17-08-2010, 22:50
Il est très important de comprendre je pense, que la dépendance sexuelle dont nous nous appliquons à essayer de décortiquer et démanteler les mécanismes et les origines, n'a en fait pas grand-chose de sexuel... Léa, tu as tendance à tout ramener à la sexualité alors que nous sommes je crois en général assez réconfortés de voir que nous pouvons ouvrir notre esprit à autre chose qu'à penser avec nos sexes, y compris dans les problèmes que nous retrouvons et qui nous amènent ici. Tu n'es pas une trublionne, mais tu as une attitude qui est un peu en contr-addiction avec nos cheminements. Nous avons besoin de prendre conscience, assez tôt dans notre parcours, en tous cas je parle pour moi et je m'appuie sur nombre de témoignages, que la sexualité n'est pas un besoin vital impérieux qui conditionne nos existences, et toi tu déclares que tu aimerais, que tu exiges presque, que ton mec devienne sexuellement actif et comble tes attentes en la matière.Parmi les sources de réflexion et de rétablissement qui font leurs preuves, les préceptes des DASA (dasafrance.free.fr)préconisent (sans en faire une obligation, mais c'est une piste) de ne pas avoir de relation affective ni sexuelle tant que l'on n'est pas rétabli. Pour quelqu'un qui est en couple, les relations sexuelles "vraies" c'est-à-dire sans partir dans ses fantasmes, jouer au film porno en live ou autre, sont sans doute tout à fait envisageables à partir du moment où elles ne font intervenir que le partage, la complicité, l'échange amoureux... Limite catho. Tes allusions à des pratiques sont plutôt de l'ordre d'une sexualité "débridée" (attention, rien d'anormal ou d'extrème, c'est juste qu'ici en rétablissement nous essayons de nous cantonner aux règles de base... pour caricaturer, je vais dire que c'est pour ainsi dire missionnaire et puis c'est tout... je simplifie, mais c'est plus... simple comme ça!), tu fais allusion en fait à des jeux érotiques (qui n'ont donc rien de pervers ou déviants) en détournant les règles du "respect"... Tu es toi-même un peu équivoque sur le sujet (glissant) puisque tu dis que tu aimerais un peu moins de respect, tout en gardant le respect... Je ne cherche pas à jouer sur les mots, je ne fais que rapporter ce que j'ai lu.Loin de moi l'idée de critiquer ton attitude ou tes propos. Mais ce que tu attends de ton mec est peut-être un peu en décalage avec ce qu'en tous cas nous autres, dont certains ont prouvé que les préceptes issus d'Orroz dont ce site est un héritage semblent pouvoir porter leurs fruits, avons développé comme ensemble de pensées, notions, opinions, méthodologies (presque idéologie), loin du machisme et du sexisme consensuels de la société actuelle. Il nous est important de nous rétablir parce que notre bien-être, notre sérénité propre en dépend, avant tout. Nous identifions que notre problème n'est pas simplement de l'ordre sexuel ou de l'image de l'autre sexe, mais plus profondément de l'ordre affectif, concernant l'autre mais aussi nous-mêmes, et qu'en jeu il y a nos vies entières avant de nous pencher sur le problème de la relation affective. Donc même si on peut comprendre ta frustration, elle n'est pas pour nous je pense pertinente dans le cadre des modes de rétablissement que nous concevons, et pourrions imaginer qu'applique ton ami.Pour ceux qui sont en couple comme les autres, un élément important est l'honnêteté et la transparence, l'échange, et ce pas seulement lors des relations sexuelles, mais dans tous les domaines de la relation amoureuse. Cela veut dire que pour ceux qui se sont ouverts à leur partenaire, il est indispensable de rendre compte de nos états d'âme, parce que cela aide à les voir clairement, les identifier, les surmonter en quelque sorte. Un dépendant se ment à lui-même avant tout, et le miroir lui permet de voir la grosseur de son mensonge et de mieux voir quelle est la vérité. Que les rapports sexuels soient tendres, doux, partagés, amoureux est une confirmation de cette honnêteté, de ce partage etc. Je n'énonce pas un mode d'emploi à l'usage du plumard, et chacun voit midi à sa porte bien sûr, mais notre ennemi est l'intellectualisation, ou plutôt la fantasmisation de la sexualité. Donc que tu attendes de ton mec qu'il se sèvre et aille mieux, c'est tout à fait évident pour tout le monde. Que tu souffres de sa dépendance y compris lors de vois rapports sexuels, qu'il soit un bourrin, un éjaculateur précoce, un marteau-piqueur, un macho, un planqué, j'en passe et des meilleures, que tu aies l'impression qu'il n'est pas avec toi, ce sont autant d'éléments qui nous parlent et auxquels nous nous identifions aisément. Que tu demandes qu'il soit l'amant de tes rêves, ce n'est simplement pas à propos pour nous qui refusons le culte de la performance qui nous a trop pourri l'existence... Il n'y a pas de conflit là-dessus, juste pratiquement un hors-sujet. Nous sommes là pour nous réparer, redevenir ou devenir nous-mêmes, vivre une vie décente et sereine, avant de songer à notre sexualité, et beaucoup de "nouveaux" (y compris des inexpérimentés qui n'ont de vision de l'affectif-sexuel que ce qu'ils ont pu "apprendre" par le porno) passent par un certain chemin avant de voir ce qu'il en est.Alors oui dans nos parcours, parce que cette dépendance est tenace et logée bien profondément, ancrée près des instincts, sans doute installée lors du développement de la personnalité, il y a avant tout de la souffrance, pour nous-mêmes et aussi pour nos proches, de la rancœur, du mensonge (évitement, dissimulation, à soi-même et aux autres), des couples qui éclatent, du désespoir (et de l'espoir), des rechutes. Peu d'élus et beaucoup d'appelés. Et pourtant, ceux qui s'en sortent sont je pense tous persuadés que c'est à la portée de tous. Ton attitude n'est primordiale que parce que tu partages son quotidien. C'est énorme en effet. Il se rétablira seul, même si tu pourras l'épauler. Tu marches sur une corde raide, en ce sens que tu peux plus facilement le faire chuter parce qu'il est sans doute apte à trouver tous les prétextes à rechuter et tout faux-pas de ta part peut en constituer pour lui, que tu ne peux activement l'aider à franchir des étapes... Si ce n'est en cultivant avec lui cette clarté transparente qui empêche à l'ombre et au sordide de reprendre le dessus.J'arrête là ma diatribe, je suis rentré de vacances alors je fais mon Mondom... à coups de centaines de lignes.