27-05-2008, 12:39
Bonjour,
Je suis inscrite depuis maintenant quelques semaines, mais je n'avais pas encore ressenti le besoin de témoigner. Aujourd'hui, j'en ai gros sur la patate et surtout je ne sais plus trop comment avancer, je suis à court d'idées (et celles que j'ai eues jusqu'à maintenant n'ont pas toujours été bonnes...), je pense que j'ai besoin d'un peu de soutien pour ressortir la tête de l'eau. Je vais essayer d'exposer mon histoire complète, ce sera un peu long mais je pense que j'ai besoin de tout bien mettre à plat pour y voir plus clair, ne serait-ce que pour moi-même.
Je suis en couple avec un homme de 24 ans, nous sommes ensemble depuis six mois, les choses sont allées assez vite (c'était son souhait, autant que le mien sinon plus) et nous habitons presque ensemble (nous avons chacun notre appartement, mais ils sont distants de 500 mètres et nous sommes toujours l'un chez l'autre). Je suis une femme de 26 ans. Tout se passe extrêmement bien, nous nous entendons très bien, nous avons chacun rencontré les parents de l'autre, nous avons beaucoup de centres d'intérêt et d'activités communs, et nous avons il me semble une vie sexuelle très épanouie et satisfaisante. Bref, tout serait parfait... sans le porno.
Je sais que beaucoup d'hommes sont consommateurs de ces images. Je ne suis pas une oie blanche, et je pense être assez ouverte et compréhensive, en tout cas j'essaie de l'être. Pourtant, malgré mes belles déclarations de femme moderne et compréhensive, c'est vrai que le porno passe très mal. J'y réagis peut-être plus mal que la moyenne des femmes. J'ai beau m'être documentée, avoir appris des choses sur la sexualité masculine (l'importance de la vue dans leur excitation, le fait de ne pas vouloir associer leur compagne à leur masturbation pour ne pas la souiller, etc.), ne pas être dérangée par la masturbation en elle-même (je pense qu'avec mesure, elle fait partie d'une sexualité épanouie, même si on vit en couple), la pornographie continue de me déranger et de me faire du mal. Ma tête voudrait être capable de l'accepter mais je ne peux m'empêcher de ressentir une émotion négative à cette pensée. Pour compléter ce tableau, je dois dire que j'ai été abusée dans mon adolescence par un membre de ma famille qui m'obligeait à regarder des films pornographiques avec lui et à le masturber. J'ai surmonté ça avec de l'aide psychologique arrivée à l'âge adulte et je pense être "en règle" avec ce passé douloureux, mais évidemment cela me rend plus sensible au fait que mon amoureux en regarde...
Je vais essayer de reprendre les faits de manière chronologique. Je ne suis ni jalouse ni possessive habituellement et je n'avais jamais fouillé dans ses affaires. Au mois de février, regardant le fichier journal de mon routeur (chose que je fais de temps en temps, pas souvent, pour vérifier que ma connexion n'est pas piratée), je remarque des connexions vers deux sites pornographiques, deux fois dans la semaine écoulée, correspondant à un soir où j'étais absente et un autre où je suis allée me coucher tôt en laissant mon amoureux dans le salon. Sur le coup, je ne me suis pas spécialement alarmée même si j'étais déçue de voir que mon homme n'était pas différent des autres, mais ce que je n'ai pas aimé sur le coup c'est qu'il ait fait cela chez moi et alors que je dormais dans la pièce d'à côté. Un peu gênée, je ne lui en ai pas parlé le soir même et je l'ai repoussé, ce qu'il n'a pas bien compris car cela m'arrive très rarement, et je lui ai envoyé le lendemain un long mail, le plus dépassionnée et précis possible, pour lui expliquer mon point de vue que j'estimais assez modéré (que la masturbation ne me dérangeait pas en elle-même, que je savais que la plupart des hommes regardait du porno à l'occasion, que je ne me sentais pas menacée car je sais que notre sexualité à deux et ses plaisirs solitaires sont deux choses différentes) et lui demander de s'abstenir chez moi en ma présence. Dès qu'il a reçu le mail, nous avons eu une très longue discussion sur MSN, une discussion qui m'a semblée positive où nous avons pu chacun nous exprimer et progresser dans une compréhension mutuelle.
Son point de vue : insomniaque à l'adolescence, il a commencé à se masturber pour trouver le sommeil et éviter les pollutions nocturnes, et a gardé cette habitude uniquement lorsqu'il ne parvient pas à s'endormir ; il ne parvient pas à se masturber sans images, et préfère le faire "sur des images d'inconnues qu'il ne reverra jamais et qui savent que des hommes se masturbent en les regardant" plutôt qu'en pensant à moi ("il aurait l'impression de me souiller, de m'associer à cette activité qui est quelque chose de différent") ou à quelqu'un de réellement croisé dans la rue ou qu'il connaît ("il aurait l'impression de me tromper"). Il m'a assuré que ça n'arrivait que très rarement désormais car il dormait bien quand j'étais à ses côtés, et qu'il ne recherchait que des images "soft", du porno amateur avec "de vrais couples qui s'aiment", que les choses hard en haute qualité ne l'excitaient pas et qu'il était émoustillé par l'authentique, qu'on voie des gestes de tendresse.
Il a mis en avant le fait qu'il ne me cachait rien, que je pouvais vérifier moi-même sur son ordinateur qui n'a pas de mot de passe, qu'il n'avait qu'extrêmement peu de films sur son ordinateur, et je n'avais effectivement pas de raison de penser que je ne pouvais pas lui faire confiance. Il a aussi mis en avant que quand il éprouvait seulement le besoin de "se vider les couilles" (pardon pour le vocabulaire cru, mais on n'est pas là pour vendre des gaufres) il préférait faire son affaire seul plutôt que se soulager sur moi, que c'était une forme de respect, qu'il préférait faire l'amour avec moi quand il avait envie de faire l'amour, et se soulager seul quand il a seulement besoin de se soulager.
Je lui ai aussi expliqué longuement ce que j'en pensais et mon histoire, et nous avons convenu qu'il ne s'adonnerait plus à cela dans mon appartement, ce qui m'a paru sur le coup un accord acceptable.
Ça a continué à me trotter dans la tête. Je pense rétrospectivement que j'ai commencé à tomber dans la co-dépendance très rapidement, avant même de pouvoir soupçonner que lui était certainement (légèrement ?) dépendant. Un peu de temps après, j'ai commencé à regarder l'historique de son ordinateur, chose qui pourtant me fait moralement horreur, un mélange entre besoin malsain de savoir et peur qu'il m'ait menti, très animal en fait ! J'ai eu très honte de l'avoir fait ; mais deux fois j'ai regardé, et deux fois il avait de nouveau consulté des sites. J'ai pu estimer sa "consommation" à deux fois par semaine, ce qui a commencé à me sembler quand même relativement fréquent. Je me sentais très mal, à la fois d'avoir fouiné dans ses affaires et d'avoir "violé" sa vie privée, mais aussi de ce que j'avais découvert. J'ai donc décidé de lui en parler, en m'excusant d'avoir fouillé mais aussi en lui disant que cela me faisait du mal et que j'avais besoin que nous en discutions encore.
La communication est un pilier de notre couple, nous parlons beaucoup et librement de nos problèmes, et ça a toujours fonctionné jusqu'à maintenant. Sauf là-dessus.
Donc je lui en parle, et il le prend assez à la rigolade (tout en prenant la peine de me rassurer, mais l'air de dire que ce n'était vraiment pas grave). Il m'explique que ce n'est pas parce qu'il consulte un site qu'il va "consommer" immédiatement, mais que le site qu'il visite (toujours le même d'après lui) est approvisionné seulement tous les 3/4 jours et qu'il passe jeter un œil pour voir si quelque chose pourrait lui convenir pour un besoin futur. Il me dit même que je devrais être rassurée car 1) il ne visite qu'un seul site, plutôt soft, et non payant 2) il a une exigence de qualité, n'apprécie pas du tout les choses sales ou dégradantes et que comme c'est difficile à trouver, il préfère regarder de temps en temps pour voir si quelque chose qui correspond à ses "standards" est disponible. Il me dit qu'il s'en est tenu à notre accord et ne s'est pas masturbé chez moi, qu'il n'y a donc rien de nouveau par rapport à notre discussion précédente, qu'il ne m'avait rien caché depuis (puisque j'avais pu voir dans son ordinateur) et que je n'avais aucune raison de m'inquiéter.
J'aurais certainement dû en rester là mais le virus de la codépendance faisait déjà son chemin. La confiance avait été entamée et le doute s'insinuait en moi. Pourtant, en façade et intellectuellement parlant, je voulais me persuader que tout allait bien, que tout était normal, que j'acceptais. Un soir en déplacement dans une autre ville, je lui ai même dit que j'avais cheminé (je pensais, en surface, que c'était vrai, c'était sincère quand je lui ai dit : je crois que je me mentais à moi-même) et qu'exceptionnellement puisque j'étais absente, je l'autorisais à "consommer" chez moi, avec même un trait d'humour. Il me répond avec un sourire : pas besoin de porno. Provocation (je ne veux pas me chercher d'excuse) ? s'il m'avait dit "ok je le ferai peut-être" j'aurai préféré, mais là j'ai vécu ça comme une perche. J'ai donc vérifié en rentrant. Historique internet effacé, nom d'un film porno dans les liens "documents récents"... Donc il commençait à cacher (quoi qu'il en dise) et m'avait menti sur le fait qu'il n'en regarderait pas ce soir-là (mensonge complètement sans intérêt puisque je lui avais "permis"). En même temps, et toujours me mentant à moi-même, je me suis dit qu'il voulait ne pas me faire de la peine, me protéger en effaçant son historique, et que c'était plutôt attendrissant. Mais le doute, de nouveau. Nouvelle "vérification" un peu plus tard : il a visité un site alors que j'étais partie prendre une douche, et une autre fois alors que je rentrais tard du boulot. Les deux fois, à mon retour auprès de lui, il avait "très envie de moi" et nous avons fait l'amour. Quand je le découvre, je me sens salie, je me demande si c'est à cause des films qu'il a eu envie de faire l'amour avec moi ! Pourtant j'essaie d'occulter. Je me tiens à son argument de "prospection", juste voir s'il y a du nouveau et pas pour s'exciter tout de suite.
J'ai essayé de sortir de ce cercle, de ne plus surveiller, de restaurer la confiance en prenant mon parti du fait que oui, il regardait du porno de temps en temps, rien de méchant, que ce serait liberticide et inutile de ma part d'exiger qu'il n'en regarde plus du tout. J'ai désactivé les logs de mon routeur pour ne plus être tentée de le fliquer par ce biais, j'ai pensé à ce qu'il m'avait dit et qui tenait plutôt "bien" la route, et j'ai essayé de m'apaiser.
Mais le doute revenait sans arrêt comme un cauchemar, dur de résister à un ordinateur "sans défense" laissé à la maison. J'ai pourtant tenu bon, même si l'angoisse me revenait par vagues.
Le mois dernier, je devais être hospitalisée une journée pour des examens, nous étions tous les deux angoissés. Il ne parvenait pas à s'endormir et moi non plus, je me suis un peu assoupie mais il s'est relevé pour jouer sur son ordi et cela m'a réveillée. Bruit de lecteur DVD et lumière évoquant un film au plafond (il n'y a pas de porte entre le salon et la chambre, seulement un muret donc je pouvais voir ça). Moi, j'étais angoissée par le lendemain et j'aurais eu besoin qu'il reste auprès de moi, je l'ai mal pris. Le lendemain, journée à l'hôpital (il avait pris une journée de congé pour m'accompagner, c'est quelqu'un de bien) et le surlendemain, toujours tracassée, je regarde autour si je ne vois pas un DVD traîner. Je n'aurais pas fouillé, mais le DVD était posé sur un tas de vêtements, bien en apparence... Sur le DVD, 4 gigaoctets de films pornos tout ce qu'il y a de pas amateur, ultra gros plans et pratiques relativement hard. Enorme choc. Tremblante, choquée, la nausée. J'étais très mal et j'ai mal réagi : je lui ai envoyé un message très agressif. Nous en avons pourtant, de nouveau, parlé. Il n'était pas très content que j'ai à nouveau "fouillé dans ses affaires", à partir de là le ton à commencer à se durcir. Il s'est voulu pourtant rassurant. Il avait gravé "en vitesse" un DVD de films pris sur l'ordinateur de son père (alors que nous étions en week-end en amoureux dans l'appartement de ses parents en leur absence !) mais n'avait absolument pas eu le temps de les regarder, et la veille de mon hospitalisation n'arrivant pas à dormir avait seulement voulu faire le tri pour voir s'il y avait des choses susceptibles de lui plaire dedans, m'a assuré que la plupart des choses qu'il y avait dessus ne lui plaisaient pas, qu'il n'avait pas "prémédité" et comptait seulement faire du tri, pas "consommer". Il m'a reproché de ne pas être claire, de lui dire clairement s'il avait le droit ou pas, qu'un coup je lui disais qu'il pouvait un coup non, qu'il ne comprenait pas, et qu'il fallait que j'arrête de fouiller dans ses affaires. Il m'a de nouveau ré-expliqué son point de vue, nous avons réussi à sortir de la discussion sans être fâchés, mais je n'étais pas apaisée.
Le temps a encore un peu passé et je me suis de nouveau contenue, gardant à l'idée que j'avais juste à perdre, vraiment rien à gagner à fouiner dans ses affaires. Mais j'avais en même temps ce sentiment grandissant que j'en découvrais un peu plus à chaque fois, et qu'il m'en lâchait "un peu" pour cacher le reste. La méfiance grandissait.
Ça a fini par exploser de nouveau, il y a trois semaines. Je devais partir seule à un mariage dans le sud, pour le week-end, et je ne supportais pas l'idée qu'il en profiterait pour faire de nouveau son "tri". J'étais de plus en plus dérangée par l'idée qu'il avait une peur de manquer telle que ça le poussait à chercher du porno même en dehors des moments où il en avait besoin pour se masturber. Pour moi c'était le signe d'un comportement d'addict : la peur de manquer, en chercher à l'avance, en dehors du besoin immédiat. J'ai alors fait quelque chose qui m'est apparu sur le coup comme une excellente idée, et qui en fait était très mauvaise : j'ai bloqué l'accès à son site préféré, plus un autre dont je savais qu'il l'avait déjà consulté, sur le routeur de mon appartement. L'idée m'a paru bonne parce que ce n'était pas fouiller dans ses affaires ; sur le coup je me suis dit après tout c'est chez moi, si ça me dérange c'est mon droit ; je me suis dit qu'il serait obligé de m'en parler de lui-même et donc de m'avouer qu'il y était retourné, s'il voulait me dire qu'il y avait un problème avec mon routeur.
Deux heures après mon départ, un SMS : faut qu'on parle de ton routeur. Echange de messages très secs. Il semblait furieux, réellement furieux. Soudain, mon idée m'apparaissait très mauvaise : j'étais loin sur la route, ne pouvait pas rentrer lui parler avant le lendemain matin, ne pouvant même pas lui téléphoner de suite car dans la voiture avec deux autres personnes... J'essaie de lui expliquer brièvement. Il s'apaise un peu. Une fois arrivée, long coup de téléphone pour discuter. Je lui explique un peu mes raisons, nous discutons longuement, il m'explique aussi pourquoi il l'a mal pris, on avance un peu, des choses qui m'apaisent, des choses qui me rendent tristes aussi (nous avions le projet d'habiter ensemble à la rentrée, il me dit à mots couverts que si le porno lui est interdit chez lui il ne sait pas si nous pourrons habiter ensemble...). Le lendemain alors que je suis sur la route du retour, un long message : il s'est renseigné sur le net, a visité le site d'orroz, a évalué sa dépendance, s'est documenté. Il a lu le texte d'Isabel Sorente et voit désormais ce que je trouve répugnant dans le porno, ça le répugne aussi, il n'avait jamais réfléchi à ça sous cet angle. Il dit qu'il pense que sa "dépendance" n'est rien par rapport à d'autres témoignages sur le site, mais que le doute est maintenant dans son esprit sur le consentement des filles, que son excitation sera perturbée et qu'une période de sevrage commence.
A ce moment là, je me sens aimée, heureuse, touchée, soulagée qu'il fasse cette démarche, je lui dis et il me répond qu'il ne veut pas me perdre. A mon retour le dimanche, nous avons de nouveau une très longue discussion ensemble.
Les trois semaines suivantes, je me suis sentie vraiment mieux, preuve qu'inconsciemment et malgré mes discours progressistes, c'est bien ce que je souhaitais au fond de moi. Je suis apaisée, la confiance revient, je ne suis même pas tentée d'aller vérifier qu'il s'abstient effectivement. Pas de changement dans notre sexualité, il vit apparemment très bien ce sevrage. Je pensais que nous étions sortis de là. On en faisait même quelques plaisanteries de temps en temps, tout portait à croire qu'il avait effectivement arrêté toute consultation de porno, et je le croyais.
Mais ce matin, j'ai rechuté dans la codépendance. Nous avons dormi dans son appartement, je suis restée un peu plus tard car nous avions la visite du plombier, j'ai pris l'ordinateur pour consulter mes e-mails, je n'avais vraiment pas l'intention de le fliquer de nouveau. Mais une fois l'ordinateur entre les mains, sans réfléchir, petit passage dans les documents récents : en haut de la liste, trois noms de films formatés de la même manière que sur son site habituel. Corbeille soigneusement vidée. La colère montant, je vais chercher plus loin : dans un dossier facilement accessible, plusieurs dossiers de films longs, des titres choquants ("virgin" quelque chose, "gang bang"...). Je n'ai pas regardé (pas osé ? des scrupules soudain à violer sa vie privée ?) Honteuse et lui cherchant des excuses, je vérifie la date au cas où ce serait des restes antérieurs à sa décision : une dizaine de jours, j'étais en week-end en Belgique, deux semaines après le début de sa période de sevrage. Sentiment d'avoir été trahie. Le mensonge, peut-être la première fois où il m'a réellement menti. En même temps, je me dis que je l'ai bien cherché, que c'est moi qui l'ai poussé à me mentir par ses réactions. Déçue aussi car je n'étais même pas sûre qu'il était réellement dépendant, ou alors une dépendance légère, mais le fait qu'il ait rechuté alors qu'il avait lui-même pris la décision de se sevrer tend à prouver qu'il est effectivement dépendant. Et là, je ne sais pas quoi faire.
Comment l'accompagner dans son sevrage s'il ne me parle pas de ses rechutes ? Comment abordé de nouveau le sujet alors que j'ai encore fouillé dans ses affaires (je n'avais pas à le faire et je me sens très honteuse et coupable) ? Je ne peux pas lui en parler de nouveau, cette fois quelque chose sera rompu dans sa confiance en moi et je le sais. Elaborer un nouveau stratagème, aussi idiot que le blocage du routeur, pour déclencher maladroitement une discussion que je ne sais plus par quel bout aborder ? Je ne veux pas le perdre, moi non plus. C'est quelqu'un de formidable et je suis malgré cette histoire heureuse avec lui, mais j'en souffre, je veux l'aider et nous aider. Je ne veux pas être la mère inquisitrice qui le surveille et qui le flique, je ne veux pas qu'il soit le petit garçon pris en faute, mais comment retrouver la confiance mutuelle ? J'ai pensé à lui faire une petite surprise en amoureux la semaine prochaine pour fêter son premier mois sans porno, pour voir s'il me parle de la rechute, mais je crois que l'idée est très mauvaise, et s'il me ment je ne sais pas comment je vais réagir, j'ai peur que ce soit la fin. Je ne sais plus comment aborder le sujet. Pourtant, nous communiquons beaucoup, nous parlons de tout, je respecte sa vie privée, je lui fais confiance sur tout le reste, mais quand on en vient au porno, tout est différent, je ne me reconnais plus, je perds mes nerfs et je déteste ça.
Voilà, j'ai résumé mon histoire, elle est un peu longue et je remercie ceux et celles qui ont eu le courage de la lire jusqu'au bout. Cela m'a fait du bien de mettre tout cela à plat. Je ne suis pas certaine qu'il est dépendant (même si la peur de manquer et la rechute sont pour moi des signes) mais je ne veux pas qu'il le devienne davantage, moi je suis certainement tombée dans la co-dépendance et je déteste ça, je déteste ce que ça me pousse à faire ; je ne veux pas laisser perdre cette relation, rester enfermée dans cette impasse, je trouverais ça tellement stupide que notre couple échoue pour de la pornographie ! J'imagine que je n'ai rien d'original et que tout ça est très banal dans le cercle dépendance-codépendance. Mais là, aujourd'hui, maintenant, je me sens perdue, je ne sais pas quoi faire, et j'en ai vraiment très gros sur la patate.
Je suis inscrite depuis maintenant quelques semaines, mais je n'avais pas encore ressenti le besoin de témoigner. Aujourd'hui, j'en ai gros sur la patate et surtout je ne sais plus trop comment avancer, je suis à court d'idées (et celles que j'ai eues jusqu'à maintenant n'ont pas toujours été bonnes...), je pense que j'ai besoin d'un peu de soutien pour ressortir la tête de l'eau. Je vais essayer d'exposer mon histoire complète, ce sera un peu long mais je pense que j'ai besoin de tout bien mettre à plat pour y voir plus clair, ne serait-ce que pour moi-même.
Je suis en couple avec un homme de 24 ans, nous sommes ensemble depuis six mois, les choses sont allées assez vite (c'était son souhait, autant que le mien sinon plus) et nous habitons presque ensemble (nous avons chacun notre appartement, mais ils sont distants de 500 mètres et nous sommes toujours l'un chez l'autre). Je suis une femme de 26 ans. Tout se passe extrêmement bien, nous nous entendons très bien, nous avons chacun rencontré les parents de l'autre, nous avons beaucoup de centres d'intérêt et d'activités communs, et nous avons il me semble une vie sexuelle très épanouie et satisfaisante. Bref, tout serait parfait... sans le porno.
Je sais que beaucoup d'hommes sont consommateurs de ces images. Je ne suis pas une oie blanche, et je pense être assez ouverte et compréhensive, en tout cas j'essaie de l'être. Pourtant, malgré mes belles déclarations de femme moderne et compréhensive, c'est vrai que le porno passe très mal. J'y réagis peut-être plus mal que la moyenne des femmes. J'ai beau m'être documentée, avoir appris des choses sur la sexualité masculine (l'importance de la vue dans leur excitation, le fait de ne pas vouloir associer leur compagne à leur masturbation pour ne pas la souiller, etc.), ne pas être dérangée par la masturbation en elle-même (je pense qu'avec mesure, elle fait partie d'une sexualité épanouie, même si on vit en couple), la pornographie continue de me déranger et de me faire du mal. Ma tête voudrait être capable de l'accepter mais je ne peux m'empêcher de ressentir une émotion négative à cette pensée. Pour compléter ce tableau, je dois dire que j'ai été abusée dans mon adolescence par un membre de ma famille qui m'obligeait à regarder des films pornographiques avec lui et à le masturber. J'ai surmonté ça avec de l'aide psychologique arrivée à l'âge adulte et je pense être "en règle" avec ce passé douloureux, mais évidemment cela me rend plus sensible au fait que mon amoureux en regarde...
Je vais essayer de reprendre les faits de manière chronologique. Je ne suis ni jalouse ni possessive habituellement et je n'avais jamais fouillé dans ses affaires. Au mois de février, regardant le fichier journal de mon routeur (chose que je fais de temps en temps, pas souvent, pour vérifier que ma connexion n'est pas piratée), je remarque des connexions vers deux sites pornographiques, deux fois dans la semaine écoulée, correspondant à un soir où j'étais absente et un autre où je suis allée me coucher tôt en laissant mon amoureux dans le salon. Sur le coup, je ne me suis pas spécialement alarmée même si j'étais déçue de voir que mon homme n'était pas différent des autres, mais ce que je n'ai pas aimé sur le coup c'est qu'il ait fait cela chez moi et alors que je dormais dans la pièce d'à côté. Un peu gênée, je ne lui en ai pas parlé le soir même et je l'ai repoussé, ce qu'il n'a pas bien compris car cela m'arrive très rarement, et je lui ai envoyé le lendemain un long mail, le plus dépassionnée et précis possible, pour lui expliquer mon point de vue que j'estimais assez modéré (que la masturbation ne me dérangeait pas en elle-même, que je savais que la plupart des hommes regardait du porno à l'occasion, que je ne me sentais pas menacée car je sais que notre sexualité à deux et ses plaisirs solitaires sont deux choses différentes) et lui demander de s'abstenir chez moi en ma présence. Dès qu'il a reçu le mail, nous avons eu une très longue discussion sur MSN, une discussion qui m'a semblée positive où nous avons pu chacun nous exprimer et progresser dans une compréhension mutuelle.
Son point de vue : insomniaque à l'adolescence, il a commencé à se masturber pour trouver le sommeil et éviter les pollutions nocturnes, et a gardé cette habitude uniquement lorsqu'il ne parvient pas à s'endormir ; il ne parvient pas à se masturber sans images, et préfère le faire "sur des images d'inconnues qu'il ne reverra jamais et qui savent que des hommes se masturbent en les regardant" plutôt qu'en pensant à moi ("il aurait l'impression de me souiller, de m'associer à cette activité qui est quelque chose de différent") ou à quelqu'un de réellement croisé dans la rue ou qu'il connaît ("il aurait l'impression de me tromper"). Il m'a assuré que ça n'arrivait que très rarement désormais car il dormait bien quand j'étais à ses côtés, et qu'il ne recherchait que des images "soft", du porno amateur avec "de vrais couples qui s'aiment", que les choses hard en haute qualité ne l'excitaient pas et qu'il était émoustillé par l'authentique, qu'on voie des gestes de tendresse.
Il a mis en avant le fait qu'il ne me cachait rien, que je pouvais vérifier moi-même sur son ordinateur qui n'a pas de mot de passe, qu'il n'avait qu'extrêmement peu de films sur son ordinateur, et je n'avais effectivement pas de raison de penser que je ne pouvais pas lui faire confiance. Il a aussi mis en avant que quand il éprouvait seulement le besoin de "se vider les couilles" (pardon pour le vocabulaire cru, mais on n'est pas là pour vendre des gaufres) il préférait faire son affaire seul plutôt que se soulager sur moi, que c'était une forme de respect, qu'il préférait faire l'amour avec moi quand il avait envie de faire l'amour, et se soulager seul quand il a seulement besoin de se soulager.
Je lui ai aussi expliqué longuement ce que j'en pensais et mon histoire, et nous avons convenu qu'il ne s'adonnerait plus à cela dans mon appartement, ce qui m'a paru sur le coup un accord acceptable.
Ça a continué à me trotter dans la tête. Je pense rétrospectivement que j'ai commencé à tomber dans la co-dépendance très rapidement, avant même de pouvoir soupçonner que lui était certainement (légèrement ?) dépendant. Un peu de temps après, j'ai commencé à regarder l'historique de son ordinateur, chose qui pourtant me fait moralement horreur, un mélange entre besoin malsain de savoir et peur qu'il m'ait menti, très animal en fait ! J'ai eu très honte de l'avoir fait ; mais deux fois j'ai regardé, et deux fois il avait de nouveau consulté des sites. J'ai pu estimer sa "consommation" à deux fois par semaine, ce qui a commencé à me sembler quand même relativement fréquent. Je me sentais très mal, à la fois d'avoir fouiné dans ses affaires et d'avoir "violé" sa vie privée, mais aussi de ce que j'avais découvert. J'ai donc décidé de lui en parler, en m'excusant d'avoir fouillé mais aussi en lui disant que cela me faisait du mal et que j'avais besoin que nous en discutions encore.
La communication est un pilier de notre couple, nous parlons beaucoup et librement de nos problèmes, et ça a toujours fonctionné jusqu'à maintenant. Sauf là-dessus.
Donc je lui en parle, et il le prend assez à la rigolade (tout en prenant la peine de me rassurer, mais l'air de dire que ce n'était vraiment pas grave). Il m'explique que ce n'est pas parce qu'il consulte un site qu'il va "consommer" immédiatement, mais que le site qu'il visite (toujours le même d'après lui) est approvisionné seulement tous les 3/4 jours et qu'il passe jeter un œil pour voir si quelque chose pourrait lui convenir pour un besoin futur. Il me dit même que je devrais être rassurée car 1) il ne visite qu'un seul site, plutôt soft, et non payant 2) il a une exigence de qualité, n'apprécie pas du tout les choses sales ou dégradantes et que comme c'est difficile à trouver, il préfère regarder de temps en temps pour voir si quelque chose qui correspond à ses "standards" est disponible. Il me dit qu'il s'en est tenu à notre accord et ne s'est pas masturbé chez moi, qu'il n'y a donc rien de nouveau par rapport à notre discussion précédente, qu'il ne m'avait rien caché depuis (puisque j'avais pu voir dans son ordinateur) et que je n'avais aucune raison de m'inquiéter.
J'aurais certainement dû en rester là mais le virus de la codépendance faisait déjà son chemin. La confiance avait été entamée et le doute s'insinuait en moi. Pourtant, en façade et intellectuellement parlant, je voulais me persuader que tout allait bien, que tout était normal, que j'acceptais. Un soir en déplacement dans une autre ville, je lui ai même dit que j'avais cheminé (je pensais, en surface, que c'était vrai, c'était sincère quand je lui ai dit : je crois que je me mentais à moi-même) et qu'exceptionnellement puisque j'étais absente, je l'autorisais à "consommer" chez moi, avec même un trait d'humour. Il me répond avec un sourire : pas besoin de porno. Provocation (je ne veux pas me chercher d'excuse) ? s'il m'avait dit "ok je le ferai peut-être" j'aurai préféré, mais là j'ai vécu ça comme une perche. J'ai donc vérifié en rentrant. Historique internet effacé, nom d'un film porno dans les liens "documents récents"... Donc il commençait à cacher (quoi qu'il en dise) et m'avait menti sur le fait qu'il n'en regarderait pas ce soir-là (mensonge complètement sans intérêt puisque je lui avais "permis"). En même temps, et toujours me mentant à moi-même, je me suis dit qu'il voulait ne pas me faire de la peine, me protéger en effaçant son historique, et que c'était plutôt attendrissant. Mais le doute, de nouveau. Nouvelle "vérification" un peu plus tard : il a visité un site alors que j'étais partie prendre une douche, et une autre fois alors que je rentrais tard du boulot. Les deux fois, à mon retour auprès de lui, il avait "très envie de moi" et nous avons fait l'amour. Quand je le découvre, je me sens salie, je me demande si c'est à cause des films qu'il a eu envie de faire l'amour avec moi ! Pourtant j'essaie d'occulter. Je me tiens à son argument de "prospection", juste voir s'il y a du nouveau et pas pour s'exciter tout de suite.
J'ai essayé de sortir de ce cercle, de ne plus surveiller, de restaurer la confiance en prenant mon parti du fait que oui, il regardait du porno de temps en temps, rien de méchant, que ce serait liberticide et inutile de ma part d'exiger qu'il n'en regarde plus du tout. J'ai désactivé les logs de mon routeur pour ne plus être tentée de le fliquer par ce biais, j'ai pensé à ce qu'il m'avait dit et qui tenait plutôt "bien" la route, et j'ai essayé de m'apaiser.
Mais le doute revenait sans arrêt comme un cauchemar, dur de résister à un ordinateur "sans défense" laissé à la maison. J'ai pourtant tenu bon, même si l'angoisse me revenait par vagues.
Le mois dernier, je devais être hospitalisée une journée pour des examens, nous étions tous les deux angoissés. Il ne parvenait pas à s'endormir et moi non plus, je me suis un peu assoupie mais il s'est relevé pour jouer sur son ordi et cela m'a réveillée. Bruit de lecteur DVD et lumière évoquant un film au plafond (il n'y a pas de porte entre le salon et la chambre, seulement un muret donc je pouvais voir ça). Moi, j'étais angoissée par le lendemain et j'aurais eu besoin qu'il reste auprès de moi, je l'ai mal pris. Le lendemain, journée à l'hôpital (il avait pris une journée de congé pour m'accompagner, c'est quelqu'un de bien) et le surlendemain, toujours tracassée, je regarde autour si je ne vois pas un DVD traîner. Je n'aurais pas fouillé, mais le DVD était posé sur un tas de vêtements, bien en apparence... Sur le DVD, 4 gigaoctets de films pornos tout ce qu'il y a de pas amateur, ultra gros plans et pratiques relativement hard. Enorme choc. Tremblante, choquée, la nausée. J'étais très mal et j'ai mal réagi : je lui ai envoyé un message très agressif. Nous en avons pourtant, de nouveau, parlé. Il n'était pas très content que j'ai à nouveau "fouillé dans ses affaires", à partir de là le ton à commencer à se durcir. Il s'est voulu pourtant rassurant. Il avait gravé "en vitesse" un DVD de films pris sur l'ordinateur de son père (alors que nous étions en week-end en amoureux dans l'appartement de ses parents en leur absence !) mais n'avait absolument pas eu le temps de les regarder, et la veille de mon hospitalisation n'arrivant pas à dormir avait seulement voulu faire le tri pour voir s'il y avait des choses susceptibles de lui plaire dedans, m'a assuré que la plupart des choses qu'il y avait dessus ne lui plaisaient pas, qu'il n'avait pas "prémédité" et comptait seulement faire du tri, pas "consommer". Il m'a reproché de ne pas être claire, de lui dire clairement s'il avait le droit ou pas, qu'un coup je lui disais qu'il pouvait un coup non, qu'il ne comprenait pas, et qu'il fallait que j'arrête de fouiller dans ses affaires. Il m'a de nouveau ré-expliqué son point de vue, nous avons réussi à sortir de la discussion sans être fâchés, mais je n'étais pas apaisée.
Le temps a encore un peu passé et je me suis de nouveau contenue, gardant à l'idée que j'avais juste à perdre, vraiment rien à gagner à fouiner dans ses affaires. Mais j'avais en même temps ce sentiment grandissant que j'en découvrais un peu plus à chaque fois, et qu'il m'en lâchait "un peu" pour cacher le reste. La méfiance grandissait.
Ça a fini par exploser de nouveau, il y a trois semaines. Je devais partir seule à un mariage dans le sud, pour le week-end, et je ne supportais pas l'idée qu'il en profiterait pour faire de nouveau son "tri". J'étais de plus en plus dérangée par l'idée qu'il avait une peur de manquer telle que ça le poussait à chercher du porno même en dehors des moments où il en avait besoin pour se masturber. Pour moi c'était le signe d'un comportement d'addict : la peur de manquer, en chercher à l'avance, en dehors du besoin immédiat. J'ai alors fait quelque chose qui m'est apparu sur le coup comme une excellente idée, et qui en fait était très mauvaise : j'ai bloqué l'accès à son site préféré, plus un autre dont je savais qu'il l'avait déjà consulté, sur le routeur de mon appartement. L'idée m'a paru bonne parce que ce n'était pas fouiller dans ses affaires ; sur le coup je me suis dit après tout c'est chez moi, si ça me dérange c'est mon droit ; je me suis dit qu'il serait obligé de m'en parler de lui-même et donc de m'avouer qu'il y était retourné, s'il voulait me dire qu'il y avait un problème avec mon routeur.
Deux heures après mon départ, un SMS : faut qu'on parle de ton routeur. Echange de messages très secs. Il semblait furieux, réellement furieux. Soudain, mon idée m'apparaissait très mauvaise : j'étais loin sur la route, ne pouvait pas rentrer lui parler avant le lendemain matin, ne pouvant même pas lui téléphoner de suite car dans la voiture avec deux autres personnes... J'essaie de lui expliquer brièvement. Il s'apaise un peu. Une fois arrivée, long coup de téléphone pour discuter. Je lui explique un peu mes raisons, nous discutons longuement, il m'explique aussi pourquoi il l'a mal pris, on avance un peu, des choses qui m'apaisent, des choses qui me rendent tristes aussi (nous avions le projet d'habiter ensemble à la rentrée, il me dit à mots couverts que si le porno lui est interdit chez lui il ne sait pas si nous pourrons habiter ensemble...). Le lendemain alors que je suis sur la route du retour, un long message : il s'est renseigné sur le net, a visité le site d'orroz, a évalué sa dépendance, s'est documenté. Il a lu le texte d'Isabel Sorente et voit désormais ce que je trouve répugnant dans le porno, ça le répugne aussi, il n'avait jamais réfléchi à ça sous cet angle. Il dit qu'il pense que sa "dépendance" n'est rien par rapport à d'autres témoignages sur le site, mais que le doute est maintenant dans son esprit sur le consentement des filles, que son excitation sera perturbée et qu'une période de sevrage commence.
A ce moment là, je me sens aimée, heureuse, touchée, soulagée qu'il fasse cette démarche, je lui dis et il me répond qu'il ne veut pas me perdre. A mon retour le dimanche, nous avons de nouveau une très longue discussion ensemble.
Les trois semaines suivantes, je me suis sentie vraiment mieux, preuve qu'inconsciemment et malgré mes discours progressistes, c'est bien ce que je souhaitais au fond de moi. Je suis apaisée, la confiance revient, je ne suis même pas tentée d'aller vérifier qu'il s'abstient effectivement. Pas de changement dans notre sexualité, il vit apparemment très bien ce sevrage. Je pensais que nous étions sortis de là. On en faisait même quelques plaisanteries de temps en temps, tout portait à croire qu'il avait effectivement arrêté toute consultation de porno, et je le croyais.
Mais ce matin, j'ai rechuté dans la codépendance. Nous avons dormi dans son appartement, je suis restée un peu plus tard car nous avions la visite du plombier, j'ai pris l'ordinateur pour consulter mes e-mails, je n'avais vraiment pas l'intention de le fliquer de nouveau. Mais une fois l'ordinateur entre les mains, sans réfléchir, petit passage dans les documents récents : en haut de la liste, trois noms de films formatés de la même manière que sur son site habituel. Corbeille soigneusement vidée. La colère montant, je vais chercher plus loin : dans un dossier facilement accessible, plusieurs dossiers de films longs, des titres choquants ("virgin" quelque chose, "gang bang"...). Je n'ai pas regardé (pas osé ? des scrupules soudain à violer sa vie privée ?) Honteuse et lui cherchant des excuses, je vérifie la date au cas où ce serait des restes antérieurs à sa décision : une dizaine de jours, j'étais en week-end en Belgique, deux semaines après le début de sa période de sevrage. Sentiment d'avoir été trahie. Le mensonge, peut-être la première fois où il m'a réellement menti. En même temps, je me dis que je l'ai bien cherché, que c'est moi qui l'ai poussé à me mentir par ses réactions. Déçue aussi car je n'étais même pas sûre qu'il était réellement dépendant, ou alors une dépendance légère, mais le fait qu'il ait rechuté alors qu'il avait lui-même pris la décision de se sevrer tend à prouver qu'il est effectivement dépendant. Et là, je ne sais pas quoi faire.
Comment l'accompagner dans son sevrage s'il ne me parle pas de ses rechutes ? Comment abordé de nouveau le sujet alors que j'ai encore fouillé dans ses affaires (je n'avais pas à le faire et je me sens très honteuse et coupable) ? Je ne peux pas lui en parler de nouveau, cette fois quelque chose sera rompu dans sa confiance en moi et je le sais. Elaborer un nouveau stratagème, aussi idiot que le blocage du routeur, pour déclencher maladroitement une discussion que je ne sais plus par quel bout aborder ? Je ne veux pas le perdre, moi non plus. C'est quelqu'un de formidable et je suis malgré cette histoire heureuse avec lui, mais j'en souffre, je veux l'aider et nous aider. Je ne veux pas être la mère inquisitrice qui le surveille et qui le flique, je ne veux pas qu'il soit le petit garçon pris en faute, mais comment retrouver la confiance mutuelle ? J'ai pensé à lui faire une petite surprise en amoureux la semaine prochaine pour fêter son premier mois sans porno, pour voir s'il me parle de la rechute, mais je crois que l'idée est très mauvaise, et s'il me ment je ne sais pas comment je vais réagir, j'ai peur que ce soit la fin. Je ne sais plus comment aborder le sujet. Pourtant, nous communiquons beaucoup, nous parlons de tout, je respecte sa vie privée, je lui fais confiance sur tout le reste, mais quand on en vient au porno, tout est différent, je ne me reconnais plus, je perds mes nerfs et je déteste ça.
Voilà, j'ai résumé mon histoire, elle est un peu longue et je remercie ceux et celles qui ont eu le courage de la lire jusqu'au bout. Cela m'a fait du bien de mettre tout cela à plat. Je ne suis pas certaine qu'il est dépendant (même si la peur de manquer et la rechute sont pour moi des signes) mais je ne veux pas qu'il le devienne davantage, moi je suis certainement tombée dans la co-dépendance et je déteste ça, je déteste ce que ça me pousse à faire ; je ne veux pas laisser perdre cette relation, rester enfermée dans cette impasse, je trouverais ça tellement stupide que notre couple échoue pour de la pornographie ! J'imagine que je n'ai rien d'original et que tout ça est très banal dans le cercle dépendance-codépendance. Mais là, aujourd'hui, maintenant, je me sens perdue, je ne sais pas quoi faire, et j'en ai vraiment très gros sur la patate.