d'être seul et vous appréciez aussi le partage.

          Si je vous aime et que nous sortons ensemble, est-ce parce que nous voulons être jaloux l'un de l'autre parce que j'a besoin de vous contrôler ou vous de me contrôler ? Si cela doit se passer ainsi, ce n'est pas drôle. Si je dois être critiqué ou jugé, si je dois me sentir mal, alors non, merci. Si c'est pour souffrir, autant rester seul. Est-ce que les gens se mettent ensemble pour vivre des drames, pour se posséder l'un l'autre, pour se punir, pour être sauvé ? Est-ce vraiment la raison d'être d'une relation ? Bien sûr, tous ces choix coexistent. Mais que cherchons-nous vraiment?

           Enfant, lorsqu'on a cinq, six ou sept ans, on est attiré par d'autres enfants, par envie de jouer et de s'amuser. On ne reste pas avec un autre enfant pour se battre ou se créer des ennuis. Cela peut arriver mais ça ne dure pas longtemps. On ne fait que jouer et jouer. Lorsqu'on s'ennuie, on change de jeu, on change les règles ; on ne cesse d'explorer.

          Si vous commencez un partenariat dans le but de vivre des drames, d'être jaloux ou possessif ou pour contrôler la vie de votre partenaire, ce n'est pas le plaisir que vous chercher, mais la souffrance. Et c'est exactement ce que vous allez trouver. Si vous débutez une relation par  égoïsme, avec l'idée que votre partenaire vous rendra heureux, cela ne se produira pas. Et ce ne sera pas sa faute, mais la vôtre.           Si on démarre une relation, quelle qu'elle soit, c'est par envie de partager, d'avoir du plaisir, de s'amuser et non pas pour s'ennuyer. Si on cherche un partenaire, c'est par envie de jouer, d'être heureux et savourer ce que nous sommes. On ne choisit pas un partenaire, qu'on prétend aimer, pour ensuite déverser sur lui tous ses déchets et lui projeter toute sa jalousie, toute sa colère et tout son égoïsme. Comment quelqu'un peut-il vous dire « Je t'aime », puis vous maltraiter, abuser de vous, vous humilier et vous manquer de respect ? Il peut prétendre vous aimer, mais est-ce vraiment de l'amour ? Si nous aimons, nous voulons le meilleur pour ceux que nous aimons. Pourquoi les maltraiter sous prétexte que nous sommes pleins de peurs et de poison émotionnel ? Pourquoi reprocher nos propres poubelles à nos parents ?

          Les gens apprennent à fermer leur cœur et à devenir très égoïstes. Ils sont assoiffés d'amour, mais ignorent que leur cœur est une cuisine magique. Votre cœur est une cuisine magique. Ouvrez-le. Ouvrez votre cuisine magique et refusez de parcourir le monde en quête d'amour. Votre cœur contient tout l'amour dont vous avez besoin. Il peut créer n'importe quelle quantité d'amour, non seulement pour vous, mais pour le monde entier. Vous pouvez donner votre amour sans conditions ; vous pouvez être généreux en amour parce que vous possédez une cuisine magique dans votre cœur. Alors, tous ceux qui sont assoiffés d'amour et qui croient que leur cœur est fermé voudront toujours être auprès de vous, pour bénéficier de votre amour.

 

          C'est l'amour que vous exprimez qui vous rend heureux. Et si vous êtes généreux en amour, tout le monde vous aimera. Vous ne serez alors jamais seul. En revanche, si vous êtes égoïste, vous serez toujours seul et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même. Votre générosité – et non votre égoïsme – ouvrira toutes les portes.

          L'égoïsme vient de la pauvreté du cœur, de la croyance que l'amour n'est pas abondant. On devient égoïste lorsqu'on croit que demain, peut-être, on n'aura pas de pizza. Mais lorsqu'on sait que notre cœur est une cuisine magique, on est toujours généreux et notre amour est totalement inconditionnel.
Ca se tient, je suis d'accord. Mais y'a toujours un truc qui me chiffonne. Tu dis la chose comme si en s'aimant suffisamment on pouvait ne plus avoir besoin des autres. Je crois que je lisais un truc là dessus dans un bouquin sur la méditation et les dépendances. Ils disaient qu'on a toujours besoin des autres et qu'il faut l'accepter au risque de s'isoler. Enfin, si on n'a pas de problème, on n'a pas non plus de raisons de s'isoler, mais si on n'a pas de problèmes, on n'a pas non plus besoin de "s'aimer". Encore une fois je joue sur les mots, mais je trouve que c'est bizarre de le dire comme ça. Dans ce bouquin ils présentaient le truc de façon très absolue, en montrant que toute la société se tient grace à la collaboration entre les gens. Si j'utilise un ordi c'est uniquement parce que des gens l'ont pensé et que d'autres ont creusé des mines pour trouver les matières premières et que d'autres l'ont construit. Si je peux manger c'est grace à d'autres encore. Seul, on ne peut pas survivre. Ils disent la même chose pour ce qui est des relations sociales, avoir besoin des autres n'est pas une maladie, c'est tout à fait naturel. Mais ce naturel peut être taché par une maladie. Ma main est quelque chose de naturel, mais si j'ai une douleur à la main ça ne veut pas dire que ma main est mauvaise et qu'il faut la couper, de la même manière si j'ai des problèmes dans mes relations sociales ça ne veut pas dire que le besoin de l'autre est forcément mauvais et qu'il faut s'en débarrasser. Le besoin des autres est comme un organe du corps que tout le monde a et qui est normal, mais comme tous les organes, il peut tomber malade. Et sinon, la logique du dépendant c'est de collectionner le plaisir pour justement ne plus avoir besoin des autres, pour contrôler ses émotions et ne plus être dépendant d'un apport extérieur. C'est pour ça que les dépendants sexuels peuvent avoir besoin de continuer à se masturber alors qu'il sont en couple (ce que les codépendants interprètent comme le fait qu'ils ne sont pas suffisants). Collectionner le plaisir et le contrôler soi même c'est une manière de vérifier qu'on peut vivre en autarcie et qu'on n'a pas à supporter l'angoisse liée à l'apport de l'extérieur qui lui est incertain. On collectionne du plaisir dans le but de pouvoir s'isoler. Le fait de dire qu'il faut "s'aimer soi même" pour ne plus avoir besoin des autres à tout prix, je trouve que ça sonne beaucoup comme ça. C'est aussi un peu pour ça qu'on rechute quand on est seuls, on veut vérifier qu'on n'a pas à se faire de soucis face à notre solitude. C'est pas tellement le plaisir qu'on cherche, mais on cherche à vérifier aussi que le plaisir est toujours là et toujours accessible. Qu'on n'a pas besoin des autres.  Mais c'est sûr que les dépendants n'ont pas beaucoup d'amour pour eux mêmes et que c'est un problème. Mais dit comme ça, on pourrait croire qu'il faut compenser ce manque d'amour qu'on ressent par un "auto amour". Moi je pense que le manque d'amour n'est pas vraiment la racine du problème. A l'origine l'éducation des parents (par exemple) peut manquer d'amour et on peut en manquer dans l'enfance. Mais c'est une erreur de croire que ce manque peut être comblé plus tard par qui que ce soit, nous mêmes compris. Plus tard, ça n'est plus vraiment un manque d'amour qui nous fait souffrir. On n'est plus des enfants. Croire que c'est un vide d'amour qu'on a en nous c'est croire qu'on peut le combler par de l'amour, mais je pense que ça ne marche pas. Et c'est pour ça qu'on peut tomber dans le narcissisme. C'est parce qu'il faut beaucoup trop d'amour pour boucher le trou, il en faut à l'infini. Un peu comme si on essayais de boire jusqu'à ne plus avoir faim, ça ne marche pas, et si on ne peut pas boucher le trou avec de l'amour c'est parce que ce trou ça n'est pas un trou d'amour, je pense que c'est autre chose. Ce que les parents (par exemple) ont fait en manquant d'amour (par exemple) pour nous, c'est qu'ils nous ont appris des fausses croyances sur nous mêmes. La croyance qu'on n'est pas suffisant, que la relation aux autres est toujours problématique et qu'on doit se suffir à soi même, que les émotions sont une faiblesse, qu'on ne peut pas avoir confiance en les autres etc....(pour le dernier point c'est assez évident, quand les parents sont instables et ont leurs problèmes (de dépendance peut être), qu'ils ne donnent pas assez d'affection, on souffre de ce manque dans l'enfance, mais surtout on apprend qu'on ne peut pas avoir confiance en l'autre, et le problème c'est cette croyance).Dans l'enfance il y a eu un manque d'amour, mais à l'age adulte la cicatrice est faite uniquement de ces fausses croyances. Je pense qu'il faut juste démonter ces fausses croyances, apprendre à faire confiance aux autres, par exemple, corriger cette vision distordue du monde qu'on a apprise. Je ne sais pas si il est nécessaire de vraiment s'aimer, dans le sens du terme qu'on utilise tous les jours, mais en tout cas il ne faut pas se détester et il faut se pardonner et avoir de la compassion pour soi-même.Pour revenir sur ce point, les parents peuvent nous apprendre que les autres ne sont pas fiables pour nous apporter ce dont on a besoin, c'est ça qui nous pousse à nous isoler . Et en s'isolant on se prive d'amour alors que le besoin d'amour est naturel. Et on souffre d'un manque d'amour, mais ce manque d'amour c'est celui qu'on s'est créés nous en nous isolant, ça n'est PAS le manque d'amour de nos parents. De la même manière, en apprenant qu'on n'est jamais suffisant pour les autres, on distord la réalité et on se prive de l'amour des autres qui pourtant est bien là. Mais il nous passe à côté. Ce qu'il faut corriger c'est cette vision du monde qu'on a apprise. Et comme tu dis, l'amour est partout, il faut juste le voir, mais par contre je ne suis pas d'accord pour dire que cet amour doit venir de nous, il vient aussi des autres. Comme tu présentes la chose, la personne qui amène la pizza demande automatiquement quelque chose en échange, demande un asservissement. Je sais bien que c'était pour l'exemple, mais cette vision des choses est une distorsion typique de la réalité chez les dépendants, de croire qu'on ne peut pas s'engager avec les autres parce qu'ils nous feront forcément souffrir. Et compenser ce risque par un amour plus grand pour soi même ça n'est pas la solution, ça n'est qu'une compensation. Il faut aussi apprendre à avoir confiance en l'autre. Et c'était très bien expliqué ce bouquin je crois. Sinon on tombe dans la relation du dominant et du dominé, et l'amour pour soi ne sert qu'à se mettre du côté du dominant pour être en sécurité. Ca sert à se protéger d'un sentiment dont on croit qu'il peut nous détruire. Mais dans la relation d'égal à égal, il faut savoir faire confiance en l'autre et oublier cette fausse croyance comme quoi les autres ne sont pas fiables et qu'un quelconque lien sentimental va nous mettre dans une situation à risque. Enfant, lorsqu'on a cinq, six ou sept ans, on est attiré par d'autres enfants, par envie de jouer et de s'amuser. On ne reste pas avec un autre enfant pour se battre ou se créer des ennuis. Si on démarre une relation, quelle qu'elle soit, c'est par envie de partager, d'avoir du plaisir, de s'amuser et non pas pour s'ennuyer. Si on cherche un partenaire, c'est par envie de jouer, d'être heureux et savourer ce que nous sommes. On ne choisit pas un partenaire, qu'on prétend aimer, pour ensuite déverser sur lui tous ses déchets et lui projeter toute sa jalousie, toute sa colère et tout son égoïsme. Ces deux choses me font penser à un truc que j'ai lu dans un bouquin sur la méditation et les dépendances. Ils montraient bien qu'un enfant peut aimer quelqu'un, mais si ce quelqu'un lui fait du mal, alors il partira. Face aux problèmes, l'amour de l'enfant pour ses semblables dura 5 secondes au maximum (je parle surtout des autres enfants). Mais l'amour adulte, désintéressé, il n'attend rien à retour. Par amour désintéressé, l'adulte ne se met pas en relation " par envie de partager, d'avoir du plaisir, de s'amuser". L'amour désintéressé c'est par exemple l'amour d'un fils pour sa mère qui a alzheimer et qui ne le reconnaît même pas quand il vient la voir. Il n'attend rien en retour, ni un partage, ni de l'amusement, ni du plaisir, il aime tout simplement. Je sais pas à quel point l'amour désintéressé est une chose possible, mais c'est certainement une chose vers laquelle on peut tendre. Enfin, je sais que tu sais déjà de quoi je parle, mais c'est un peu en contradiction avec ce que tu viens de dire. Il n'y a pas longtemps j'ai fait un rêve vraiment bizarre. Il s'est passé quelque chose qui a fait que j'ai soudainement eu l'impression de comprendre la dépendance de ma mère. Je la savais déjà avant, mais j'ai eu le sentiment de l'assimiler d'un coup. Et soudainement, presque pour la première fois, j'ai ressenti un amour énorme pour elle, non pas en retour d'un amour qu'elle m'avait porté. Je ne suis même pas certain de ce qu'elle ressent pour moi. Mais un amour tout simple pour elle, un amour d'autant plus grand que sa souffrance à elle doit être grande, surtout maintenant que je la perçoit.  Mais ma mère est toujours ce qu'elle est, et je sais qu'elle pourra continuer à dire des choses qui peuvent faire souffrir, qu'elle pourra être mauvaise, mais je l'aime quand même, pour ce qu'elle est au centre d'elle même, sous la couche de problèmes. Je pense que c'est un peu ça l'amour désintéressé. Et je pense que c'est en contradiction avec ce que tu dis.Enfin, ce que je voulais surtout dire c'est que l'amour doit aussi venir des autres. Il ne faut pas l'attendre et se morfondre quand on voit qu'il n'est pas là, mais il faut se donner les moyens de le percevoir là où on n'a pas l'habitude de regarder. Je sais que ce que tu dis est très proche de ça, mais je veux quand même dire tout ça parce qu'on est sur un forum de dépendants. Et si tu dis qu'il faut s'aimer soi même pour ne plus avoir besoin des autres (je simplifie), je te garantit que la dépendance nous aidera forcément à sauter sur la pire interprétation. C'est quelque chose qu'un dépendant adore croire, qu'il peut se suffire à lui même.
Mais quand je parle d'amour désintéressé, je ne veux surtout pas dire que tout codépendant doit forcément rester avec le dépendant. Chacun est libre de ses choix. Et il ne faut pas non plus rester avec le dépendant par culpabilité de ne pas ressentir cet amour désintéressé. Je suis sûr que c'est quelque chose de possible tant la culpabilité est omniprésente. La question aussi, c'est est ce que le codépendant "peut" ressentir de l'amour désintéressé tant qu'il souffre de sa codépendance, de ces problèmes à lui.
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